dimanche 22 mai 2011

Dimanche en photo (9) - Colette et Bel Gazou

Colette et Bel Gazou par Mme Bonnet-Malige


Les dimanches en photo, à l'initiative de Liyah, sont aussi chez  Choupynette, Fleur Ankya, Grazyel, Tinusia, Katell, Choco. Bon dimanche à tous !




samedi 21 mai 2011

Dans un livre j'ai lu que d'Eugène

" Dans un livre, j'ai lu que lorsque l'écrivaine anglaise Iris Murdoch a terminé un très gros roman, mettons de six cents pages, elle écrit le mot FIN, se fait une tasse de thé, descend dans son jardin, coupe une rose, se remet à sa table de travail et commence tout de suite le roman suivant..."

Voilà un extrait tiré de cet abécédaire fort original proposé par Eugène et les éditions Autrement.  Par ordre alphabétique, le lecteur découvre un ensemble hétéroclite et souvent pittoresque d'anecdotes sur les livres, le vocabulaire, la littérature ou les écrivains. Les paragraphes, souvent courts, peuvent se picorer dans le désordre ou au gré des envies. Ainsi, malgré un manque de temps chronique en ce moment, j'ai pu parcourir l'ensemble de cet opus, en papillonnant d'une lettre à l'autre, et en découvrant de très nombreuses historiettes savoureuses sur les écrivains.
On apprend ainsi que "Notre-Dame de Paris est resté à l'Index jusqu'en 1959" ou que les moines copistes, au Moyen Âge, avaient inventé un démon de l'erreur, un certain Titivillus. "Le diablotin s'embusquait sous les pupitres des copistes pour leur souffler des erreurs ou les chatouiller pour qu'ils commettent des pataquès."


Un vrai plaisir de lecture... qui donne envie de jouer puisque Eugène propose d'écrire le tome 2 avec les amoureux de la lecture. Il suffit de dénicher des anecdotes concernant la littérature. Vous avez jusqu'au 5 novembre 2011 pour participer, et c'est ici.
Merci aux éditions Autrement et à Babelio pour cette lecture fort sympathique.


Dominique a également rédigé un billet sur ce livre.

mardi 17 mai 2011

La Faim de Mohammed El-Bisatie

A l'heure où un vent de liberté souffle dans le monde arabophone, il était temps d'ouvrir quelques pages de la rive sud de la Méditerranée, cette mer aux couleurs de mon enfance. Je me suis tournée vers un auteur égyptien inconnu pour moi (mais visiblement très connu dans le monde arabe) pour commencer. Le roman de Mohammed El-Bisatie s'ouvre sur une façade de maison rouge. Dans cette maison vivent Skina, Saghloul et leurs deux fils de neuf et onze ans, Zahir et Ragab. Le roman se divise ensuite en trois parties : le mari, la femme puis le fils, parties qui pourraient presque se lire à la manière de nouvelles indépendantes.

"Zaghloul s'enfonce dans l'oisiveté. Il travaille deux jours et chôme dix. Ce qu'elle voudrait lui dire, elle se le murmure à elle-même. Que tous les hommes du quartier travaillent, qu'aucun des enfants du voisinage n'a faim ni ne va nu. Mais peu lui chaut. De jour comme de nuit, il reste allongé dans la mandara ou affalé sur la mastaba, quand il ne rôde pas aux alentours du marché. Il traîne toute la nuit, s'assied avec ceux qui s'asseyent, reste debout avec ceux qui restent debout. Il ne fiche rien de rien. (...)"

Zaghloul, le mari, paresseux notoire, ne se soucie pas outre mesure du fait que sa famille souffre de la faim. Il traîne du souk au café, rend des services sans se faire payer et suit les conversations des étudiants qui lui font tourner les idées dans la tête... Sakina essaie de pourvoir à la survie de ses enfants. L'aîné montre une débrouillardise réjouissante, à l'honneur dans la troisième partie.
Point de bandelettes de momie ni de pyramide ici ! Nous voilà loin des clichés touristiques dans ce roman. Mohammed El-Bisatie nous convie à partager le quotidien d'une famille pauvre d'un village égyptien. Toutefois, pas une once de misérabilisme dans ce texte. Plutôt de l'humour, souvent noir, et une grande tendresse pour ses personnages que l'on voit vivre et survivre aussi ardemment que s'ils avaient le ventre plein, tête haute.
J'ai vraiment aimé ce roman où la culture orale affleure sans cesse. J'ai eu souvent l'impression d'entendre la voix du romancier-conteur. De nombreuses histoires se tissent sur le fil du récit principal. Chacun raconte... et l'on se sent non loin du pays de Shéhérazde... Le plaisir de conter est palpable alors, on en redemande !



vendredi 13 mai 2011

Un an déjà !

Voilà maintenant un an que je sévis sur la blogosphère... de Plumes et tableaux au Bruit des pages, de nombreux épisodes sont déjà venus émailler cette encore courte expérience. Un SWAP "musique et littérature" avec Lucie qui m'a laissé d'excellents souvenirs (merci encore Caro), un changement de plateforme, de nombreux partenariats avec Blog-O-Book et Babelio, et depuis peu trois challenge. Mais surtout, de belles rencontres et de nombreux échanges ! 


Je pense aujourd'hui particulièrement aux "fidèles" de mes premiers pas, Kikine, Dominique, Lali, Enitram, Kenza ou Mathilde. A tous ceux qui sont venus ensuite, Adrienne, Aifelle, L'Ogresse, Maggie, Alinéa, Alain, puis Mango, Violette, Moustafette et Florence. M'accompagnent aussi depuis peu Nina, Océane, Asphodèle et d'autres, parfois anonymes mais qui font vivre aussi ce blog... Merci à tous et toutes pour vos commentaires mais aussi pour votre simple présence qui me donne toujours et encore envie d'écrire, de lire, de faire des photos, et de partager tout cela avec vous.




mercredi 11 mai 2011

La Bête de Chabouté

Si par une nuit d'hiver un voyageur... arrive dans un village loin de tout, alors que la neige ne cesse de tomber, chacun ne manquera de se demander : que vient-il faire ici ? Ce voyageur est un inspecteur, et il vient mener une enquête sur un crime commis dans la forêt. Des loups viennent d'y être introduits, alors, naturellement, tous les soupçons se portent sur eux puisque le cadavre  a été retrouvé déchiqueté. Mais la neige tombe toujours, et bientôt, les cadavres vont se mettre à tomber aussi...
Je ne vous en raconte pas plus, afin de ne pas vous dévoiler une intrigue qui m'a rivée à cette bande-dessinée jusqu'à ce qu'elle soit terminée. Les dialogues sont peu nombreux mais Chabouté excelle à rendre une atmosphère. Ici, celle d'un village reculé qu'on imagine en Auvergne par exemple. Le noir et blanc ainsi que les planches sans aucun texte laissent l'imagination broder... et spéculer sur la Bête qui ne cesse de frapper. Les personnages traînent une forme de lassitude qui nous change des super-héros aux dents du gosse élevé au fluor par des parents aimants... L'univers de Chabouté est une découverte pour moi, que je rangerais à côté d'un Comès (l'un de mes favoris...). Je ne vais donc pas manquer d'y revenir (j'ai déjà un deuxième opus en réserve). Merci Alain !


lundi 9 mai 2011

The Duchess de Saul Dibb

Quel film ! Et dire que je suis passée complètement à côté de la sortie de ce long métrage britannique sorti en 2008 et Oscar des meilleurs costumes en 2009 ! Comme quoi, les challenge ont du bon… car bien sûr, c’est dans le cadre de celui organisé par Maggie et Lou, Back to the past (sponsorisé par l’industrie du mouchoir en papier, qu’on se le dise), que j’ai passé cette excellente « soirée DVD ».

Nous sommes à la fin du XVIIIe siècle, En Angleterre. Georgiana, très belle jeune fille d’à peine dix-huit ans est mariée au richissime duc du Devonshire. Elle le découvre vite comme étant un homme rustique, peu apte à la tendresse (ce n’est rien de le dire…) et pour le moins corseté dans son rôle de mâle dominant de l’Ancien Régime. Celui-ci ne pense qu’à une chose : lui faire enfanter un descendant. Déçue par ce mariage, elle se lie d’amitié avec une femme, Bess, qui ne va pas tarder à devenir la maîtresse de son mari, la traîtresse ! C’est alors qu’elle tombe éperdument amoureuse d’un certain Charles Grey… 
Vous n’en saurez pas plus ! Ce film est un véritable concentré romanesque dans lequel j’ai sombré avec le plus grand plaisir… De plus, et cela ne gâche rien, il évoque avec grandeur le sort des femmes à cette époque, ainsi que l’histoire du droit de vote en Angleterre. Seule ombre au tableau : une musique fort agréable mais trop répétitive ainsi que des « trous » dans le scénario liés aux scènes coupées (je l’ai compris en regardant les bonus). Enfin, cela reste un très bon film dont il ne faut surtout pas se priver…

dimanche 8 mai 2011

Dimanches en photo (7) - Un drôle d'oiseau...

Alors que mon teint, au lieu de se hâler doucement prend une franche tonalité "ma vie version word.7", pas question de me (vous) priver des dimanches en photo pour lesquels j'ai un faible... Entre deux pages, une indispensable sortie samedi m'a permis de vous proposer aujourd'hui ce drôle d'oiseau. Très bon dimanche à tous !


samedi 7 mai 2011

Dans le grenier

Dans le grenier de Pat Berning
" Le plus vaste des espaces était le grenier qui occupait tout le deuxième étage, au-dessus des chambres, voué tout entier à l'amoncellement d'un capharnaüm séculaire. On n'y montait jamais que pour y ajouter l'un de ces innombrables objets inutiles qui peuvent toujours servir, selon les préceptes de la prudence paysanne. On débouchait de l'escalier, on avançait d'un pas sur les planches gémissantes, et tout de suite le grenier se repliait derrière vous, vous absorbait dans sa somnolence.
Une clarté rasante se glissait par les vasistas qui, s'ouvrant au ras du parquet, donnaient du village la représentation d'une collection de miniatures bizarrement cadrées. Dans ces réceptacles lumineux, la poussière se dépensait en chorégraphies mécaniques ininterrompues. Des outils à l'usage indéterminé, pris dans l'abandon comme des plantes saisies par le froid, déployaient l'appareil inutile de leurs formes. (...)
En même temps qu'elles se détournaient de nous pour s'adonner à une rêverie inaccessible à la compréhension humaine, elles appelaient à les rejoindre, à s'immobiliser, à laisser le temps se prendre dans l'hébétude."
Pierre Jourde, La Présence, p. 17-18

vendredi 6 mai 2011

Brève


Et bien voilà, ma décision est prise… je m’absente pour un moment de la blogosphère. La rentrée s’annonce très très chargée mais surtout, je rédige un travail nécessitant concentration et beaucoup de temps disponible. Alors, comme je l’ai déjà fait, je retourne à mes écrits… et m’éloigne du blog pour environ trois semaines. Des billets sont programmés pour un moment et je passerai environ une fois par semaine vous lire quand même ! Ne vous étonnez donc pas de mon silence sur vos blogs… J’espère vous retrouver au plus vite ;-) et vous laisse en compagnie de cette si belle lectrice de Marina Chulovich


La présence de Pierre Jourde

Je ne connaissais de Pierre Jourde que les essais. La littérature sans estomac avait été l'occasion de bien des rires chez moi, et je me souvenais avec enthousiasme de Petit déjeuner chez tyrannie. Ce livre m'a permis de découvrir le romancier qui vaut le détour...
 Il nous convie ici à un étrange retour au monde de l'enfance et de l'adolescence. Une nuit d'insomnie angoissée dans une maison pourtant familière embraye le processus mémoriel qui va engendrer l'inflation de l'imaginaire.
"L'angoisse qui me travaille à présent, je la connais bien, mais il y a des années que je ne l'ai plus éprouvée. Peut-être ai-je fait en sorte de ne pas avoir à m'y confronter de nouveau. J'ai voulu croire, en entrant ici, qu'elle ne reviendrait pas, comme on se persuade d'avoir triomphé de ses terreurs enfantines, de ses vieilles faiblesses. Mais la voici, elle n'a pas changé, elle me relie immédiatement au monde perdu de l'enfance et de l'adolescence." 
La géographie nocturne des lieux du passé devient l'occasion de se perdre dans les méandres de la mémoire, de retrouver les sensations associées à certains instants perdus et si vite retrouvés. On pense à Proust bien sûr... mais d'un milieu fort différent. La mémoire ici trouve sa source dans l'imaginaire paysan et l'Auvergne sert de cadre au récit. La forêt et les bêtes nourrissent les souvenirs ainsi que certains lieux mystérieux comme Neracombe, la combe noire.
 
Si certains partent à la campagne pour se ressourcer, le narrateur, lui, cherche à se "vautrer" dans l'imaginaire... au risque de réveiller de bien sombres monstres qui sommeillent dans la "chambre du fond", lieu de tous les possibles, lieu de l'inhumain en devenir. Car cette présence qui donne son titre au recueil, c'est celle d'un étrange personnage au faciès de clown, mais qui peut aussi porter bien d'autres masques. C'est que dans chaque recoin d'alcôve de ces maisons vides sommeille des "cruautés d'Atrides. Chaque personne, chaque maison, chaque famille, chaque hameau est une inépuisable matrice d'histoires, qui s'entremêlant, se multipliant, se contredisant, finissent par former le vrai corps de ce pays, sa chair de songe frémissante.".
 

Ce très beau texte inaugure une nouvelle collection de la maison d'édition Les Allusifs, Les Peurs. Dans un court texte, un auteur doit évoquer l'une de ses peurs. Ici, Pierre Jourde évoque celle des maisons vides. Le récit est émaillé d'instants aux frontières du fantastique. La terreur irrationnelle qui habite l'écrivain se développe à la nuit tombée, ce qui teinte l'ensemble d'un onirisme certain. Il sait à merveille faire parler les rais de lumière, les grains de poussière et les traces du temps jadis. Il se livre ici avec pudeur, dans un texte à l'écriture fort littéraire, comme je les aime...

jeudi 5 mai 2011

Album Sagan

Alors que je relis Bonjour tristesse, j'ai choisi, avant de me lancer dans une biographie plus étoffée, de découvrir une partie de la vie de Françoise Sagan par le biais de ce petit album publié par les éditions de L'Herne dans leur collection "Carnets".


Ce fut une lecture fort agréable !  L'écrivaine évoque sa vie avec son habituelle légèreté teintée de tristesse. "La tristesse, oui, la tristesse était un sentiment possible, mais l'ennui pas question." (Avant-propos d'Eric Neuhoff). Le texte autobiographique se marie à merveille avec les très nombreuses photographies en noir et blanc, souvent inédites, issues des albums de famille et pour certaines prises par son fils Denis Westhoff.
On y découvre la naissance à Carjac, en 1935, dans la maison familiale puis une enfance heureuse. "Quand j'avais trois, quatre ans, je prenais des livres, je passais des heures sur une chaise et je lisais à l'envers et, chaque fois, j'allais demander à ma mère poliment si c'était pour moi. Elle me disait : "Oui, oui, tu peux lire"."

Maison natale de Françoise Sagan à Carjac

Le succès fulgurant à 18 ans seulement vient transformer une vie qui se fait mondaine et voyageuse. En 1957, un grave accident de voiture la laisse entre la vie et la mort. Puis, entre 1963 et 1980 viennent des années d'écriture intense, toujours sur fond de vie accélérée, entre voitures de sport, scotch et chevaux de course. Cette image qui colle au "personnage" s'associe ici à d'autres :  la femme qui écrit, la femme et son fils Denis, la femme entourée d'animaux, la femme qui aime les rivières et les livres. Pour conclure, une excellente introduction à la vie et à l'oeuvre de cette écrivaine...


Premier billet publié dans le cadre du challenge Françoise Sagan organisé par George et Delphine. Bien d'autres suivront !


Fantaisie photographique (6)

Photographie de Jessica Tremp

mercredi 4 mai 2011

Le poids du papillon d'Erri De Luca


Résisteriez-vous à un titre pareil vous ? Moi non... J'ai donc cédé, sans beaucoup de résistance... et découvert cette petite pépite, rédigée par l'un des auteurs italiens "le plus lu dans le monde" nous dit la quatrième de couverture. C'est le deuxième livre d'Erri De Lucca que je lis, et je n'ai pas été déçue... Très court (quatre vingt pages), il se compose de deux récits. 
Le poids du papillon se déroule dans les Alpes italiennes. Un chamois orphelin devient chef de harde. "Sa mère avait été abattue par un chasseur. Dans ses narines de petit animal se grava l'odeur de l'homme et de la poudre à fusil." Élevé seul, il n'a comme guide que sa violence et son instinct de survie, ainsi qu'une taille et une force peu communes. Alors qu'il commence à sentir le poids des années, il décide de se retirer afin de ne pas se retrouver vaincu par un jeune mâle plus véloce que lui. Au même moment, un vieux braconnier âgé d'un soixantaine d'années décide de trouver enfin ce roi de la montagne qui lui a toujours échappé. Le récit nous emmène entre pins et rochers assister à la rencontre de ces deux maîtres des sommets. Entre récit initiatique et conte, Erri de Luca nous propose une vision de l'homme et de l'animal. La nature et la solitude hantent cette magnifique histoire où le poids d'une aile de papillon peut faire basculer une destinée. Dois-je vous préciser que j'ai été entièrement conquise ?

Extrait :

"Le roi des chamois était vêtu de vent. Dans la tempête, il se laissait envelopper par les rafales, c'était son manteau. Son pelage brillait, gonflé par l'explosion des éclairs, le roi fermait les yeux et se laissait étreindre par l'air déchaîné. Il était en sûreté là où toutes les autres créatures sentent une menace. Il était en alliance avec le vent, son coeur battait, léger, se chargeant de l'énergie lancée par le ciel sur la terre."

mardi 3 mai 2011

Les Bêtes de Pierre Gascar


« D’une image antique, il y avait un cheval retenu, la tête levée, la bouche tirée par le mors, tandis que son conducteur, les pieds presque joints, la taille creusée et le bras tendu vers le haut, renversait sa tête avec la même fierté silencieuse (…) ». Le cheval ouvre le recueil de six nouvelles de Pierre Gascar intitulé Les Bêtes. Huit cents cheveux sont parqués avant de partir à la guerre, avec les hommes. Peer, jeune recrue, est affecté à la huitième section, où se trouvent les animaux, et se retrouve à la garde des écuries. La violence qu’il va se mettre à exercer contre les bêtes masque mal un profond désespoir lié à cette proximité avec des cheveux enfermés dans leur enclos comme les hommes le sont dans la guerre... 
La nouvelle qui suit s’intitule La vie écarlate et nous brosse l’étrange aventure d’un jeune garçon boucher, Olivier, avant que n’apparaissent les abattoirs municipaux censés être plus hygiéniques. La troisième nouvelle, Les Bêtes, donne son nom au recueil. Elle se déroule sur le front russe, dans une grange proche de la ménagerie d’un cirque, où se trouvent six prisonniers affamés. Ce récit, comme les autres, illustre le fait que la guerre a amené un « autre règne animal et humain »
Ensuite, Gaston nous conte l'histoire d'un rat mythique dans l'univers des dératiseurs. Le chat retrace l'étrange déménagement d'un jeune couple dans une demeure où un félin va les accueillir et enfin, Entre chiens et loups se déroule dans un camp d'entraînement pour chiens de combat. 


Pierre Gascar, prix Goncourt en 1953 pour son recueil Les Bêtes, suivi par un récit intitulé Le temps des morts, tiré de son expérience concentrationnaire, est injustement tombé dans l'oubli. Son livre de nouvelles est d'une force rare. Tout d'abord par l'écriture. Elle est dense et précise mais s'écoule en de longues phrases laissant voguer l'imaginaire : "Mille bruits divers exprimaient l'effort sur place, les brisements des élans, l'énervement bridé ; à certains moments, une tête se dressait très haut, puis retombait vite, comme abattue, dans le tourment de cette hydre en gésine" (Les Chevaux).
L'aspect dérangeant du recueil tient au fait que l'homme s'y présente égal à l'animal, voire bien pire que lui. Les conditions de vie liées à la guerre catalysent des comportements plus policés en temps de paix... La puissance de ces récits ne tient pas dans des intrigues somme toute peu fournies mais dans la richesse de ce rapport avec l'animal tout proche. Les bêtes, la nuit, la guerre : un trio propre à déchaîner toutes les passions dans un seul geste...

Le sens à donner à l'ensemble tient sans doute dans cette chute : "Il y a le cheval dément, le mouton rage, le rat savant, l'ours impavide, sortes d'états seconds qui nous ouvrent l'enfer animal et où nous retrouvons, sans l'étonnement de la fraternité, notre propre face tourmentée, comme dans un miroir griffu."


Lu dans le cadre du challenge La Nouvelle organisé par Sabbio.

lundi 2 mai 2011

C’est lundi, que lisons-nous ? (7)



Lu durant la semaine du 25 avril au 1er mai 
-         Stabat mater de Tiziano Scarpa 

-         Les Bêtes de Pierre Gascar 

-         Le poids du papillon d’Erri De Luca

-         La présence de Pierre Jourde

Mes lecture en cours
-         Les Fables de La Fontaine
-         L’animal littéraire : des animaux et des mots de Jacques Poirier
-   La faim de Mohammed El Bisatie 

Ce que je vais lire cette semaine…

Ce que j'ai déjà commencé...

Et vous, que lisez-vous ????


A partir d'une idée initiale de Malou, suivi maintenant assuré par Galleane. Bonne semaine à tous.