On connaît peu de choses de la
vie d’Aristophane. Athénien sans doute, comme son père, il est né aux environs
de 445 av. J.-C. Lysistrata a été
jouée avant les Thesmophories, en –
411. Si l’auteur est connu pour son comique de bas étage, il s’avère qu’il
utilise toutes les ressources du comique, de l’ironie aux jeux de mots, en
passant par la parodie. Il veut faire rire, mais il est, avant tout, un
moraliste qui pourfend la politique et les mœurs de son temps.
L’intrigue de Lysistrata débute
sous l’archontat de Callias. La situation est alors difficile pour Athènes,
minée par la guerre. Le dramaturge prend alors la parole pour toutes les femmes
de la cité et par leurs voix, plaide pour la paix.
La scène s’ouvre sur deux
maisons, celle de Lysistrata et celle de Cléonice. Au fond, les Propylées et la
grotte de Pan. Lysistrata attend devant sa maison les femmes qu’elle vient de
convoquer. Femme d’un citoyen d’Athènes, elle a convoqué toutes les Héllènes
qui sont venues. Son plan est simple : afin de retrouver enfin leurs
frères et maris, elles doivent s’unir et mettre en place la stratégie suivante.
Tout d’abord, elles doivent s’emparer du trésor public qui sert à alimenter la
guerre. Ensuite, elles devront, lorsque les guerriers rentreront au bercail,
leur refuser tout commerce sexuel tant qu’ils n’auront pas renoncé à la guerre
pour toujours. « Si bien qu’on ne verra plus d’hommes, de nos jours,
porter la lance les uns contre les autres… »
La pièce, truffée de grivoiseries, voire de franches paillardises, est
très drôle. J’ai été totalement séduite tout d’abord par l’idée, la pièce étant par ailleurs d’une étonnante modernité. Car finalement, rien n’a changé et les hommes
continuent à se faire joyeusement la guerre, avec souvent le corps des femmes
comme arme d’anéantissement. Il suffit de penser à ce qui se passe en
Centrafrique aujourd’hui (le viol y est utilisé comme machine de guerre). Cette
place du corps féminin au centre du conflit est donc tout à fait d’actualité,
hélas.
Seul bémol, le vocabulaire
parfois un peu obscur (nom de lieux, termes spécialisés), mais pour une
première lecture, ce n’était pas gênant et cela n’empêchait pas la
compréhension de la pièce.
Extrait
Lysistrata : Je vais
parler ; il ne faut pas que l’affaire soit tenue secrète. Nous devons, ô
femmes, si nous voulons réduire nos hommes à faire la paix, nous priver…
Cléonice : De quoi ?
Explique.
Lysistrata : Le ferez-vous
donc ?
Cléonice : Nous le ferons,
dût-il nous en coûter la vie.
Lysistrata : Et bien, nous
devons nous priver de … verge. – Pourquoi me tournez-vous le dos ? Où
allez-vous ? Pourquoi faites-vous la grimace et secouez-vous la tête, vous
là-bas ? Pourquoi changer de couleur ? Pourquoi ces larmes ? Le
ferez-vous ou ne le ferez-vous pas ? Pourquoi hésitez-vous ?
Cléonice : Je ne saurais le
faire ; que la guerre aille son train.Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Maggie et Claudia et Océane.
très actuel, en effet, et l'idée a été reprise, il me semble...
RépondreSupprimerbonnes lectures, Margotte!
@Adrienne : oui, l'idée a été reprise dans un film dont j'ai oublié le titre. Bonne journée !
SupprimerVoilà qui mène vers les vieux textes grecs et le théâtre, deux domaines qui me sont très éloignés. Je n'ai pas fait de grec (plutôt latin-maths) et je lis rarement des pièces de théâtre, sans doute parce que j'y vais rarement ?
RépondreSupprimerVotre billet m'invite donc à changer mes (mauvaises) habitudes. Pour la saison froide peut-être ?
Merci pour ce billet intéressant.
@Christw : merci à vous... Je lis beaucoup plus de théâtre cette année, et c'est un vrai plaisir qu'il ne faut pas bouder, même en saison chaude ;-)
SupprimerUn auteur à découvrir, pour ma part.
RépondreSupprimer@Alex : cette pièce peut être un bon moyen comme elle est drôle.
SupprimerHello ! Je découvre ton blog avec grand plaisir (j'ai cliqué sur ton lien dans un commentaire chez Clara) et je l'ajoute à mes favoris immédiatement. Pour ma part j'ai découvert cette pièce au lycée mais je l'ai gardé bien précieusement et je prend plaisir à la relire de temps à autres car je trouve qu'elle se lit très facilement et j'aime beaucoup l'humour dont elle regorge !
RépondreSupprimer@Jul : merci pour ton enthousiasme :-) Je vois que tu as, comme moi, été sensible à l'humour de la pièce...
SupprimerLa grivoiserie ne m'a pas fait rire ( pourtant j'ai ri aux paillardises de Rabelais), en revanche, le contexte de la Grèce Antique m'a énormément fascinée ! Merci pour cette participation !
RépondreSupprimer@Maggie : côté contexte antique, c'est un vrai plaisir, que l'on ne boude pas entre Lysistrata, Cinna et Hadrien ;-)
SupprimerLa mise en scène de la lubricité de tous est vraiment très drôle ! Et je te rejoins pour ce que tu dis du corps des femmes comme arme de guerre, voire champs de bataille !
RépondreSupprimer@OhOcéance : j'ai hélas repensé à une émission entendue sur France Inter ou France Culture, avec des paroles de femmes africaines....
SupprimerIl n'y a que toi pour nous balancer de l'antique en plein mois d'août, quand tout le monde parle de rentrée littéraire.
RépondreSupprimerJ'en ai un vague souvenir de l'avoir abordé en fac (mais sans l'avoir lu), et je me rends compte que c'est une histoire qui a été adaptée plusieurs fois en version moderne. Je me le note du coup.
J'aime ton billet et tu as raison de rappeler que le viol reste une arme de guerre.
@Galéa : oui, c'est un peu incongru mais la rentrée littéraire produit souvent des effets inattendus sur ma petite personne... Quant au viol comme arme de guerre, c'est un sujet hélas bien trop d'actualité :-((
Supprimerpourquoi pas après tout? une lecture à tenter.
RépondreSupprimer@Odeurs de livres : une lecture courte, pour ceux qui se lancent avec retenue ;-)
SupprimerQuel beau personnage de femme, Lysistrata est chère aux féministes et aux pacifistes !
RépondreSupprimerJ'ai lu de bonnes critiques de "La source des femmes" qui reprend le thème de la grève du sexe, mais je n'ai pas encore vu ce film.
@Tania : comme toi, j'ai lu les critiques du film (toutes très bonnes) mais je n'ai pas vu le film non plus.
Supprimerje ne l'ai jamais lu en entier, voilà qui donne envie!
RépondreSupprimerMerci pour le challenge!
@Eimelle : de rien ! ce challenge est un vrai plaisir, et cette année, je suis bien contente d'y participer plus activement que l'an dernier. A bientôt donc ;-)
SupprimerBelle analyse! Et oui, une pièce toujours autant d'actualité, hélas! d'ailleurs, il y a pas mal d'adaptations de la pièce à des époques différentes.
RépondreSupprimerJe suppose que le comique n'était pas considéré comme de bas étage à l'époque antique qui n'avait pas les mêmes rapports avec la sexualité que nous, marqués par le christianisme?
@Claudialucia : oui, c'est étonnant d'ailleurs cette pruderie vis-à-vis du discours sur la sexualité au théâtre, dans une société où nous sommes bombardés d'images à la limite de la pornographie... dans la pub, à la télévision et ailleurs !
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