jeudi 24 août 2017

Intempérie de Jesus Carrasco

     Voici un livre dont la lecture m'a été "imposée" par Mlle Margotte. Comme elle me le conseillait vivement depuis un certain temps et que je ne me décidais toujours pas à suivre son judicieux avis, elle me l'a tout simplement mis dans les mains lors d'une de nos sorties communes en librairie (à chacun ses sorties familiales...). Dès le lendemain, j'étais donc à l'ouvrage, intriguée par une quatrième de couverture avec une critique de Nicolas Ungemuth qui y allait de sa comparaison avec Cormac McCarthy, un auteur placé en haut de ma petite hiérarchie littéraire personnelle.
   Et là, dès la première page, le choc ! Oui, parfaitement, le choc. Une ambiance forte, immédiatement posée. Dans un lieu indéfini, un enfant, terré dans un trou argileux, essaie d'échapper à des poursuivants : "pour recouvrir le trou, il avait disposé du bois d'élagage sur deux rameaux plus gros qui faisaient office de poutres". On ne sait pas pourquoi il cherche tant à fuir les hommes du village mais l'on apprendra assez vite que la violence paternelle n'y est pas étrangère. Sorti de son trou, l'enfant prend la route du nord. "Cela ne faisait pas un jour entier qu'il s'était enfui, mais il savait que c'était amplement suffisant pour que la peur dévalât les rues du village vers la maison de ses parents." Et en plus de l'errance qui va commencer pour le garçonnet, c'est bien la peur qui va envahir son monde intérieur. 
   Dans une ambiance atemporelle, Jesus Carrasco compose une histoire de Petit Poucet, un Petit Poucet qui effacerait ses traces afin de ne pas être retrouvé par une horde d'ogres touts plus malfaisants les uns que les autres. Mais, sur sa route, il rencontrera des "adjuvants", et en premier lieu, un berger. Il faudra bien cela pour lutter contre les opposants qui ne manquent pas ! Et il faut bien cela pour trouver à se nourrir sur une terre aride qui semble presque lunaire. On tremble pour cet enfant et on oscille entre frayeur et fascination, complètement baignées dans un monde tout droit sorti d'un conte noir
   Durant cette lecture fébrile, de nombreuses références sont venues s'imposer à moi. Pedro Paramo a surgit le premier, pour les paysages désertiques et les étendues qui semblent habitées uniquement par des fantômes. Cormac McCarthy, celui de La Route, surgit en effet de la mémoire, pour la violence et l'ambiance crépusculaire. Le film de Tod Browing, Les Freaks, propose aussi quelques images à coller sur des scènes aussi intenses que surréalistes.
Un premier roman qui m'a laissée comblées et admirative. Le deuxième, La Terre que nous foulons, est sorti en 2016... et Mlle Margotte a déjà accepté de me le prêter...

22 commentaires:

  1. c'est alors que l'Adrienne pose sa question (idiote) habituelle: et ça finit bien, au moins?
    ;-)

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    1. @Adrienne : désolée mais je ne vais pas pouvoir te le dire afin de ne pas "spoiler" (ce mot est vraiment horrible...). Mais je peux dire que la fin est "ouverte" ;-)

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    2. alors il faut utiliser le mot québécois :"divulgâcher" ou un mot français qui n'est pas si mal "déflorer"

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    3. @Luocine : j'aime beaucoup le mot québécois. Ils sont très inventifs pour éviter les anglicismes ! Je ne vais donc rien divulgâcher ;-)

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  2. Désolée, mais La route ne m'avait pas trop séduite;.. ^_^

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    1. @Keisha : c'est tout de même très différent malgré les points en commun...

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  3. C'est intrigant. C'est un roman jeunesse ou adulte (même si je sais que des romans jeunesse valent largement certains romans adultes).

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    1. @Aifelle : c'est franchement un roman adulte. Bonne journée à toi :-)

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  4. Intéressant, peut-être un jour...

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    1. @Emma : une surprise de taille pour moi, avec le sentiment de découvrir un véritable auteur !

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  5. La route est une référence négative pour moi, et j'avoue ne pas connaitre l'autre auteur, le film oui, quand même ... Plus un livre pour mes ados qui adorent ce type de lecture en ce moment, post apocalyptique ? tu n'emploies pas le mot, mais ton résumé y fait penser ...

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    1. @Athalie : de mon côté, je n'ai pas vu le film que j'imaginais trop sanglant et trop noir pour moi. Pour ce roman, nous ne sommes pas tout à fait dans le "post-apo" qui a la particularité de donner de nombreux détails sur le contexte de "l'apocalypse". Or, ici, au contraire, tout reste flou, dans une ambiance qui relève plutôt à mon sens du conte. C'est bien toute la force de ce livre, il est à la frontière entre les genres, tout en étant très littéraire... c'est souvent la recette des très bons romans...

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  6. peu conquise par "la route" je ne vais pas noter ce roman même s'il est "fort"

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    1. @Luocine : je commence à me dire que je n'aurais pas dû parler de "La Route" qui fait fuir toutes les lectrices :-( Aïe aïe aïe !

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  7. Un roman que j'ai chroniqué il y a quelques mois et qui m'a énormément plu, j'ai tout aimé : le personnage, le style bref une réussite

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    1. @Dominique : on est tout à fait d'accord ;-)Si tu repasses par là et que tu as le temps, déposes le lien de ton billet, je l'intégrerai à mon billet, et j'irai te lire !

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  8. Mais quel âge a Mlle Margotte ? Car il m'a l'air dur de chez dur quand même non ?
    Je ne pense pas qu'il soit pour moi, la solitude de la fuite, la méchanceté des adultes, etc....
    Par contre j'aime beaucoup les transverses que tu fassis avec ce Petit POucet qui ne veut pas laisser de trace ....

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    1. @Galéa : oh Mlle Margotte est grande - oui bon, je le dis pas trop fort car cela préjuge de l'âge de Dame Margotte, hélas ;-) -... On a parlé ensemble, encore une fois, pas plus tard qu'hier soir de ce livre, nous sommes vraiment encore impressionnées par cette lecture (ce roman fait partie de ces œuvres qui "restent").

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  9. Alors Pedro Paramo, ça m'interpelle ( mais La Route me fait fuir aussi ;))

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    1. @Marilyne : et encore, je parle ici du livre... J'ai vu il y a peu le film que j'ai été obligée de regarder en deux fois, vraiment trop noir pour moi :-( Mais pour le livre de McCarthy, je reste admirative ! Bonne soirée

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