Lol V. Stein est née à S. Tahla. Un narrateur interne, un "je" inconnu, nous parle de l'enface de Lol, de ce qu'il en sait, comme cette rencontre avec Michel Richardson alors qu'elle avait 19 ans, et ce mariage annoncé avec lui. L'histoire commence vraiment une nuit, au casino de T. Beach, dans une salle de bal. Deux femmes, la mère et la fille, et l'une d'entre elles, la mère, s'appelle Anne-Marie Stretter. Elle va ravir l'amour de Lol, Michel Richardson qui, après avoir dansé avec elle, ne la quittera plus. Cet amour volé va vieillir le trio des amants qui ne peuvent s'en vouloir d'être possédés par un désir qui les dépasse. Il ne peut qu'engendrer le silence et l'acceptation. Lorsque son fiancé et Anne-Marie Stretter disparaissent ensemble, Lol s'effondre. Elle restera plusieurs semaines dans sa maison d'enfance, prostrée. Alors qu'elle sort de chez elle pour la première fois depuis la scène du bal, elle rencontre dans la rue Jean Bedford, un musicien, qui lui apprend le départ en Inde de Richardson.
Le Ravissement de L. V. Stein par le théâtre de la Tête Noire |
"Un jour d'octobre Lol V. Stein se trouva mariée à Jean Bedford." Dans les dix années qui suivent, elle habite U. Bridge et fait trois enfants avec son mari. L'aisance arrive, avec une promotion de Jean qui leur permet de revenir sur les lieux de son enfance... et de son abandon.
Je n'en révèle pas plus sur une intrigue qui finalement, ne sert que de pré-texte à une écriture du songe, fluide, qui produit un effet de "bruit de vagues". Tout s'éloigne, puis revient, à l'image de ses "pensées naissantes et renaissantes, quotidiennes". Voilà un univers romanesque où tout s'écroule et où tout coule. Roman du "mot-trou" hanté par le "mot-absence", il donne la part belle à cet impronnoncé face au départ du couple nouveau à son aurore.
C'est à Vinh Long que Marguerite Duras entendra parler pour la première fois de la femme d'un administrateur pour laquelle un jeune homme se serait suicidé. Cela va lui inspirer le personnage d'Anne-Marie Stretter. Elle terminera ce livre à Trouville, pendant l'été 1963, dans l'ancien appartement qu'elle venait d'acheter dans l'ancien hôtel des Roches noires. Après avoir refermé l'ouvrage, je n'avais plus qu'une envie, hanter Trouville sur les traces de l'écrivaine et de Lol, ombre errante qui n'en a pas fini de venir nous souffler que certains événements dépassent les mots au point de nous faire mourir de silence.
D. Seyrig dans le rôle d'Anne-Marie Stretter |
Je ne l'ai pas lu. J'en ai suivi la trame à travers le livre d'une psychanalyste sur les relations mère-fille (Marie-Magdeleine Messana : entre mère et fille, un ravage).
RépondreSupprimer@Aifelle : j'ai lu le livre de Messana, je l'avais trouvé très bien. Cela vaudrait la peine de le relire maintenant que j'ai lu aussi le Marguerite Duras ! Bonne journée à toi.
SupprimerJ'aime bien Duras, mais ce prénom, maintenant, ça ne passerait pas très bien. ^_^
RépondreSupprimer@Keisha : pas sûr, les anciens prénoms redeviennent vite à la mode ! Dans mes classes, j'ai une "Rose" alors...
SupprimerMais LOL, quand même! Tu connaissais ce prénom?
Supprimer@Keisha : non non je ne connaissais pas... mais j'ai cru que tu parlais de "Marguerite"... Peu attentive la Margotte en ce moment ! Une petite recherche sur ce prénom plus tard et j'apprends que ce prénom existe bel et bien (je le pensais inventé par MD)... on le trouve même dans le réseau "copains d'avant" plus de 30 fois. Etonnant non ?
SupprimerBonnes fêtes !
Tu me replonges dans mes années fac...Duras était au programme, j'avais adoré le "Ravissement" (sous tous ses sens). Tu en parles bien, ça me remet dans l'ambiance du livre. Bonne journée!
RépondreSupprimer@Sous les galents : merci ;-) Je n'ai jamais étudié ce roman ni Duras, hélas !
SupprimerJe n'avais rien compris à ce roman, mais bon, j'étais ado quand je l'ai lu.
RépondreSupprimer@Alex : difficile sans doute pour une ado... c'est sûr !
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