Ce qu’il y a
de passionnant, lorsque l’on suit un écrivain depuis ses débuts, c’est de voir
se nouer les fils thématiques, de distinguer, au travers d’une trame encore
lâche, les dessins d’une forme à venir. En lisant ce quatrième roman de Cécile
Coulon, je me suis souvent interrogée sur le lien entre ses différents
ouvrages. Je crois commencer à en distinguer un, vague mais présent, celui du
déclassement. Et de classement, et en est bien question dans Le Cœur du Pélican
qui nous propose l’histoire d’Anthime, athlète et coureur de demi-fond :
Anthime choisit de conserver
sa place, s’attend à ce que le troisième, parti beaucoup trop vite, se fatigue
dans les deux cents derniers mètres. C’est sa seule chance. Les deux premiers
prennent de l’avance, ils se détachent, cavalent en tête, certains que la
victoire se jouera entre eux. Ils ont déjà oublié les cinq adversaires qui
pataugent dans leur sueur et la peur d’être disqualifiés.
Au travers des prismes de différents
points de vue, le roman nous présente donc l’histoire d’un enfant qui, par
hasard, découvre sa hargne de vaincre lorsqu’il se met à courir. Les cross du
collège révèlent très vite les capacités du jeune homme propulsé du jour au
lendemain héros des pistes. Les succès laissent peu de temps à l’adolescent
pour réfléchir et tout semble le mener droit vers le haut du podium jusqu’au
jour où il chute. Le corps blessé va radicalement transformer la vie de
l’athlète qui s’enfonce alors dans une vie à l’opposé de celle dont il avait
rêvé. Toutefois, le Pélican sommeille toujours en lui. Le Pélican, cet oiseau
qui était son emblème de coureur. Le Pélican, l’oiseau capable de mourir pour
nourrir ses petits. Sera-t-il capable de prendre encore une fois son envol ?
Tant de bruit, tant de fureur.
Tant de larmes dissimulées derrière ces offrandes. Plus ils l’acclamaient, plus
il sentait le poids de leurs mornes existences peser sur ses épaules. En bon
pélican, il s’était arraché le cœur et nourrissait ses admirateurs avec sa
propre chair.
Ce roman a accompli un miracle.
Je ne vais pas raconter ma vie ici mais je suis obligée de dire que j’ai un
certain temps fréquenté les stades et les tatamis, assez pour être durablement écœurée du sport. Aujourd’hui, j’ai tendance à fuir tout ce qui concerne cet
univers. Or, j’ai été totalement emportée par ce roman, au point d’avoir envie
de chausser à nouveau mes baskets pour aller vider mes poumons au grand air.
Pourquoi ce miracle ? Parce que Cécile Coulon décrit à merveille les
sensations de la course, et surtout, du dépassement de soi. Tout y est, et
particulièrement ce moment d’oubli qui anime les enfants qui courent. Un cross,
en soi, c’est banal et d’un ennui à pleurer. Ce qui l’est moins, c’est la
pulsion qui anime celui ou celle qui, tout à coup, ne sent plus ses jambes mais
sait qu’il va gagner. Il ne voit plus les visages au bord des fossés,
il n’entend plus les cris. Il avance, il court, il vole.
Qu’importe, malgré les
plaintes, les odeurs, la moiteur de l’air et des peaux, le cross attirait
toujours plus d’adeptes, prêts à laisser flamber jambes et poumons, à faire
saigner nez et lèvres pour décrocher une place dans le peloton de tête.
Pas
besoin, donc, d’être un adepte du sport pour lire ce roman. Il s’agit avant
tout d’un l’histoire d’un homme qui poursuit un rêve. L’homme aurait pu se
mettre au piano, se vouloir écrivain ou grand voyageur. Ce roman conte les
rapports qui nous entretenons avec nos chimères et Cécile Coulon, malgré sa
jeunesse (ou grâce à elle…) en sait déjà long à ce propos. Un excellent roman
que je vous invite à découvrir… à toute vitesse !
Ici, lien avec un échange entre l'auteure et Val.
Ici, lien avec un échange entre l'auteure et Val.
Ça fait plaisir de te retrouver Margotte ! La course à pied, ce n'est pas trop mon truc, mais si tu dis que ce n'est pas un obstacle ... Bon week-end de Pâques.
RépondreSupprimer@Aifelle : non non, j'ai été la première surprise car le thème ne me tentait pas du tout au départ. Bon we à toi aussi :-)
Supprimerje me demandais quand tu allais enfin nous revenir, et te voilà, avec le chocolat et le printemps :-)
RépondreSupprimer@Adrienne : le printemps, ici, ne paraît pas vraiment décidé à se montrer... Mais la pluie est un temps parfait pour se remettre au clavier ;-) Contente de te retrouver aussi !
SupprimerJe ne pense pas avoir un jour envie de faire du sport... En revanche, le livre me tente beaucoup ! Les films et les livres sur le sport révèlent toujours plus qu'un simple thème. En plus, je en connais pas Cécile Coulon, peut-être vais-je apprécier aussi son écriture...
RépondreSupprimerPour moi, ce fut une rencontre, l'écriture de cette jeune écrivaine. Depuis, j'achète tous ses romans. J'espère bien la rencontrer encore une fois à St Malo cette année. En plus de bien écrire, elle sait être disponible avec ses lecteurs. Bon we à toi.
Supprimernous devons être sous la même pluie! mais bon beau temps pour lire. Je ne connais pas cette auteure , alors pourquoi pas?
RépondreSupprimer@Luocine : c'est vrai ! temps idéal pour lire ;-)
SupprimerJ'ai lu un roman de Cécile Coulon, et je n'ai pas accroché du tout, donc je n'ai pas très envie de renouer avec elle, j'en suis désolée. Mais contente de te lire !
RépondreSupprimer@Anne : merci :-) Bon dimanche à toi.
SupprimerJe connais ce genre de roman exaltant qui donne envie de battre de s re ords m^me à une non-sportive comme mi; J'ai pérouvé cela avec La grande course de Flanagan de Tom McNab. Par contre je ne connais pas celui-ci!
RépondreSupprimerAlors tu es à nouveau libre et tu nous reviens dans ton blog. Contente de te revoir.
@Claudialucia : à nouveau libre en effet... je vais pouvoir reprendre un peu les lectures "plaisir". Ouf ! Contente de vous retrouver aussi ;-)
SupprimerRavie de ton retour , welcome back :-))
RépondreSupprimer"Le roi n'a pas sommeil" ne m'avait guère séduite et je hais la course à pied , bon... Tiens , sur ce thème, "Courir" d'Echenoz est assez subtil ...
@Mior : merci pour ce bon accueil ;-)
SupprimerTu évoques Echenoz, sur la vidéo que j'ai ajouté aujourd'hui, elle parle justement de ce roman (que je n'ai pas lu alors que j'aime beaucoup cet auteur, il faudrait que je l'ajoute sur mon interminable liste des ouvrages à lire...). Bon dimanche à toi.
J'assiste chaque année à un meeting d'athlétisme proche de mon domicile (Liège), un niveau international assez bon pour attirer quelques print(euse/er)s américains et des stars belges. J'y vais tôt pour voir les plus jeunes, les petits, qu'on retrouve deux heures plus tard derrière les vedettes pour des autographes. Je crois que c'est d'eux que parle le livre de Cécile Coulon, ceux qui gagnent , ceux qui prennent un tour, ces grands enfants qui luttent pour un sport qui est encore pur à leur âge.
RépondreSupprimer@Christw : elle en dit plus sur la vidéo que j'ai ajouté aujourd'hui et que je n'avais pas écouté avant d'écrire le billet. Bon dimanche !
SupprimerJ'aime beaucoup l'écriture de Cécile Coulon même si je n'ai pas accroché au seul livre que j'ai lu d'elle (Le rire du grand blessé, trop de "déjà-vu" pour moi), je sais qu'elle a un fort potentiel et étant elle-même sportive,ça doit se ressentir dans ses mots. Je le lirai ! Bon retour à toi, sous la pluie mais comme tu le dis, temps idéal pour lire ou bloguer ! ^-^
RépondreSupprimer@Asphodèle : de mon côté, j'ai trouvé à me nourrir avec chacun de ses livres, alors qu'ils paraissent très différents les uns des autres. Je suis bien d'accord avec le "fort potentiel". Elle va encore faire parler d'elle, cette jeune écrivaine !
Supprimerles stades et les tatamis? Tu m'intrigues, toi ! :) Je n'ai jamais lu cet auteur, et tu enfonces le clou, je sais qu'elle est très appréciée! Ravie de te savoir de nouveau là, vraiment ravie! !!!
RépondreSupprimer@Violette : merci pour cet accueil :-)
SupprimerOui, le sujet peut intriguer... mais en fait, cela dépasse vraiment l'univers du sport.
Tu as tout à fait raison, ce roman est sur la course à pied comme il aurait pu être sur un rêve lié à d'autres ambitions. L'écriture de Cécile est une écriture imagée qu'on reconnaît instantanément en ouvrant les premières pages et son univers, un univers auquel il est difficile de ne pas s'attacher.
RépondreSupprimer@Valérie : je suis définitivement attachée à son écriture, depuis ma lecture de son roman "Le Roi n'a pas sommeil".
SupprimerL'occasion de faire connaissance de l'auteur? Le thème me plait!
RépondreSupprimer@Keisha : je pense que c'est un univers qui pourrait te plaire...
SupprimerUn livre qui m'était tombé des mains.
RépondreSupprimer@Alex : cela arrive ! parfois même sans que l'on sache vraiment pourquoi...
SupprimerMon prochain roman de l'auteure. J'aime énormément sa plume, celui ci ne peut que me séduire...!
RépondreSupprimer@Noukette : chouette, j'espère que tu rédigeras un billet. J'aime bien comparer les points de vue quand je viens de lire un roman. A tout bientôt alors ;-)
SupprimerRavie de te lire à nouveau!! Je n'ai pas encore lu cette auteure, mais cela viendra, sûrement...
RépondreSupprimer@Nagère : merci :-) et bonne semaine à toi !
SupprimerDire que tu es déjà revenue depuis quelques temps et que je n'ai même pas encore le temps de lire ton billet (et depuis je vois que tu en as fait deux autres)mais t'inquiète je reviendrais très vite pour les lire. Je viens juste te dire très vite que tu suis ravie (ravie, ravie :0) que tu reviennes par ici, je venais voir souvent si tu étais de retour, je dois dire que j'avais bon espoir que tu reviennes ;0) Bienvenue chez toi, j'espère que tes projets se sont bien déroulés. Oh et pour finir je venais te dire que demain ; week end lecture chez Arieste, je participe, alors si tu es libre n'hésite pas à nous rejoindre, bisous (je ferais mon billet demain je voulais commencer ce soir mais j'ai papoté avec ma fille jusqu'à maintenant (deux heures au tél ;0) alors c'est un peu tard, je te donne le lien ;
RépondreSupprimerhttps://arieste.wordpress.com/2016/04/01/le-marathon-de-lecture-de-printemps-est-la/
Bises, bonne nuit
@L'or rouge : pfffffff, décidément, je suis vraiment maudite cette année avec les RAT... je reviens et il suffit que je parte pour un petit we pour qu'un we lecture se déroule sans moi :-( Je vais venir voir chez toi comment tout cela s'est déroulé !
SupprimerMais c'est décidé, je vais en organiser un... Je vais y réfléchir dans la semaine et ne manquerai pas de te tenir informée. On peut même le faire ensemble si tu veux ;-)
Bises (et contente aussi de te retrouver !)
Oui, si je suis disponible je le ferais volontiers avec toi, ça me changera de faire ça avec un binôme (un peu marre de faire des RAT toutes seules ;0) Tu me diras ça ! En ce moment même il y en a un qui dure tous le mois (à ton rythme, tu lis comme tu veux et quand tu veux) j'avais fait le dernier et ça m'avait bien motivé :0) Voilà le lien vers ma page si ça te tente ;
Supprimerhttps://lorouge.wordpress.com/rat-a-week-spring-edition/
Bon maintenant, à propos de ta lecture ; Cécile coulon est une auteure (ah non c'est vrai il faut maintenant dire "autrice" ;0) qui m'attire depuis un moment, j'en ai un dans ma PAL (sa seule dystopie il me semble) celui que tu présente me tente moins : le sport à haut niveau, les stades tout ci tout ça, pas tellement un univers qui m'attire :0) Bises
Bonjour Lor, je découvre grâce à toi ce RAT et vais m'inscrire de ce pas ! Je ne suis pas tous les jours chez moi en ce moment, mais rien ne m'empêche de participer !
SupprimerPour ce qui est du RAT à faire durant un we, je vais peut-être attendre que celui-ci prenne fin et voir ça pour un we en mai ? Enfin, je te tiens en courant et prends sérieusement les choses en main en rentrant de vacances ;-)
Oui, oui tu as tout à fait raison, on va attendre que celui de Chroniques littéraires se termine, on a bien le temps pour le prochain ;0)
Supprimer@Lor : il est vrai qu'on a là de quoi s'occuper ;-) On verra pour la suite, quand on sera "en manque" ;-)
SupprimerC'est chez Cuné que j'ai trouvé ce billet très intéressant qui devrait te plaire à toi aussi ;
RépondreSupprimerhttp://www.page-seauton.com/auteur-auteure-ou-autrice/
@Lor : je vais aller voir ce billet. Sinon, pour "autrice", je trouve le mot très laid et je préfère "auteure"... Bon we à toi :-)
SupprimerVa lire le billet et tu changeras peut-être d'avis ;0) (moi aussi je trouve le mot très laid et j'ai du mal à m'y faire mais je dois dire que le billet m'incite fortement à changer d'avis :0)
SupprimerTu as tout à fait raison, j'ai parcouru son billet, il est passionnant ! mais comme je ne suis pas chez moi, je ne l'ai pas lu en détail. Cela sera pour mon retour car j'ai bien l'intention de le lire en entier.
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