Corneille a écrit deux tragédies historiques dans la foulée du Cid. Horace en 1640 puis Cinna en 1642 se déroulent sur fond d'histoire romaine. L'action se déroule à Rome, en 6 av. J.-C., chez Auguste mais aussi chez Émilie, personnage non historique de la pièce.
La pièce s'ouvre par un long monologue d’Émilie, fille de Caius Toranius. Celle-ci fait part de son désir de vengeance contre l'empereur responsable de la mort de son père durant les proscriptions. Bien qu'étant fille adoptive de l'empereur et ayant bénéficié de ses libéralités, elle entraîne Cinna, son amant, dans un projet d'assassinat prévu pour le lendemain. Les deux chefs de la conjuration, Maxime et Cinna, convoqués chez l'empereur, apprennent que celui-ci, fatigué par le pouvoir, songe à abdiquer. Les trois hommes entament alors une réflexion sur le pouvoir. Chacun donne des arguments pertinents, tout en dissimulant les véritables motivations qui l'anime.
Si le nœud de l'intrigue est tout d'abord familial et politique, il devient au IIIe acte sentimental, lorsque Maxime avoue à Euphorbe être lui aussi amoureux d’Émilie. Ce dernier, parfait dans son rôle de fourbe, laisse alors entendre à Maxime que poursuivre dans la voie de la conjuration ne fera que mieux placer son rival aux yeux d’Émilie et il le convainc de trahir Cinna.
C'est une pièce de Corneille tout à fait passionnante mais qui nécessite de se replonger dans l'histoire romaine si l'on veut profiter un peu de l'intrigue. Toutefois, si Corneille place l'action dans l'Antiquité, il vise aussi la vie politique de son temps. Un an avant la mort de Louis XIII et la régence d'Anne d'Autriche, il propose une réflexion sur la mise au pas de la noblesse ainsi que sur le pouvoir. La magnanimité, attribut du souverain, est la vertu ici mise en valeur.
Si les questionnements philosophiques et politiques sont intéressants, j'avoue avoir été surtout émerveillée par la langue de Corneille. La pièce, versifiée, propose de très nombreuses sentences sur lesquelles on s'arrête, on médite, et que l'on admire. On a envie de lire à voix haute, pour entendre le texte résonner car on sent bien que sa puissance vient par la voix. Je n'ai qu'un regret, n'avoir pas entendu le texte dit par des acteurs...
Lecture commune avec Maggie, Claudia et Océane.
On a la même conclusion sur cette pièce ! Je l'admire beaucoup même si je ne saurais dire si je la préfère au Cid !!!! J'ai d'ailleurs aimé me plonger dans le contexte historique romain !
RépondreSupprimer@Maggie : je vais de ce pas partir lire ton billet ! Absente pendant quelques jours, il faut aussi que je mette les liens de la LC. Bonne journée à toi :-)
Supprimerc'est drôle je me souviens encore de tirades complètes, vive les prof de français :)
RépondreSupprimer@Dominique : tu as eu de bons professeurs alors ! qui avaient la chance d'avoir au moins une élève motivée ;-)
SupprimerHum, cela me plairait bien, une gorgée d'alexandrins...
RépondreSupprimer@Keisha : cela me fait penser au titre de Delerm ;-)
SupprimerJ'ai davantage lu Racine que Corneille, et en tout cas pas cette pièce-ci : un été des classiques, bravo !
RépondreSupprimer@Tania : pour moi, c'est l'inverse, j'ai plus lu Corneille que Racine... Bonne soirée :-)
SupprimerJe reviendrai ultérieurement commenter cet article.
RépondreSupprimerHors-sujet, je vous informe que mon blog Marque-pages est actuellement inaccessible (depuis le vendredi 8 août) suite à un problème inconnu. Le staff de overblog ne réagit pas et semble en vacances. Je suis désolé et inquiet pour les 292 articles publiés. Je vous tiens informé(e).
Bonne journée.
@Christw : j'espère que le problème est réglé pour l'accès à votre blog ! Bonne journée à vous.
SupprimerMais dis donc Margotte, tu nous le fais classique ton été non?!...
RépondreSupprimerJe suis tellement fan de Racine que je crois n'avoir lu que le Cid de Corneille (l'incontournable quoi); un jour il faudra que je me repenche sur lui, surtout après un tel billet (la période de la Régence jusqu'à 1661 est passionnante, et j'imagine très bien comme il doit être jouissif d'y voir des allusions dans un décor antique, ils sont bons les classiques du grand siècle pour ça, Rome est un fabuleux prétexte....)
Je note ma belle
@Galéa : je ne connaissais également que le Cid de Corneille et cette lecture commune était un excellent moyen de lire autre chose. Je n'ai pas été déçue !
SupprimerEt c'est vrai, mon été est très "classiques" cette année. Cela me va très bien, c'est "nourrissant" :-)
Bien sûr comme toi c'est la langue de Corneille que j'aime le plus! C'est vraiment agréable de relire les classiques (ou de les découvrir). Quand j'étais au lycée on lisait aussi bien Racine que Corneille et presque toutes leurs pièces. Un des sujets de dissertation était : "qui préférez-vous de Corneille ou Racine?". A l'âge du collège, je préférais Corneille (il faut dire que tous les potaches aimaient Le Cid!), ensuite j'ai préféré Racine.
RépondreSupprimer@Claudialucia : je préfère plutôt Corneille... mais mon préféré, cela reste Molière !
Supprimermoi aussi! mais je parlais des tragiques!
Supprimer@Claudia : si on parle juste des tragiques, je préfère encore aujourd'hui Corneille.
SupprimerC'est une pièce que je vais certainement relire, pour savourer à nouveau la langue justement (ce fut difficile de me replonger dans les alexandrins !)
RépondreSupprimer@OhOcéance : je compte bien la relire aussi, c'est déjà prévu ;-)
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