Ils sont trois. Trois petits
rats de l’Opéra de Paris a avoir été sélectionnés par l’école de danse de
Paris : Chine, Delphine et Stéphane. Et Astrid Eliard nous fait
entrer dans leur demi-pointes pour nous faire découvrir leurs premiers
entrechats. Et ce qui pourrait être un énième témoignage de la vie d’une jeune
fille en justaucorps, entre stress et demi-pliés, se transforme en un livre à la
fois gracieux et drôle.
L’alternance des voix narratives n’y est pas étrangère. En
effet, nous suivons successivement les trois personnages et découvrons à la
fois leur vie passée, leurs espérances et leurs émois d’adolescent(e)s. Chine
a treize ans lorsqu’elle entre à l’école. Avec son mètre cinquante-quatre
et ses trente-huit kilos, on ne lui donne pas douze ans. Jeune fille timide et
réservée, elle est heureuse d’avoir fuit la vie collective et ennuyeuse du
collège. Quant à l’internat, il lui permet d’échapper à une mère immature.
C’est avec elle que nous découvrons le ton souvent humoristique du livre :
« Il y a bien eu un ou deux garçons qui ont essayé
[de frotter leur langue sur la sienne…], mais ils sentaient trop fort le
déodorant ou avaient des dents de cheval. Au moins, Sanders m’a fait comprendre
l’immense fossé qui me séparait des autres, ceux qui embrassent, celles qui se
maquillent dans les toilettes, celles qui ont des seins. Mois j’ai deux timides
renflements à la place. Tu me diras, les filles à poitrine, ici, on ne les
prend pas. Il y a une attitude, un corps à avoir pour danser, un corps pas très
émancipé, aux muscles longs, minces, qui disparaît totalement sous les jeans et
baskets quotidiens, et ce corps, c’est le mien. »
Stéphane, lui, est le
cinquième garçon d’une famille très organisée qui va se trouver fort
embarrassée avec ce nouvel enfant lorsque celui-ci se révèlera plus que
turbulent. La danse sera tout autant une manière de le sauver de son
« mauvais caractère » qu’une manière de le révéler. C’est en
regardant un documentaire sur Nicolas Le Riche, danseur étoile, qu’il
sera subjugué :
« Le lendemain, dans le jardin, j’ai essayé de faire
pareil. Je courais pour prendre de l’élan et faisais des tours, des grands
écarts en l’air. J’ai passé une heure comme ça, à sauter et bondir, en
repassant dans ma tête les images du documentaire. »
Delphine, elle, est la fille
unique et adorée d’un couple qui a bien du mal à la voir partir de la demeure
familiale. Elle sera celle qui loupe des cours pour aller manger du Maalox,
prise de crampes et d’aigreurs d’estomac face à la pression des cours
mais aussi face à l’éloignement familial qui lui est imposé. Sans compter qu’elle
a laissé son chien Capuche, un golden retriever affectueux. Plutôt extravertie,
elle va se retrouver dans le même « box » que Chine et une amitié ne
va pas tarder à naître entre les deux jeunes danseuses.
Une lecture très agréable, que je
conseillerai vivement aux adolescents, mais aux grands aussi ! Pas de
considérations mièvres, juste un portrait de trois jeunes gens dans un moment
phare de leur existence puisque de ces premières années dans l’école dépend
leur avenir professionnel. Des passages très drôles, ce qui ne gâche rien, et
aussi, une grande tendresse portée sur ses personnages auxquels l’on s’attache
très vite. Un livre dévoré en deux jours, qui fait rêver sauts-de-chat et
dégagés-demi-plié-révérence, le tout en tutu bien sûr…
Chine? Prénom peu connu!
RépondreSupprimerMais le roman a l'air ps mal du tout
@Keisha : l'origine du prénom est révélé dans le roman... qui en effet, est pas mal du tout ! une excellente surprise dont je n'avais pas du tout entendu parler à sa sortie.
SupprimerMoi qui aime la danse, me voilà tentée, et même plus que ça.
RépondreSupprimer@Alex : si tu aimes la danse, ce livre est pour toi !
Supprimerje le veux absolument, je suis souvent circonspecte sur les livres sur la danse, en général très mièvres, mais je te fais confiance pour celui-ci ( et quelle belle première de couv)
RépondreSupprimer@Galéa : aucun problème ! aucune mièvrerie dans ce livre, au contraire... Tu verras, c'est un régal ;-)
Supprimerj'ai l'impression que la danse fait plus que jamais rêver les petites filles (et les grandes ;-))
RépondreSupprimer@Adrienne : et pourtant, que de contraintes ! et ce livre ne les cache pas, loin de là...
Supprimerj'adore la danse, j'avais déjà noté ce titre, sans donner suite. Qu'est-ce que j'attends?
RépondreSupprimer@Violette : un livre parfait pour le début de l'été en plus ;-)
SupprimerLe milieu de la danse donne l'impression d'un monde sans pitié, pas sur que ça aurait été pour moi, néanmoins j'ai toujours aimé danser ��
RépondreSupprimer@L'Or rouge : sans pitié oui, le livre en témoigne mais je n'en dis pas plus...
SupprimerJe ne sais si je le lirai - j'ai dévoré ce genre d'histoire à l'adolescence - mais je reviendrai regarder la vidéo. Bonne journée, Margotte.
RépondreSupprimer@Tania : pour moi c'était une première ce genre d'histoire, et une excellente surprise :-) Bonne journée à toi.
Supprimerje l'ai lu et je suis assez d'accord avec ton billet tout en étant plus critique.
RépondreSupprimer@Luocine : quels sont les éléments qui t'ont gênée ? je suis curieuse d'avoir ton avis !
Supprimerj'ai trouvé que pour moi qui ne suis pas danseuse on ne comprenait pas les difficultés de cette activité. J'aurais aimé un approfondissement des difficultés des gestes de la danse. En plus l'ensemble est "gentillet" .
Supprimer@Luocine : je n'ai pas eu cette impression, mais ayant fait un peu de danse, peut-être était-ce plus facile à percevoir pour moi.
SupprimerCertaines difficultés étaient décrites. Tout ce qui concerne les problèmes du physique par exemple, et c'était même assez bien montré (problèmes de poids, risques liés aux blessures, etc).
Enfin, comme quoi, les perceptions que l'on a d'un livre reste très individuelles ;-) Bonne journée à toi !