Il était une fois une Petite Blogueuse qui s’appelait
Margotte. Nombreux étaient ceux qui aimaient venir lire ses chroniques sur Le
bruit des pages. La Petite Blogueuse adorait les livres et les cadeaux dont
elle ventait ensuite les qualités sur son blog. Une fois, Price Minister lui
proposa de lui envoyer un livre avec un beau titre – Lady Hunt – et une
couverture toute rouge et noire. La blogueuse trouva l’ensemble si joli qu’elle
ne voulut plus lire autre chose.
Mais Olivier lui avait dit aussi : « Tiens, Petite Blogueuse, je te confie ce livre. Tu iras le lire afin de porter ensuite les
mots du livre au delà de chez toi. Tout le monde va bien se régaler. Vas-y au
plus vite. Attention, ne traîne pas trop car tu dois avoir rendu une chronique
pour le 1er décembre. Prends bien garde à ne pas t’égarer en chemin,
ne saute pas à droite et à gauche, sur d’autres livres tentateurs. Reste bien
concentrée sur ce que tu dois faire. »
-
« Je
serai sage et ferai tout pour le mieux », promit la Petite Blogueuse
qui attendait déjà son livre avec grande impatience.
Il lui fallut faire montre d'indulgence car l’arrivée du cadeau avait
été retardée. Mais pendant ce temps là, La Petite Blogueuse n’avais pu résister
à la tentation. Elle était entrée dans une librairie et avait lu des romans
policiers, et un très mauvais livre, mais aussi une œuvre grandiose : Les Chutes de Joyce Carol Oates, si bien qu’elle avait un peu oublié Lady Hunt.
Un jour, enfin, le livre arriva. Elle caressa la 1ère
de couverture et contempla sans retenue l’image qui montrait des pieds chaussés
de noir. Au dessus, une robe qu’elle imaginait froufroutante, noire aussi. Elle
commença alors tout de suite sa lecture, qui, au début, l’enthousiasma. Qui
pouvait bien résister à une histoire de vieille maison, peut-être hantée,
associée à un monde onirique et presque fantastique ?
Elle essaya esseya. Elle n’avait pas peur d’une aussi petite bête qui
ne pouvait pas lui résister et devait lui apporter cette joie de lecture
qu’elle avait tant attendue. Mais ses efforts restaient vains. Après quelques
chapitres lus fébrilement, le livre commença à l’ennuyer. Elle le laissa alors
traîner, si bien que lorsqu’elle le reprit, elle ne comprit plus
l’histoire.
Un jour, dépité de se voir ainsi abandonné, le livre s’adressa à
elle :
- « Comme
tu sembles t’ennuyer, Petite Blogueuse. J’ai pourtant une belle couverture à
regarder.
- Oui mais cela
ne suffit pas à faire un bon livre, répondit-elle.
- Mais j’ai
aussi une belle histoire de maison, avec de nombreuses visites
d’appartements et une aventure amoureuse entre un homme et une femme !
- Cela ne suffit
pas non plus, répondit-elle.
- Et les rêves
alors, tu n’as pas aimé ?
- Oh, c’était
pour m’emmener bien loin, mais je suis restée chez moi, bien sagement,
répondit-elle.
- Mais alors,
que te faut-il donc ?
- La poésie et
la vie lui répondit la Petite Blogueuse qui, tout en saisissant le livre, le
fit disparaître à tout jamais, grâce à sa bibliothèque magique.
La Petite Blogueuse continua pourtant à écrire ses billets, et elle vécut heureuse, jusqu'à la fin des temps.