Lundi 18 août 1572. Le Louvre est
en liesse. On fête le mariage de la belle et brune Marguerite de Valois, sœur
de Charles IX et fille de Catherine de Médicis, avec Henri de Bourbon, roi de
Navarre. Les noces viennent unir catholiques et protestants, alors que le pays
se déchire sur fond de guerres de religion.
Si cette union a été arrangée pour tenter de rétablir enfin la paix, elle a également attiré les têtes du parti huguenot. La perfide Catherine de Médicis le sait bien et une semaine plus tard, elle participe au lancement du massacre de la Saint-Barthélémy. Ainsi s’ouvre ce grand roman historique d’Alexandre Dumas. Il est vrai que la période est propice au romanesque. Entre les grandes figures politiques, les anecdotes croustillantes du Louvre et les enjeux, la matière du temps est riche ! Je me suis laissée totalement emporter par ce grand roman truffé de rebondissements et de personnages fascinants.
Si cette union a été arrangée pour tenter de rétablir enfin la paix, elle a également attiré les têtes du parti huguenot. La perfide Catherine de Médicis le sait bien et une semaine plus tard, elle participe au lancement du massacre de la Saint-Barthélémy. Ainsi s’ouvre ce grand roman historique d’Alexandre Dumas. Il est vrai que la période est propice au romanesque. Entre les grandes figures politiques, les anecdotes croustillantes du Louvre et les enjeux, la matière du temps est riche ! Je me suis laissée totalement emporter par ce grand roman truffé de rebondissements et de personnages fascinants.
Margot tout d’abord. La reine de Navarre n’est pas amoureuse de son
mari mais elle va vite lui vouer une amitié fidèle et le protègera contre les
nombreux dangers qui le guettent au Louvre. Amoureuse passionnée, elle donnera
son cœur du duc de Guise puis au romantique comte de La Mole venu trouver
refuge auprès d’elle.
Marguerite, à cette époque, avait vingt ans à peine, et déjà elle était
l’objet des louanges de tous les poètes, qui la comparaient les uns à l’Aurore,
les autres à Cythérée. (…) Les
Français, qui la possédaient, étaient fiers de voir éclore sur leur sol une si
magnifique fleur, et les étrangers qui passaient par la France s’en
retournaient éblouies de sa beauté s’ils l’avaient vue seulement, étourdis de
sa science s’ils avaient causé avec elle.
Margot et Charles IX |
Charles IX, le roi son frère. Personnage ambiguë, il semble régner
avec peu d’enthousiasme. Il vit sous la coupe de sa mère qui le manipule sans
vergogne. Il prend grand plaisir à chasser et l’un des chapitres du roman
décrit une scène de chasse au sanglier qui sera l’occasion de changer les
événements du royaume. Jeune homme exalté (il mourra à vingt-quatre ans,
emporté par la tuberculose et par le souvenir des massacres), il cite Ronsard
et écrit lui-même. Ecoutez-le :
Eh bien, d’Alençon, eh bien, Henriot (Henri de Navarre), dit-il, vous
voilà, Mordieu, calmes et tranquilles comme des religieuses qui suivent leur
abbesse. Voyez-vous, ça ne s’appelle point chasser, cela. Vous, d’Alençon, vous
avez l’air de sortir d’une boîte, et vous êtes tellement parfumé que si vous
passez entre la bête et mes chiens, vous êtes capable de leur faire perdre la
voie. Et vous, Henriot, où est votre épieu, où est votre arquebuse ?
voyons.
Catherine de Médicis |
Catherine de Médicis, la mère. Le personnage historique prête aux
jugements contradictoires… Intrigante pour les uns, grand stratège pour les
autres. Alexandre Dumas nous la présente essentiellement sous le premier
aspect. Elle utilise sans vergogne ses « enfants » considérés plus
comme des outils pour arriver à ses fins que comme sa progéniture. Elle fait et
défait le pouvoir des uns et des autres afin de maintenir le sien mais tout
cela finira mal…
Coconnas et La Mole ou Oreste et Pylade. Leur amitié est au centre
du roman. Fougueux, romantiques, courageux, leurs aventures et leurs relations
sont la trame de fond de ce roman.
Mais les personnages secondaires
sont également passionnants. Vous y trouverez René, le parfumeur un peu
sorcier, Caboche le bourreau au grand cœur, les deux autres frères de Margot
dont les relations avec leur mère et leur sœur sont pour le moins
particulières, Actéon le lévrier préféré du roi…
Quel livre ! tout n’est
qu’action, rebondissements et dialogues fameux. Dumas aimait le théâtre, ce
roman le montre bien. On savoure les bons mots comme on frémit aux multiples
dénouements qui viennent clore certains chapitres… Certaines scènes restent en
mémoire comme celle de la chasse au sanglier, la fin du jeune laquais Orthon
dans les oubliettes du Louvre ou celle du pauvre Charles IX dans le chapitre
« La sueur de sang ». Tout cela est romanesque en diable et je ne
regrette pas d’en avoir fait mon entrée pour le menu littéraire des vacances.
Extrait
La reine mère descendit un étage, puis elle s’engagea dans le corridor où étaient les appartements du roi et du duc d’Alençon, gagna l’escalier tournant, descendit encore un étage, ouvrit une porte qui aboutissait à une galerie circulaire dont nul, excepté le roi et elle, n’vait la clé, fit entrer Orthon, entra ensuite, et tira derrière elle la porte. Cette galerie entourait comme un rempart certaines portions des appartements du roi et de la reine mère. C’était, comme la galerie du château Saint-Ange à Rome et celle du palais Pitti à Florence, un retraite ménagée en cas de danger.
La porte tirée, Catherine se
trouva enfermée avec le jeune homme dans ce corridor obscur. Tous deux firent
une vingtaine de pas, Catherine marchant devant, Orthon suivant Catherine.La reine mère descendit un étage, puis elle s’engagea dans le corridor où étaient les appartements du roi et du duc d’Alençon, gagna l’escalier tournant, descendit encore un étage, ouvrit une porte qui aboutissait à une galerie circulaire dont nul, excepté le roi et elle, n’vait la clé, fit entrer Orthon, entra ensuite, et tira derrière elle la porte. Cette galerie entourait comme un rempart certaines portions des appartements du roi et de la reine mère. C’était, comme la galerie du château Saint-Ange à Rome et celle du palais Pitti à Florence, un retraite ménagée en cas de danger.
Tout à coup, Catherine se
retourna, et Orthon retrouva sur son visage la même expression sombre qu’il y
avait vue dix minutes auparavant. Ses yeux, ronds comme ceux d’une chatte ou
d’une panthère, semblaient jeter du feu dans l’obscurité.
« Arrête ! »
dit-elle.
PS : en ce qui concerne les photos, vous aurez reconnu La Reine Margot de Patrice Chéreau, un chef d’œuvre cinématographique.
Catégorie roman historique |