samedi 21 janvier 2017

Les Âmes fortes de Giono

     Pour ceux qui connaissent Giono grâce à ses récits méridionaux qui fleurent bon le soleil et la nature, ce roman peut sembler déroutant, d'autant plus qu'il s'ouvre sur une conversation où s'entremêlent de nombreuses voix que l'on a du mal à individualiser. C'est le soir. Des femmes, âgées, sont venues pour veiller le corps d'un certain Albert. Parmi elles, Thérèse quatre-ving-neuf ans et les "os durs". C'est la doyenne, elle aura donc droit au fauteuil. Alors que la veuve du mort est au lit, la nuit, propice au surgissement des souvenirs, va être l'occasion d'un échange qui va vite se centrer sur l'évocation de la vie de Thérèse, une vie bien peu commune.
   Née Charmasson, elle s'enfuit une nuit avec le jeune Firmin car ses parents refusaient le mariage avec lui. Âgée de vingt-deux ans et alors placée au château de Percy, la voilà sur les routes, à la recherche du gite et du couvert, mais surtout, d'un travail. Après être passés au Moulin-Baron, ils se fixent à Châtillon où Firmin se fait passer pour un compagnon du devoir afin de se faire embaucher par un certain Gourgeon qui tient une maréchalerie magnifique. La ville, grand centre de roulage est très active.
"Tout le trafic des vins par fardiers passait par là. Sans compter la malle de Valence qui allait rejoindre le train de Lyon et l'été tous les transports de bois. Je ne compte pas la voiture de Lus. Le pays ne sentait que le cheval, le harnais, la graisse de roue, le fer chaud, l'étincelle et la corne brûlée. On n'entendait que bruits de marteaux sur l'enclume et soufflets qui forgeaient. Ma tête tournait un peu, mais mon Firmin au contraire faisait le cocardier et il marchait raide comme un manche à balai."
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Thérèse et Firmin (film de Raoul Ruiz)
   Alors que les souvenirs de Thérèse se déroulent au fil de la conversation nocturne, sa personnalité va se révéler et tout l'intérêt du roman tient à la découverte de "l'âme" qui se dévoile peu à peu. Ce dévoilement se fait aussi grâce à l'évocation de l'improbable rencontre entre le couple d'ouvriers et le couple Numance, des bourgeois de Châtillon. En effet, Madame Numance (parfaitement incarnée par Arielle Dombasle dans l'élégante adaptation du roman par Raoul Ruiz) va tomber sous le charme de Thérèse. Afin de l'avoir près d'elle, elle installe le couple dans un pavillon qui jouxte la maison. Va alors se mettre en place un jeu à tendance perverse entre les quatre individus qui, voisins, resteront à jamais éloignés les uns de autres malgré les rapprochements fusionnels entre Thérèse et "Madame Numance". Je ne vous dévoile pas l'intrigue plus avant... mais peut vous dire que la jeune fille va se révéler d'une noirceur diabolique...
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Thérèse et Madame Numance
   Publié en 1950, ce roman est né d'une nouvelle, la huitième du recueil Faust au village. Dans cet ouvrage, on trouve une nouvelle structure narrative dans laquelle différents narrateurs se succèdent pour raconter la même histoire, sous une forme dialoguée. Et c'est bien ce type de montage narratif que l'on trouve dans Les Âmes fortesla vie de Thérèse est racontée selon deux points de vue différents qui éclairent de manière très différente son parcours. Le lecteur n'aura plus qu'à trancher entre les deux versions. Après une première lecture, j'ai vu le film... qui m'a donné envie de relire le livre ! La deuxième lecture fut très agréable. Comme un bon vin, voilà un roman qui développe ses arômes après avoir été chambré. On peut ensuite consommer sans modération, ou presque...

dimanche 15 janvier 2017

L'Amour est une île de Claudie Gallay

   Coup de cœur intense dès le début de l'année 2017 pour ce roman de Claudie Gallay. Publié après Les Déferlantes (toujours pas lu, je le garde pour la fin...), il a depuis été suivi par deux autres volumes. Après Seule Venise, je ne savais trop vers lequel me diriger, et c'est en voyant qu'il se déroulait dans le milieu du théâtre que je me suis décidée pour celui-ci. Une excellente idée car je n'ai pas été déçue ! 
   Tout d'abord j'ai retrouvé style facilement reconnaissable de la romancière : phrases courtes, utilisation abondante du présent, et une écriture qui privilégie les images qui semblent défiler au gré de paragraphes qui défilent rapidement et nous plongent dans un univers fortement teinté de nostalgie. Alors qu'elle écrit souvent au présent, elle nimbe tous ses récits du voile du passé qui semble toujours peser sur le déroulement des événements.
   L'intrigue se déroule à Avignon, pendant le festival. Odon, directeur d'un petit théâtre de la ville, vit sur une péniche. Il a follement aimé Mathilde pour laquelle il a quitté sa femme. Et cette année-là, son ancienne maîtresse revient entre les remparts. Devenue une actrice adulée, elle se fait maintenant appeler "la Jogar". Elle doit son succès à un texte écrit par un certain Paul Selliès, mort dans d'étranges circonstances. Or, la sœur de l'écrivain est également présente dans la cité des Papes. Cette même année, le festival est en ébullition car les intermittents sont en grève...
   Avec Avignon en toile de fond, la romancière tisse un beau roman sur les retrouvailles manquées et sur le passé qui ne passe pas. Poids des souvenirs, regrets des occasions manquées, nostalgie concernant les choix effectués, qu'ils soient bons ou mauvais, tout cela compose un récit que l'on ne lâche pas, emportés que nous sommes dans l'été avignonnais. Avis aux amateurs(trices) de théâtre, ils/elles ne peuvent qu'être conquis(es) ! 
 
 

jeudi 5 janvier 2017

Les coups de coeur de 2016


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Trouvé chez Lali
A votre avis, que fait le ¨Père Noël en janvier ? Il dévore les livres que nous avons conseillés sur nos blogs ! C'est un repos bien mérité. Je lui vous propose aujourd'hui, une petite sélection de romans, polars et "classiques" lus en 2016, adorés, et hélas pas toujours chroniqués... 

Cinq romans
1. Mémoire de fille de Annie Ernaux. Hors catégorie, LE livre de 2016.

 
2. Seule Venise de Claudie Gallay. Un grand moment de plaisir !

3. A la table des hommes de Sylvie Germain. Fait partie de ceux qui resteront...

4. Daddy love de JC Oates. Glaçant !

5. Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal. Pour le style.


Cinq polars ou romans noirs
1. Cadavre 19 de Belinda Bauer. LE coup de cœur de l'année du côté des polars. J'ai depuis lu deux autres romans de cette écrivaine anglaise. A découvrir.

2. Auprès de l'assassin de Louis Sanders. Vous ne verrez plus la Dordogne de la même manière après l'avoir lu.


3. Six fourmis blanches de Sandrine Collette. Je lis tout ce qu'elle écrit, et ne m'en lasse pas.

4. Retour à la nuit d'Eric Maneval. Une excellente surprise !


5. Le Cri de Nicolas Beuglet. Un thriller efficace.



Cinq classiques lus ou relus avec enthousiasme
1. Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Je ne vous présente pas...



2. Le Cahier gris de Roger Martin du Gard

3. Les Neiges bleues de Piotr Bednarski. Une perle !


4. La forêt mouillée de Victor Hugo 

5. Oedipe par André Gide. Et oui ! encore du théâtre !


Le cru 2017 s'ouvre avec S'émerveiller de Belinda Cannone. Un titre prometteur pour une nouvelle année !

dimanche 1 janvier 2017

2017

La neige qui s'invite en Bretagne, ce n'est pas si fréquent.
J'y vois un bon présage pour la nouvelle année...
Je vous souhaite une année 2017 douce, pleine de promesses 
et remplie de lectures enthousiasmantes !