Je connaissais
jusqu’à présent Caryl Férey seulement pour ses polars, souvent très noirs.
Lorsque je suis tombée en librairie sur son dernier opus placé au milieu des
romans, je n’ai pas manqué d’être intriguée. Étant une aficionada
du monsieur, j’ai empoché le livre en question et ce fut
une excellente surprise.
Il est publié dans une collection où ont déjà œuvré Kessel, Sinoué et
Valdés (seulement trois livres au compteur pour le moment). L'auteur se doit d’écrire
sur les "Nuits d’un lieu". Vous devez savoir que Caryl Férey aime voyager, pas
étonnant donc qu’il se soit prêté au jeu…
Il nous emmène ici aux États-Unis, mais pas directement à San Francisco (voir le titre pour ceux qui
ne suivent pas…) car tout commence dans une réserve indienne, où végète Sam,
bien piètre descendant d’une tribu de sioux Oglaglas. Comme nombre de ses
comparses, il tâte de la bouteille et s’ennuie ferme. Le chaman a bien essayé de
le remettre sur la voie des bisons mais nada, la voix des ancêtres est restée
muette dans la cervelle embrumée de Sam. Ce dernier décide alors un jour de
partir. Son chemin le mènera bien loin de la réserve et, vous vous en doutez, à
San Francisco où il va rencontrer une fille handicapée et tout autant cabossée
par la vie que lui. C’est le résultat de cette rencontre improbable que nous
raconte le romancier avec un réel talent de conteur.
120 pages d’un récit qui se lit comme une nouvelle, d’une
traite, en une nuit peut-être, avec un vrai plaisir de lecture !
Extrait
« Une autre vie ! » braillait Sam dans ses rebuffades éthyliques.
« Une autre vie ! » braillait Sam dans ses rebuffades éthyliques.
Car la terre des ancêtres
était maudite. Il suffisait d’y grandir. Terres incultes, chômage endémique,
l’alcool interdit mais tout le monde bourré du matin au soir ; une réserve
comme disaient les Wasichu. Sam avait vu son père se détruire sous ses yeux et
n’avait rien fait pour l’en empêcher. Leurs ancêtres n’étaient pas de ceux qui
avaient écrasé l’armée de Custer à Little Big Horn : non, Sam et son père
étaient de ceux que ce même 7e de cavalerie reconstitué avait
massacrés dix ans plus tard, à Wounded Knee, des centaines de Sioux oglgla
passé à la mitrailleuse au cœur de l’hiver, en majorité des femmes, des enfants
et des vieillards qu’on avait achevés au sabre, pour se venger de
l’humiliation. »
Bonjour Margotte,
RépondreSupprimerun petit tour sur ton blog puisqu etu e spassé sur le mien et tu me donnes bien envie avec cet auteur
Luocine
@Luocine : bienvenue chez Margotte alors ;-) et bon we à toi !
SupprimerCaryl Ferey me fiche la trouille. La preuve, je n'ai encore rien lu de lui, tout en étant dans arrêt tentée. On me dit sans cesse que ses polars sont bien, je l'ai entendu plusieurs fois à Saint Malo, il est passionnant, mais bon, il me fait peur, ce qu'il raconte me fait peur. Alors ce texte-là, oui. Je pense pouvoir le lire pour commencer à entrer dans un univers noir mais de conteur. Tu connais Boyden ?
RépondreSupprimer@Athalie : c'est vrai que ses polars sont noirs, vraiment très noirs mais tu peux commencer par ce texte sans problème, il est "différent", même si l'on retrouve bien sûr certains thèmes qui lui sont chers. Non, je ne connais pas Boyden, c'est bien ???
SupprimerBoyden, j'aime beaucoup, c'est une écriture puissante, les thèmes n'en sont pas vraiment gais non plus, mais ce qui m'a fait penser à lui, c'est qu'il est d'origine Cree et ses nouvelles, notamment, décrivent l'univers des réserves. Il sera à Étonnants voyageurs, tu pourras peut-être l'y découvrir ?
Supprimer@Athalie : j'ai regardé hier en biblio après avoir lu ton commentaire et je pense en effet que cet auteur est susceptible de me plaire ! Je vais donc essayer de le voir à Étonnants voyageurs, l'occasion peut-être de commencer à le découvrir avec un livre orné d'une belle dédicace ?... Bonne soirée.
SupprimerJ'ai zulu dans ma PAL. Il finira bien par en sortir.... un jour !
RépondreSupprimer@Sylire : "Zulu", c'est vraiment bien ! Dur mais un très bon polar...
SupprimerPareil, Zulu m'attend ! Mais là c'est un autre genre, et je suis tout aussi intriguée !
RépondreSupprimer@Noukette : tu es intriguée, comme je l'étais dans la librairie lorsque je suis tombée dessus... laisse-toi aller à ta curiosité, il est vraiment bien ! Bon we :-)
SupprimerJe suis méfiante vis-à-vis de ses polars (trop violents) celui-ci passerait peut-être mieux ?
RépondreSupprimer@Aifelle : celui-ci n'est pas un polar et il a un côté beaucoup plus "poétique", même si on reste dans le réalisme. J'ai l'impression que cet auteur finira par écrire autre chose que des polars, et il montre ici que son talent dépasse largement les frontières de genres.
SupprimerJe préfère les récits courts de cet auteur, alors tu me tentes.
RépondreSupprimer@Alex : j'avoue choisir aussi des récits courts car je ne peux pas toujours me lancer dans des lectures de longue haleine, et la dame est coutumière du fait ;-) Pour celui-ci, n'hésite pas !
SupprimerJe n'ai jamais lu de romans de cet auteur en raison de leur réputation violente. Celui-ci n'a pas l'air de l'être...
RépondreSupprimer@Sandrine : ce roman, qui pour moi n'est pas un polar, mais plutôt un roman noir, est très différent de ce qu'il fait d'habitude. L'occasion de découvrir cet auteur peut-être pour toi ? Bonne soirée.
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