Je n'avais pas lu François Mauriac depuis bien longtemps. La lecture commune proposée par Adalana fut donc l'occasion de me replonger dans une oeuvre dont je gardais un souvenir lointain mais positif.... Et cette lecture de Thérèse Desqueyroux fut vraiment intense ! Quel roman à la fois effrayant et fascinant, comme son personnage principal.
L'histoire de déroule dans les Landes, région chère à l'auteur. Thérèse, à peine sortie du couvent (on pense à la pauvre Jeanne de Maupassant...), est mariée à Bernard, un gars du coin, fort attaché à ses pins et à ses parties de chasse. Elle l'épouse en pensant à son amie Anne, soeur de Bernard, qui vient de connaître une déception amoureuse. Très vite, il s'avère que Thérèse ne supporte pas la proximité de son mari. Elle reste froide comme le marbre sous ses caresses et ne souhaite qu'une chose, qu'il s'éloigne d'elle. Elle aura pourtant un enfant de lui, dont elle reste également à distance, comme si elle n'était pas concernée. Chacun sait que l'histoire se brode autour de la tentative d'assassinat de Thérèse contre son mari, je ne dévoile donc rien en le disant... mais ce qui fait le vrai suspense du roman se tisse autour des motivations de Thérèse.
Thérèse, jouée par Audrey Tautou dans le film d'Henry Miller |
Le roman s'ouvre alors qu'elle vient d'être acquittée suite à un non lieu. Alors qu'elle rentre chez elle, on apprend que son mari a préféré éviter le scandale plutôt qu'être éclaboussé dans un procès. Alors qu'elle chemine en direction de son domicile, Thérèse imagine ce qu'elle pourra bien dire à son mari...
J'ai vraiment pris plaisir à découvrir ce roman, au point que j'hésite à aller voir le film, l'héroïne n'ayant pas, dans mon esprit, le visage d'Audrey Tautou... L'édition de la Pléiade que j'avais en main m'a en plus permis de découvrir les dessous du roman puisque à l'origine, Mauriac envisageait d'écrire ce livre sous la forme d'un journal qui devait présenter la confession d'une chrétienne écrite à un prêtre. Le texte d'une dizaine de pages, intitulé Conscience, instinct divin, qui précède le roman dans cette édition, l'éclaire vivement et lui confère encore plus de densité, même s'il en est déjà fort bien pourvu.
Ce personnage glaçant de Thérèse est finalement bien plus effrayant que bien des psychopathes qui hantent l'univers du polar, et j'ai refermé ce livre en ayant déjà envie de revenir aux motivations cachées de cette étrange héroïne. Un grand roman je vous dis !