dimanche 26 juillet 2015

Projet 52 (30) - Fraîcheur

C'était il y a quelques jours seulement
Plus de 30° degré dehors
Une plage déserte et du vent
L'eau était froide mais la baignade délicieuse...
Parfait pour illustrer le thème de la fraîcheur
Du projet 52 de 'Ma.
Bel été à vous !

vendredi 24 juillet 2015

Pandemia de Franck Thilliez



   
   Ce qu’il y a de bien avec Franck Thilliez, c’est que l’on est rarement déçu… Ainsi, emporter son dernier roman pour une lecture estivale correspond à une sorte d’assurance (il paraît qu’aujourd’hui il existe des assurances vacances au cas où il pleuve en Bretagne par exemple !). Vous êtes donc ici totalement tranquille : une fois l’ouvrage commencé, vous tournerez les pages sans vous arrêter.
   Avant de vous parler enfin de l’intrigue car une fois de plus, je tergiverse, je dois vous préciser qu’il s’agit de la suite du précédent roman, Angor. Je ne le savais pas en achetant ce volume mais cela n’a pas du tout gêné ma lecture (ma seule angoisse, car j’ai maintenant une folle envie de lire le début de cette histoire, c’était que l’on me dévoile tout dans Pandemia et que cela me gâche une lecture à venir…). Reconnaissez qu’en lisant ce billet, vous avez de la veine car vous avez maintenant le choix : vous pouvez commencer par Angor qui, je crois, est sorti en poche, puis vous ruer sur celui-ci, ou, si vous aimez les thrillers qui surfent sur les histoires de pandémies, acheter directement le dernier…

   Pandémie, le mot est lâché. Oui, bon, avec un titre pareil, c’est pas un scoop me direz-vous. Certes certes mais il faut insister et même insérer un avertissement : si vous avez peur des microbes et êtes effrayé par le moindre risque de contagion, si vous portez un masque durant l’hiver pour éviter les postillons du voisin qui n’a pas appris à mettre la main devant sa bouche, cette lecture est vivement déconseillée !
On retrouve ici l’équipe qui a fait le succès de Franck Thilliez, à savoir Franck Sharko et Lucie Hennebelle ainsi que le couple Nicolas et Camille. Et ils vont avoir du pain sur la planche car une étrange épidémie va fondre sur la France, épidémie qui va bientôt être mise en lien avec une trouvaille suspecte : des oiseaux retrouvés morts et disposés sur trois cercles. Or, ce dessin est le symbole utilisé par « l’homme en noir », personnage traqué dans le roman précédent. Il va vite s’avérer qu’il est secondé dans ses méfaits par un autre psychopathe, un homme déguisé en « médecin-bec ». Ce dernier porte une tenue digne des soignants du XIVe siècle, époque où sévissait la peste.
   Je préfère ne pas vous en dire trop concernant l’intrigue et vous laisser en compagnie de ces quelques personnages qui assurent une lecture très addictive. Seul bémol, quelques maladresses syntaxiques étonnantes dans un roman qui pourtant, a dû être relu et corrigé… De la part d’un éditeur connu et qui ne manque sans doute pas de moyens, c’est un peu léger…


Prologue
Le premier son qu’entendit Gabriel fut le cliquetis de la chaîne menottée à sa cheville gauche.
La douleur sous son crâne était abominable. Recroquevillé sur le flanc, il fit glisser ses doigts sur la surface métallique qui lui entaillait la joue droite. Il devait s’agir d’une grille de ventilation en acier, l’un de ces trucs qui soulèvent les robes des filles lorsqu’elles marchent dessus. Gabriel aimait bien ces grilles-là, d’ordinaire.
Il devina que de l’eau circulait dessous. Où d’avait-on emmené ? Et pourquoi ? Il cuvait encore son mauvais vin, mais il se souvenait avec exactitude de cette silhouette noire, jaillie de nulle part, sous le pont. Gabriel avait pensé à un oiseau géant, avec son bec, ses griffes démesurées qui brillaient sous la lune, avant qu’il sente une douleur dans sa nuque et ferme les yeux pour se réveiller ici, dans un lieu plus noir qu’une nuit sans étoile.
 

lundi 20 juillet 2015

Les livres prennent soin de nous de Régine Detembel (d'après les travaux de M. Petit)


    
Avertissement : j'ai rédigé le billet ci-dessous avant de savoir que ce livre a été rédigé en "s'inspirant" plus que largement du travail d'une universitaire, Michèle Petit (merci pour ton commentaire Eva !). Les détails de l'affaire sont ICI. Du coup, je regrette l'achat du livre et je suis sérieusement moins motivée pour la lecture d'un autre ouvrage de cet "écrivain"... Une douche froide en période de canicule, ça rafraîchit les idées !

Sous-titré Pour une bibliothérapie créative, le livre de Régine Detambel prône une méthode de soin basée sur la lecture. En plus d’être écrivain (elle a 35 livres à son actif), elle exerce comme kinésithérapeute et propose, dans la banlieue de Montpellier, une formation en « bibliothérapie créative ». Son exercice professionnel l’a confrontée à la maladie, à la détresse, et elle a compris depuis longtemps que les livres de développement personnel qui proposent des méthodes toutes faites ne suffisent pas à apporter un véritable soulagement aux personnes en souffrance. 
   En seize chapitres, elle présente la bibliothérapie, tout en proposant une promenade par les chemins de traverse de l’histoire littéraire. Véritable plaidoyer pour la littérature, l’ouvrage s’appuie sur dame Métaphore, patronnesse de l’art d’écrire et grande guérisseuse des maux de l’âme. Vous pensez bien que je n’ai pas boudé mon plaisir…

   Les premières expériences de bibliothérapie ont été menées autour de 1916 auprès des soldats qui revenaient traumatisés par leur expérience de la guerre et des horreurs qui l’accompagnent. Toutefois, la définition de cet art du soin date de 1961 : « La bibliothérapie est l’utilisation d’un ensemble de lectures sélectionnées en tant qu’outils thérapeutiques en médecine et en psychiatrie. Et un moyen de résoudre des problèmes personnels par l’intermédiaire d’une lecture dirigée. »

En 1994, Marc-Alain Ouaknin, spécialiste de la Bible et du Talmud, publie à Paris un essai qui a fait date : Bibliothérapie. Lire, c’est guérir. Il introduit cette spécialité dans l’hexagone et rappelle combien la lecture peut permettre de sortir d’un enfermement toxique et/ou de se réinventer.
   Tout l’intérêt de ce petit livre revigorant réside dans le dépassement du prêt-à-porter de la psychologie grand public. Il rappelle combien le mieux-être ne peut se trouver dans des ouvrages inspirés des thérapies comportementalistes qui sévissent dans le monde anglo-saxon. Qui a déjà été émerveillé et réveillé par une pensée convenue et bourrée de stéréotypes ? Régine Detambel remonte alors à la source du bien-être lié à la lecture : la voix, le rythme. La poésie retrouve ici une place de choix et il suffit d’avoir eu en face de soi 29 enfants qui, en silence, les yeux écarquillés, écoutent une fable de La Fontaine, pour être convaincu qu’elle ne se trompe pas. Les « grands » romans de la littérature mondiale sont ici convoqués, avec des écrits plus confidentiels mais aux pouvoirs tout aussi puissants. Elle évoque par exemple Marie Didier, écrivain et gynécologue qui conseille à ses patientes anxieuses de se plonger dans Une vie bouleversée, le journal intime d’Etty Hillesum rédigé dans le camp de Westerbork avant son départ à Auschwitz (quant à moi, je ne peux que vous inviter à lire la très belle biographie que lui a consacré Sylvie Germain…).
   De très nombreuses références de romans émaillent cet essai et la bibliographie proposée à la fin est pleine de promesses… Une lecture enrichissante donc, qui m’a vraiment donné envie de découvrir plus avant cette méthode de soin qui, associée à un traitement (je pense aux soins palliatifs en fin de vie par exemple), ne peut faire de mal, bien au contraire…

Extrait

« Et quand on y pense, « facile » est un mot d’ordre effrayant, voire proprement scandaleux, car en littérature ou en poésie, c’est-à-dire en art, il n’y a précisément rien à comprendre. Je me souviens d’un collégien de quatorze ans qui s’émerveilla sept mois durant des Somnambules de Hermann Broch, précisément parce qu’il n’y comprenait rien, et en fut sauvé d’un imbroglio familial. Parfois, le fait de donner une signification à ce qu’on lit est accessoire. C’est l’infusion qu’on recherche, la fusion avec le signe sur la page, l’imbibition par le texte, non son interprétation. Parfois, la question du sens est secondaire. Tout le plaisir est là. Et le vertige. Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui sait car tu ne pourras pas t’égarer, déclarait Rabbi Nahman de Bratzlav voilà plus de deux siècles. »
 

mardi 7 juillet 2015

Ma bibliothèque. Lire, écrire, transmettre de Cécile Ladjali

     Quoi de mieux pour commencer les vacances que la lecture d'un livre sur une bibliothèque d'écrivain ? Cet ouvrage ne présente qu'un seul défaut : celui de vous inciter fortement à vous ruer chez votre libraire avant de vous enfermer chez vous avec votre nouvelle pile de livres... Mais commençons par le début ! Cécile Ladjali enseigne la littérature à la Sorbonne Nouvelle. Romancière, elle a également animé une émission sur France Culture, une chronique hebdomadaire de deux minutes sur laquelle je reviendrai. 

   Le premier et plus grand chapitre présente la bibliothèque de l'écrivain. Qualifiée de "bazar oriental" elle se trouve dans l'entrée de son appartement et ses rayonnages entourent la porte, formant une arche et menaçant tout visiteur au claquement de porte féroce de se retrouver coiffé d'un volume... Elle cite, liste, et l'on se promène avec joie entre Virginia Woolf, les Russes (elle a un faible pour Dostoïevski), Emily Dickson et les autres. On se plaît alors à comparer et à voir si l'on a des amis communs. Dans ce chapitre, mention spéciale à l'anecdote concernant son passage écourté à France Culture : elle en fut renvoyée car un matin, elle présenta dans sa chronique la poétesse Valérie Rouzeau et sa revue poétique Dans la lune. Elle fut donc jugée trop littéraire, ce qui n'est pas sans évoquer la disparition du regretté Bateau livre animé par Frédéric Ferney...

   Les limbes de la bibliothque abritent la critique ainsi que Baudelaire.
"La critique est reléguée au sommet de la bibliothèque sur le plus long des rayonnages. Sous lui, un vide, prévu pour la porte d'entrée. (...) Quand on claque la porte on peut être assommé par un Fumaroli ou un Bénichou. C'est selon l'humeur du claquement. Peuvent donc nous tomber sur le coin de la figure : Erich Auerbach, Mimesis, Figura. Alexis Philonenko, Leçons plotiniennes".... Dans ce deuxième chapitre, j'ai particulièrement aimé le passage sur les livres qu'elle ne comprend pas. Rares sont les enseignants (et encore plus les universitaires), capables de dire qu'ils ne comprennent pas un livre ! Et pourtant, on a tous dans nos bibliothèques de ces ouvrages obscurs vers lesquels on revient, tentant de les déchiffrer sans véritablement y arriver. On y pioche des parts de mystère et on les aime malgré (ou pour) leur caractère secret.
   Dans l'enfer de sa bibliothèque qui occupe le troisième chapitre, on trouve les livres non lus mais aussi les décadents à côté Dostoïevski, Ingeborg Bachmann et Paul Celan. Ici, j'ai particulièrement aimé le passage sur la BNF avec la réaction des chercheurs lors du déménagement de son "enfer" de la rue Richelieu au quai Mauriac.

http://fluctuat.premiere.fr/Societe/News/L-Enfer-de-la-BNF-le-dossier-Flu-3209418



   Le quatrième chapitre s'intitule "Enseigner : je déballe ma bibliothèque". On y trouve pêle-mêle les souvenirs d'enfance avec grenier et livres interdits, l'importance de la lecture des classiques et la présence tutélaire de George Steiner qui fut le maître de Cécile Ladjali. Étant enseignante moi-même, j'ai bien sûr lu cette partie avec le plus grand intérêt et j'ai souvent été d'accord avec les prises de position de la romancière. Elle évoque la nécessaire exigence qui doit être la nôtre face à des élèves qui se trouvent en permanence face au prêt à penser. C'est une position difficile, mais elle fait toute la grandeur de ce métier tant décrié. Me reste à lire Éloge de la transmission : le maître et l'élève avec George Steiner, paru en 2003.
   L'ouvrage se clôt sur un bel hommage aux libraires passionné(e)s. On y trouve aussi un vibrant message à Linda Lê qui donne vivement envie de découvrir ses récits. C'est peut-être bien le grand mérite de cet ouvrage, nous donner envie de lire, mais de lire autrement, avec une acuité plus grande. L'écrivain s'interroge dans ce livre sur le rapport entre l'écriture et la lecture, on s'interroge avec elle et l'on se dit que notre bibliothèque n'a pas fini de nous réserver des surprises...