samedi 27 janvier 2018

Munch de Steffen Kverneland

   Noël a du bon ! et Mlle Margotte a du goût et de bonnes idées... puisque c'est elle qui m'a offert cet album enthousiasmant. Comme vous l'indique la couverture, il s'agit d'une biographie du peintre norvégien. Oui mais en ce moment, les biographies en bulles pleuvent comme la pluie sur la Bretagne depuis deux mois me direz vous. En effet, mais celle-ci vaut le détour à plus d'un titre !
   Tout d'abord parce que le dessinateur, Steffen Kverneland a fait preuve ici d'une originalité réjouissante. Il passe pour l'un des meilleurs auteurs de BD en Norvège, ce que je veux bien croire face à la qualité de ce volume consacré à la peinture. Le début donne le ton : le dessinateur s'est mis en scène avec Lars Fiske au moment de l'élaboration du projet, ce qui lui permet de nous expliquer la genèse du volume ainsi que les choix qui ont été faits. Ainsi, en buvant des coups avec son copain, il affirme : "Si je fait une série sur Munch, mon manuscrit sera un collage de citations à la lettre". "Génialix" lui répond son acolyte un peu aviné... Et c'est bien cette démarche qui sera utilisée, pour aboutir, sept ans plus tard, à l'album.

La version norvégienne du dialogue évoqué ci-dessus
   La biographie dessinée se tisse ensuite sur un collage de citations de Munch (il tenait un journal), de ses proches comme Strindberg, ou de critiques de l'époque. Des extraits de lettres sont également intégrés au récit. Les changements de points de vue permettent donc de brosser un portrait riche, tout en donnant un véritable rythme au récit. Les 275 pages défilent, on passe d'un discours de Christian Krohg à des phrases prononcées par Strindberg. Souvent, le dessin se modifie en fonction du point de vue adopté, ce qui donne une grande richesse graphique à l'ensemble. J'ai été impressionnée d'ailleurs par le talent du dessinateur, capable d'imiter Munch comme de se rapprocher de dessins à la Beb Deum.


  Alors bien sûr, on découvre avec intérêt la vie du peintre : la fascination qu'il exerçait sur les femmes, sa longue amitié avec Strindberg, le soutien que lui apporta Ibsen, etc. Mais j'avoue que la première lecture est fortement centrée sur les dessins car on peut vraiment parler de prouesse graphique. On passe de planches en noir et blanc, sobres, où l'aquarelle vient donner une touche de douceur, à des planches où dominent le rouge et les angles, en passant par des copies du travail de Munch intégrées aux cases ou à la page.


   Mention spéciale pour l'idée de l'intégration de photos de l'auteur qui se met en scène par exemple sur l'un des lieux visités pour l'élaboration de la BD. Tous les passages qui concernent la genèse des tableaux de Munch sont passionnants. Enfin, pour résumer, c'est un vrai coup de coeur ! Et en plus, figurez-vous qu'il a réalisé une biographie dessinée d'Ibsen... qui hélas n'est pas traduite en français. Si elle est traduite un jour, elle trônera très vite dans ma bédéthèque... 

lundi 22 janvier 2018

3 et 4 février 2018 : RAT d'Hiver du challenge nordique


     Alors que la pluie et la grisaille viennent ternir un hiver qui reste chaud mais plus qu'humide, je viens vous proposer de partir dans le grand Nord pour un week-end de RAT, les 3 et 4 février 2018. Le RAT sera l'occasion de rester au chaud, sous un plaid, à lire et à se reposer...

Modalités :

Le challenge se déroulera du vendredi 2 à partir de 19h au dimanche 4 à 0h. Il comportera quatre niveaux associés aux divinités nordiques :

- Niveau Odin : avec le dieu souverain de la mythologie nordique, vous partez pour 24 heures de lecture. Il faudra prévoir plusieurs plaids et du thé en abondance ! Vous pouvez aussi opter pour 1000 pages à lire (au choix !). Oui, 1000 pages, on ne plaisante pas dans les hautes sphères...
     * L'Or rouge 
 
- Niveau Njörd : le dieu de l'abondance tout de même. Il faudra donc lire 12h et/ou 500 pages.
     * Margotte 
     * FondantGrignote

- Niveau Freyja : la déesse de l'amour vous laissera un peu plus de temps... Vous devrez lire 6h durant ce RAT et les pages se tourneront au gré des vents et de votre humeur.
Les larmes d'or de Freyja par Klimt
- Niveau Freyr : avec le dieu de la vie, tout se fera à votre gré, choix des heures comme des pages ! Vous pouvez donc participer même sans être inscrit(e) à un quelconque challenge ou défi... L'objectif restant d'échanger et de s'amuser...
     * Claudialucia 
     * Hilde

   Pour les passionnées d'Ibsen, je lance à cette occasion une lecture commune qui pourra commencer durant le we de RAT et se terminer aussi pour les plus courageuses... Les billets toutefois ne seront publiés qu'à la fin du mois de février, le 28. Je laisse le choix de l’œuvre. Vous pouvez bien sûr vous inscrire à la lecture commune sans participer au RAT !
Pour les mordues de polars nordiques, le défi du RAT sera : lire un de ces polars. Là encore, au choix ! Ces deux lectures n'ont bien sûr rien d'obligatoire pour celles qui veulent participer. Une lecture du grand Nord est juste conseillée...
Les inscriptions seront prises sur ce billet
Pensez à préciser le niveau choisi !


Je me lance en niveau Njörd, avec dans le viseur un Ibsen et un polar. Si j'avance bien, le niveau Odin sera dans ma ligne de mire... Pour fêter cela, voici un nouveau logo ci-dessous. Bon we à tous et toutes !

lundi 8 janvier 2018

Mon prix Goncours des lycéens (1) - Nos Vies de Marie-Hélène Lafon


     C'est après avoir écouté l'émission L'heure bleue de Laure Adler que je me suis replongée dans la lecture de Marie-Hélène Lafon que je connaissais trop peu... Après une lecture intense de Joseph - un vrai coup de cœur - l'occasion s'est présentée de lire son dernier roman qui était en lice pour le Goncourt des lycéens.
   L'histoire se déroule sur fond de solitude urbaine. L'histoire, c'est celle de Gordana, une femme blonde aux cheveux rêches et à la poitrine plantureuse, avec des seins du genre "qui remplissent la photo". Gordana est caissière à Franprix. Elle survit plutôt qu'elle ne vit, s'économisant pour durer, vaillante au travail situé rue du Rendez-Vous à Paris. Le rendez-vous, c'est aussi celui de l'homme qui passe tous les vendredis matins  au magasin, présence silencieuse et tenace.
   N'attendez pas de cette lecture une romance faite de passions échevelées. Tout est question de style ici et, chez Marie-Hélène Lafon, le beau rôle appartient aux taiseux, qu'ils soient de la ville ou des champs. Comme ses taiseux, la romancière pèse ses mots, les choisis, les lisse, les malaxe et les dispose à la Flaubert. Il faut que cela claque, que cela porte loin. Elle nous laisse à voir et à entendre. C'est une musique et une ambiance. On ne se souviendra peut-être pas des détails de la vie de Gordana, faite de répétitions et de vagues moiteurs, mais on se souviendra du voile opaque qui la recouvre. C'est le voile des occasions manquées, celui des lendemains de fêtes qui déchantent, celui des renoncements qui finissent par laisser à la vie qui reste un goût amer. 
   Marie-Hélène Lafon vient de prendre sa place dans ma bibliothèque imaginaire (l'autre est encore en carton alors que je rédige ce billet...) entre Flaubert et Annie Ernaux. Je vise pour la suite son premier roman, Le Soir du chien, Renaudot des lycéens en 2001. 

L'incipit de Nos Vies
Elle s'appelle Gordana. Elle est blonde. Blonde âcre, à force de vouloir, les cheveux rêches. Entre les racines noires des cheveux teints, la peau est blanche, pâle, elle luit, et le regard se détourne du crâne de Gordana, comme s'il avait surpris et arraché d'elle, à son insu, une part très intime. Sa bouche est fermée sur ses dents. Elle s'obstine, le buste court et têtu, très légèrement incliné, sa tête menue dans l'axe. On devine ses dents puissantes, massives, embusquées derrière les lèvres minces et roses. Le sourire de Gordana éclaterait comme un pétard de 14 juillet.

https://delivrer-des-livres.fr/challenge-rentree-litteraire-2017/

vendredi 5 janvier 2018

Retour sur l'année 2017


     L'heure du bilan annuel des lectures est arrivé, et c'est toujours un petit moment de plaisir  ce retour en arrière qui permet de se souvenir de bons moments... Pas de grande surprise en ce qui concerne le nombre de livres lus qui reste à peu près stable, avec une légère baisse liée sans doute au changement de domicile... La grande nouveauté réside dans l'arrivée remarquée et remarquable du genre de la SF dans mon "bilan annuel". Ce genre représente 10 % de mes lectures, une vraie surprise ! Une bonne surprise aussi car l'année aura été marquée par des lectures enthousiasmantes de ce côté-là. Autre percée, le théâtre qui arrive maintenant en deuxième position des genres littéraires fréquentés. C'était un objectif, il est atteint... j'espère bien continuer à découvrir encore ce continent lié au spectacle vivant en 2018 ! 
   Les romans caracolent en tête, une fois de plus. J'ai décidé, cette année, de reprendre ma découverte des romans de Colette. Je relance donc le challenge que j'avais laissé de côté... (je proposerai un billet la semaine prochaine pour les inscriptions).

Les coups de cœur de 2017 :

- Meilleur classique : Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier. Une merveille ! Trouvé dans une boîte à livres dans l'édition ci-dessous. Lu avec passion et émotion... Un grand merci à l'inconnu(e) qui a déposé ce livre dans la boîte !


- Meilleur roman : La Désoeuvre de Karine Henry. Livre suivi de très près par Summer de Monica Sabolo et La Terre qui penche de Carole Martinez...


- Meilleure pièce de théâtre : Une Maison de poupée d'Ibsen. En lien avec le théâtre, coup de cœur absolu pour Titus n'aimait pas Bérénice de Nathalie Azoulai.


- Meilleur livre de SF : Le Paradoxe de Fermi de Jean-Pierre Boudine. 
- Meilleur polar : Les Infâmes de Jax Miller
Mention spéciale au livre de plus flippant de l'année : Troupe 52 de Nick Cutter (attention, âmes sensibles s'abstenir).

Et vous ? Quel fut votre coup de cœur de l'année 2017 ?