Voilà déjà un moment que j'ai terminé la lecture de ce livre... qui, sans trop que je sache pourquoi, ne m'inspirait aucun commentaire ?!? Mais comme vous avez été nombreux à me demander mon avis à son propos, il a bien fallu que je m'y colle... et je me suis à cette occasion rendue compte que j'étais finalement assez partagée.
Pourquoi j'ai aimé ce livre :
1er point : parce que c'est un ouvrage court, et plus le temps passe, plus j'aime les romans qui vont à l'essentiel. Ainsi, le dernier Toni Morrison m'a enthousiasmée par ses effets de condensation. Il en va de même ici. En 124 pages, Jean Echenoz nous propose un court roman sur la Grande Guerre, documenté et complet malgré sa taille.
2e point : parce qu'il a mis au premier plan le rôle des animaux dans cette guerre, ce qui mérite d'être souligné même si, depuis A l'ouest rien de nouveau, on sait que les chevaux crient lorsqu'ils souffrent... L'auteur, il l'a répété dans les nombreuses interviews données depuis la sortie de ce livre, s'est documenté à ce propos.
3e point : le STYLE et la beauté formelle. Alors là, chapeau bas ! Tout est limpide, taillé au cordeau avec minutie. On a l'impression que chaque virgule est à sa place et l'on glisse le long des phrases comme la main lisse un foulard de soie. MAIS...
Pourquoi je suis partagée
Parce que cette beauté formelle, finalement, dessert le propos, ou plutôt, prend le pas sur le propos (si l'on peut parler d'un quelconque propos d'ailleurs...). Je m'explique... Autant je garde un souvenir extrême de ma première lecture de A l'ouest rien de nouveau, autant je ne pense pas garder un souvenir intense de cette lecture, car le style utilisé ici, finalement, semble étrangement passer à côté de la guerre.Tout se passe comme si l'on voyait l'artisan au travail. On admire l'outil, on admire l'oeuvre, mais l'âme du modèle a disparu et l'on tente vainement de trouver un peu de vie dans ce magnifique objet immobile. Etrange vraiment cette impression...
Extrait
"On s'accroche à son fusil, à son couteau dont le métal oxydé, terni, bruni par les gaz ne luit plus qu'à peine sous l'éclat gelé des fusées éclairantes, dans l'air empesté par les chevaux décomposés, la putréfaction des hommes tombés puis, du côté de ceux qui tiennent encore à peu près droit dans la boue, l'odeur de leur pisse et de leur merde et de leur sueur, de leur crasse et de leur vomi, sans parler de cet effluve envahissant de rance, de moisi, de vieux, alors qu'on est en principe à l'air libre sur le front."
2e point : parce qu'il a mis au premier plan le rôle des animaux dans cette guerre, ce qui mérite d'être souligné même si, depuis A l'ouest rien de nouveau, on sait que les chevaux crient lorsqu'ils souffrent... L'auteur, il l'a répété dans les nombreuses interviews données depuis la sortie de ce livre, s'est documenté à ce propos.
3e point : le STYLE et la beauté formelle. Alors là, chapeau bas ! Tout est limpide, taillé au cordeau avec minutie. On a l'impression que chaque virgule est à sa place et l'on glisse le long des phrases comme la main lisse un foulard de soie. MAIS...
Pourquoi je suis partagée
Parce que cette beauté formelle, finalement, dessert le propos, ou plutôt, prend le pas sur le propos (si l'on peut parler d'un quelconque propos d'ailleurs...). Je m'explique... Autant je garde un souvenir extrême de ma première lecture de A l'ouest rien de nouveau, autant je ne pense pas garder un souvenir intense de cette lecture, car le style utilisé ici, finalement, semble étrangement passer à côté de la guerre.Tout se passe comme si l'on voyait l'artisan au travail. On admire l'outil, on admire l'oeuvre, mais l'âme du modèle a disparu et l'on tente vainement de trouver un peu de vie dans ce magnifique objet immobile. Etrange vraiment cette impression...
Extrait
"On s'accroche à son fusil, à son couteau dont le métal oxydé, terni, bruni par les gaz ne luit plus qu'à peine sous l'éclat gelé des fusées éclairantes, dans l'air empesté par les chevaux décomposés, la putréfaction des hommes tombés puis, du côté de ceux qui tiennent encore à peu près droit dans la boue, l'odeur de leur pisse et de leur merde et de leur sueur, de leur crasse et de leur vomi, sans parler de cet effluve envahissant de rance, de moisi, de vieux, alors qu'on est en principe à l'air libre sur le front."
Si vous souhaitez lire ce livre, je vais le faire voyager un peu... cela sera l'occasion de comparer nos avis ;-) Si vous êtes intéressé(e)s, contactez-moi par courriel.
Attention, seul(e)s les "habitué(e)s" de ce blog peuvent participer... car ils (elles) le valent bien ;-)
Ma bibli possède sûrement ce titre ou d'autres de l'auteur, occasion de le (re) découvrir. Je vois que tu es prudente avec les livres que tu fais voyager, tiens une liste!
RépondreSupprimerSi tu veux, je t'inscris en haut de la "liste" pour son voyage ;-) Il te suffit de m'envoyer ton adresse...
SupprimerIl est arrivé à la bibliothèque, je vais le réserver dès que j'aurai un creux, j'ai très envie de le lire. (dans le style court et efficace, lis le Mingarelli "un repas en hiver", là le style n'efface pas le propos).
RépondreSupprimer@Aifelle : je peux te l'envoyer si tu veux... J'ai entendu parler de ce fameux "repas en hiver", c'est bien je crois ?
SupprimerNon, ne me l'envoie pas, il est à portée de ma main à la bibliothèque. Je te mets le lien vers mon billet pour "un repas en hiver" http://legoutdeslivres.canalblog.com/archives/2012/10/22/25394349.html
SupprimerBen oui, je viens d'aller RElire bon billet, c'est chez toi que j'ai lu un avis sur ce livre... avis qui m'avait laissé le titre en tête ! Il faut dire que vu le sujet... Bonne am à toi :-)
SupprimerJe vais pour ma part laisser passer le tumulte médiatique : j'en ai déjà trop lu et entendu sur ce livre qui me tentait au départ. Je le lirai plus tard.
RépondreSupprimer@Ys : c'est tout le problème de ces livres dont on nous rebat les oreilles jusqu'à écoeurement ! De mon côté, je pense le relire, en plus, avec un format si court, cela ne sera pas bien long !
SupprimerEn tout cas c'est gentil d'avoir fait en sorte de faire un joli billet alors que cela ne t'inspirait pas a priori !
RépondreSupprimer@Elisabeth : merci ! c'est finalement un exercice intéressant, cela oblige à aller chercher un peu le pourquoi de cette résistance ;-)
SupprimerA trop vouloir fignoler.....
RépondreSupprimer@Alex : c'est toujours un risque... enfin, cela reste de la belle ouvrage !
Supprimerj'étais dans l'expectative avec une prévention, ton billet vient d'une certaine façon confirmer cette prévention, à entendre pas mal d'interview j'ai la sensation qu'il y a peu de "chaire" dans ce roman
RépondreSupprimerje crois que je vais relire E M Remarque dont la lecture date de mes 18 ans je crois ...........
@Dominique : c'est l'effet produit sur moi par ce roman, l'envie de relire Remarque... C'est un auteur que j'admire vraiment et la lecture de son roman sur 14/18 m'a fait un effet qui est encore présent dans ma mémoire...
SupprimerCe roman m'intrigue... Mais je me demande si c'est le bon titre pour découvrir l'auteur que je n'ai toujours pas lu...
RépondreSupprimer@Noukette : je n'ai pas lu ses autres livres... mais je pense tout d'abord relire celui-là.
SupprimerBon et bien moi je suis intéressée aussi, intriguée et comme Noukette est ce le bon titre pour découvrir l'auteur.
RépondreSupprimerIl est certain que moi aussi je crois qu'il serait sage de me méfier du tumulte médiatique. Je viens de commencer un gros roman pour PriceMinster et j'ai du mal !!! !!
@Malice : c'est vrai qu'il a vraiment été médiatisé... à bon escient je trouve... Mais comme toujours, dans ces cas là, le bruit finit par couvrir le doux murmure du fond... J'ai commencé à lire tout à l'heure un article très intéressant sur la traduction de ses livres en allemand, dans la revue 20/50.
SupprimerCourage pour le "gros roman pour PriceMinister"... ;-)
J'ai ressenti cette distance dans "Ravel" aussi ! Mais j'aime quand même la clarté, la concision de Jean Echenoz. Et donc... je me suis acheté le bouquin ! (parce qu'en plus, la première guerre mondiale est un sujet qui me passionne !) Tu es bien aimable de nous avoir partagé tes impressions !
RépondreSupprimer@Anne : au niveau du style, rien à dire ! j'ai même été très impressionnée par cette maîtrise... Tu ne regretteras pas ton achat je pense, moi non plus d'ailleurs, je compte bien le relire. Et pour ce qui est de l'approche de la Grande Guerre, on sent qu'il s'est vraiment bien documenté, cela devrait donc te plaire :-)
SupprimerJe voudrais bien le lire aussi !
RépondreSupprimer@Maggie : veux-tu que je te l'envoie ? En plus, tu n'es pas bien loin...
SupprimerJe suis justement en train de le lire !
RépondreSupprimer@Moka : ah mais j'espère bien lire ton billet alors !
SupprimerBonjour Margotte, je viens de lire Ravel du même auteur : très bien. Je pense qu'Echenoz donne plus de chair à son propos quand il évoque un personnage comme Ravel, Tekla ou Zatopek. Bonne fin d'après-midi.
RépondreSupprimer@Dasola : si je dois en lire un autre de cet auteur, cela sera Ravel en effet... bonne soirée :-)
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