mardi 30 octobre 2012

Mode lecture

José Cortijro Villegas
Je vous retrouve lundi prochain, pour notre rendez-vous lecture. De nombreux ouvrages me tendant les bras, je vais délaisser un peu mon ordinateur afin d'écouter un peu plus attentivement le bruit des pages... Je vous laisse en bonne compagnie, avec cette lectrice trouvée chez Lali, et vous souhaite une excellente semaine !
Margotte

lundi 29 octobre 2012

C'est lundi, que lisons-nous ? (48)


Lu durant la semaine du 15 au 21 octobre 2012

- Clair de lune et autres nouvelles de Maupassant


- La Maison Maupassant de Patrick Wald Lasowski


- Tendre Violette 1. Julien , de Servais & Dewamme

 - Tendre Violette 2. La Cochette, de Servais & Dewamme


Durant cette semaine, deux lectures abandonnées à peu près au milieu du gué... Tout d'abord Automne de Mons Kalentoft. Les nombreux déboires de Malin ont fini par me lasser... je l'ai laissée avec ses problèmes d'alcool et son affaire non résolue, sans regrets. Idem pour Dôme de Stephen King. Les très nombreux personnages, la lenteur de l'avancée de l'intrigue en ce qui concerne le fameux Dôme ont eu raison de ma patience. Et puis, il faut l'avouer, Maupassant a poussé ses concurrents dehors ! J'avais commencé cette lecture en pensant lire juste l'une des nouvelles (prépa de cours oblige) et j'ai laissé tout le reste pour dévorer tout le recueil...

Mes lectures en cours

Le Turquetto de Metin Arditi, livre voyageur belge :-)
Ce que je vais lire cette semaine… 

Un passage à la bibliothèque a vu ma pile grandir... puisque j'ai trouvé dans la même journée le dernier Sylvie Germain et le dernier Quignard !!! La semaine s'annonce chouette :-))


Et vous, que lisez-vous ????



vendredi 26 octobre 2012

Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras

 
Tout commence dans un monde saturé d'ennui, d'amertume et de sel, sur un coin de terre stérile. Dans ce monde que l'on dirait sorti de nulle part évoluent Joseph, "le frère" de vingt ans, "Suzanne" la fille de seize ans et "la mère". Cette dernière, ancienne institutrice du nord de la France, séduite par la propagande colonialiste et la lecture de Pierre Loti, est partie avec son mari en Indochine. Devenue veuve, elle a acheté une concession à la Direction générale du cadastre, après avoir économisé sou après sou. Or, comme elle n'a pas versé de dessous-de-table aux fonctionnaires corrompus jusqu'à la moelle, on lui a attribué une concession inexploitable. Ses années d'économie ont donc été englouties dans une parcelle qui, tous les ans, au moment des grandes marées d'équinoxe, se voit noyée sous les eaux du Pacifique.

L'ancienne Indochine
Le roman s'ouvre donc dans une atmosphère tendue : alors que la mère se remet difficilement de cette opération désastreuse, le fils s'ennuie et la fille, peut-être trop jolie pour ce coin isolé, attire bien des regards et des convoitises. Un soir, M. Jo, un riche héritier rencontré à l'auberge de la ville de Ram, tombe fou amoureux de la petite. Il ne tarde pas à offrir des cadeaux à Suzanne afin d'obtenir des "faveurs". La mère pressent le danger mais ne s'oppose pas vraiment à cet échange de mauvais procédés, elle regarde, persifle... et le lecteur se demande comment va bien pouvoir finir cette histoire... 
Ce qui m'a frappée, dès le premier chapitre, c'est cette ambiance étrange, fabriquée à partir du mélange de chaleur moite et d'exotisme, mais aussi à partir du malaise de la mère. Ce personnage de la mère, il envahit tout le roman, comme les vagues du Pacifique montent à l'assaut de la concession. Elle traite sa fille de putain tout en la conduisant à Ram et en acceptant la venue de cet homme chez elle. Elle invite sa fille à rester vierge tout en poussant M. Jo au mariage, mais en sachant que la situation de la famille de ce dernier, liée à sa situation sociale, lui interdit tout espoir de mariage.

M. Duras
 C'est un roman qui met mal à l'aise mais dont l'écriture porte le lecteur. Paru en 1950, il fit connaître Marguerite Duras. Le style, même si l'on reconnaît déjà ce qui deviendra la marque de fabrique de l'écrivaine, est beaucoup moins "haché" par rapport à ce que l'on trouvera dans les romans suivants. J'ai eu un peu l'impression de lire ce qui a peut-être été un laboratoire, une sorte d'oeuvre en devenir. Car on trouve ici tout ce qui hante l'oeuvre ensuite : le fameux amant face à la femme-enfant, la mère omniprésente mais absente, la description du sort des "indigènes" face aux "colons" (autrement dit, les rapports de domination), le poids de la présence du frère, l'importance de l'eau, etc....
Je me suis complètement laissée emporter par ce magnifique roman qui nous immerge dans un monde aujourd'hui disparu. Un Marguerite Duras à (re)découvrir pour relire ensuite les nombreux opus qui viendront déplier, comme on le ferait d'un origami, encore et encore, cette histoire, toujours la même et toujours autre, de L'Amant à L'Amant de la Chine du nord, en passant par tous les autres... 


"Et toujours avant d'atteindre les villages du flanc de la montagne, avant même d'avoir aperçu les premiers manguiers, on rencontrait les premiers enfants des villages de forêt, tout enduits de safran contre les moustiques et suivis de leurs bandes de chiens errants. Car partout où ils allaient, les enfants traînaient derrière eux leurs compagnons, les chiens errants, efflanqués, galeux, voleurs de basses-cours, que les Malais chassaient à coups de pierre et qu'ils ne consentaient à manger qu'en période de grande famine, tant ils étaient maigres et coriaces. Seuls les enfants s'accommodaient de leur compagnie. Et eux n'auraient sans doute eu qu'à mourir s'ils n'avaient pas suivi ces enfants, dont les excréments étaient leur principale nourriture."

mercredi 24 octobre 2012

Les chasseurs de l'aube de Hausman


Hausman est un créateur que j'admire vraiment pour la qualité graphique de ses productions. J'avais déjà été totalement conquise par Le chat qui courait sur les toits, écrit en collaboration avec Rodrigue, mais ici, l'émotion fut à son comble ! Tout d'abord, il s'agit d'une bande dessinée qui se déroule pendant la période de la préhistoire... et rien que ça, c'est un sujet d'admiration car il faut oser s'y coller, en BD, le risque étant de confondre Rahan et l'homme préhistorique. Or, ici, le pari est totalement gagné ! Hausman est visiblement bien renseigné sur ce qu'a pu être la pensée de nos ancêtres, en plus de sa documentation visiblement fournie concernant leur mode de vie ou la faune de l'époque. La nature, omniprésente, imprègne non seulement l'environnement des hommes mais également toutes leurs pensées, leur façon d'être au monde. 


Je suis restée rivée, littéralement accrochée à la couverture de cette BD... jusqu'à la fin, arrivée trop vite à mon goût. Car le voyage vaut le coup et on en redemande. J'ai aimé les dessins d'Hausman, comme toujours. Les couleurs fondues, ici, se marient parfaitement à cet hiver qui survient et va affamer les hommes et les bêtes.Les orangés qu'affectionne ce dessinateur se retrouvent ici sur les toisons ou les braises de ce feu qu'entretiennent les clans. C'est un dessin qui illustre la merveille la pensée magique traduite aussi dans les textes d'une excellente facture.
Les références à La guerre du feu de Rosny Aîné s'affichent de manière explicite, et l'on a franchement envie de lire le roman en refermant cette bande dessinée....

 
Un jour la horde s'arrêta avant le crépuscule. C'était à la pointe d'un lac aux eaux vertes, sur une terre sableuse, par un temps extraordinairement sec. On voyait dans le firmament un vol de grues; des sarcelles fuyaient parmi les roseaux; au loin rugissait un lion. Les Wah allumèrent deux grands feux; Naoh, s'étant procuré des brindilles très minces et presque carbonisées, frappait ses pierres l'une contre l'autre. Il travaillait avec une passion violente. Puis des doutes le prirent; il se dit que les Wah cachaient encore un secret. Près de s'arrêter, il donna quelques coups si terribles qu'une des pierres éclata. Sa poitrine s'enfla, ses bras se raidirent; une lueur persistait sur une des brindilles. Alors, soufflant avec prudence, il fit grandir la flamme : elle dévora sa faible proie, elle saisit les autres herbes... 
Extrait de La guerre du feu de Rosny Aîné


lundi 22 octobre 2012

C'est lundi, que lisons-nous ? (47)


Lu durant la semaine du 15 au 20 octobre 2012

- Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras


- Les chasseurs de l'aube de Hausman. Attention, coup de coeur ! billet à venir mercredi !



Mes lectures en cours

Automne de Mons Kallentoft... encore ! Il traîne en longueur et me lasse... je ne sais pas si je vais le finir. On en reparle la semaine prochaine.
Ce que je vais lire cette semaine… 

Je ne sais pas du tout ! J'ai très envie de lire Thérèse Desqueyroux avant sa sortie au cinéma car il n'est pas question que je vois le film avant d'avoir lu le livre...

Et vous, que lisez-vous ????

dimanche 21 octobre 2012

Les dimanches en photo (53) - Lys

Dehors il pleut mais avec un si beau bouquet à la maison, il faut encore beau !
Très bon dimanche à vous !
Les dimanches en photos sont aussi chez : 

vendredi 19 octobre 2012

Zarbie les yeux verts de Joyce Carol Oates


   Dans la famille Pierson, il y a le père, Reid. Ancien athlète de haut niveau, il exerce maintenant le profession de journaliste sportif. Très connu, apprécié, plein d'humour, il régente avec entrain sa tribu. Mum, c'est la mère, Krista Pierson, une belle femme rousse de la quarantaine très versée dans les arts plastiques. Ils élèvent trois enfants : Todd, l'aîné, âgé d'une vingtaine d'années est sportif lui-aussi, comme son père. Francesca, la narratrice, jeune fille d'une quinzaine d'année se trouve au milieu de la fraterie. Vient ensuite Samantha, la petite dernière de dix ans. Et il y a aussi Rabbit, le chien, qui aura un rôle non négligeable dans cette histoire. 
   Mais dans ce cadre qui paraît idyllique, les apparences vont bientôt se révéler trompeuses. La richesse, la belle maison à Seattle et la famille modèle vont bientôt laisser découvrir une ambiance malsaine et bien éloignée de la parfaite image que laisse entrevoir la première impression...
   Une fois de plus, JC. Oates tisse un suspense psychologique qui sourd dès les premières lignes. On tourne les pages avec avidité jusqu'à la révélation finale. La construction narrative nous réserve ici encore quelques surprises et franchement, on en redemande !

mercredi 17 octobre 2012

La blogosphère de Bastien Vivès

Le nom de Bastien Vivès, pour moi, est associé à Paulina, l'une de mes meilleurs lectures BD de l'année écoulée (billet ICI). Lorsque je suis tombée sur les autres BD de cet auteur, proposées dans le cadre d'une opération commerciale (vous savez, du genre vous en achetez deux on vous offre un mug mais pas le thé qui va avec), le nom m'a tout d'abord arrêtée. L'opération commerciale m'a ensuite refroidie... jusqu'à ce que je tombe sur ce titre qui, en période de marathon de lecture, me semblait particulièrement correspondre à l'atmosphère du moment ! Je l'ai donc acheté, cette BD mais je n'ai pas eu de mug, le monde est injuste !....
C'est donc samedi, au cours d'un RAT mémorable, que j'ai dévoré tout cru ce volume. Et il est drôle, mais drôle... et ne croyez pas que le crumble à la poire confectionné la veille soit responsable des rires provoqués par cette lecture, non non, c'est tout simplement que Bastien Vivès tombe juste. Avec crudité, avec lucidité, il croque certaines de nos habitudes liées à la tenue, ou la lecture des blogs. Et même s'il présente uniquement le monde des blogs BD, on peut tout à fait transposer une partie des historiettes dans le monde des blogs "littéraires". Il décrit aussi très bien le "fossé" qui sépare les accros des nouvelles technologies et leurs contemporains qui évitent les réseaux sociaux que vous connaissez... 
Autant dire que j'ai passé un très bon moment de lecture détente, voilà qui tombait à pic entre quelques nouvelles de fantastique du XIXe et Enfance de Nathalie Sarraute : merci Bastien !
Et en plus j'adore la 4e de couverture !



lundi 15 octobre 2012

C'est lundi, que lisons-nous ? (46)


Lu durant la semaine du 8 au 14 octobre 2012

- La mort simplement de Andrea H. Japp

- 14 de Jean Echenoz

- Petite écologie des études littéraires. Pourquoi et comment étudier la littérature ? de Jean-Marie Schaeffer


Mais il y a eu aussi les nombreuses lectures terminées grâce au marathon lecture de dimanche ! Le bilan est . Autant dire que ce fut une semaine intense en terme de lecture... mais pas que ;-)

Mes lectures en cours

Automne de Mons Kallentoft.
 
Ce que je vais lire cette semaine… 

J'ai acheté Une histoire de bleu, la petite merveille de Jean-Michel Maulpoix (déjà lu une fois) mais je ne pense pas le commencer tout de suite, j'attends d'être en vacances afin de pouvoir vraiment en profiter. On verra...

Et vous, que lisez-vous ????


dimanche 14 octobre 2012

Le "riquiqui" marathon de lecture de l'automne : bilan

Et voilà, à 16h, mon "riquiqui" marathon a pris fin et je suis bien contente du bilan ! Si vous avez lu mon billet précédent, vous savez qu'à la pause de 14h, je venais de commencer La blogosphère de Bastien Vivès.


Après cette lecture facile, j'ai repris les choses sérieuses avec Nathalie Sarraute, Enfance. J'avais déjà bien commencé le livre... que j'ai terminé ! 

Pour finir en beauté, j'ai juste commencé un livre de saison, tout en pensant au challenge de Nadaël sur les saisons : Automne de Mons Kallentoft. 
Pour conclure : VIVE LE RAT ! Cela m'a permis de finir enfin deux livres qui trainaient depuis trop longtemps sur mes étagères. J'ai lu Enfance plus vite que prévu, et j'ai commencé un polar qui s'annonce très bon. 
En ce qui concerne le nombre de pages : 119 pour comprendre Sade, 27 pour la fin du Château d'Otrante, 51 pages pour les nouvelles fantastiques, 189 pour la BD (fastoche !), 177 pages pour Enfance (moins fastoche...) et 10 pages pour le polar = 573 pages ! Un bon pavé ;-)
Enfin, je suis contente de cette journée qui s'est soldée par un goûter avec crumble à la poire... Merci à toutes celles qui sont passées pour m'encourager :-)) L'an prochain, je recommence !


Le marathon de lecture de l'automne...


Alors que vous découvrez ce joli logo automnal, je suis en train de me préparer pour six heures de lecture, de 10h à 16h... L'entraînement a commencé hier : j'ai lu les billets de celles et ceux qui participent depuis samedi et surtout... je suis allée faire le plein de nouveaux livres ! Une catastrophe pour ma P.A.L et mon compte en banque, mais que voulez-vous, je suis faible... et avec l'excuse "il te faut bien de quoi lire pour le read-a-thon", j'ai pu tranquillement parcourir les rayons de mon libraire, et sortir avec 4 ouvrages en affichant un air satisfait... 
Je viendrai vous donner des nouvelles dès le matin, puis toutes les deux heures comme cela semble être la tradition ;-) Pour ceux qui veulent des détails et/ou la liste des copines qui participent, c'est ICI !

9h45 - J'ai préparé ma pile de livres, du thé... et je vais bientôt pouvoir me lancer ! Je suis prête, guillerette, et je viens vous donner des nouvelles dans deux heures.
12h10 - Déjà deux heures ! Une pause s'impose.... ainsi qu'un premier bilan : j'ai lu en entier comprendre Sade, un excellent "essai graphique" dont il faudra que je vous parle plus longuement. 


J'ai également terminé un ouvrage que j'avais abandonné en cours de route, Le château d'Otrante d'Horace Walpole, l'initiateur du "roman gothique". C'est le premier roman proposé par cette excellente anthologie présentée par Francis Lacassin.


Après une bonne pause repas, je vais reprendre mon parcours avec sans doute quelques nouvelles fantastiques. A suivre...

14h10 - Que du bonheur ce "RAT" ! J'ai terminé La Dimension fantastique -1, en lisant les trois nouvelles suivantes : Escamotage de R. Matheson, L'orgue du titan de George Sand et La montre du doyen de Erckmann-Chatrian. 


J'ai ensuite commencé, pour me détendre, La blogosphère, une BD de Bastien Vivès : c'est drôle, mais drôle... si bien que j'éclate de rire toute seule ! Je vous retrouve ce soir pour un bilan de ce marathon de lecture, bilan qui sera tout sauf négatif !

jeudi 11 octobre 2012

Vertige de Franck Tilliez

 

Attention ça décoiffe ! Je suis encore toute tourneboulée après avoir lu, sous la couette et en apesanteur, en quelques jours, ce "thriller" d'enfer faut dire que ça change de Nathalie Sarraute. Autant vous prévenir tout de suite : les âmes sensibles et les frileux(ses) sont prié(e)s d'aller s'habiller...

Thilliez est un habitué des romans menés tambour battant, mais là, pour son dixième opus, sorti l'an dernier (on le trouve en poche), il s'est surpassé ! Tout commence en huis-clos, au fond d'un gouffre. Un homme s'y réveille, enchaîné au poignet. Il ne tarde pas à découvrir près de lui son chien... mais aussi deux autres individus. L'un d'eux est enchaîné à la cheville, l'autre porte un masque de fer qui risque d'exploser s'il s'éloigne trop de ses compagnons d'infortune.
Les questions se bousculent pour les trois hommes : qui les a amenés là, au fond de ce trou de glace ? Pourquoi ? Et pourquoi avec le chien de l'un d'entre eux ? Que renferme le petit coffre fermé par un cadenas à combinaison ? Mais surtout, combien de temps vont-ils devoir rester dans ce milieu hostile ? Et comment vont-ils faire pour survivre ?
Ce fut une lecture bluffante, de celle qu'on ne lâche pas avant d'avoir enfin terminé et qui vous surprend tellement à la fin que vous avez envie de recommencer tout le livre depuis le début... Autant dire un livre autant glacé que vertigineux. Alors, vous descendez ?...


lundi 8 octobre 2012

C'est lundi, que lisons-nous ? (45)


Lu durant la semaine du 1er au 7 octobre

Petite semaine de lecture, juste Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute mais il y a des lectures en route !


Mes lectures en cours

Trois livres en cours de lecture ! 14 de Jean Echenoz dont il faudra que je vous parle... La dimension fantastique, une anthologie de nouvelle, et un polar d'Andréa Japp, rien que ça ;-)

Ce que je vais lire cette semaine… 

Je vais déjà finir ce qui est en route...

Et vous, que lisez-vous ????


mercredi 3 octobre 2012

Le théâtre romantique de Florence Naugrette

Le préambule de cet ouvrage s'ouvre par une savoureuse anecdote. Balzac, en 1830, année de la fameuse bataille d'Hernani, voue les dramaturges romantiques aux pires supplices. Dans la Comédie du diable, l'avocat de ce dernier les imagine les mains tranchées et ajoute : "qu'ils soient forcés d'écrire avec leur ventre"... Car voilà un drame qui s'est donné pour mission de dépasser la sacro-sainte frontière générique, ce qui ne plaira pas à tout le monde.
Des origines du drame romantique à sa survivance sur la scène contemporaine, Florence Naugrette, spécialiste du théâtre et de la littérature romantique, nous convie à un passionnant voyage sur les scènes (essentiellement parisiennes) du dix-neuvième siècle. Si j'ai savouré l'ensemble, j'ai particulièrement apprécié la deuxième partie qui fait revivre la vie théâtrale à l'époque romantique. On y découvre les différents lieux consacrés au théâtre mais aussi les acteurs de l'époque. Surgissent ainsi Mlle Mars, la "perle du Français", Frédéric Lemaître ou Bocage, le "jeune premier ténébreux". 
Pierre-Martinien Tousez dit "Bocage" (1801-1863)
 La bataille d'Hernani, ses enjeux et ses conséquences, occupent toute la troisième partie qui annonce la suivante : drame historique et drame moderne. La cinquième partie analyse l'esthétique du drame romantique, de la scénographie au mélange des genres, en passant par la langue et la fameuse question du vers ou de la prose.
"Hugo lui-même finira par se résoudre à utiliser de la prose, une fois consommée sa rupture avec la Comédie-Française, constatant qu'il ne peut donner de vers au public de la Porte-Saint-Martin. La préface de Lucrèce Borgia justifie sa nouvelle entreprise : 
Le drame, sans sortir des limites impartiales de l'art, a une mission nationale, une mission sociale, une mission humaine.
Pour son nouveau public, la prose de Lucrèce Borgia et de Marie Tudor s'efforcera d'être aussi belle que le vers."
Un ouvrage passionnant, qui donne envie de dévorer l'ensemble du théâtre de Victor Hugo, de Dumas, de Vigny et des autres... mais surtout, qui invite à aller au théâtre !


lundi 1 octobre 2012

La peau de chagrin de Balzac

Quel livre ! Par quoi commencer ? Peut-être par ce signe mystérieux qui suit la préface rédigée par Balzac. Il s'agit d'une longue ligne sinueuse, serpentine et noire, sortie tout droit d'un autre roman,Tristram Shandy. Ce dessin représente, dans le roman de Sterne, le trajet des moulinets que le colonel Trim effectue avec son bâton, tout en affirmant "Tant qu'un homme est libre...", alors qu'il fait l'éloge de la liberté des célibataires. Alors bien sûr, lorsque l'on commence la lecture de ce roman, on s'interroge sur le sens de cet épigraphe... qui s'éclaire un peu lorsqu'on a refermé, avec regrets, La Peau de chagrin.

Le livre, divisé en trois parties, s'ouvre la même année que celle de l'écriture, en 1830. Trois mois après l'insurrection qui marque la fin de la première Restauration, au 36 du Palais-Royal, dans un tripot, un jeune homme se présente là "comme un ange sans rayons, égaré dans sa route." Il s'agit du héros, Raphaël, dont on ne connaît pas le nom. Après avoir perdu tout son pécule au jeu, il songe au suicide face à la Seine mais... après être finalement entré dans un magasin d'antiquités, il se voit proposer un étrange "talisman". Le vieillard qui tient la boutique lui propose une peau de chagrin (une peau tannée) sur laquelle se trouve inscrit un message en sanscrit. Cet obscur morceau de peau possède le pouvoir d'exaucer tous ses voeux...MAIS, à chaque désir exaucé, la peau rétrécit, avec la durée de vie du jeune homme. Raphaël se saisit de la peau. Une fois dehors, son premier désir sera celui d'un dîner splendide. Son souhait est l'occasion d'une description d'une gigantesque orgie durant laquelle le héros rencontre deux femmes, Aquilina et Euphrasie. L'une représente "l'âme du vice" et l'autre "le vice sans âme". 

Euphrasie
C'est au cours de cette grande bacchanale que Raphaël va raconter sa vie à Emile, un ami qui l'accompagne. Dans le récit apparaît alors Pauline, une jeune fille à laquelle le héros a donné des leçons, et surtout, une jeune fille à l'exact opposé d'Euphrasie et d'Aquilina. Si ces deux dernières incarnent la débauche et l'absence de règles morales, la jeune Pauline représente la spontanéité, la naïveté, mais aussi le passé de Raphaël, ce qu'il était avant la Peau de chagrin. Car, vous l'imaginez bien, cette peau, âme damnée du jeune homme, va l'amener à tous les excès et, petit à petit, se rétrécir... 
Je ne veux pas vous dévoiler tous les ressorts de l'intrigue car le roman est dense, les personnages sont fortement campés et il n'est pas question de tout vous dire sur certains de ceux qui apparaissent ici. Ne voulez-vous pas découvrir la belle Feodora ? Mieux encore; Rastignac, qui fait ici sa première apparition dans l'oeuvre de Balzac ?

Pauline dans le téléfilm d'Alain Berliner
 Cet ouvrage est une oeuvre charnière de la Comédie humaine : "La peau de chagrin, relie en quelque sorte les Etudes de moeurs aux Etudes philosophiques par l'anneau d'une fantaisie presque orientale où la Vie elle-même est peinte aux prises avec le Désir, principe même de toute passion." (Balzac, Préface à la Comédie humaine). Livre symbolique, il met en scène les tensions liées aux conflits entre tendances profondes de tout individu : la dépense et l'économie. Rédigé en 1831, le roman annonce les grands romans à venir. La structure romanesque balzacienne se met ici en place et dépasse les premières oeuvres de jeunesse. Un ouvrage à découvrir pour se plonger ensuite dans les oeuvres complètes...

"Raphaël resta stupéfait à l'aspect de cette figure blanche comme les pétales d'une fleur des eux, et qui, accompagnée de longs cheveux noirs, semblaient encore plus blanche dans l'ombre. (...) Vêtue de blanc, la tête penchée et foulant à peine le lit, elle était là comme un ange descendu des cieux, comme une apparition qu'un souffle pouvait faire disparaître."