mardi 17 mai 2011

La Faim de Mohammed El-Bisatie

A l'heure où un vent de liberté souffle dans le monde arabophone, il était temps d'ouvrir quelques pages de la rive sud de la Méditerranée, cette mer aux couleurs de mon enfance. Je me suis tournée vers un auteur égyptien inconnu pour moi (mais visiblement très connu dans le monde arabe) pour commencer. Le roman de Mohammed El-Bisatie s'ouvre sur une façade de maison rouge. Dans cette maison vivent Skina, Saghloul et leurs deux fils de neuf et onze ans, Zahir et Ragab. Le roman se divise ensuite en trois parties : le mari, la femme puis le fils, parties qui pourraient presque se lire à la manière de nouvelles indépendantes.

"Zaghloul s'enfonce dans l'oisiveté. Il travaille deux jours et chôme dix. Ce qu'elle voudrait lui dire, elle se le murmure à elle-même. Que tous les hommes du quartier travaillent, qu'aucun des enfants du voisinage n'a faim ni ne va nu. Mais peu lui chaut. De jour comme de nuit, il reste allongé dans la mandara ou affalé sur la mastaba, quand il ne rôde pas aux alentours du marché. Il traîne toute la nuit, s'assied avec ceux qui s'asseyent, reste debout avec ceux qui restent debout. Il ne fiche rien de rien. (...)"

Zaghloul, le mari, paresseux notoire, ne se soucie pas outre mesure du fait que sa famille souffre de la faim. Il traîne du souk au café, rend des services sans se faire payer et suit les conversations des étudiants qui lui font tourner les idées dans la tête... Sakina essaie de pourvoir à la survie de ses enfants. L'aîné montre une débrouillardise réjouissante, à l'honneur dans la troisième partie.
Point de bandelettes de momie ni de pyramide ici ! Nous voilà loin des clichés touristiques dans ce roman. Mohammed El-Bisatie nous convie à partager le quotidien d'une famille pauvre d'un village égyptien. Toutefois, pas une once de misérabilisme dans ce texte. Plutôt de l'humour, souvent noir, et une grande tendresse pour ses personnages que l'on voit vivre et survivre aussi ardemment que s'ils avaient le ventre plein, tête haute.
J'ai vraiment aimé ce roman où la culture orale affleure sans cesse. J'ai eu souvent l'impression d'entendre la voix du romancier-conteur. De nombreuses histoires se tissent sur le fil du récit principal. Chacun raconte... et l'on se sent non loin du pays de Shéhérazde... Le plaisir de conter est palpable alors, on en redemande !



13 commentaires:

  1. bonjour Margotte :-)
    tout va bien j'espère? le travail avance?
    à bientôt!

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  2. @Adrienne : c'est gentil de prendre des nouvelles ;-) J'avance j'avance mais il me reste encore du travail à abattre (une fin toujours difficile à rédiger, des relectures, des notes à reprendre...). Il me faudra encore bien une semaine de labeur intense et je n'ai plus de billet en réserve pour ce blog qui va bientôt ressembler au désert de Gobi ;-) Arrrrrrrghhh ! Bonne semaine à toi

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  3. je ne le connaissais pas, les seuls auteurs égyptiens que je connaisse sont Gamal Ghitany, Naguib Mahfouz et Albert Cossery, alors je suis ravie de rajouter cette petite perle :)

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  4. @Océane : je ne connais pas le premier que tu cites. Un deuxième roman de M.El Bisatie m'attend, j'espère pouvoir vite le commencer...

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  5. Je ne connais guère cette littérature là, je note, il serait temps que je m'y mette.

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  6. @Aifelle : idem !

    @Anjelica : c'est un bon choix ;-)

    Bonne journée à vous deux

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  7. Peut-être un jour, pourquoi pas !
    Bon courage pour la dernière ligne droite de ton travail...

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  8. @Enitram : merci ! Petite pause aujourd'hui... et je reprends avec assiduité afin de terminer au plus vite !

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  9. Ah oui en effet je ne connais pas du tout... j'aime beaucoup cet éditeur en plus ! J'ai également "l'immeuble yacoubian" et "chicago" d'un auteur égyptien en attente.
    Tiens un petit challenge en Egype ce serait sympa !

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  10. @Lou : je n'ai pas encore lu "L'immeuble Yacoubian", ni vu le film d'ailleurs. C'est vrai, cela pourrait être pas mal un challenge ! (je vais garder l'idée en tête pour une période plus calme...). Bon we à toi

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  11. je ne connais pas mais j'avoue que je suis tentée.

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  12. @Alinea : on trouve son oeuvre en bibliothèque si tu veux faire un essai ;-)

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