dimanche 20 novembre 2016

Lecture commune : "Un été avec Victor Hugo" de Laura El Makki et Guillaume Gallienne

     C'est dans le cadre d'une lecture commune avec Claudialucia, ainsi que du Challenge Victor Hugo, que je me suis lancée dans cette lecture qui prenait tout naturellement la suite de la biographie sur Juliette Drouet.
La première chose à dire, c'est que la lecture de cet opus est à la fois facile et agréable. Après une courte introduction qui évoque l'apparition du visage de Cosette en janvier 2016 à Knightsbridge, à Londres, pour dénoncer l'évacuation d'un millier de réfugiés à Calais, l'ouvrage se découpe en courts chapitres thématiques. On se promène donc dans l'univers hugolien "à sauts et à gambades", de la célèbre bataille d'Hernani à la laideur, en passant par Libido, l'humour ou Olympio.
Cosette par Emile Bayard
 La balade s'avère agréable car au détour des chapitres, on glane des informations ou anecdotes que l'on ne connaissait pas encore. Ainsi, en parlant de libido, je connaissais l'existence des fameux carnets que j'ai évoqués je crois dans mon billet sur Juliette Drouet, mais je n'avais pas les détails qui sont ici proposés. Le livre peut donc être apprécié de manière très différente. Pour un lecteur ayant n'ayant jamais lu de biographie sur Hugo, c'est une bonne introduction. Pour quelqu'un qui connaît déjà la trame de l'existence du poète, c'est un bon moyen de raviver sa mémoire et de découvrir quelques détails encore inconnus. Quelques rappels sont d'ailleurs les bienvenus comme celui qui concerne l'engagement de Victor Hugo contre l'esclavage et pour les populations noires (voir Bug Jargal, déjà chroniqué ICI dans le cadre du même challenge Hugo).
Illustration de Bug Jargal
Cette promenade aux paysages variés a également le mérite de donner envie de reprendre (ou de découvrir) certains livres. Dans le chapitre intitulé Olympio, par exemple, les citations du très beau texte "La Tristesse d'Olympio", longue plainte en vers écrite en 1837, donne envie de se plonger dans Les Rayons et les ombres.

Il voulut tout revoir, l'étang près de la source, 
La masure où l'aumône avait vidé leur bourse.
            Le vieux frêne plié, 
Les retraites d'amour au fond des bois perdues,
L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues 
            Avaient tout oublié.   
Il chercha le jardin, la maison isolée,
La grille d'où l'oeil plonge en une oblique allée.
            Les vergers en talus.
Pâle, il marchait. - Au bruit de son pas grave et sombre
Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l'ombre 
            Des jours qui ne sont plus.     

Un collection qui invite à la découverte, et qui donne de quoi passer un bel été ! 
Les billets des participantes : Claudialucia


 

mardi 8 novembre 2016

L'Eveil de Line Papin

     Jeune romancière de 20 ans, Line Papin livre ici un premier roman plus que prometteur. Écrit en trois ans au gré de l'inspiration et à l'aide d'émotions qui la "submergeaient", il déroule l'éveil sensuel d'une jeune femme autour de laquelle gravitent trois autres personnages dans la torride ville d'Hanoï.
   C'est aux cinquante ans de M. Klin, directeur de l'Institut français, que Juliet rencontre un homme dont elle tombe immédiatement amoureuse, au point de le suivre et de s'abandonner à lui. Mais cet homme a d'autres amours. Il y a celui pour Raphaël. Et aussi celui pour Laura, fille fantasque, délurée et la plupart du temps éméchée. Ces quatre jeunes gens dont les voix s'entrecroisent dans le roman vont vivre au Vietnam une histoire sentimentale peu commune, du genre de celles que l'on ne vit qu'une fois (ou jamais) dans sa vie, une de ces histoires qui rendent fou ou qui tuent. 
   Le charme de ce roman opère tout d'abord grâce à cette passion qui habite les personnages qui se heurtent, se touchent, crient et s'aiment tout en nous faisant partager des émotions qui les dépassent.  Ensuite, il y a la présence envoutante du Vietnam que la romancière rend perceptible, usant d'accumulations qui nous plongent dans le foisonnement de la vie là-bas.
Là, les femmes crient, négocient ; certaines courent bol de riz à la main derrière leurs enfants qui refusent de manger. Par terre, on marche sur des coques de litchis, des noyaux, des bouts de papier, des pelures, des étiquettes, toutes sortes d'ordures qui s'éparpillent le long des couloirs jusqu'aux portes de sortie.
   Enfin, il y a un style à la fois foisonnant et comme bousculé par l'urgence, un peu à l'image de cette scène entre Juliet et son amant :
C'est-à-dire, je l'ai prise comme pour m'en déprendre, comme on pousse quelqu'un qui nous barre la vue, et j'ai bandé non de désir mais de colère. Oui, j'ai comme plongé dans son corps pour ne plus la voir, pour oublier, et en finir plus vite. C'était étrange. 
   J'ai pris grand plaisir à découvrir cette nouvelle romancière et j'espère qu'elle continuera sur sa lancée. Je remercie vivement les éditions Stock pour ce partenariat !
Avis mitigé mais globalement positif d'Eimelle.
Avis positif de Liligalipette.

http://delivrer-des-livres.fr/challenge-1-rentree-litteraire-2016/