Ce roman historique s'ouvre sur un attentat manqué. La reine mère, Catherine de Médicis et son fils Henri, duc d'Anjou, ont commandité l'assassinat du duc de Coligny, Huguenot de son état. Le Conseil royal, réuni un soir d'été orageux, commente cet échec tout en poussant le jeune roi en place, Charles IX, à accepter l'idée d'une grande boucherie, autrement dit à cautionner l'idée de la Saint Barthélémy.
"- C'est au plus sanguinaire de la Ligue que vous avez pensé pour giboyer le protestant ?
Le garde des Sceaux justifie avec gourmandise :
- Au moins, comme ça, on se dit que ce sera bien fait...
"... pour eux !" salive le duc tandis que le roi de France, paume contre la bouche, s'écoeure :
- Cela dégénérerait en un hallucinant carnage collectif et vous le savez ! A l'intérieur des remparts, la population fanatisée par le clergé, réveillée par le tocsin et descendue dans la rue, massacrerait tout ce qui ne crie pas "Vive la messe !" (...)". p. 19-20
Alors que les nobles protestants sont présents au Louvre afin d'assister aux noces de Marguerite de Navarre se présente l'occasion de décapiter le parti huguenot. Toutefois, le roi tergiverse, il pense à Ambroise Paré, son médecin, à Marie Touchet, sa maîtresse, et aussi à sa protestante nourrice. Il veut qu'ils soient épargnés... et il accepte le reste. Ainsi, le dimanche 24 août 1572 se déroule la Saint Barthélémy.
Mais au lendemain du massacre, le jeune roi (il a 22 ans) n'arrive pas à s'en remettre. La culpabilité le ronge et le pousse à s'éloigner du Louvre, de ses intrigues et de la poigne de sa mère qui ne suffit pas à faire disparaître les voix qui le hantent. L'année qui lui reste à vivre sera alors composée de son glissement vers la folie, accompagné d'une "fièvre pourpre", symptôme sanglant de la mise en oeuvre de l'assassinat collectif du mois d'août.
Si j'ai commencé ce roman avec réserve à cause des nombreux commentaires lus à son propos, je n'ai pu arrêter cette lecture une fois commencée... Voilà un excellent roman historique qui donne envie d'ouvrir des livres d'histoire, à commencer par une biographie de ce dernier des Valois. En revanche, j'ai parfois été gênée par le mélange non seulement anachronique mais parfois vraiment "lourd" du langage et de l'argot moderne avec les expressions d'époque. La récurrence du procédé utilisé de manière insistante s'avère parfois irritante... De plus, le roman recèle quelques étonnantes maladresses, comme ici :
"Le manteau du roi, se soulevant, claque au vent tandis qu'il marche à pas fiers et lents vers l'énorme gibet de Montfaucon où monsieur Dieu balance les cordes de quatre-vints protestants pendus. Là, dans les airs charmés de cette colline hors des remparts, volettent des odeurs qui écoeurent"...
"- C'est au plus sanguinaire de la Ligue que vous avez pensé pour giboyer le protestant ?
Le garde des Sceaux justifie avec gourmandise :
- Au moins, comme ça, on se dit que ce sera bien fait...
"... pour eux !" salive le duc tandis que le roi de France, paume contre la bouche, s'écoeure :
- Cela dégénérerait en un hallucinant carnage collectif et vous le savez ! A l'intérieur des remparts, la population fanatisée par le clergé, réveillée par le tocsin et descendue dans la rue, massacrerait tout ce qui ne crie pas "Vive la messe !" (...)". p. 19-20
Catherine de Médicis |
Tableau de F. Dubois (1529-1584) |
Si j'ai commencé ce roman avec réserve à cause des nombreux commentaires lus à son propos, je n'ai pu arrêter cette lecture une fois commencée... Voilà un excellent roman historique qui donne envie d'ouvrir des livres d'histoire, à commencer par une biographie de ce dernier des Valois. En revanche, j'ai parfois été gênée par le mélange non seulement anachronique mais parfois vraiment "lourd" du langage et de l'argot moderne avec les expressions d'époque. La récurrence du procédé utilisé de manière insistante s'avère parfois irritante... De plus, le roman recèle quelques étonnantes maladresses, comme ici :
"Le manteau du roi, se soulevant, claque au vent tandis qu'il marche à pas fiers et lents vers l'énorme gibet de Montfaucon où monsieur Dieu balance les cordes de quatre-vints protestants pendus. Là, dans les airs charmés de cette colline hors des remparts, volettent des odeurs qui écoeurent"...
Enfin, je pinaille, j'ai pris grand plaisir à cette lecture qui invite simplement à méditer les propos de Paul Veyne, lus dans le Télérama de cette semaine à propos du dernier livre de Françoise Chandernagor qui se trouve en haut de ma PAL : "Le roman historique le mieux documenté hurle faux dès que les personnages ouvrent la bouche" (in Comment on écrit l'histoire).
Charles IX |
Jean Teulé ne laisse pas indifférent, je n'ai encore rien lu de lui mais je ne désespère pas...En revanche, les coquilles je n'aime pas ça du tout !! :(
RépondreSupprimer@Asphodèle : il semblerait même qu'il déchaîne les passions parfois (sur France Inter par exemple). Je pense lire aussi Le Montespan de cet auteur...
RépondreSupprimerAcheté ce matin !!!
RépondreSupprimerJe suis de celles qui ne pourront plus jamais le lire tellement chacun de ses livres m'a déçue, spécialement ceux consacrés aux poètes que j'aime le plus: Villon, Verlaine, Rimbaud. Ce n'est pas faute d'avoir essayé mais rien à faire, je n'aime ni son style ni ses digressions. Je n'y arrive pas.
RépondreSupprimer@Océane : hâte de lire ton billet alors !
RépondreSupprimer@Mango : je comprends tout à fait que son "style" puisse irriter... Sur ce livre, cela m'a plutôt amusée, reste à voir si cela tient sur la durée... A suivre... ;-)
Alors là on ne se rejoint pas du tout, Teulé je n'aime pas mais vraiment pas
RépondreSupprimerje trouve qu'il y a là une parodie de roman historique qui me gêne beaucoup, non que je sois à cheval sur l'exactitude (j'aime dumas ) mais je n'aime pas que l'on ridiculise l'histoire à ce point
bref je suis nettement partiale comme tu peux le voir !!!
j'ai acheté et lu son Montespan, bof, much ado about nothing mais ça se lit très vite ;-)
RépondreSupprimerhier soir j'étais tout à fait dans ton sujet, puisque j'étais à la Monnaie pour Les Huguenots, de Meyerbeer
superbe représentation!
@Dominique : on est bien d'accord sur l'aspect parodique qui peut irriter... Pour autant, j'ai trouvé ce roman fort plaisant (à condition de n'y point chercher une véritable force narrative !). Pour moi, cela fonctionne comme un appel vers les "vrais" livres d'histoire. Après, pas sûr que cela marche à tous les coups...
RépondreSupprimer@Adrienne : oui, très vite pour Charly 9 aussi, et c'est tout à fait ce dont j'avais besoin ces derniers temps... Quant au Montespan, il existe une version audio qui, paraît-il, est excellente, je vais essayer de la trouver pour cet été.
Bonsoir, j'ai lu Charly est j'ai aimé. De Teulé, je dois tirer de ma PAL "Le magasin des suicides".
RépondreSupprimer@Syl. : j'ai prévu de lire "Le Montespan" cet été. A suivre...
RépondreSupprimerc'est peut-être difficile à croire mais je n'ai encore lu aucun Teulé ! Il faudra que je me penche sur la question un jour ! ;-)
RépondreSupprimer@Noukette : si tu lis les commentaires, tu vois qu'il ne fait pas l'unanimité !... Mais j'ai bien aimé son Charly 9 :-)
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