jeudi 21 septembre 2017

Lectures communes pour le challenge nordique



       Bonjour à toutes et tous,
     Alors que l'automne pointe le bout de ses feuilles dorées, je viens vous proposer quelques lectures communes pour le challenge nordique, en attendant l'hiver qui sera marqué par les polars venus du froid. Je vous propose donc un livre par mois jusqu'au 21 décembre :
- pour le 1er octobre, je vous rappelle que les Contes d'Andersen sont au menu.
Participantes : Margotte, Nathalie et Claudialucia. 

- J'avais évoqué une pièce d'Ibsen. Je propose de lire Une Maison de poupée pour le 15 novembre.
Participantes : Margotte, Nathalie, Adrienne et Maryline. Claudialucia nous suit pour une autre lecture d'Ibsen, ayant déjà lu Une Maison de poupée.

- Et pour marquer le solstice d'hiver, j'ajoute pour le 21 décembre Le Palais de glace de Tarjei Vesaas.
Participantes : Margotte et Anne. Claudialucia nous suit pour une lecture de Tarjei Vesaas (titre non encore choisi).

   Alors bien sûr, vous pouvez vous inscrire (inscription sur ce billet) même si vous ne participez pas au challenge nordique ! Vous pouvez même utiliser le logo concocté tout spécialement pour l'occasion.
Bonnes lectures et bonne fin de semaine,
Margotte




dimanche 10 septembre 2017

Je voyage seule de Samuel Bjørk


   Pour une fois, je suis d’accord avec une citation hyperbolique d’une quatrième de couverture. « Le nouveau phénomène de la littérature scandinave policière ! » s’extasie un journaliste de L’Éveil normand. Et il faut reconnaître que pour un premier roman, c’est un coup de maître. Il peut rivaliser sans problème avec ses concurrents pourtant nombreux…

L’histoire

Une fillette est retrouvée assassinée. Elle a été pendue à un arbre avec une corde à sauter et porte autour du cou une pochette avec un message - comme celle que promènent les enfants seuls dans les avions – qui annonce : « Je voyage seule ». Plus étrange, elle porte des habits totalement désuets qui paraissent tout droit sortis d’un conte où évoluent des princes, des princesses, mais aussi de vilains ogres ! Ce crime odieux va mettre la Norvège en émoi, d’autant plus qu’il va vite être suivi par d’autres meurtres du même genre. 
 

Trois bonnes raisons pour le lire


  • Les personnages. Je me suis attachée immédiatement aux personnages qui composent l’équipe policière. Il y a Holger Munch, policier bourru comme je les aime. Son ancienne collègue, Mia Kruger, trimbale des casseroles et une histoire compliquée mais intéressante. Munch l’a sortie de l’île d’Hitra où elle était partie panser ses plaies. Ce sont surtout ces deux-là qui occupent le devant de la scène dans ce premier opus mais l’on devine de Gabriel, le hacker asocial, présente un potentiel qui ne manquera pas d’être développé dans les histoires à venir.
  • Le dynamisme narratif. On ne s’ennuie pas et sans parler de page turner, on est happé à la fois par l’enquête et par le passif des personnages principaux que l’on prend plaisir à découvrir. Il y a bien quelques poncifs du polar mais j’ai envie de dire que cela fait un peu partie du jeu et qu’ici, ils permettent de mieux s’installer  dans le genre…
  • Les milieux décrits. J’ai trouvé l’utilisation de la religion originale. Apparaît en effet dans ce premier volume une secte. Mais l’on navigue aussi du côté des maisons de retraite et l’auteur fait assez bien passer le désarroi qui règne parfois dans ce genre de « maison ».

  L’auteur, de son vrai nom Frode Sander Øien, a écrit deux autres romans. Il a de nombreuses cordes à son arc puisqu’il est également dramaturge, peintre, chanteur et compositeur. Le Hibou, son deuxième polar, est sorti en grand format en 2016, et un troisième opus vient de sortir en traduction anglaise seulement. J’attends donc avec impatience la version poche de la deuxième enquête du duo Mia-Holger ! Avec un peu de chance, cela sera pour cet été (billet rédigé avant l'été, et hélas, j'attends toujours la sortie en poche...).


https://bruitdespages.blogspot.fr/2017/07/challenge-litterature-nordique.html

samedi 2 septembre 2017

Notre vie dans les forêts de Marie Darrieussecq

     Difficile de parler de ce roman sur lequel j'ai un avis mitigé. Commençons par les points positifs car il y en a. Tout d'abord le genre. Marie Darrieussecq nous propose ici une dystopie avec un roman qui pourrait très bien trouver sa place en Folio SF. On sait qu'elle aime jouer avec les frontières génériques puisque son premier roman, Truismes, histoire d'une femme qui se transforme en truie, lui a permis d'obtenir le succès que l'on sait. Elle nous propose ici l'histoire d'une femme qui écrit du fond d'une forêt (remarquez combien cela évoque le personnage principal du Paradoxe de Fermi...). Cette femme, avant de se transformer en survivaliste sylvestre, était psychologue. Elle recevait un patient surnommé "le cliqueur" qui lui posait d'étranges questions et qui, du jour au lendemain, a disparu. Cette femme vit dans un monde ou de nombreuses personnes ont des "moitiés", des humains dont les corps servent de réceptacles aux organes qu'ils contiennent afin de pouvoir servir à des greffes. Vous l'avez compris, il s'agit de clones. Je ne vais pas donner plus de détails concernant l'intrigue afin de ne pas dévoiler ce que l'on découvre petit à petit, par le biais du récit à la première personne de la narratrice. 
   Alors bien sûr, l'intérêt réside dans la réflexion proposée sur le monde que pourrait bien nous préparer la technologie le jour où la science sera définitivement sans conscience... et donc ruine de l'âme. J'ai particulièrement aimé tout ce qui touche aux corps. La romancière s'est attachée à décrire la manière dont les corps peuvent être modifiés, transformés (retour à Truismes), mais aussi marchandisés. Jusque là, rien à dire. Elle propose également une vision du rapport au "réseau" que j'ai trouvé particulièrement intéressante :
"Mais on peut se déconnecter de l'intérieur aussi. Il faut trouver sa chambre intérieure. Ne penser à rien, rien, pendant quelques minutes, fait déjà vaciller la connexion. Ne répondre à aucune sollicitation, n'effectuer aucune mise à jour, ne processer aucune information, ne réagir à aucun manque même quand ça devient insupportable, même quand l'ennui se mue en une douleur physique. Passer ce cap. (Je ne dis pas que ce soit facile.) Dézoner le cerveau."
   Mais, malgré l'intérêt que peut présenter ce roman, j'ai eu du mal à entrer rapidement dans le récit, sans doute à cause du style. L'effet présent + langage familier, assorti à des paragraphes courts qui peuvent se limiter à "Bref", rend la lecture heurtée. Alors bien sûr, on pourra me répondre que la pauvre femme se trouve dans la forêt et que la structure narrative renvoie à sa situation. Peut-être, mais les séries de phrases du genre "Parce que ça ne va pas. C'est pas bon, là, tout ça. Pas bon du tout.", m'ont plusieurs fois fait refermer le livre.
   Enfin, pour conclure, je pense que ma perception a été influencée par une autre dystopie lue en juillet : La Servante écarlate. Et là, il faut avouer que ce roman ne tient absolument pas la distance par rapport à la richesse du grand classique de Margaret Atwood... 

La critique enlevée de l'équipe du Masque et la Plume ICI.
https://delivrer-des-livres.fr/challenge-rentree-litteraire-2017/