Je ne sais pas ce qu’il en est
pour vous, mais chez Margotte, le premier roman de l’année, c’est quelque chose
d’important car il donne en quelque sorte la « tendance » de l’année.
Pas question donc de commencer par un livre poussif. Alors, si vous aimez les
livres à la fois drôles et romanesques, Cent
portes battant aux quatre vents peut s’avérer un bon choix pour entamer
2014. Sorti en 2011, cet ouvrage est le dernier opus de Steinunn
Sigurdardóttir, romancière islandaise vivant entre son île du bout du monde et
l’Allemagne.
La lecture de l’incipit vous plonge directement dans l’ambiance :
Je déjeunais dans un restaurant indien de la place Toudouze lorsque je
découvris ce qui manquait. Un amant. Un amant pour de vrai, avec mots doux,
superposition des mains et tout le saint-frusquin. Comment n’y avoir pas pensé
plus tôt ?
C’est que le temps commençait à être juste, car ma petite Helga allait
se mettre en route pour me rejoindre. Il serait naturellement impossible de se
plonger dans de petits à-côtés après son arrivée, et je ne pouvais pas
escompter trouver quelqu’un, comme ça, illico presto. Je n’étais
malheureusement plus dans la situation de mes années d’étudiante, où des hommes
d’âges divers me suivaient à la queue leu leu par les rues de Paris. C’était
bien embêtant. En ces années-là, je ne voulais voir personne hors celui qui
m’était inaccessible.
Voilà, le ton est donné…
Brynhildur, femme au mitan de la quarantaine, séjourne à Paris, ville où elle a
fait ses études il y a fort longtemps. Mariée et mère de deux grandes filles,
elle va partir en quête d’un amant, sans que l’on sache trop pourquoi (les
filles, je vous laisse proposer quelques raisons possibles…). Cette quête dont
je vais bien me garder de vous révéler la fin, sera l’occasion d’un retour en
arrière. En effet, ce retour à Paris va renvoyer Brynhildur à ses années de
jeunesse, et à un ancien amour pour son professeur de grec.
Ce court roman brosse, en 124
pages, le bilan d’une vie. Malgré le ton de la confession, on ne s’ennuie pas
une seconde. Le ton, libre et coquin, dédramatise les situations les plus
tristes. J’ai aimé cet humour constant accompagné d’une forme de liberté
réjouissante. Oui, vraiment, un excellent roman pour commencer 2014 !