dimanche 23 juin 2013

Salon du livre de Vannes


Le temps était capricieux, ce matin, à Vannes ! Ce qui ne nous a pas empêché (Moustafette et moi) d'arpenter les jardins des remparts, en direction du salon du livre où nous attendaient, de bon matin, des auteurs souriants et disponibles (on le sait, le climat marin fait des miracles...).



Je crois que Jean Teulé aime la Bretagne. Il était à Vannes après Saint-Malo, toujours enthousiaste et souriant. Moi, moins concernant ses livres... je me suis abstenue d'acheter un nouvel opus, après la déconvenue liée à la lecture du Montespan... (voir billet ICI).
Mention spéciale à l'originale Tiphaine Siovel qui proposait aux enfants (et aux grands) de signer sa jupette en échange d'une dédicace de son livre Briséïs édité chez Robert Laffont. 


Je suis restée très raisonnable du côté des achats (une BD et un livre pour enfant). Il faut dire que mon sac était encore chargé des livres du swap qui vont m'occuper pendant un moment... Et puis, je crois que j'avais déjà un peu l'esprit à Ouessant, puisque cette année, j'envisage un petit tour au salon du livre insulaire. De quoi avoir la tête ailleurs...

vendredi 21 juin 2013

Le SWAP des notes et des mots


De la musique et des mots... quoi de mieux pour faire un swap ? Alors, vous imaginez l'impatience qui était la mienne lorsque le colis préparé par ma binômette Sharon est arrrivé ce matin ! Mademoiselle Margotte ne pouvait d'ailleurs cacher son impatience, elle avait autant que moi envie de découvrir ce qui se cachait sous les paquets colorés. Avouez que les gâteaux mettaient déjà l'eau à la bouche :


La carte et les couleurs ne pouvaient qu'augmenter l'envie de découvrir enfin toutes ces surprises !


Il y avait... tout d'abord, de bien appétissantes gourmandises qui sont déjà dans mon sac pour ce week-end (je pars à la mer et j'oublie la balance...) :


mais aussi des livres et de beaux marques pages (Hélène Grimaud part avec moi prendre l'air marin !) 


et enfin de la musique (j'emporte TOUT pour le week-end) ! Vous pouvez remarquer les belles associations entre les livres et les CD :-)

Me voilà parfaitement équipée pour partir au salon du livre de Vannes dont je vous parle dès mon retour. Merci Anne, pour ce moment de plaisir lié à ton swap, et merci beaucoup Sharon (tu m'as vraiment gâtée...). Je vous souhaite une très belle fête de la musique à tous !
Illustration de Tony Ross

lundi 17 juin 2013

Leçons de Solfège et de Piano de Pascal Quignard


Sur la photographie qui orne la première de couverture, Pascal Quignard, tout jeune et coiffé en garçon de bonne famille, marche en bord de Loire. Il semble avancer tranquillement, tout comme il chemine dans une œuvre foisonnante mais où l'on retrouve des thèmes récurrents. Parmi ces derniers, la musique, qui infuse tous ses livres. Alors, comme le 21 juin approche, voilà un livre de circonstance !
Ici aussi, comme dans le dernier Annie Ernaux présenté dans mon billet précédent, il s'agit d'un texte de conférence. Celle-ci a été prononcée trois fois, entre juin et août 2010. Elle se divise en trois parties : Les leçons de solfège et de piano de Louis Poirier à Ancenis en 1919 et 1920, Compléments au Leçons de solfège et de piano sur Gérard Bobillier et Sur Paul Celan. Elle s'ouvre sur un hommage à Louis-René des Forêts avant de présenter des souvenirs de famille liés à la musique. Les tantes de l'écrivain étaient musiciennes. Il a appris avec elle le piano, le violon et l'orgue dans des cours très traditionnels qui "dissociaient toujours la lecture et l'interprétation". En 1968, Pascal Quignard reprendra des mains de Marthe Quignard les orgues d'Ancenis.

P. Quignard au piano
En 50 pages, avec des photographies qui nous emmènent dans le monde familial de l'écrivain, j'ai retrouvé avec bonheur, comme toujours, ce qui fait son univers, à savoir le goût pour les mots et pour la précision de la langue, l'amour de la musique et du silence, son indispensable compagne, et bien sûr, le rapport à l'écriture. Voilà un monde où j'aime encore et toujours vagabonder... 

Extrait :

"Un jour, j'ai démissionné de toutes les fonctions que j'exerçais alors, pour retrouver l'étude. 
L'étude des notes, de toutes les clés, des lettres, des partitions, des manuscrits, du piano, du violon, de l'alto, du violoncelle, des gammes majeures et relatives, des langues, des livres;
L'étude est à l'homme adulte ce que le jeu est à l'enfant. C'est la plus concentrée des passions. C'est la moins décevante des habitudes, ou des attentions, ou des accoutumances, ou des drogues. L'âme s'évade. Les maux du corps s'oublient. L'identité personnelle se dissout. On ne voit pas le temps passer. On s'envole dans le ciel du temps. Seule la faim fait lever la tête et ramène au monde.
Il est midi.
Il est déjà sept heures du soir."


vendredi 7 juin 2013

Retour à Yvetot d'Annie Ernaux

Les éditions du Mauconduit publient quatre titres par an d'ouvrages liés à la mémoire, à la transmission. Ils viennent de sortir un livre d'Annie Ernaux, Retour à Yvetot. Après L'autre fille et le beau volume publié chez Quatro, l'écrivaine revient encore une fois à l'autobiographie. Toutefois, la prégnance du lieu est ici fondamentale puisque cet ouvrage marque son retour à Yvetot, la ville de son enfance, celle de la maison familiale, des heures sans fin de lecture, et des premiers rêves... autant dire le lieu de la naissance d'une vocation : écrire.

L'épicerie familiale
Cet ouvrage est la transcription d'une conférence donnée par la romancière le 13 octobre 2012, à Yvetot. L'événement fut très suivi puisque 500 personnes se déplacèrent pour venir l'écouter (ce que je comprends parfaitement...). Elle évoque en premier lieu ce retour avant de raconter dans un chapitre intitulé "Les ruines", son arrivée à Yvetot, en 1945, dans une ville détruite par les bombardements. Ce "territoire d'expérience" est aussi celui du désir d'ascension sociale tout autant que celui de la "honte" (titre de l'un de ses ouvrages). La honte d'appartenir à une classe sociale qui n'est pas celle des dominants, qui possède un langage différent de celui que l'école va lui imposer :
"Ce milieu scolaire, antagoniste du milieu familial, a été ouverture au savoir, à la pensée abstraite, au langage écrit. Il a été élargissement du monde. Il m'a donné le pouvoir de nommer les choses avec précision, de perdre ce qu'il me restait de patois - couramment parlé en milieu populaire - dans mon langage, d'écrire le "bon" français, le français légitime."

1957, en seconde, au pensionnat...
Les trois chapitres suivants évoquent la lecture et l'écriture. Un cahier central propose un ensemble de photographies puis, en annexes, on trouve la retranscription d'un entretien avec Marguerite Cornier (professeure documentaliste ayant rédigé une thèse sur l'auteure) ainsi que l'échange avec le public qui a suivi la conférence.
Voilà un livre qui passionnera tous les lecteurs qui s'intéressent à la démarche d'Annie Ernaux. On y retrouve les thématiques habituelles : la "fracture" liée au changement de catégorie sociale, l'écriture qui va permettre de se réconcilier avec soi et avec ses origines, l'importance du temps, le goût pour la photographie... Passionnant !
"Est-ce que moi, la petite fille de l'épicerie de la rue du Clos-des-Parts, immergée enfant et adolescente dans une langue parlée populaire, un monde populaire, je vais écrire, prendre mes modèles, dans la langue littéraire acquise, apprise, la langue que j'enseigne puisque je suis devenue professeure de lettres ? Est-ce que, sans me poser de questions, je vais écrie dans la langue littéraire où je suis entrée par effraction, "la langue de l'ennemi" comme disait Jean Genet, entendez l'ennemi de ma classe sociale ? Comment puis-je écrire, moi, en quelque sorte immigrée de l'intérieur ?"

Pour écouter Annie Ernaux parler de ce livre, c'est ICI dans Comme on nous parle sur France Inter. Merci Aifelle ;-)

samedi 1 juin 2013

Le Montespan de Jean Teulé


Il paraît qu'il va faire beau ce week-end... j'attends toujours le soleil mais comme je suis d'un naturel optimiste, je fais comme si il était déjà là et j'ai l'intention de vivre un peu dehors au lieu de conserver mon teint windows qui se porte à merveille cette année. Quel rapport avec Le Montespan me direz-vous ? Et bien tout simplement le contenu de ce billet : service minimum avant sortie ! On va dire deux points positifs et deux points négatifs par exemple ? A l'image de mon avis sur ce livre : partagé.
L'histoire est assez simple : Louis XIV, grand amateur de chair fraîche, jette son dévolu sur une nouvelle donzelle, Madame de Montespan. Le mari est prié de se retirer et d'accepter les bénéfices de son nouveau statut de cocu royal en silence. Or, Monsieur de Montespan est amoureux, follement amoureux de sa femme, il va donc chercher à tout prix à la récupérer, même s'il encourt la fureur du monarque. C'est les mésaventures du mari trompé qui sont ici racontées.

Deux points positifs :

1. Le côté "roman historique". Nous voilà plongés au XVIIe siècle. Tout y est : les hommes portant perruques et les dames qui font pipi debout, n'ayant pas besoin de baisser leur petite culotte (elles n'en portent pas...). Afin de bien confirmer la véracité de certains éléments du récit, quelques images viennent nous distraire.

2. L'humour. Certains passages sont très drôles (bien que parfois, on se surprend à rire jaune...). Mais c'est là que le bât blesse, car à trop vouloir faire marrer le gogo, cela devient franchement lourd... et l'on commence à se dire que ce livre n'est peut-être pas aussi drôle que cela !

Mme de Montespan

Deux points négatifs :

1. L'humour de salle de garde. Un peu ça va, trop, bonjour les dégâts. A force de lire moult détails sur les étrons royaux déposés en public ou sur les pipis de ces dames nettoyés par de pauvres valets qui passent la serpillère derrière elles, j'ai fini par avoir un peu la nausée. Le vocabulaire, volontairement cru, vient en rajouter afin de bien nous montrer que non, le narrateur n'a pas besoin de se boucher le nez devant le trivial. Moi non plus, mais j'ai parfois eu la désagréable impression qu'il s'agissait ici de flatter quelques bas instincts plus que de nous raconter une histoire.... Et puis, pour lire une histoire des commodités, autant lire ça :


2. L'écriture m'a gênée, si bien que j'ai eu plusieurs fois envie de laisser tomber cette lecture. Tout d'abord la rédaction au présent, peu adaptée je trouve pour ce type de récit et surtout, les anachronismes en terme de vocabulaire qui produisent sans cesse un effet de décalage qui devient gênant sur le long terme. Je me doute bien qu'il s'agit d'un "effet de style" mais il a produit un très clair effet d'irritation sur moi... Résultat des courses, après avoir été enthousiasmée par Charly 9, me voilà fort refroidie par Le Montespan. Reste à lire un troisième opus pour voir de quel côté penche définitivement la balance...

Extrait royal :

"- Ah, elle sait rôtir le balai (celui qui trouve ce que c'est que ce balai gagne un livre de poche...), hein, Mme Quatorze !
La tête de la marquise, face à l'entrejambe du roi, bascule d'avant en arrière dans un régulier va-et-vient jusqu'à ce que Sa Majesté se raidisse et que ses doigts s'étendent brutalement sur le pommeau de sa canne. Quelques secondes d'immobilité puis la gorge de Françoise déglutit (commenter l'image charmante). Son mari en a les genoux qui flageolent (il est en train de contempler la scène avec une longue vue) au-dessus des bas roses trop courts. La mère de ses enfants joint maintenant les paumes tournées au ciel sous le sexe bourbon qui s'amollit et pique du gland (remarquer le jeu de mots : trop fort !)."

Jean Teulé