L’artiste et autres nouvelles d’Andrée Chedid

Je n’ai pu résister à l’appel du challenge organisé par Sabbio sur le thème de la nouvelle. Ne fut pas étranger à cette décision ce beau logo :

Certains fâcheux pourront rétorquer que ce n’est pas une raison… Et bien pour Margotte si ! Que voulez-vous, la lectrice est faible, voire frivole !… En plus, pour inaugurer ce premier challenge (et oui, c’est un début), j’ai choisi un premier opus totalement au hasard car j’avais envie de découvrir un nouvel auteur. Ce fut ce livre :

Quelle belle surprise ! Je ne connaissais Andrée Chedid que de nom (surtout par rapport à ses fils et petit-fils musiciens…), mais la découverte de ce premier recueil de nouvelles m’a vraiment donné envie de découvrir le reste de son œuvre. Ce Librio regroupe dix nouvelles tirées de trois recueils parus entre 1978 et 1992. Il s’ouvre sur une nouvelle très émouvante intitulée L’artiste.

Les textes sont très courts mais d’une rare intensité dramatique, voire tragique. Le temps semble toujours être au centre de ce qui échappe, des ratés de l’existence aussi bien que des instants de bonheur intense. Ces nouvelles se caractérisent par une attention extrême portée à l’empathie et à la capacité d’émerveiller le quotidien. Le premier récit est une perle et le dernier, Les métamorphoses de Batine, d'une réjouissante gaîté !  J'ai donc été surprise, souvent émue, et en refermant le recueil, je n’ai eu qu’une envie, aller en acheter un autre… Voilà une écrivaine (décédée cette année, en février), que je vais m'empresser de découvrir.

Andrée Chédid (1920-1911)

Extrait

"Dans un coin, sous un édredon jadis satiné, qui laissait échapper par endroits des boules de coton, s'entassaient une centaine de tableaux.

Leur nombre ne cessait de diminuer. Depuis une dizaine d'années, Batine offrait ses toiles à qui en voulait ; ou bien se débarrassait de celles qui le décevaient :

- Elles m'emprisonnent ! s'exclamait-il. Elles me prennent toute la place !

Avec l'aide de son ami repasseur, un homme tout en jovialité et en muscles, il descendait régulièrement quelques tableaux pour  les jeter, non loin de son domicile, sur le monticule d'immondices auquel un préposé mettait le feu une fois par semaine. Chaque fois cet autodafé lui procurait un sentiment de renaissance et de liberté."

Les métamorphoses de Batine