Quel recueil ! C’est toujours un plaisir de lire ou relire Maupassant, mais avec un ouvrage aussi fort que Boule de Suif, on a envie de parler de toutes les nouvelles… Alors commençons par celle qui donne son titre à l’ensemble, La Maison Tellier. C’est l’histoire de Madame, tenancière d’une « maison » (autrement dit, d’un bordel) à Fécamp, qui part en compagnie de ses « filles » assister à la communion de sa nièce. Le voyage en train avec la charmante compagnie, ainsi que leur séjour dans un petit village normand, sera l’occasion de bien des aventures cocasses… Histoire d’une fille de ferme nous conte les déboires de Rose, servante mise enceinte par un grossier garçon de ferme. Cette nouvelle à la chute surprenante a été fort bien adaptée par Denis Malleval, mais je ne m’attarde pas plus sur ce film dont je vais vous reparler bientôt… Sur l’eau renoue avec le fantastique familier à Maupassant, et cette nouvelle détonne dans le recueil où l’angoisse tient peu de place comparativement à d'autres. Dans Le Papa de Simon, nous découvrons un petit garçon, fils unique, élevé par sa mère en quête d'un père. C’est l’un de mes textes préférés. Que de pudeur et de retenue face à la force des sentiments : en quelques pages, un condensé de force narrative qui illustre parfaitement la maîtrise de Maupassant pour la forme courte. Et pour finir, Une partie de campagne, petit bijou connu pour son adaptation par Renoir…
Mais on trouve aussi Les Tombales, histoire d’une veuve éplorée rencontrée dans un cimetière, En famille, Au printemps et La Femme de Paul. Neuf nouvelles donc, surplombées par La Maison Tellier qui occupe un bon tiers du recueil. Elles se caractérisent toutes (en dehors de Sur l’eau) par la place que tient l’amour dans le déroulement de l’intrigue. Maupassant a trente ans lorsqu’il écrit ce recueil, trente ans et une vitalité qui teinte ces textes. Le nid d'amour d'Henri et Henriette évoque un Paradou de bord de Seine, la nature se fait ardente, les sentiments aussi... et j'ai complètement succombé !...
Le déjeuner des canotiers de Renoir |
"L'autre yole s'en alla plus doucement. Le rameur regardait tellement sa compagne qu'il ne pensait plus à autre chose, et une émotion l'avait saisi qui paralysait sa vigueur.
La jeune fille, assise dans le fauteuil du barreur, se laissait aller à la douceur d'être sur l'eau. Elle se sentait prise d'un renoncement de pensées, d'une quiétude de ses membres, d'un abandonnement d'elle-même, comme envahie par une ivresse multiple. Elle était devenue fort rouge avec respiration courte. (...) Un besoin vague de jouissance, une fermentation du sang parcouraient sa chair excitée par les ardeurs de ce jour ; et elle était aussi troublée dans ce tête-à-tête sur l'eau, au milieu de ce pays dépeuplé par l'incendie du ciel, avec ce jeune homme qui la trouvait belle, dont l'oeil lui baisait la peau, et don le désir était pénétrant comme le soleil.
Leur impuissance à parler augmentait leur émotion et ils regardaient les environs. Alors, faisant un effort, il lui demanda son nom. - "Henriette", dit-elle. - "Tiens ! moi je m'appelle Henri", reprit-il."
il y a longtemps que n'aie pas lu Maupassant, tu me tentes.
RépondreSupprimer@Alinea : c'est un vrai bonheur de lecture ce recueil !
RépondreSupprimerLu et relu boule de suif est indétronable mais comme toi j'aime bien la Maison Tellier et surtout une partie de campagne
RépondreSupprimerj'aime au point d'avoir aussi la version audio
@Dominique : je place aussi Boule de suif en tête ;-) J'ai bien envie de découvrir aussi ses romans car je connais de nombreux recueils de nouvelles mais je n'ai aucun aucun de ses romans (si tu as un favori aussi, n'hésite pas à m'en faire part). A suivre...
RépondreSupprimerImpossible de laisser un com ce matin ! J'ai beaucoup lu Maupassant et je pense à lui chaque fois que je me promène dans le pays de Caux, il l'a tellement bien décrit.
RépondreSupprimer@Aifelle : oui, Maupassant et la Normandie, l'un ne va pas sans l'autre...
RépondreSupprimerfaudra que je le lise ;-)
RépondreSupprimeroui, le papa de Simon, c'est une sorte d'exception dans l'oeuvre, je le fais lire à mes élèves de Première (dans un recueil qui s'appelle très justement Nouvelles douces amères)
RépondreSupprimerLa maison Tellier, je ne l'ai pas lu mais j'ai vu ce film... c'est à propos de ce titre-ci que j'écrivais "faudra que je le lise" :-)
J'ai commencé à le lire ! cependant, je pars avec beaucoup d’à-prioris ! J'ai terminé récemment les contes du jours et de la nuit... Si j'aime l'écriture transparente de Maupassant... les belles descriptions comme sur l'eau, je n'apprécie pas bizarrement ses chef d'oeuvre comme boule de suif ! Et les nouvelles sont trop souvent pessimistes...
RépondreSupprimer@Adrienne : comment reçoivent-ils ce texte tes élèves ? Bon dimanche à toi
RépondreSupprimer@Maggie : d'accord avec toi pour le pessimisme de Maupassant qui rend la lecture parfois difficile si on lit plusieurs oeuvres à la suite. En revanche, je suis totalement conquise par ses chef d'oeuvre, et Boule de Suif reste pour moi un sommet ! Je vais pour le moment m'attaquer à une biographie avant de reprendre la lecture des textes, peut-être un roman ?
Tjs tentée de relire les classiques quand je vois ces vieilles couvertures... Un jour viendra ! Merci pour la vidéo, ça aussi j'adore.
RépondreSupprimer@Moustafette : j'ai un faible pour cette couverture qui est l'une des plus représentatives de la nouvelle titre. Bonne semaine à toi
RépondreSupprimerMerci de ta visite.je reviendrai et j'apprécie cette bonne vieille couverture Le Livre de Poche,La maison Tellier.Je l'ai aussi,souvenir de mon père,qui m'a fait découvrir ce grand conteur souvent noir qu'est Maupassant,qu'avait parfaitement compris Jean Renoir.A bientôt.
RépondreSupprimer@Eeguab : j'ai également un faible pour cette couverture... même si j'ai une version plus récente du Livre de Poche. La bienvenue chez Margotte ;-)
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