samedi 9 juillet 2011

Des yeux de soie de Françoise Sagan


Après avoir goûté aux romans, puis aux textes journalistiques de Françoise Sagan, j’ai choisi, pour continuer mon exploration de son œuvre, un recueil de nouvelles : Des yeux de soie. Un autre, plus récent, intitulé Musiques de scène, a été publié en 1981. Françoise Sagan a quarante ans lorsqu’elle publie ce recueil et l’on sent que la maturité a teinté la « petite musique » de gravité. L’observation fine et sans concession du milieu dans lequel elle évolue lui donne matière à brosser des portraits parfois à la limite du cynisme, mais fort lucides.
Le recueil se compose de dix-neuf nouvelles dont la première donne son titre à l’ensemble. Un thème commun les regroupe : celui de la séparation, assorti de la thématique de l’amour et de sa disparition. Courtes et souvent cinglantes, elles nous proposent aussi la description du milieu mondain  et artistique de l'époque. La figure du gigolo apparaît plusieurs fois, et la nouvelle qui porte ce titre est l’une des plus réussies. Au cœur de toutes ces ruptures se profile la difficulté d’aimer et, surtout,  cette part d’inéluctable qui entraîne toutes les vraies tragédies. Ainsi, un simple regard mal interprété peut entraîner une mécanique fatale qui engendre la rupture sur laquelle on ne peut revenir.
J’ai lu avec grand plaisir ce recueil où la légèreté teintée de gravité fait des merveilles. Certaines nouvelles sont vraiment très réussies et l’on est toujours tendu vers une chute qui apporte parfois une vraie surprise. « La rupture romaine », ma préférée, est un petit bijou d’espoir où l’on sent toute la vivacité de l’écrivaine. Luigi, « héros des fêtes » et « coureur d’automobiles » (et de femmes...), a décidé de rompre avec la belle et blonde Inge. Mais comme il veut faire cela en grand, il a décidé de l’humilier en public, lors d’un cocktail où seront présents tous ses amis…

Challenge à l'initiative de Delphine et George

« A la vérité, il ne savait pas très bien pourquoi c’était ce soir-là qu’il voulait rompre, ni non plus pourquoi il fallait que tout le monde le sût. C’était un de ces côtés de fatalité bizarre, de fausse moralité, dont Rome regorgeait encore dix siècles après Néron. En fait, au volant de sa belle décapotable, ayant noblement refusé le port de la ceinture de sécurité, Luigi allait délibérément larguer sa chrétienne aux bêtes fauves. Bref, il allait abandonner sa maîtresse et s’arranger pour que cela fût assez bruyant pour être irrémédiable. »

Challenge à l'initiative de Sabbio

6 commentaires:

  1. Je ne pense pas l'avoir lu. Par contre, j'ai vu qu'ils ressortaient "la femme fardée", lu à sa première parution.

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  2. @Aifelle : j'ai vu ça aussi, mais je crois que je vais bientôt saturer la blogosphère avec mes billets Françoise Sagan ;-) J'en ai encore un autre dans mes tiroirs... mais je vais faire une pause pour vous laisser souffler !

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  3. Je ne connais pas ce recueil... et je ne me suis pas encore plongée dans les Sagan que j'ai dans ma PAL... mais c'est bien car justement ça me rappelle que je dois les ressortir !

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  4. @Maggie : encore une petite piqure de rappel à venir et je fais une pause Sagan ;-) Il me faut du temps car je pars bientôt sur les traces de Proust à Combray...

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  5. merci pour ta participation ! j'ai bien repris ton lien sur la page du challenge ! je ne suis pas très nouvelles, mais pourquoi pas celles de Sagan !

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  6. @LivresdeGeorge : il y a pourtant de belles petites pépites en nouvelles. Toi qui a un faible pour George Sand, je ne sais pas si elle en a écrit ?

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