Je referme ce recueil de nouvelles éblouie, ivre de soleil, d’arbres et de collines rousses. Je crois n’avoir jamais lu un ouvrage qui chante à ce point la nature, un ouvrage qui sache à ce point décrire les hommes de la « pleine terre » comme on parle de la pleine mer. Le recueil compte vingt nouvelles de longueurs diverses, certaines de seulement deux ou trois pages, d’autres beaucoup plus longues. Il s’ouvre sur le récit qui donne son nom à l’ouvrage, Solitude la pitié, bel hommage aux hommes de peu comme l'on disait autrefois. Le Prélude de Pan qui suit se révèle fascinant. Sorte de conte aux lisières du fantastique, il retrace l’histoire d’un homme qui parle le langage des bêtes. « Cette voix, dès entendue, on ne pouvait plus bouger ni bras ni jambes. On se disait : « Mais, j’ai déjà entendu ça ? » et on avait la tête pleine d’arbres et d’oiseaux, et de pluie, et de vent, et du tressautement de la terre. » Cet homme étrange, de passage dans un village, en voulant sauver une colombe des mains d’une brute épaisse, va porter les habitants d’un village aux frontières de la folie....
Van Gogh - Oliviers |
La grande barrière, quinzième texte, est l’un des plus beau et l’émotion liée à cette lecture me tient encore. Enfin, le livre se clôt sur un texte intitulé Le chant du monde. L'auteur commencera à rédiger le roman éponyme l’année suivante, en 1934. Je ne connaissais pas Giono avant cette lecture (en dehors des adaptations filmiques de ses œuvres) et je n’ai qu’une envie, lire Le chant du monde.
Jean Giono |
Rarement un auteur m’aura à ce point touchée en parlant de la terre, moi qui reste un pur produit urbain… Il sait nous faire percevoir combien nous nous sommes éloignés d’un chant que nous ne découvrons plus qu’atténué, faussé par la notion de paysage, que l’on désire à l’image de nos fantasmes touristiques. Mais si je me suis sentie si proche de ce texte, c’est sans doute parce je connais la pleine mer dont les caprices sont aussi dangereux que ceux de la pleine terre… et que Giono sait peindre ces fureurs du monde naturel qui nous font prendre conscience de notre insignifiance et/ou de notre négligence face à une nature qui aura sans doute le dernier mot… Un magnifique recueil et la découverte émerveillée d'un très grand écrivain.
C'est le deuxième ouvrage lu dans le cadre du challenge organisé par Sabbio.
ça donne des envies de (re)lire Giono et de participer au challenge ;-)
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas lu celui-là, tu me donnes envie de relire Giono.
RépondreSupprimerCela fait longtemps que je n'ai pas lu Giono tu me tentes beaucoup avec ce livre
RépondreSupprimer@Adrienne : vient donc participer au challenge alors ;-)
RépondreSupprimer@Aifelle : si tu en as lu d'autres, quel est ton préféré ???
@Alinea : l'avantage en plus, avec les nouvelles, c'est que l'on peut déguster selon le temps et les envies... Parfois, je les lis dans le désordre ;-)
Bonne semaine à vous trois
Tu me donnes envie de me replonger dans le pays de Giono :) Et de revenir vers les nouvelles, un format que je néglige trop...
RépondreSupprimermais quoi qu'est ce que c'est ?? des nouvelles que je n'ai jamais lu, dis mois que la publication est récente !
RépondreSupprimerGiono c'est une longue histoire d'amour, même si les positions ultra pacifistes de l'homme ne me séduisent pas, son écriture c'est magique
je pars de ce pas commander ce livre
@Océane : ce challenge est une bonne occasion pour se (re)mettre à la lecture de nouvelles ;-)
RépondreSupprimerC'est en partie pour cela que je me suis inscrite. Et je ne regrette pas :-)
@Dominique : j'ai acheté une vieille édition d'occasion mais on trouve facilement ce livre en poche. Les dernières éditions sont chez Folio je crois. C'est vrai que ses positions pacifistes peuvent interroger... voire choquer, mais quand on sait qu'il a été au fond des tranchées, on comprend mieux... Il y a une nouvelle sur son expérience d'homme de guerre dans le recueil. Voilà qui va encore plus te tenter ;-)
Je connais mal l'oeuvre de Giono et je connais pas ces nouvelles mais j'avais bien aimé un roi sans divertissement : est-ce que tu as lu un hussard sur le toit ? J'ai l'adaptation mais je pense que je vais le lire avant...
RépondreSupprimer@Maggie : c'est une oeuvre que je viens juste d'aborder au travers de ce recueil. Je n'ai pas lu Le hussard sur le toit. En revanche, j'ai vu le film il y a longtemps et j'en garde un excellent souvenir (il pourrait entrer dans votre challenge...). Je préfère moi aussi lire l'ouvrage avant de voir le film en général ;-)
RépondreSupprimerGiono a su créer un univers rural, poétique un brin idéaliste mais que c'est bon de le retrouver là sur ton blog, après tant d'années...
RépondreSupprimerUne écriture que je n'ai pas oubliée...
Bonne semaine
@Enitram : j'aime ce côté idéaliste, et poétique... je vais donc continuer à fréquenter sieur Giono ;-) Bonne semaine à toi aussi
RépondreSupprimerJe n'ai pas tout lu loin de là, mais je me souviens particulièrement de "que ma joie demeure" "colline" "angelo" et "Ennemonde et autres caractères".
RépondreSupprimerj'aime beaucoup Giono, Le chant du monde m'avait totalement subjuguée par sa beauté et sa poésie. Tant et si bien que je n'ai jamais osé le relire... Colline et Regain sont aussi très beaux.
RépondreSupprimer@Aifelle et Choupynette : merci pour vos commentaires qui vont orienter mes prochaines lectures ! A vous lire, je crois que je vais continuer avec Colline. Ce que tu dis du Chant du monde, Choupynette, ne m'étonne pas car le texte qui prélude le roman dans le recueil est de toute beauté.
RépondreSupprimerBonne soirée à vous deux
Si un jour "L'homme qui plantait des arbres" croise ton chemin ne le rate surtout pas, c'est un petit bijou de concision qui fait du bien dans notre monde actuel.
RépondreSupprimerEt quel beau portrait de Giono !
Giono a été une de mes grandes passions d'adolescente ... Cette communion avec la nature m'enchantait, ainsi que le lyrisme de cette langue. Colline, Regain, Que ma joie demeure ... Je ne connaissais pas ce recueil de nouvelles, alors je vais grâce à toi le lire ... et rajeunir !
RépondreSupprimer@Moustafette : j'ai lu des critiques sur ce titre qui donnent envie de se lancer ! Si en plus, il n'est pas trop long...
RépondreSupprimer@Florence : en voilà une bonne cure de rajeunissement ;-) Et dire que je suis passée à côté de cet auteur lorsque j'étais ado...
Bonne soirée à vous deux
C'est vrai que c'est un grand auteur moi j'ai lu qu'un livre de lui "l'homme qui plantait des arbres", je vais acheter ce recueil de nouvelles pour ma bibliothèque car vraiment tu me donnes envie de le lire et il va en plus plaire à mes lecteurs. Il y a aussi tous les films tirés de ses œuvres comme "le Hussard sur le toit" c'est bien de parler de cet auteur, les blogs permettent de parler d'auteurs qui sont un peu oubliés....
RépondreSupprimer@Nina : j'ai adoré le film dont tu parles ! Et j'attends avec impatience d'avoir du temps devant moi afin de découvrir plus avant cet auteur. C'est vrai que les blogs permettent ces redécouvertes. Cela change du flux continu de nouveautés qui parfois me lasse un peu...
RépondreSupprimerCe qui est magnifique c'est la manière dont tu en parles,surtout tes dernières phrases. J'ai pas mal lu Giono à l'époque du collège et du lycée, pour mon plaisir et en cours et en effet il parle de la Nature d'une manière incroyable.
RépondreSupprimerJe note ce recueil pour le découvrir! Je te conseille "Regain", entre autres, de lui. Quant au "Prélude de Pan", cela me fait un peu penser à "Noir toscan" (sur lequel je vais écrire mon billet sous peu) qui justement m'a fait pensé à Giono.
@Sabbio : merci pour le compliment :-) J'attends avec impatience ton billet sur Noir toscan. Je suis allée voir un peu sur le net, et je pense que cela devrait me plaire... enfin, j'attends de te lire avant de l'acheter.
RépondreSupprimerJe ne sais pourquoi, mais j'ai du mal à lire Giono. tant pis !
RépondreSupprimer@Yv : nous en sommes tous là avec certains auteurs... Moi c'est Céline qui ne passe pas !
RépondreSupprimer