Si chacun connaît Lovecraft, au
moins de nom, grâce à ses textes effrayants, on connaît moins (voire pas du
tout) cet essai sur l’histoire de la « littérature de peur cosmique »
liée à la plus vieille et plus forte émotion humaine : la peur.
Tous les amateurs de l’écrivain
américain ne peuvent donc que se réjouir de voir paraître enfin une nouvelle
édition de ce texte de 1927, resté inédit en français jusqu’en 1969. La
traduction proposée ici est celle de Bernard Da Costa, parue chez 10/18 en
1971. L’ouvrage, depuis, restait épuisé et l’on ne peut que louer sa
réapparition. Le texte, paru initialement dans un fanzine, The Recluse, méritait bien le beau travail d’édition mené par P. Guillaume
de Roux car si Lovecraft fait partie de ces écrivains associés à la notion de
« mauvais genre », il mérite qu’on s’y arrête. Que l’on frissonne un
peu au détour des apparitions monstrueuses qu’il nous propose ou que l’on suive
son histoire des genres liés à l’épouvante et au surnaturel, on s’abandonne au terrific avec délice.
Pour tous ceux qui n’ont pas lu, un soir d’hiver, l’œil aux aguets,
l’oreille attentive aux moindre bruits, un des ouvrages de Lovecraft, voilà
trois bonnes raisons de vous plonger dans cet essai.
Tout d’abord, il s’agit d’une passionnante histoire de cette
littérature de genre qui
« réveille les monstres » et que Lovecraft appelle la
« littérature de peur cosmique », à ne pas confondre avec la simple
littérature fantastique. Dans l’introduction, il commence donc par définir
le vrai conte d’horreur fantastique en posant cette question : le lecteur a-t-il oui ou non éprouvé un
effroi profond, la sensation d’être en contact avec des mondes et des forces
inconnues ? – Vous l’avez compris, je peux répondre oui en ce qui concerne
l’effroi après avoir lu certaines de ses nouvelles… − L’écrivain remonte aux sources
anciennes des contes fantastiques associés, entre autres, aux livres sacrés
et aux cérémonials magiques de toutes les sociétés. Que l’on pense aux cultes
nocturnes et autres adorateurs de Satan, et l’on aura exhumé une partie des
peurs qui se cristallisent en récits. Du Docteur Faust qui passe un pacte avec
le diable aux fantômes d’Hamlet, le
démoniaque a produit de beaux enfants littéraires. Lovecraft évoque également
les débuts, l’apogée puis les métamorphoses du roman gothique. Edgar Alan Poe
trouve bien sûr une place de choix dans cet historique et bénéficie d’un
chapitre pour lui tout seul – chapitre qui invite à relire son œuvre –.
Viennent ensuite l’évocation des traditions du roman fantastique aux Etats-Unis
et en Angleterre. Le livre se clôt sur les maître modernes du début du
vingtième siècle : Arthur Machen se trouve en tête de liste et il faut
avouer que Le Grand Dieu Pan laisse
une impression durable…
Ensuite, vous y trouverez un très bon appareil de notes, avec de
courtes biographies des auteurs que vous ne connaissez pas encore. En
complément, une excellente bibliographie
actualisée où l’on trouve les œuvres aujourd’hui traduites en français. De quoi
courir chez votre libraire. Qui n’a pas envie de lire La terreur dans la nuit d’Edward Frederic Benson publié en 2013
chez José Corti ou Les Contes d’un rêveur
de Lord Dunsay, édités par les éditions Terre de Brume en 2007 ?
Enfin, si vous aimez Druillet (c’est mon cas et je comprends mieux
aujourd’hui pourquoi j’ai dévoré, à peu près à la même période, presque toute
la production de Lovecraft ET celle de Druillet), vous ne pouvez qu’aimer ce livre.
Le dessinateur a réalisé l’illustration de la première de couverture qui nous
(re-)plonge tout autant dans son univers que dans celui du romancier. Il a
rédigé une postface que j’ai lu en premier, je l’avoue, trop heureuse de lire
un inédit du bédéiste associé à un essai de Lovecraft.
On ne pouvait rêver mieux pour ouvrir ma participation au challenge
Halloween. Je remercie chaleureusement les éditions Pierre-Guillaume de Roux
qui m’ont proposé de découvrir cet ouvrage. Il trouvera sa place dans ma
bibliothèque de littérature fantastique qui se trouve juste sous ma collection
de BD de Druillet…
Parmi tous les récits d’horreur
de Mr Machen, le plus célèbre restera, sans doute, Le Grand Dieu Pan (1894) qui conte l’horrible et singulière
expérience d’une jeune fille qui, après une opération du cerveau, devient capable
d’entrevoir l’immense et monstrueuse divinité de la Nature. (…) Personne ne
peut tenter de décrire la force du suspense et l’indicible horreur dont chaque
paragraphe regorge sans suivre exactement l’ordre précis selon lequel Mr Machen
a agencé allusions et révélations successives.
Je n'ai pas lu Druillet mais j'ai lu Lovecraft et je trouve que ses nouvelles sont trop répétitives... Toujours les mêmes ficelles. Cependant, il fait partie des auteurs que j'aime bien
RépondreSupprimer@Maggie : c'est vrai que l'on retrouve souvent les mêmes thèmes, mais elles sont diablement efficaces ses nouvelles.
Supprimerje ne suis fan ni de Lovecraft, ni de Druillet...
RépondreSupprimer@Sandrine : pourtant l'adaptation de Dracula par Druillet, cela vaut le détour ! Quant à Lovecraft, c'est le genre d'auteur avec lequel on ne fait pas dans la demi-mesure ;-)
SupprimerLovecraft correspond à ma période SF-Fantatique où je dévorais les Presses Pocket dorés et chromés (années 80), vous vous rappelez ? Par contre Druillet, je ne connais pas bien. L'occasion d'essayer.
RépondreSupprimer@Christw : nous avons lu Lovecraft à la même période... et sans doute à peu près au même âge ;-)
SupprimerQuand je pense que je n'ai jamais lu cet auteur !
RépondreSupprimer@Cristie : pour les longues soirées hivernales, sombres et froides, cela peut être pas mal ;-)
SupprimerJe n'ai rien lu de Druillet mais j'apprécie énormément les nouvelles d'H.P. Lovecraft. Je pense que ce livre pourrait me plaire.
RépondreSupprimer@Hilde : si tu aimes Lovecraft, ce livre a tout pour te plaire !
SupprimerTu arriverais presque à me convaincre (j'ai dit presque !)
RépondreSupprimer@Alex : presque seulement ? ;-)
SupprimerLovecraft est l'un des auteurs préférés de ma petite soeur (dont je ne partage presque aucun gout littéraire en commun), elle essaie régulièrement de me convaincre de m'y coller, et là, j'avoue que ton billet me fait hésiter. Peut-être que je pourrais, disons, essayer ....mais "peur cosmique" tu vois, déjà j'ai des suées.
RépondreSupprimer@Galéa : si si, je pense qu'il pourrait te plaire car en fait il brosse vraiment l'historique du genre et c'est une invitation à découvrir des raretés !
SupprimerJe ne suis pas fan de cette littérature (je suis une peureuse de nature!!)... j'ai juste lu un peu d'Edgar Alan Poe, il y a longtemps. Même ton billet très bien écrit comme toujours, me donne froid dans le dos!
RépondreSupprimer@Nadael : si mon billet te donne froid dans le dos, évite à tout prix Lovecraft ;-)
Supprimerun auteur que j'ai souvent lu par petits extraits, et rien de plus. Ca me dirait bien, je crois...
RépondreSupprimer@Violette : par petits extraits ? c'est étonnant ! tu n'as pas eu envie de lire une nouvelle entièrement ?
SupprimerSinon l essai est dans l intégrale Laffont, sûrement l édition ultime pour le fan... Je trouve difficile d être horrifié par un livre, pour moi ses créatures et ses histoires sont tout aussi fascinantes voire positives (peut être parce que dans pareil monde toute la connerie humaine se nullifie?). Mais si quelqu un te met en connexion avec des "forces inconnues" c est bien HP Lovecraft! Marrant je suis justement en train de lire les Contes d un rêveur...
RépondreSupprimerJe ne possède pas, hélas, l'intégrale Laffont... mais c'est une bonne idée de cadeau ;-)
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