Pour faire plus ample
connaissance avec un auteur que l’on a pas vraiment apprécié lors d’une
première lecture, rien de mieux qu’un texte autobiographique. C’est à la
bibliothèque que je suis tombée sur ce texte de Cécile Ladjali dont je n’avais
lu que le roman Ordalie. Livre mprunté mercredi, commencé dans
la foulée. J’ai été littéralement happée par cette lecture qui s’ouvre et se
ferme sur l’image du père.
Ouverture
La dédicace d’Orhan Pamuk :
…la mort de chaque homme commence avec
celle de son père.
Avant la mort du père, tout
commence avec la naissance de Cécile, enfant née à Lausanne, en Suisse,
abandonnée par sa mère et confiée à une pouponnière. C’est là que ses parents
adoptifs viendront la chercher en décembre 1971. Le récit déroule ensuite la
vie de l’enfant jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle petite fille, Violette, par
une nuit d’orage de juin. A la délivrance qui clôt l’arrivée de ce deuxième
enfant s’ajoute la délivrance d’avoir terminé ce livre.
Pourquoi ce récit m’a-t-il
« happée » ?
1. J’ai aimé la construction de
cette autobiographie en chapitres thématiques. Tout en respectant l’ordre
chronologique, Cécile Ladjali nous propose trente-cinq variations qui vont du
plus cru (je vous laisse découvrir Bûche
de Noël et son vieil oncle libidineux…) à des considérations plus
poétiques.
2. Parce que le poids qui secrets
qui minent cette famille rendent le texte très intéressant. Je me suis posée
(et me pose encore) de bien nombreuses questions sur les réactions des uns et des
autres. Le « hors-texte », qui n’appartient sans doute qu’à la
romancière, invite à la réflexion… D’ailleurs, l’une de mes questions tourne
autour du genre sous lequel s’affiche le texte : roman. Or, il s’agit
d’une autobiographie et l’écrivaine affiche son dédain envers l’autofiction, on
ne peut donc que s’étonner du mot « roman » collé sous le titre de la
première de couverture.
3. J’ai enfin aimé lire un texte
qui présente la naissance d’une vocation littéraire et qui affiche un amour des
textes qu’on ne peut que goûter lorsqu’on aime soi-même la littérature. Je vais
d’ailleurs lire au plus vite le dernier opus de l’écrivaine consacré à l’amour
de la littérature, et pourquoi pas relire le roman qui végète sur mes étagères.
Extrait
J'aimais l'eau et passais mes jours dans le ventre vert de la mer.
Une chose cependant me dérangeait considérablement lorsque je me baignais : que l'on voie mon nombril. Je le trouvais fort vilain, parce que protubérant. Il était mal fichu et ressortait un peu au lieu de former un trou comme tout nombril normal le faisait sur le ventre des gens normaux, en disparaissant. Ce petit bout de chair répugnant me donnait l'impression de ne pas appartenir à mon corps, d'être sale. Alors à la plage, je prenais toujours soin de marcher avec une main, parfois les deux, plaquées sur le ventre, pour que l'on ne devine pas cet affreux bouton de peau brune et peut-être pire encore : l'origine d'une cicatrice honteuse.
Je serais surtout intéressé par le dernier opus dont tu parles, sur l'amour de la littérature.
RépondreSupprimerJe note qu'il existe un ouvrage de Ladjali en collaboration avec George Steiner : "Mauvaise langue". Tu a s lu ?
@Christw : non, je ne l'ai pas encore lu... et comme toi je suis très intéressée par celui qui traite de l'amour de la littérature ;-)
SupprimerTe voilà réconcilier avec cet auteur.
RépondreSupprimer@Alex : en ce qui concerne ses romans, cela reste à voir... il faut donc que je tente une relecture !
SupprimerJ'ai l'impression d'avoir un texte d'elle qui traîne quelque part...(c'est irritant ce genre d'impression)
RépondreSupprimer@Anne : peut-être au fond d'une PAL ? ;-)
SupprimerJe n'ai jamais rien lu d'elle, pourquoi pas celui-ci ?
RépondreSupprimer@Aifelle : c'est un bon début je trouve pour commencer à se plonger dans son œuvre.
SupprimerTrès jolie billet. Tu me donnes envie de m'y plonger !
RépondreSupprimer@Cristie : merci ! plonge sans retenue ;-)
SupprimerJ'aime cet extrait, il fleure bon l'authenticité ;-)
RépondreSupprimer(j'appellerais 'roman' mon autobio pour avoir le droit de me mettre en scène et de tout arranger selon mon point de vue ;-))
@Adrienne : j'ai bien pensé à cette tactique... mais je pense plutôt, comme Galéa ci-dessous, que c'est une initiative de l'éditeur liée à la présentation de la collection...
SupprimerJe l'avais vu à LGL elle ne m'avait pas convaincue, par contre, ton billet est très tentant. Et j'aime l'idée qu'elle soit contre l'autofiction (quant au "roman" marqué sur la couv, je pense que c'est une initiative de l'éditeur), je suis très attirée par les vocations d'écrivains...
RépondreSupprimer@Galéa : c'est d'autant plus intéressant concernant sa vocation qu'elle a expliqué ensuite, dans des interviews, que ses livres précédents tournaient autour de celui-ci... qui marque donc une rupture... et qui ne peut qu'interroger sur ce qui va suivre - je suis une fille curieuse ;-) -.
SupprimerEt bien tu me donnes très envie de me pencher sur cette auteure!
RépondreSupprimer@Nadael : plus que Lovecraft, cette auteure a tout pour te plaire (cette autobio car je n'ai lu qu'un autre roman...). Et merci pour le compliment concernant l'écriture de mes billets, cela fait plaisir :-)
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