Le musée des Confluences de Lyon
abrite plus de deux millions d’objets. Il s’est constitué à partir du Muséum
d’histoire naturelle et du musée Guimet et propose un voyage dans le monde des
« choses ». Il ouvrira ses portes en décembre 2014. La collection dans laquelle est publié cet ouvrage, édité
par invenit, propose aux écrivains de faire vivre ces objets en les plaçant au
centre de leurs récits. De plus, grâce à un complément numérique, elle propose
« un nouveau rapport au livre »… Je n’ai pas téléchargé l’application
associée pour voir l’objet en « réalité augmentée », ayant manipulé
l’objet en question assez souvent pour en avoir une perception encore très
nette.
Je n’ai pas acheté le livre pour
la démarche éditoriale mais je la trouve assez séduisante pour avoir eu envie
de vous en parler en guise d’introduction. Je vais bien me garder d’ailleurs de
vous dire quel est cette chose appelée « S63 »… je vous laisse le
découvrir en lisant ce livre qui m’a fait passer un très bon moment de réalité
non augmentée comme vous l’avez maintenant compris.
Tout commence dans un vide-grenier
en plein air, à Poulganec (vous l’aurez deviné, avec un nom pareil, c’est en
Bretagne). Le narrateur qui nous conte à la première personne le récit de cette
étrange aventure est un fan des brocantes et autres lieux où l’on peut dénicher
l’affaire du siècle. Critique d’art dans un magazine féminin, il aime, pour se
changer les idées, chiner. Par un beau matin de crachin breton, il dégote une
peinture sur bois qui évoque « un intérieur hollandais du XVIIe
ou du XVIIIe siècle ». Sa femme, horrifiée devant un nouveau truc destiné à venir enrichir une collection déjà bien envahissante, pousse
des hurlements et le tableau atterri dans l’atelier du narrateur.
Or, après avoir inspecté la
peinture dans le détail, il constate la présence de couches successives à deux
endroits différents. Il décide donc de faire inspecter sa toile par un voisin
restaurateur de tableaux. Ce dernier, quinze jours plus tard, le convoque afin
de lui révéler ce qu’il a trouvé sous les couches de peinture.
Ce court récit de 76 pages (une
nouvelle plus qu’un récit) réserve de bonnes surprises. Tout d’abord, on y
retrouve l’humour dont Jean-Bernard Pouy est coutumier, et rien que cela vaut
lecture. Ensuite, les références à l’art sont nombreuses et l’on se promène
dans un musée imaginaire où il est bien agréable de flâner. De Füssli à
Vermeer, en passant Goya, la lecture est illustrée par une galerie de tableaux
que j’ai pris plaisir à « revoir » en stimulant ma mémoire… Enfin, si
le romancier excelle dans le roman noir, il est également particulièrement à
son aise lorsqu’il écrit à la frontière des genres. Ici, il flirte avec le
fantastique et cela lui va très bien. J’ai retrouvé la même ambiance étrange
que dans Train perdu, wagon mort que
je ne peux que vous conseiller chaudement.
A déguster sans modération, un
livre d’art sur les genoux et un thé chaud à la main, après avoir passé une
matinée froide d’hiver à arpenter les étals d’une brocante…
Extrait
Si je fréquente, même pas assidûment, ces étals sauvages, c’est
que j’ai une passion, héritée d’un grand-oncle qui, officier de marine, avait
fait le tour du monde, et, à terre, un cabinet de curiosités. Plein de merdes
disparates, mais toujours étonnantes ou tape-à-l’œil. De temps en temps,
j’augmentais cette folle collection, en rajoutant aux vieilles merdes des
étrons plus récents.
Mon épouse ne supportait pas, elle une fana des murs peints en
blanc immaculé où , in extremis, une reproduction de Hopper avait réussi à se
faire punaiser, et elle m’a donc forcé à squatter le garage, où plus jamais
elle ne rentrerait, pour entreposer, comme elle disait, « mes cacas
poussiéreux ».
Et où en trouver, de ces
excréments de l’art ? dans les braderies, les brocantes et les
vide-greniers.
je prends!... si je trouve ;-)
RépondreSupprimer@Adrienne : oui, il est peu diffusé en plus, je l'ai trouvé au festival de Lamballe mais ne l'avais pas vu en librairie...
SupprimerLa démarche est très séduisante et ça pourrait être l'occasion de faire connaissance avec J.B. Pouy
RépondreSupprimer@Aifelle : un bon moyen, pour faire connaissance ;-)
SupprimerUn cadeau sur mesure pour ma môman ! Eh oui Noël approche... :-) Merci pour cette référence !
RépondreSupprimer@FondantOchocolat : elle a bon goût ta môman et elle a la chance d'avoir une fille qui lui trouve des perles ;-)
Supprimerj'adore le sujet et j'aime bien les contraintes littéraires car il s'agit bien de cela non?
RépondreSupprimerje vais mettre ce roman dans ma liste ....
@Luocine : oui, tout à fait ! D'ailleurs JB Pouy est un adepte de l'oulipo...
Supprimeroh oui, ça a l'air bon, ça !
RépondreSupprimer@Violette : oui oui, je confirme ! il ne faut pas s'en priver ;-)
SupprimerLe sujet me tente plus que le style, mais ton billet m'intéresse surtout pour l'éclairage sur ce futur musée dont j'ai aperçu les formes biscornues en chantier en passant sur l'autoroute. Nul doute qu'une certaine blogueuse lyonnaise y fera des sauts ou des gambades !
RépondreSupprimer@Tania : je vois bien de quelle blogueuse lyonnaise tu veux parler ;-)
SupprimerUn livre qui nous fait promener dans les tableaux de musée, voilà qui ne peut que me plaire!
RépondreSupprimer@Claudialucia : ce fut vraiment une bonne surprise pour moi car je ne m'attendais pas du tout à ça !
SupprimerTiens, un Pouy dont je n'avais pas entendu parler, sur un sujet qui me passionne. Je dis merci. L'auteur étant parfois inégal, j'aurais pu passer à côté. Mais tu as l'air de dire qu'il est difficile à trouver ?
RépondreSupprimer@Athalie : difficile à trouver non, mais sans doute moins diffusé que certains titres du moment ;-)
SupprimerDepuis notre dernier échange, j'ai vu que j'avais lu de Pouy son histoire brève du roman noir, et j'ai vu avec surprise que j'ai une flopée de ses titres dans ma bibliothèque numérique (si vous en voulez, faites-moi signe...), dont "Train perdu, wagon mort". Il ne me reste qu'à me faire un thé chaud et à frissonner sous ce ciel de brocante triste... un Pouy à la main.
RépondreSupprimer@Christw : vous avez une bibliothèque numérique ? Je n'ai pas encore franchi le pas, je n'ai que du papier... Je n'arrive pas à lire autrement, le contact "physique" me manque trop ! Enfin, j'ai quand même noté votre proposition, merci :-)
SupprimerJe le veux, il a l'air extra ma parole, moi les couches successives sur un tableau, ça me met dans tous mes états. S'il ne se trouve qu'en Bretagne, je devrais pouvoir y arriver. Je trouve la démarche de l'éditeur absolument géniale, j'ai du mal avec l'aspect immobile des musées, et ne suis pas une grande visiteuse, mais l'idée d'associer une courte fiction à un objet est formidable.
RépondreSupprimerNoté.
@Galéa : et bien voilà, je suis contente de trouver quelqu'un qui vibre à l'unisson avec moi quand je parle de tableau mystérieux ;-) Pour obtenir le livre, s'il n'est pas en stock partout, il est très facile de le commander, j'ai vérifié...
SupprimerIl y a déjà eu deux autres publications dans cette collection et je vais essayer de trouver ces ouvrages car ils ont l'air pas mal aussi.
Une idée originale de la part de l'éditeur. Un auteur intéressant.
RépondreSupprimer@Alex : oui, c'est original et cela se lit vraiment avec grand plaisir :-)
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