vendredi 28 août 2015

Projet 52 (35) - Horizon

Cancale, 2010
C'est la rentrée... Temps des nouveaux projets.
Horizon... le thème de cette semaine pour le projet 52 de Ma' ne pouvait mieux convenir... pour vous dire que je pars vers d'autres horizons. Ce n'est pas un départ définitif, juste une pause plus longue que d'habitude. Alors bien sûr, plusieurs mois, c'est long à l'échelle des blogs où tout va vite et où l'on papillonne beaucoup. C'est peu à l'échelle d'une vie, pour se consacrer à des projets qui nous tiennent à cœur. 
Je vous souhaite une belle rentrée littéraire, avec de nombreuses lectures enrichissantes.
Je vous retrouve en 2016 !
Amitiés,
Margotte

dimanche 23 août 2015

Projet 52 (34) - Par la fenêtre

Un mélange d'espace et d'enfermement qui rend cette photo  
(prise dans le secteur de Cancale en 2008
fascinante
J'ai tout de suite pensé à elle pour le thème de cette semaine
Pour le projet 52, toujours chez Ma'
J'espère vous trouver reposé(e)s par des vacances bienfaitrices
Très occupée par un projet en cours
Je risque d'être peu présente chez vous...
Je projet 52 sera au moins l'occasion de venir de temps en temps ici !
Pensées cordiales,
Margotte

dimanche 26 juillet 2015

Projet 52 (30) - Fraîcheur

C'était il y a quelques jours seulement
Plus de 30° degré dehors
Une plage déserte et du vent
L'eau était froide mais la baignade délicieuse...
Parfait pour illustrer le thème de la fraîcheur
Du projet 52 de 'Ma.
Bel été à vous !

vendredi 24 juillet 2015

Pandemia de Franck Thilliez



   
   Ce qu’il y a de bien avec Franck Thilliez, c’est que l’on est rarement déçu… Ainsi, emporter son dernier roman pour une lecture estivale correspond à une sorte d’assurance (il paraît qu’aujourd’hui il existe des assurances vacances au cas où il pleuve en Bretagne par exemple !). Vous êtes donc ici totalement tranquille : une fois l’ouvrage commencé, vous tournerez les pages sans vous arrêter.
   Avant de vous parler enfin de l’intrigue car une fois de plus, je tergiverse, je dois vous préciser qu’il s’agit de la suite du précédent roman, Angor. Je ne le savais pas en achetant ce volume mais cela n’a pas du tout gêné ma lecture (ma seule angoisse, car j’ai maintenant une folle envie de lire le début de cette histoire, c’était que l’on me dévoile tout dans Pandemia et que cela me gâche une lecture à venir…). Reconnaissez qu’en lisant ce billet, vous avez de la veine car vous avez maintenant le choix : vous pouvez commencer par Angor qui, je crois, est sorti en poche, puis vous ruer sur celui-ci, ou, si vous aimez les thrillers qui surfent sur les histoires de pandémies, acheter directement le dernier…

   Pandémie, le mot est lâché. Oui, bon, avec un titre pareil, c’est pas un scoop me direz-vous. Certes certes mais il faut insister et même insérer un avertissement : si vous avez peur des microbes et êtes effrayé par le moindre risque de contagion, si vous portez un masque durant l’hiver pour éviter les postillons du voisin qui n’a pas appris à mettre la main devant sa bouche, cette lecture est vivement déconseillée !
On retrouve ici l’équipe qui a fait le succès de Franck Thilliez, à savoir Franck Sharko et Lucie Hennebelle ainsi que le couple Nicolas et Camille. Et ils vont avoir du pain sur la planche car une étrange épidémie va fondre sur la France, épidémie qui va bientôt être mise en lien avec une trouvaille suspecte : des oiseaux retrouvés morts et disposés sur trois cercles. Or, ce dessin est le symbole utilisé par « l’homme en noir », personnage traqué dans le roman précédent. Il va vite s’avérer qu’il est secondé dans ses méfaits par un autre psychopathe, un homme déguisé en « médecin-bec ». Ce dernier porte une tenue digne des soignants du XIVe siècle, époque où sévissait la peste.
   Je préfère ne pas vous en dire trop concernant l’intrigue et vous laisser en compagnie de ces quelques personnages qui assurent une lecture très addictive. Seul bémol, quelques maladresses syntaxiques étonnantes dans un roman qui pourtant, a dû être relu et corrigé… De la part d’un éditeur connu et qui ne manque sans doute pas de moyens, c’est un peu léger…


Prologue
Le premier son qu’entendit Gabriel fut le cliquetis de la chaîne menottée à sa cheville gauche.
La douleur sous son crâne était abominable. Recroquevillé sur le flanc, il fit glisser ses doigts sur la surface métallique qui lui entaillait la joue droite. Il devait s’agir d’une grille de ventilation en acier, l’un de ces trucs qui soulèvent les robes des filles lorsqu’elles marchent dessus. Gabriel aimait bien ces grilles-là, d’ordinaire.
Il devina que de l’eau circulait dessous. Où d’avait-on emmené ? Et pourquoi ? Il cuvait encore son mauvais vin, mais il se souvenait avec exactitude de cette silhouette noire, jaillie de nulle part, sous le pont. Gabriel avait pensé à un oiseau géant, avec son bec, ses griffes démesurées qui brillaient sous la lune, avant qu’il sente une douleur dans sa nuque et ferme les yeux pour se réveiller ici, dans un lieu plus noir qu’une nuit sans étoile.
 

lundi 20 juillet 2015

Les livres prennent soin de nous de Régine Detembel (d'après les travaux de M. Petit)


    
Avertissement : j'ai rédigé le billet ci-dessous avant de savoir que ce livre a été rédigé en "s'inspirant" plus que largement du travail d'une universitaire, Michèle Petit (merci pour ton commentaire Eva !). Les détails de l'affaire sont ICI. Du coup, je regrette l'achat du livre et je suis sérieusement moins motivée pour la lecture d'un autre ouvrage de cet "écrivain"... Une douche froide en période de canicule, ça rafraîchit les idées !

Sous-titré Pour une bibliothérapie créative, le livre de Régine Detambel prône une méthode de soin basée sur la lecture. En plus d’être écrivain (elle a 35 livres à son actif), elle exerce comme kinésithérapeute et propose, dans la banlieue de Montpellier, une formation en « bibliothérapie créative ». Son exercice professionnel l’a confrontée à la maladie, à la détresse, et elle a compris depuis longtemps que les livres de développement personnel qui proposent des méthodes toutes faites ne suffisent pas à apporter un véritable soulagement aux personnes en souffrance. 
   En seize chapitres, elle présente la bibliothérapie, tout en proposant une promenade par les chemins de traverse de l’histoire littéraire. Véritable plaidoyer pour la littérature, l’ouvrage s’appuie sur dame Métaphore, patronnesse de l’art d’écrire et grande guérisseuse des maux de l’âme. Vous pensez bien que je n’ai pas boudé mon plaisir…

   Les premières expériences de bibliothérapie ont été menées autour de 1916 auprès des soldats qui revenaient traumatisés par leur expérience de la guerre et des horreurs qui l’accompagnent. Toutefois, la définition de cet art du soin date de 1961 : « La bibliothérapie est l’utilisation d’un ensemble de lectures sélectionnées en tant qu’outils thérapeutiques en médecine et en psychiatrie. Et un moyen de résoudre des problèmes personnels par l’intermédiaire d’une lecture dirigée. »

En 1994, Marc-Alain Ouaknin, spécialiste de la Bible et du Talmud, publie à Paris un essai qui a fait date : Bibliothérapie. Lire, c’est guérir. Il introduit cette spécialité dans l’hexagone et rappelle combien la lecture peut permettre de sortir d’un enfermement toxique et/ou de se réinventer.
   Tout l’intérêt de ce petit livre revigorant réside dans le dépassement du prêt-à-porter de la psychologie grand public. Il rappelle combien le mieux-être ne peut se trouver dans des ouvrages inspirés des thérapies comportementalistes qui sévissent dans le monde anglo-saxon. Qui a déjà été émerveillé et réveillé par une pensée convenue et bourrée de stéréotypes ? Régine Detambel remonte alors à la source du bien-être lié à la lecture : la voix, le rythme. La poésie retrouve ici une place de choix et il suffit d’avoir eu en face de soi 29 enfants qui, en silence, les yeux écarquillés, écoutent une fable de La Fontaine, pour être convaincu qu’elle ne se trompe pas. Les « grands » romans de la littérature mondiale sont ici convoqués, avec des écrits plus confidentiels mais aux pouvoirs tout aussi puissants. Elle évoque par exemple Marie Didier, écrivain et gynécologue qui conseille à ses patientes anxieuses de se plonger dans Une vie bouleversée, le journal intime d’Etty Hillesum rédigé dans le camp de Westerbork avant son départ à Auschwitz (quant à moi, je ne peux que vous inviter à lire la très belle biographie que lui a consacré Sylvie Germain…).
   De très nombreuses références de romans émaillent cet essai et la bibliographie proposée à la fin est pleine de promesses… Une lecture enrichissante donc, qui m’a vraiment donné envie de découvrir plus avant cette méthode de soin qui, associée à un traitement (je pense aux soins palliatifs en fin de vie par exemple), ne peut faire de mal, bien au contraire…

Extrait

« Et quand on y pense, « facile » est un mot d’ordre effrayant, voire proprement scandaleux, car en littérature ou en poésie, c’est-à-dire en art, il n’y a précisément rien à comprendre. Je me souviens d’un collégien de quatorze ans qui s’émerveilla sept mois durant des Somnambules de Hermann Broch, précisément parce qu’il n’y comprenait rien, et en fut sauvé d’un imbroglio familial. Parfois, le fait de donner une signification à ce qu’on lit est accessoire. C’est l’infusion qu’on recherche, la fusion avec le signe sur la page, l’imbibition par le texte, non son interprétation. Parfois, la question du sens est secondaire. Tout le plaisir est là. Et le vertige. Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui sait car tu ne pourras pas t’égarer, déclarait Rabbi Nahman de Bratzlav voilà plus de deux siècles. »
 

mardi 7 juillet 2015

Ma bibliothèque. Lire, écrire, transmettre de Cécile Ladjali

     Quoi de mieux pour commencer les vacances que la lecture d'un livre sur une bibliothèque d'écrivain ? Cet ouvrage ne présente qu'un seul défaut : celui de vous inciter fortement à vous ruer chez votre libraire avant de vous enfermer chez vous avec votre nouvelle pile de livres... Mais commençons par le début ! Cécile Ladjali enseigne la littérature à la Sorbonne Nouvelle. Romancière, elle a également animé une émission sur France Culture, une chronique hebdomadaire de deux minutes sur laquelle je reviendrai. 

   Le premier et plus grand chapitre présente la bibliothèque de l'écrivain. Qualifiée de "bazar oriental" elle se trouve dans l'entrée de son appartement et ses rayonnages entourent la porte, formant une arche et menaçant tout visiteur au claquement de porte féroce de se retrouver coiffé d'un volume... Elle cite, liste, et l'on se promène avec joie entre Virginia Woolf, les Russes (elle a un faible pour Dostoïevski), Emily Dickson et les autres. On se plaît alors à comparer et à voir si l'on a des amis communs. Dans ce chapitre, mention spéciale à l'anecdote concernant son passage écourté à France Culture : elle en fut renvoyée car un matin, elle présenta dans sa chronique la poétesse Valérie Rouzeau et sa revue poétique Dans la lune. Elle fut donc jugée trop littéraire, ce qui n'est pas sans évoquer la disparition du regretté Bateau livre animé par Frédéric Ferney...

   Les limbes de la bibliothque abritent la critique ainsi que Baudelaire.
"La critique est reléguée au sommet de la bibliothèque sur le plus long des rayonnages. Sous lui, un vide, prévu pour la porte d'entrée. (...) Quand on claque la porte on peut être assommé par un Fumaroli ou un Bénichou. C'est selon l'humeur du claquement. Peuvent donc nous tomber sur le coin de la figure : Erich Auerbach, Mimesis, Figura. Alexis Philonenko, Leçons plotiniennes".... Dans ce deuxième chapitre, j'ai particulièrement aimé le passage sur les livres qu'elle ne comprend pas. Rares sont les enseignants (et encore plus les universitaires), capables de dire qu'ils ne comprennent pas un livre ! Et pourtant, on a tous dans nos bibliothèques de ces ouvrages obscurs vers lesquels on revient, tentant de les déchiffrer sans véritablement y arriver. On y pioche des parts de mystère et on les aime malgré (ou pour) leur caractère secret.
   Dans l'enfer de sa bibliothèque qui occupe le troisième chapitre, on trouve les livres non lus mais aussi les décadents à côté Dostoïevski, Ingeborg Bachmann et Paul Celan. Ici, j'ai particulièrement aimé le passage sur la BNF avec la réaction des chercheurs lors du déménagement de son "enfer" de la rue Richelieu au quai Mauriac.

http://fluctuat.premiere.fr/Societe/News/L-Enfer-de-la-BNF-le-dossier-Flu-3209418



   Le quatrième chapitre s'intitule "Enseigner : je déballe ma bibliothèque". On y trouve pêle-mêle les souvenirs d'enfance avec grenier et livres interdits, l'importance de la lecture des classiques et la présence tutélaire de George Steiner qui fut le maître de Cécile Ladjali. Étant enseignante moi-même, j'ai bien sûr lu cette partie avec le plus grand intérêt et j'ai souvent été d'accord avec les prises de position de la romancière. Elle évoque la nécessaire exigence qui doit être la nôtre face à des élèves qui se trouvent en permanence face au prêt à penser. C'est une position difficile, mais elle fait toute la grandeur de ce métier tant décrié. Me reste à lire Éloge de la transmission : le maître et l'élève avec George Steiner, paru en 2003.
   L'ouvrage se clôt sur un bel hommage aux libraires passionné(e)s. On y trouve aussi un vibrant message à Linda Lê qui donne vivement envie de découvrir ses récits. C'est peut-être bien le grand mérite de cet ouvrage, nous donner envie de lire, mais de lire autrement, avec une acuité plus grande. L'écrivain s'interroge dans ce livre sur le rapport entre l'écriture et la lecture, on s'interroge avec elle et l'on se dit que notre bibliothèque n'a pas fini de nous réserver des surprises...

lundi 29 juin 2015

Histoire d'Irène d'Erri De Luca

     Pour une semaine qui s'annonce caniculaire, l'Histoire d'Irène a un goût de fraîcheur et de vagues. Irène, c'est une jeune fille de quatorze ans. Orpheline, elle vit dans une pièce qui jouxte une maison louée à des touristes hollandais. Sur un lit de pierre, elle repose son corps alourdi par une grossesse avancée. Elle va bientôt accoucher.
   Irène vit sur une île grecque, une île au sol aride où les arbres peinent à trouver de quoi s'enraciner. Mais la jeune fille n'a, elle, pas besoin de s'attacher au sol. Son milieu, c'est la mer, et toutes les nuits, même l'hiver, elle va nager.
   Le narrateur, lui, vient de Naples dont la première divinité, Parthénope, était aussi une "filles des vagues". C'est un écrivain de la soixantaine, qui vend ses histoires sur le marché. Irène et lui se retrouvent sur la plage, lieu où la jeune fille a été trouvée un jour, sans que l'on sache d'où elle venait.
   LUI aime jouer avec les cailloux qu'il ramasse parfois parfois au bord de la mer, parfois au fond de l'eau. Il compose ensuite de ces étranges sculptures éphémères de pierres. Il frissonne au contact des vagues et attend.
   ELLE nage avec les dauphins. Fille-mère au ventre plein, elle rejoint la nuit sa famille : onze dauphins menés par une femelle. Irène les aide à éviter les pièges des hommes. 
   ILS se racontent des histoires, du genre de celles qui font oublier la méchanceté des hommes.


  Je raconte à Irène l'histoire de Jonas parce qu'elle ressemble à la sienne. Elle a été sauvée par les dauphins et élevée par eux.
Il existe une deuxième vie après la mer, déclenchée par une voix, par un quelconque "qoum", lève-toi, viens.

   S'il ne s'affiche pas comme recueil de nouvelles, l'ouvrage d'Erri De Luca présente trois textes dont le premier donne son titre à l'ensemble. J'avoue avoir été totalement sous le charme de l'Histoire d'Irène au point d'en oublier les deux autres, qui sont pourtant aussi de bonne facture ! N'hésitez pas à emporter ce petit livre de 120 pages sous votre parasol, il vous rafraîchira.
MENTION SPÉCIALE à la dédicace : "Ma dette grecque"....

A écouter à ce propos une courte critique de 4 mn sur France Culture, ICI

mardi 23 juin 2015

Essai


http://themurmuringcottage.tumblr.com/

Bonjour à tous,

     Juste au moment où je comptais revenir sur la blogosphère, me voilà avec un problème insoluble de connexion... En effet, mon blog se déconnecte tout seul et lorsque je veux publier un commentaire, il ne me reconnaît plus. Il semblerait que je puisse publier des billets (celui-ci est donc un "essai"), mais je ne suis pas sûre du tout de pouvoir répondre à vos commentaires.
   Christw et Jeanmi, vous comprendrez maintenant l'absence de réponse à vos derniers petits mots !
   Je ne sais ni comment faire, ni à qui m'adresser... j'ai cherché un peu partout sur les rubriques d'aide et autres liens mais rien concernant ce problème. Si l'un ou l'une d'entre vous a déjà eu ce genre de souci, j'accepte vos témoignages, ou mieux, solutions, avec gratitude...
   Bonne semaine à tous, 

Margotte
PS : Un grand merci à M. Margotte appelé en renfort... et qui a trouvé l'origine du problème ! Merci les cookies 

dimanche 24 mai 2015

Etonnants voyageurs 2015

 

   Quelle journée ! J'ai eu la chance de pouvoir me rendre aujourd'hui à St Malo pour profiter un peu du festival Étonnants voyageurs, et je n'ai pas été déçue par les rencontres du jour. Après un petit tour au traditionnel café littéraire du Palais du grand large, un grand tour au salon du livre. De nombreux auteurs étaient présents aujourd'hui. Je suis ravie d'avoir pu échanger avec Cécile Coulon qui, en plus, s'est prêtée gentiment à la photographie (et à la dédicace) pour dame Margotte.

Cécile Coulon, St Malo, 2015
   Après avoir parlé cinéma avec Fabrice Bourland à qui j'ai acheté son dernier roman, Hollywood monsters, direction les remparts afin de grignoter un morceau en bonne compagnie. L'après-midi fut sous le signe de la Série noire. Tout d'abord, une conférence sur la naissance de la mythique collection de Gallimard avec, de gauche à droite : Aurélien Masson (actuel directeur de la série noire), Bertrand Angelier, un animateur, Bertrand Tavernier et Michel Le Bris.


Après cette intéressante mise en bouche, le meilleur restait à venir : un excellent documentaire de Gilles Mimouni, Il était une fois Les Tontons flingueurs (on est fan ou pas...). Ambiance :



Encore une promenade avant de partir et un bilan plus que positif avec finalement peu d'achats (ce qui n'est pas plus mal vu la taille de ma PAL !).


   Une grande place était faite, cette année, à la notion de République (Mona Ozouf était invitée) et une matinée s'intitulait "Être Charlie". Le festival se veut donc à la fois ancré à St Malo mais aussi ouvert sur le monde d'aujourd'hui. Vous pouvez consulter le site du festival pour les détails et voir des conférences ici (je pense, entre autres, à Keisha et à son amour de la littérature des grands espaces, qui devrait être intéressée par la vidéo...).
   Je profite de ce billet pour vous dire que les semaines à venir vont être chargées pour moi et que je vais me faire rare sur la blogosphère. Autrement dit, je pars vers d'autres horizons pour un moment. Si j'ai le temps, je viendrai vous parler du festival de Vannes où j'ai très envie d'aller et avec un peu de chance, j'aurais le temps de rédiger quelques billets cet été. En attendant, bon vent à tous !

mercredi 20 mai 2015

Du côté de chez Swann de Marcel Proust

     
     Proust hésita longtemps sur le titre à donner à son œuvre, à l’ensemble de La Recherche mais aussi à ce premier volume sans cesse remanié, des brouillons à la dactylographie en passant par les ajouts aux épreuves. Du côté de chez Swann, publié chez Grasset en novembre 1913, puis chez Gallimard en juin 1919, aurait pu s’appeler Jardins dans une tasse de thé (j'aime !) ou Le Printemps. Le manuscrit, refusé par Gide pour la NRF (cela restera son regret le plus cuisant), sera édité à compte d’auteur avant de connaître la renommée que l’on sait.
   Divisé en trois livres, ce premier volume présente un côté hétérogène lié à l’intégration d’une histoire d’amour au milieu d’un récit pris en charge par le narrateur. Ce récit s’ouvre par une première partie, « Combray », où apparaissent une partie de ces « moments privilégiés » au centre de l’œuvre proustienne, mais aussi les principaux acteurs de La Recherche : le héros, sa famille, Françoise, Swann, la fameuse tante Léonie, Bergotte et le clan des Verdurin... 

   « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait (…) ».
   C’est le récit d’une enfance, celle du narrateur qui se souvient des douces heures du sommeil, de la lecture et des promenades chez sa grand-tante. On y retrouve les grandes scènes de notre patrimoine littéraire : la scène du coucher, la scène de la madeleine, les séances de lecture de François le Champi de George Sand. Les yeux de l’enfance transforme l’ensemble en un précieux livre d’images. Tout y est à la fois coloré et évanescent. Tout y est plein de livres reliés d’or d’où s’échappent des lettres qui s’impriment dans la mémoire. Tout y est anodin tout autant que fondamental. Ce monde premier se clôt sur une « mise en fuite par ce pâle signe qu’avait tracé au-dessus des rideaux le doigt levé du jour. ».

Combray, 2011
    La deuxième partie « Un amour de Swann » nous emporte dans un monde bien différent, celui du clan des Verdurin. Commence un roman dans le récit, celui des amours de Swann pour Odette, cocotte et demi-mondaine. Sur la petite sonate de Vinteuil qui déclanche la mémoire involontaire, Swann se laisse emporter par une passion au dessous de sa condition qui va pourtant le conduire à se laisser aller à une jalousie maladive.

« Ainsi à peine la sensation délicieuse que Swann avait ressentie était-elle expirée, que sa mémoire lui en avait fourni séance tenante une transcription sommaire et provisoire, mais sur laquelle il avait jeté les yeux tandis que le morceau continuait, si bien que, quand la même impression était tout d’un coup revenue, elle n’était déjà plus insaisissable. »
   Lors de cette relecture, j’ai été totalement fascinée par la troisième partie qui, après une rêverie sur les noms de pays, voit le héros déchiré par son amour pour Gilberte, la fille de Swann. Celle-ci, retrouvée aux Champs-Élysées, devient le centre de la pensée du narrateur. L'ouvrage se clôt sur un portrait de la Belle Époque au travers de la description des toilettes des femmes qui se promènent au bois. J'ai déjà entamé A l'ombre des jeunes filles en fleurs et espère vous donner des nouvelles de ce deuxième volume qui, dans la foulée du premier, prend une toute autre saveur...

samedi 16 mai 2015

Projet 52 (20) - Chemin

Pour le projet 52 de Ma'
le thème de cette semaine était chemin...
Je vous emmène donc dans mes bois !
Le chemin est bordé de jacinthes sauvages
et il y a moins de monde que sur la plage...
Bon we à vous !

jeudi 7 mai 2015

Étouffements de Joyce Carol Oates


     En général, mes lectures de JC Oates marchent par deux. Fidèle à la tradition, j’ai donc acheté deux livres de l’écrivaine lors de ma dernière sortie en librairie. J’ai déjà présenté le conte gothique, le livre que voici est un recueil de nouvelles (en attendant que je lise enfin Bellefleur…). J’avoue avoir un peu hésité avant de l’acheter car je trouve que les nouvelles ne sont pas forcément au niveau des romans, comme si la « romancière » avait besoin de temps pour développer tout son savoir faire. Mais enfin, elle a déjà prouvé qu’elle peut accomplir des miracles sur les formats courts avec Folles nuits. Depuis que j’ai lu ce dernier, je ne me refuse rien de cette artiste ! Et en ce qui concerne le recueil dont il est question aujourd’hui, j’ai bien fait car je n’ai pas été déçue du tout, au contraire, j’ai même été agréablement surprise car certaines nouvelles sont vraiment excellentes.
   Les dix récits qui composent le recueil sont tous parus entre 2005 et 2008 dans des revues. Regroupés sous le titre d’Étouffements, ils se tissent tous sur ce thème qui porte les personnages du simple dégoût sans objet à la mort violente. Ma nouvelle préférée est la troisième, « Le premier mari ». Alors que les Chase préparent leur premier voyage en Italie pour fêter leurs dix ans de mariage, Leonard, en cherchant son passeport, tombe sur un paquet de photos entourées d’un vieil élastique. Sur ces vieux Polaroïds, un jeune couple : sa femme « étonnamment jeune » et un homme qu’il identifie rapidement comme le premier mari. Ces quelques clichés vont rapidement devenir une obsession et entraîner un bien sombre enchaînement d’événements imprévus....
   Deux nouvelles présentent le même type de personnage, récurrent chez Oates : des jeunes filles un peu paumées qui étouffent dans leur milieu, chacune en limite de dérapage. On louvoie avec elles, au bord du précipice.
Dans « Strip Poker », Annislee :
« Grande, mince et gauche, j’ai presque quatorze ans, les attaches fines, des yeux noirs enfoncés et une mince bouche ourlée qui m’attire des ennuis, à cause de ce que je dis ou marmonne tout bas ; mes cheveux blond cendré, attachés en queue de cheval, tombent comme une queue de rat mouillée sur mes vertèbres saillantes ; sans cette queue-de-cheval, on aurait pu me prendre pour un garçon, et j’espérais bien rester toujours comme ça, rien de plus dégoûtant qu’une femme adulte en maillot de bain, une femme grasse comme maman et ses amies, que les hommes, les hommes adultes, regardaient pourtant comme s’ils les trouvaient glamour et sexy. »
   Dans « Nulle part », Miriam :
« L’air d’une fille larguée par son petit copain et qui tâche de ne pas pleurer. En plus elle est mineure. En plus elle n’a jamais fait l’amour. En plus elle a eu des nausées, des haut-le-cœur dans l’un des box puants des toilettes, mais rien n’est venu. Un truc qu’il lui avait donné : Tu as besoin de te détendre chérie. »
   La dernière nouvelle, glaçante, « Veine cave », raconte l’histoire du retour d’un ancien combattant. Enfin, elles sont toutes d’une cruauté maupassantienne, imprégnée par la violence des rapports sociaux et l’impact d’une crise économique qui laisse des trous perdus en ruines, perclus de types défoncés à la méth (voir Breaking Bad).
Joyce Carol Oates, c’est l’anti-Hollywood. Elle sait mieux que personne faire entendre toutes les voix de l’Amérique, celles des beaux quartiers, mais aussi celles des pauvres filles mal mariées dans un bled paumé comme dans « La chute ». Mon admiration est toujours aussi intense et j’attends avec impatience le Nobel de littérature pour Mme Oates…

https://leslivresdegeorgesandetmoi.wordpress.com/2010/02/17/et-un-challenge-un/


mercredi 29 avril 2015

Merci aux ambitieux de s’occuper du monde à ma place de Georges Picard



     Les émissions littéraires ont du bon. Et si je suis parfois critique à l’égard de La Grande Librairie, j’avoue que le choix fait par son animateur la semaine dernière (émission du 9 avril) m’invite à plus d’égards. Inviter des gens qui pensent dans une émission à grande écoute, ce n’est pas si courant, et à la télévision, cela relève carrément de l’exploit. J’ai donc pris grand plaisir à écouter les quatre invités et me suis précipitée dès le lendemain chez mon libraire afin d’acheter le livre de Georges Picard publié aux éditions Corti.
    C’est tout à fait le genre d’ouvrage que j’aurais pu acheter uniquement en ayant lu le titre et vu la maison d’édition, mais ici, avoir en plus entendu l’auteur m’a totalement convaincue. Et ce, même si ce n’est pas un grand bavard, et encore moins le genre de gars à vous venter les mérites de son livre comme s’il s’agissait du dernier Musso. Non non, il est plutôt du genre taiseux Georges Picard, mais pour fréquenter un peu le fond des bois, je suis habituée au silence et j’aime ça. En attendant, c’est moi qui bavarde et je n’ai encore rien dit de ce fameux livre…
   Court récit de 150 pages, il se présente comme une lettre adressée à un certain Martinu. Le narrateur vient d’apprendre que ce dernier habite à une soixantaine de kilomètres de chez lui et se décide donc à lui écrire alors qu’ils se sont perdus de vue depuis des années. Les deux amis ont vieillis et semblent tous deux affublés d’une misanthropie tenace qui a le mérite de les inviter à réfléchir sur eux-mêmes. La lettre va donc être l’occasion de dérouler un ensemble de réflexions mosaïques sur le passé, l’avancée en âge et la manière dont on peut être (ou ne pas être) soi-même : 
« Si l’âge nous fait avancer, c’est vers la perplexité, pas vers la connaissance de soi. Je ne suis pas sûr qu’il faille le déplorer : après tout, quoi de plus excitant que cette confrontation avec l’étranger confus qui nous habite ? »

  L’ensemble propose une réflexion jubilatoire sur la société d’aujourd’hui, et, entre autres, invite à se questionner sur les médias et la pensée conforme qu’elle nous déverse à longueur de journée, et toute l’année, sans férié. Une pensée en kit, prête à l’utilisation en soirée, oubliée à peine formulée. Or, le narrateur est peu soluble dans le prêt à penser : il doute. Et dans une société où chacun est invité à avoir les dents blanches, le sourire carnassier et l’air sûr de soi, voilà qui fait tache.
« Il paraît que la conviction est une qualité très recherchée dans notre monde où la réflexion tâtonnante est moins valorisée que la propension à affirmer n’importe quelle ineptie sur le ton de la sincérité. »

  Alors bien sûr, ce n’est pas un roman. Alors bien sûr, ce n’est pas « optimiste ». Alors bien sûr, cela invite plus à penser qu’à oublier. Et pourtant, ce livre devrait être diffusé à grande échelle, genre distribution gratuite à la sortie du métro à la place des niaiseries que l’on nous propose en guise d’outils « d’information ». Car non seulement il n’invite pas à oublier, mais il serait plutôt là pour que l’on se souvienne qu’un autre monde est possible (oui, je sais, cette phrase est totalement utopique et déplacée en 2015, année de l’attentat anti-Charlie déjà presque oublié). Le genre d’ouvrage qui invite à emprunter les chemins de traverse, à jeter sa télévision (pour moi, c’est fait depuis longtemps), à écouter l’herbe pousser en regardant d’un œil amusé ceux qui vous disent que c’est la crise et que, vraiment, il va falloir que l’on travaille tous le dimanche afin que le monde aille mieux.

   Donc merci M. Picard, vous m’avez presque donné envie d’aller vivre en Beauce ! Et pourtant, chacun sait ici combien j’aime mes bois… et l’air du grand large… 
 Je place ce titre en tête de mes coups de cœur littéraires de l’année, et j’ai déjà commandé un deuxième ouvrage de l’auteur (il a déjà plus de vingt ouvrages à son actif).

Extrait

« Je remercie les ambitieux de s’occuper du monde à ma place. Ils prennent tous les risques, mais leurs récompenses, l’argent, le pouvoir, la fierté d’avoir réalisé quelque chose de positif, ne me paraissent pas suffisantes pour compenser l’aliénation du sentiment intérieur. Affairés ou pas, nous avons une vie intérieure riche de pensées et d’imaginations que les gens ambitieux finissent par simplifier en évacuant ce qui semble inutile à la satisfaction de leur désir dominant. Ils ont raison de le faire au profit de leur idéal. Ce qu’ils manquent est sans importance ; il y a des types comme moi qui accordent de l’importance à ces riens comme fond de pensée. »

samedi 25 avril 2015

Projet 52 (17) - Ville

C'est beau une ville la nuit...
encore plus quand la lumière se met en mouvement.
Paysages nocturnes capturés de chez moi, le soir du 25 avril 2015.
Et une nouvelle participation au projet 52 de Ma'.

mercredi 22 avril 2015

Littérature jeunesse, en vrac, pour « grandmoyen »



Traqué d’Andrew Fukuda

     J’ai pris beaucoup de retard dans la rédaction de mes billets. Je voulais pourtant absolument vous parler de cette excellente série de littérature jeunesse doublée de littérature vampirique ! Un échange de commentaires avec Lor a accéléré le processus car elle semblait intéressée pour l’un de ses enfants. Ce billet est donc dédié à « Grandmoyen » !
  Je lis peu de littérature jeunesse et suis tombée totalement par hasard sur ce livre, à la bibliothèque. Il était classé en science-fiction et il faut avouer que l’ouvrage est à la croisée de plusieurs genres (fantastique, science-fiction, jeunesse). Comme j’ai un faible pour les ouvrages inclassables, ce livre était pour moi… 
  Le début ressemble furieusement au classique de Matheson, Je suis une légende. En effet, dans un monde futuriste, la planète est peuplée de vampires. Ils ont pris totalement possession de la terre et les humains semblent avoir disparus. Toutefois, il reste un humain, Gene, jeune homme de dix-sept ans héros du livre. À la première personne, il raconte la manière dont il a réussi à survivre dans ce milieu plus qu’hostile. Son père, avant de disparaître (sans doute dévoré), lui a appris à se faire passer pour un vampire. Il a donc grandi au milieu de ses prédateurs et se conduit comme eux. Cela n’est pas sans risque car il doit masquer toute odeur humaine et bien sûr éviter à tout prix de saigner… Lorsqu’il rit, il doit se gratter fébrilement le poignet et surtout, éviter d'activer le moindre signe sur son visage.
  Gene arrive donc à se fondre dans la foule des vampires... jusqu’à ce qu’il soit sélectionné pour un jeu collectif. Tous les dix ans, le gouvernement organise une chasse, la « loterie homifère », destinée à une poignée de vampires. Quelques humains détenus en captivité sont lâchés dans la nature et les participants peuvent alors laisser libre court à leur instinct de prédateur. Gene va donc se retrouver en bien fâcheuse posture, ses comportements humains, dans ces conditions, étant beaucoup plus difficiles à masquer.
  Je suis entrée très rapidement dans cette histoire… à un point tel que j’ai acheté le premier tome et me suis ruée sur le deuxième que l’on trouve aussi en version poche. Pourquoi un tel engouement ? L’attrait exercé par cette série tient essentiellement en trois points. Tout d’abord, c’est bien écrit et le suspense fonctionne du début à la fin (ce qui n’est pas toujours le cas en littérature jeunesse, il faut l’avouer). Ensuite, le mythe du vampire est ici bien renouvelé. Les théories scientifiques tiennent la route et le comportement des vampires, évolutif, questionne tout en étant assez effrayant (attention, quelques passages gores). Mention spéciale à leur technique pour dormir… Enfin, tout l’intérêt de la série réside dans ce qu’elle met en évidence grâce aux déviances vampiriques, à savoir ce qui fait de nous des êtres humains. Gene devant, en permanence, contrôler ce qui fait de lui un humain, le roman nous invite à réfléchir sans le savoir sur ce qui caractérise « l’humanité ».  
  Le deuxième tome est tout aussi intéressant que le premier. Je ne vous dévoile pas l’intrigue car cela vous révélerait une partie de la fin du premier volume… Un troisième tome est sorti en grand format. J’ai pour le moment résisté à tout achat impulsif, pour le moment...


Enclave d'Ann Aguirre 

     Moins bien écrit et moins intéressant mais assez efficace, le livre d’Ann Aguirre surfe sur la vague apocalyptique qui balaie les rayons de SF. Dans un monde en ruines, l’héroïne du roman vit dans une « enclave ». Dans les souterrains de la ville qu’elle ne connaît pas, elle vient d’être élevée au grade de chasseuse. Elle a donc perdu son nom d’enfant (Fille 15 !) pour devenir « Trèfle ». Elle pourra maintenant partir chasser les monstres qui hantent les alentours de l’enclave et se nourrissent de tout ce qu’ils trouvent… On apprendra plus tard que ces monstres sont en fait des mutants et que leur transformation est sans doute liée aux armes utilisées durant le « second holocauste ». Les Aînés, qui ne vivent pas beaucoup plus longtemps que vingt-cinq ans, ont fixé les règles d’un monde qui se limite à la survie en milieu très hostile… Tout va pour le mieux dans le plus dangereux des mondes possibles donc, jusqu’à ce que Trèfle et son second, Del, soient exilés de l’enclave. Ils vont donc être obligés de monter « au dessus » et devront affronter les gangs qui ont pris le contrôle de ce qui reste de la ville…
Ici encore, c’est une série et ce premier volume en appelle un second, qui, je crois, n’est pas encore sorti. Si cette lecture a reposé mes neurones en surchauffe, je n’irai pas jusqu’à courir après le deuxième volume, quoique… Pour amateurs de fins du monde et d’ambiance apocalyptique…



dimanche 19 avril 2015

Projet 52 (16) - Se déplacer

Kerlouan, été 2009

     Pour cette nouvelle participation au Projet 52 de Ma', j'ai été obligée de piocher dans mes vieilles photos (voyez la légende...). En effet, partie aujourd'hui en bord de mer bien décidée à vous proposer un bateau (car, pour se déplacer, il n'y a rien de mieux), devinez quoi... j'avais oublié la carte mémoire de mon appareil photo. Quelques photos dans la boîte sur le disque dur, je rentre et... j'ai oublié le câble de l'appareil près de mes bois... Ou quand on atteint les limites des miracles de la technologie... Mais des bateaux, j'en ai plein, je ne me lasse pas de les photographier ! En plus, le ciel d'aujourd'hui valait bien celui de l'été 2009 en Finistère ! Je vous souhaite un excellent dimanche à tous, avec du repos et du soleil.

vendredi 17 avril 2015

Le Viking qui voulait épouser la fille de soie de Katarina Mazetti


     Katarina Mazetti a fait une entrée remarquée dans le monde des écrivains avec Le mec de la tombe d’à côté. Le succès de ce premier roman (que je n’ai pas lu) paru en 2006 ne l’a pas empêchée de continuer à écrire, et dans des registres variés puisque son 8e roman se déroule à l’est du Blekinge, à la fin du Xe siècle. Elle nous emporte donc en ces temps obscurs du Moyen Âge, à l’époque dite des Vikings. Les mordu(e)s de la série éponyme trouveront ici un très bon produit de substitution entre deux saisons…
Katarina Mazetti aime l’histoire et lit des romans historiques. Dans l’intéressante postface du roman, elle explique comment elle s’est instruite sur une période qui n’a laissé que peu de documents en terme de sources écrites. Les matériaux « en dur » sont déjà plus nombreux : gravures rupestres, tombeaux et nécropoles abondent. Mais il existe aussi des bateaux-tombes, des barrières de pieux et des pierres runiques. L’écrivaine a bien sûr puisé dans les contes et sagas dont les fameuses sagas islandaises. Pour ceux que le sujet passionne, le musée historique de Stockholm est une mine… 

Pierre runique
 L’histoire
  
   Tout commença dans une ferme délabrée à Möckelö, île située sur la côte est du pays, le Blecinga bordé par la mer Baltique. Le propriétaire de la ferme en question était un grand gaillard aux cheveux grisonnants que l’on reconnaissait à cause de sa lèvre fendue mal dissimulée par une barbe épaisse. L’homme aux yeux bleus s’appelait Säbjörn et exerçait le métier de charpentier de marine. Il construisait des bateaux, et s’avérait particulièrement doué pour fabriquer des knörrs, larges esquifs destinés aux expéditions commerciales. Säbjörn avait deux fils, Kåre et Svarte. L’homme se laissait parfois aller à des colères mémorables auxquelles personne n’osait s’opposer. Cela venait sûrement de la disparition de sa femme. Car un jour, Alfdis était partie et l’on n’avait jamais su ce qu’elle était devenue. Elle avait laissé derrière elle ses deux enfants et un mari brisé par la tristesse.
Le premier chapitre nous présente le contexte du roman et nous raconte la disparition de la femme de Säbjörn vécue comme une malédiction. Le deuxième nous emporte à Kiev chez Chernek, un marchand d’escalves. Celui-ci a une fille, Milka, et un fils, Radoslav. Tous ces personnages  seront les principaux acteurs d’un récit riche en rebondissements. En effet, une deuxième disparition mystérieuse va venir marquer l’île de Möckelö dès le troisième chapitre…

The Viking farm
Ferme viking


Mon avis

    J’ai pris grand plaisir à lire ce roman historique totalement dépaysant. Très bien documentée, K. Mazetti nous convie à découvrir le quotidien des Vikings au Xe siècle. J’ai été particulièrement intéressée par le sort réservé aux femmes (la bibliographie de l’ouvrage permet de creuser le sujet mais hélas, la plupart des ouvrages ne sont pas encore traduits). On apprend donc avec plaisir car le livre n’est pas ennuyeux du tout et encore moins surchargé de détails qui viendraient alourdir l’intrigue. On s’attache très rapidement aux personnages et la seule difficulté, au départ, a été pour moi de retenir leurs noms. Je pense d’ailleurs qu’il vaut mieux se plonger dans le livre et ne pas trop le lâcher afin de rester « baigné » dans cette atmosphère tout à fait particulière.

Je n’ai pas lu d’autres romans de Katarina Mazetti mais la construction de cet ouvrage montre qu’elle maîtrise parfaitement bien les techniques romanesques. On bondit d’un chapitre à l’autre, on s’attache à Petite Marmite et à Poisson d’Or, les deux étranges esclaves de Milka, on rêve d’un Orient Moyenâgeux et on frissonne en lisant les récits de pillage… n’est-ce pas romanesque à souhait ?
Je remercie donc chaudement Claudia pour ce prêt ! Son billet est ICI.

 Extrait

« Svarte avait un point faible. Il n’aimait pas faire commerce d’esclaves. Ils se plaignaient, étaient récalcitrants et suivaient d’un regard haineux ses moindres mouvements à bord, même quand ils étaient mis aux fers. Ou alors ils répandaient les maladies du sud, ou mouraient subitement au beau milieu d’une traversée, de sorte qu’on ignorait toujours combien on en ramènerait. Il savait que quand il accosterait à Stenshamn sur Utlängan pour décharger sa cargaison, son père se tiendrait sur le plus gros ponton et lui crierait de loin : « Combien » ? ».

dimanche 12 avril 2015

Projet 52 (15) - Fleur


Le Projet 52 de Ma' proposait cette semaine de s'attarder
sur une ou des fleurs.
Voilà mon petit bouquet de la semaine !
Bon dimanche à tous.

jeudi 9 avril 2015

Reflex de Maud Mayeras



     Un long week-end. Une sortie en librairie. Du temps près de mes bois. Le trio qui permet des découvertes inattendues et surtout, qui me laisse le loisir de me laisser aller à mon vice préféré à savoir, lire à volonté (on a les vices qu’on peut…).
  La découverte du mois, côté polar, c’est donc ce très bon opus de Maud Mayeras – attention, risque addictif important –. Je l’ai dévoré en deux jours, il n’a même pas tenu jusqu’à la fin du week-end malgré ses presque 500 pages. Je ne l’ai lâché que pour aller promener le chien et planter quelques bulbes prometteurs. Et encore, je l’ai emporté une fois avec moi lors de l’une des promenades afin de le lire sur un banc jusqu’à ce que le chien, excédé par tant d’immobilité, me demande de rentrer sur le champ… Mais bon, je m’éloigne de mon sujet. 
   Reflex donc, du nom d’un appareil photo, car Iris Baudry est photographe. Elle travaille pour l’identité judiciaire. Femme discrète et affublée d’un bégaiement, Iris prend des clichés de cadavres. Appelée nuit et jour sur les scènes de crime, elle arrive et shoot tout ce qui passe à portée de son appareil.
  Mais un jour, un sordide meurtre d’enfant la rappelle sur les lieux de sa propre enfance. Alors que la ville s’assèche sous le soleil de l’été, elle enfourche sa moto Superduke pour se trouver face à un corps dont les pieds chaussent du 32. Iris se croit alors en plein cauchemar. En effet, onze ans plus tôt, elle a perdu son fils de 11 ans. Or, il lui semble que le cadavre qu’elle vient de photographier porte le même signe distinctif apposé par le meurtrier sur son fils : il lui manque un lambeau de peau juste en dessous du bras. Et il va vite s’avérer, en effet, que dans la petite ville de Bellevue, où Iris apprend que sa mère vient d’être internée, un serial-killer semble avoir pris ses aises et dézingue à tour de bras.
  Après sept chapitres durant lesquels on s’installe très vite auprès d’Iris et de l’enquête qui se met en place, une deuxième intrigue nous ramène en 1919, auprès d’une petite fille, Julie, qui va être la victime de deux soudards. Alors, vous vous en doutez, le lecteur attend impatiemment de comprendre comment ces deux récits vont bien pouvoir s’imbriquer enfin. Et c’est là qu’il faut avouer que Maud Mayeras a vraiment excellé. Les deux histoires nous tiennent également en haleine avant de se rejoindre de manière particulièrement subtile. On ne voit rien venir et on s’accroche au livre comme un naufragé à sa pauvre barque. Chapeau bas ! Enfin, pour couronner le tout, c’est bien écrit. Autant certains polars finissent par être irritants à force de présent de l’indicatif et de phrases courtes, autant celui-ci sait varier les plaisirs : premier récit au présent, deuxième au passé avant que l’un ne vienne rejoindre l’autre tout en stimulant une attention rarement endormie… Dès que possible, je lirai le premier ouvrage de cette romancière (Hématome paru en 2006, qui a eu plusieurs prix et a été finaliste du prix polar SNCF). Et c’est promis, je vous tiens au courant !

Extrait

   La bille en fer gigote au fond de mes tripes et la nausée grimpe en flèche. La nuit est tombée et je reste figée devant cette cour qui me hurle de m’enfuir. Au bout de onze ans, voilà que je me traîne à nouveau au beau milieu de cette ville paumée. Ce trou dans lequel j’avais bien juré de ne plus jamais remettre les pieds. Dans mes écouteurs, la musique qui s’est arrêtée et le silence nocturne a pris la suite.
J’observe les façades qui se décomposent et la peinture écaillée des portes. L’établissement est totalement à l’abandon. Le chêne a disparu. La cour paraît nue et le charme rompu. Plus de courses d’insectes. Plus de belle ni de bête. Juste la fin du monde.
Cet arbre, le maire l’a fait abattre il y a longtemps. Juste avant la disparition de mon fils.
Swan.  
Il avait tout juste six ans.

PS
Mention spéciale pour la bande originale du livre qui s’ouvre sur Juicebox de The Strokes et se clôt par Speed of Pain de Marilyn Manson en passant par Here Comes the Sun de Nina Simone.