Un roman historique qui se
déroule durant la Révolution française, cela ne se boude pas. C’est donc avec
enthousiasme que j’ai commencé ce livre d’Antoine de Baecque, historien ayant
déjà consacré une trilogie à cette période historique aussi passionnante que
foisonnante (Le Corps de l’histoire, La Gloire et l’Effroi et Les
Éclats du rire).
La lecture des cinq premiers
chapitres a été très agréable, réservant une surprise de taille : les
« talons rouges » se révèlent être des vampires. Il s’agit de la
famille Villemort (il faut reconnaître que leur nom les prédestine à se vouer à
la Grande Faucheuse), une lignée de nobles unis par leur goût pour le sang.
Toutefois, dans le tourbillon révolutionnaire, les différents membres de la
famille se rangent dans des clans différents. Ainsi, William, l’oncle revenu
des Amériques, prend parti pour la République naissante. Accompagné par un
esclave affranchi, Télémaque, il épouse la cause des abolitionnistes. Louis,
son neveu, s’exalte dans un tourbillon d’actions tout autant que dans une
histoire d’amour.
Lestat le vampire (film) |
Il faut avouer que l’ambiance fin
de règne se prête particulièrement bien au carnage vampirique. La fureur
révolutionnaire se marie à merveille avec la soif de sang qui caractérise les
non-morts aux dents longues. Les cent premières pages, baignées dans une aura
sulfureuse, se lisent assez fébrilement. Leur intérêt s’ancre dans la
découverte du contexte historique mais doit aussi beaucoup au personnage
d’Eugénie, lisez donc :
« Au moment où il jouit et où elle plante, dans le
même instant exactement, ses deux incisives dans la veine, l’homme voit, dans
un ultime éclair de lucidité, le visage et le haut du corps d’Eugénie se
couvrir de rides, de plaques sombres, la peau s’asséchant immédiatement comme
un parchemin et les cheveux prenant à toute vitesse une couleur grisâtre. La
jeune femme se métamorphose soudain : elle est devenue immensément
vieille, se revêtant d’une beauté flétrie, revenue de très loin, héritée des
temps immémoriaux. »
Hélas, tout se corse à partir du
sixième chapitre qui nous fait entrer de plein pied dans l’histoire
révolutionnaire, si bien que l’on ne sait plus très bien si l’on se trouve dans
un roman ou dans un livre d’histoire. Les détails historiques deviennent si
nombreux que l’on perd contact avec les personnages. L’action révolutionnaire
remplace la vie des êtres fictifs et le lecteur décroche, ayant perdu le fil
qui le reliait aux « petites bobines vivantes ». Autant la lecture de
la première partie m’a enthousiasmée, autant la suite m’a ennuyée, si bien que
j’ai fini par refermer le livre, après plusieurs reprises et abandons.
C’est vraiment dommage car l’idée
était excellente et l’auteur possède un véritable talent pour faire revivre
l’histoire. Toutefois, la composition d’un roman historique se tisse sur un
savant dosage Histoire/fiction qui n’est pas facile à manier… Il s’agit ici
d’un premier roman, on peut donc penser qu’il n’a pas été facile de trouver la
subtile alchimie qui permet au lecteur d’entrer complètement dans le récit… et
d’y rester !
Il y a pourtant de très bons
moments, comme ce passage de la page 173 où la métaphore fantastique reprend le
dessus, tout en disant beaucoup sur la marche révolutionnaire, mortelle à plus
d’un titre (c’est le cas de le dire) :
« Les zombies vaudous portent une revendication (on parle ici des esclaves affranchis qui hantent les
pavés parisiens) : ils sont là, de plus en plus nombreux, pour
dévorer les vivants, c’est-à-dire la chair de la France trop riche des planteurs,
des colons et des rentiers, qui refusent de voir la misère, l’esclavage,
refusent d’arrêter la traite des nègres. Cette zombification est à la fois
terrible, échappant aux forces de la raison, et exemplaire, car elle porte la
justice et la réparation de la pire des violences. (…) Tant qu’il n’y aura pas
abolition et réparation, il n’y aura pas d’espoir de rémission. »
Cette lecture abandonnée m’a
surtout donné envie de me replonger dans l’Histoire de la Révolution, ce qui
n’est déjà pas si mal ! Merci donc aux éditions Stock pour cet envoi qui
prend tout naturellement sa place dans le challenge Halloween organisé par
Hilde et Lou… On ne pouvait trouver meilleure entrée dans le mois frissonnant !….
L'avis (négatif aussi) d'une bibliothécaire ICI.
L'avis (négatif aussi) d'une bibliothécaire ICI.
J'aime bien cette période mais pas trop tentée à cause de ton abandon ( moi, aussi, quand il y a trop de détails historiques, je me perds...)
RépondreSupprimer@Maggie : c'est vraiment dommage car le début était très prometteur !
SupprimerJe ne suis pas tentée du tout et ton billet n'arrange pas les choses ;-)
RépondreSupprimer@Aifelle : je comprends, je comprends ;-) Bon dimanche à toi !
Supprimerun très bon roman historique c'est assez rare, un exercice difficile et parfois ça fait flop Dommage
RépondreSupprimer@Dominique : oui, et tout le monde ne s'appelle pas Dumas... ou Vigny ;-)
Supprimerça a l'air très spécial, je me suis d'abord demandé ce que faisait des vampires dans un roman historique ���� Rien à voir mais Margotte, j'ai enfin les dates pour les RAT ; ça sera 1es 14 et 15 octobre et du 28 au 31 (deux RAT, on es gâtés :0) J'espère que nous pourrons être disponible toutes les deux au moins pour l'un d'entre eux. Je t'embrasse, et te souhaite un bon dimanche
RépondreSupprimer@L'Or : deux pour le prix d'un, c'est parfait ! En revanche, impossible pour moi de participer le we du 28 au 31. Pour le we du 14-15, je peux participer mais cela sera "à distance". C'est Lou et Hilde, nos deux sorcières 2017, qui organisent j'imagine ? Je vais essayer de trouver quelques lectures horrifiques d'ici là. Bon, rien que l'en parler, j'ai déjà hâte ;-) Bon dimanche à toi aussi !
SupprimerC'est vrai qu'il y avait matière à en faire un roman extra !! dommage !
RépondreSupprimer@FondantGrignote : oui, et les avis chez les lecteurs semblent assez unanimes. En revanche, du côté des "critiques", j'ai lu des choses plutôt positives...
SupprimerOh la la, pas du tout pour moi ce genre de livres :)
RépondreSupprimer@Emma : oh et bien rassure-toi, tu ne passes pas à côté du chef d'oeuvre de l'année. Les avis sont assez unanimes... J'ai depuis regardé sur Babelio et nous sommes nombreux à évoquer cet "oubli" des personnages dans le roman :-(
Supprimercurieuse, j'aimerais y jeter un coup d'œil mais je crois que ce n'est pas du tout, du tout mon genre!!!
RépondreSupprimer@Violette : oh dans ce cas là, je crois que tu peux passer ton tour... il ne restera pas dans les annales...
SupprimerTu es plus déçue que moi, mais dans les grandes lignes nous sommes d'accord. L'histoire se taille la part belle aux dépens du roman. J'ai quand même trouvé cette lecture très agréable (mais mon faible pour le XVIIIe siècle est bien connu), tout en étant décevante.
RépondreSupprimer@Nathalie : aurais-tu rédigé un petit billet à son propos ? Je serais curieuse d'avoir un autre avis, "éclairé" en plus, si tu es une grande amatrice du XVIIIe (qui, je l'avoue, n'est pas ma période de prédilection !).
SupprimerC'est drôle comme nos avis se complètent ! De mon côté, j'ai trouvé ma lecture entrainante, l'abondance de détails historique ne m'a pas trop gênée, alors que les vampires.. booon, je dois dire, je ne suis pas du tout fan, et j'ai trouvé que c'était assez mal exploité, finalement ça change quoi à l'histoire la présence des vampires ?!
RépondreSupprimerMerci pour le lien vers mon avis de lecture <3
@Bib : pour moi, la présence des vampires a d'abord été une bonne surprise avant de se transformer en mauvaise ;-) De rien pour le lien et bon we !
SupprimerJe tourne autour depuis qu'il est sorti mais quelque chose me retient à chaque fois. Les romans historiques ne me font pas peur (sauf si ça devient ennuyeux), les vampires non plus mais j'appréhende peut-être le mélange des deux. Ton abandon me fait encore plus douter! ;)
RépondreSupprimer@Hilde : si tu veux essayer sans trop prendre de risques, je veux bien te le prêter, si on arrive à trouver un moment pour un échange comics, etc ;-)
SupprimerPas tentée, tu t'en doutes.
RépondreSupprimer@Alex : je comprends je comprends ;-)
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