Attention ! coup de cœur intense pour ce roman policier historique qui se déroule au XVIIIe siècle. Je l'ai refermé difficilement, et suis déjà en train de songer à la lecture de la suite. Le deuxième volume, Messe noire, a d'ailleurs reçu le prix Historia du roman policier... Mais reprenons par le début.
Vous l'avez compris, ce volume est le premier d'une série qui présente les enquêtes du "commissaire aux morts étranges", le jeune Volnay (7 enquêtes publiées pour le moment). Ce dernier a obtenu cette charge après avoir sauvé Louis XV d'une mort certaine lors de l'attentat de Damiens. Ce premier opus s'ouvre sur la découverte du cadavre d'une jeune femme sans visage. Alors que Volnay patauge dans un Paris plein de mouches et de cabales, un deuxième cadavre présentant le même modus operandi est découvert ! Il faudra toute la rectitude du jeune homme pour mener à bien une enquête qui se déroule sur fond de conflit entre la Pompadour et le parti dévot.
Si l'enquête tient bien en haleine, on découvre aussi avec joie les compagnons du jeune enquêteur. Misanthrope, il travaille tout de même avec un moine étrange sur lequel nous allons apprendre bien des choses... Il possède également une pie bavarde à laquelle le moine impie apprend des grossièretés. Enfin, il sera aidé dans cette enquête par Casanova le libertin.
Olivier Barde-Cabuçon excelle à restituer l'ambiance fin de règne de l'époque Louis XV. On découvre des détails concernant la vie quotidienne à Paris, tout autant que les dessous du règne de ce roi amateur de "chair fraîche"... J'ai trouvé que l'immersion se faisait tout naturellement. On sent que l'auteur est passionné par le siècle des Lumières et j'ai particulièrement aimé trouver les références littéraires et philosophiques semées dans l'ouvrage. Ainsi, chaque chapitre s'ouvre sur une citation (le plus souvent de Casanova), et l'on trouvait ensuite la citation mise en contexte dans le chapitre... Enfin, une vraie réussite selon moi, qui mérite que l'on découvre la suite !
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Casanova |
Extrait
La marquise de Pompadour scrutait la nuit à travers les rideaux de sa voiture légèrement entrouverts. Dans l'obscurité, le portail aux pilastres ornés de cerfs en bronze doré semblait la narguer.
Ses souvenirs la ramenèrent dans les premières années de ses relations avec le roi. Elle s'était efforcée de combler son ennui mortel en ne lui offrant jamais la même femme. Un jour, elle recevait son royal amant vêtue en simple villageoise pour un goûter campagnard à même le sol, une autre fois à la romaine allongée sur son lit, un autre jour encore en Espagnole ou bien en petit page androgyne. Elle pouvait aussi se grimer en un Pierrot aux joues enfarinées avec les lèvres rouges. Chaque soir, elle avait organisé pour lui de petits soupers avec des proches triés sur le volet afin de le détendre et l'amuser. Elle l'avait suivi à la chasse, créé son propre théâtre pour le distraire. Rien n'y faisait.