Voilà un roman à la fois cinglant et pessimiste comme on en fait peu. En quatre chapitres et à peine cent quarante pages, Caroline Blackwood nous conte les tragiques aventures d'une riche famille d'Irlande du Nord. Le récit, à la première personne, s'ouvre alors que la narratrice, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, est envoyée chez son arrière grand-mère afin de pouvoir profiter de l'air de la mer. Âgée de quatorze ans, l'adolescente déchante vite lorsqu'elle découvre "l'arrière grand-mère Webster" vivant recluse dans une demeure humide et grise. Car l'ancêtre "détestait la couleur. Elle ne possédait pratiquement rien qui ne fût noir ou brun foncé". Coincée entre son aïeule et sa domestique, Richards, aussi revêche que sa maîtresse, la jeune fille se met à faire des cauchemars dans lesquels sa grand-mère Dunmartin apparaît. Alors qu'elle quitte enfin son affreuse arrière-grand-mère, elle est confrontée au suicide de sa tante Lavinia, hystérique et croqueuse d'hommes patentée. La vieille douairière, bloc tenace et énigmatique, semble avoir engendré un condensé de folie potentielle... la suite du récit déroule donc de manière implacable les méandres de l'aliénation familiale. En parallèle, l'auteur compose avec brio un portrait de vieille femme difficile à oublier...
Toutefois, je n'ai pas été totalement conquise. Est-ce la pluie et la grisaille en plein mois de juillet qui ont rendu cette lecture pesante ? Ou tout simplement la diabolique ambiance qui m'a parfois donné envie de refermer un livre pourtant bien écrit et d'une redoutable noirceur...
Frans Hals, La Malle Babbe, 1634 |
"Comme ses meubles sombres, elle semblait faite pour durer. Elle ne laissait aucunement paraître qu'elle avait jamais pensé qu'il y eût quelques raison de mettre en question ce qu'elle était - ou ce qu'elle représentait. En dépit des humiliations du grand âge, l'idée qu'elle se faisait de sa valeur s'étayait du fait qu'elle était devenue inséparable de la stabilité consacrée de son invariable train-train de vie quotidien. (...) N'ayant jamais souhaité recevoir ni donner beaucoup de plaisir, elle obligeait autrui à admettre qu'il y avait quelque chose d'admirablement robuste dans sa manière d'être totalement dépourvue de tout désir de plaire servile et exagérément moderne."
L'avis de Cécile et l'article de La cause littéraire
Donc, à lire en plein soleil pour ne pas trop charger la mule !
RépondreSupprimerouhlala... non merci, je ne manque pas de raisons de cauchemarder sans y ajouter une lecture aussi plombante...
RépondreSupprimertu es bien courageuse de continuer (tu sais ce qu'a écrit Pennac sur les droits imprescriptibles du lecteur ;-))
Je note pour plus tard.
RépondreSupprimerC'est vrai que le temps peut influencer une lecture si on est déjà pas trop emballé. Je viens m'inscrire au challenge Colette. Je suis partie quelques jours en Allemagne, un voyage dans le cadre d'un jumelage de ma ville et une ville d'Allemagne, le thème était l'histoire c'est pour ça que j'y suis allée (Dachau, Nuremberg + conférences...) J'ai repris le boulot aussitôt et bien j'ai eu du mal à me remettre dans mon petit quotidien, elle est dure cette page d'histoire. Je vais me plonger dans Colette avec plaisir.
RépondreSupprimerComme Clara, je note pour plus tard... car je ne connais pas cet auteur... et je ne manque pas de lecture en ce moment !!!!
RépondreSupprimerCette lecture me semble un peu trop "lourde" pour moi... J'avoue préférer la légèreté ces temps-ci!
RépondreSupprimer@Aifelle : oui, j'ai bien peur qu'il vous faille donc attendre au moins une semaine :-(
RépondreSupprimer@Adrienne : je ne regrette pas d'avoir terminé ! La chute en vaut la peine (mais vous n'en saurez pas plus bien sûr...).
@Clara : après éclaircie ? ;-)
@Nina : après ce type de voyage, un peu de légèreté ne nuit pas... En effet, Colette peut s'avérer un bon choix ;-) Je lis la Maison de Claudine avec enchantement...
@Maggie : c'est une découverte pour moi aussi, faite grâce à un article du Magazine littéraire.
@Elisabeth : avec cette météo, je comprends !!!
Bonne soirée à toutes
Je ne crois pas que c'est le mauvais temps qui t'a plombé parce que je l'ai lu en plein soleil et cela m'a donné une impression de désolation. Je pense que c'est le chapitre 3. Merci pour le lien !
RépondreSupprimer@Cécile : oui, désolation, le terme convient bien... la grisaille ambiante a sans doute renforcé l'ambiance déjà bien morose... Merci pour ta visite ;-)
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