jeudi 19 avril 2012

Tirez sur le pianiste de François Truffaut (1960)


Réalisé après Les 400 coups, ce deuxième film de François Truffaut sera un véritable défi pour le jeune réalisateur. Afin de se libérer de l'attente pesante liée à son précédent succès, Truffaut choisit donc de s'imposer à lui-même une contrainte : adapter un roman de la fameuse "Série Noire". Il a visionné de très nombreux films américains et souhaite rendre hommage au cinéma d'outre-Atlantique. De plus, c'est un fervent admirateur de David Goodis, auteur de la célèbre collection de polars. Toutefois, comme il n'aime pas les films de gangsters, il va infuser à son film un aspect poétique et une grande liberté de ton. L'ensemble sera guidé par une image qui le hante, tirée de la scène finale du roman de Goodis : une voiture roule sans bruit dans un paysage enneigé, "Quelque chose bougeait au loin, quelque chose qui, sous le couvert de bois, se dirigeait vers la clairière. Ca avançait doucement, d'une démarche hésitante, un peu furtive."




Le film s'ouvre sur une scène de nuit. Un homme fuit, il semble pourchassé par de sombres individus. Il trouve refuge dans un bar où il se dirige vers le pianiste, son frère Charlie, joué par Charles Aznavour. L'arrivée de cet homme va faire ressurgir le passé du pianiste qui ne voulait qu'une chose, l'oublier. L'histoire d'amour qui va se nouer entre lui et la serveuse Léna viendra aussi lui rappeler son passé puisqu'elle sait qu'il portait autrefois un autre nom et qu'un événement grave dans sa vie privé l'a conduit à changer radicalement de vie. La violence va ensuite surgir dans la vie de ce nouveau couple enfin formé. Je vais bien me garder de tout vous révéler sur ce film que j'ai vraiment aimé. Tout d'abord pour son ambiance. Le noir et blanc et la nuit s'unissent pour créer une atmosphère propice au film noir. Pourtant, nous sommes toujours ailleurs, entre polar et errance. Les personnages sont toujours dépassés par leur/la vie et s'ils se dirigent vers le bonheur, c'est en empruntant des chemins de traverse. C'est là que l'on aime les suivre, sur les trottoirs de Paris, bras dessus-bras dessous. Lorsque la réalité se rappelle à eux, ils semblent un peu éberlués, comme un enfant qui réalise qu'il ne pourra pas faire ce qu'il veut... Le film se voulait expérimental, il innove pour notre plus grand plaisir, et c'est parce qu'il ne se prend pas au sérieux qu'il s'avère aussi savoureux. A regarder de toute urgence avant le grand spectacle cannois, en écoutant "Avanie et framboise"... ;-)






12 commentaires:

  1. J'aime beaucoup ce film !
    Et aussi le sérieux imperturbable avec lequel Boby Lapointe interprète sa chanson...

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    1. @Za : c'est un de mes moments préférés cette chanson, avec la scène dans la voiture où il y a un échange croustillant entre Léna et les vilains gangsters ! C'était l'un des rares Truffaut que je n'avais jamais vu : lacune comblée ;-)

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  2. Et ben et ben voilà que Margotte nous fait un blog ciné :-)

    ah bobby Lapointe quelle inventivité

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    1. @Dominique : eh oui... le ciné est l'un de mes points faibles... Il y aura d'autres billets cinéma dans les semaines à venir ;-)

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  3. Je ne connais pas ! Un film à découvrir on dirait :-)

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    1. @Elisabeth : oui, c'est vraiment très bien :-)) Je suis en train de lire le polar dont le film est tiré, une bonne pioche aussi ! Bon we

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  4. ah c'est lui, Bobby Lapointe?
    je ne l'avais encore jamais vu!
    merci Margotte!

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    1. @Adrienne : oui c'est lui, il est génial non ? Bon we !

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  5. Oui Aznavour y joue très bien et c'est d'ailleurs dommage qu'il n'ait pas tant tourné, je me souviens aussi de "qu'est-ce qui fait courir David" où il jouait un père assez original, dans une maison en bord de mer à Julouville...
    Très bon week-end !

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    1. @Enitram : c'est vraiment un excellent acteur en effet. Il est parfait dans ce personnage de pianiste ! Bon we à toi

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  6. Bonsoir Margotte, voilà un film de Truffaut que je crois n'avoir jamais vu. Je ne savais que Bobby Lapointe y chantait Avanie et framboise. Merci. Bonne soirée.

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    1. @Dasola : ce fut une découverte pour moi, c'est loin d'être le film le plus connu de Truffaut mais il mérite le détour. Bon we à toi

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