lundi 29 avril 2013

C'est lundi, que lisons-nous ? (58)


Lu durant la semaine du 22 au 28 avril 2013

- Faire l'amour de Jean-Philippe Toussaint


- Un p'tit polar : La piste du Tigre de James Patterson


 - Les fables de l'Humpur de Bordage et Roman


Et sans doute d'autres puisque ce billet a été rédigé mercredi dernier... et que la panne de lecture est déjà terminée ;-)

Mes lectures en cours

Rien pour le moment, mais de nombreux volumes attendent dans ma valise !

Ce que je vais lire cette semaine

Cela sera en fonction de l'air du temps, du goût du vent et des coefficients de marée ;-)

Et vous, que lisez-vous ?

samedi 27 avril 2013

Marathon de lecture du printemps


Lorsque vous découvrirez ce billet, je serai loin de mon ordinateur... mais près de la mer, et sans doute un livre à la main ! En effet, bien qu'en vacances, j'ai décidé de participer quand même au marathon de lecture du printemps : avec du temps, une terrasse, et sans doute du soleil (ben oui, je suis optimiste...), tout se prête à des séances de lecture intensives. J'ai donc emmené avec moi quelques livres bien choisis, du thé, et des habits confortables pour me lover dans ma chaise longue !
Je vous retrouve en début de semaine prochaine afin de faire le bilan de l'aventure livresque...

jeudi 25 avril 2013

Vacances j'oublie tout ! plus rien à faire du tout !


Enfin ! l'heure des vacances a sonné... plus de courrier, pas d'ordinateur, pas de radio, pas d'internet, juste une terrasse, de l'eau et des livres... Pas besoin d'en dire plus non ? J'ai quand même programmé des billets, une fois n'est pas coutume (motivée la Margotte !), et je vous retrouve la semaine prochaine.

mercredi 24 avril 2013

Les fables de l'Humpur de Bordage et Roman


Les habitués de ce blog connaissent mon faible coupable pour les figures anthropomorphes dans les bandes dessinées. Alors bien sûr, que pensez-vous qu'il se soit passé lorsque j'ai découvert, chez mon libraire préféré, ce pauvre grogne (homme-cochon) au bord de l'eau, visiblement surveillé par l'ombre d'un vilain maître corbeau ? Surtout lorsque le scénario du volume en question est signé Pierre Bordage et que l'on a déjà lu (et adoré) le livre qui a donné naissance à cette réécriture.... Car tout a commencé en 1999, lorsque Pierre Bordage, auteur de SF très connu aujourd'hui, a publié Les fables de l'Humpur. Dans ce roman qui mélange fantasy et science-fiction, il intègre très adroitement de nombreux éléments de l'histoire médiévale (on connaît son goût prononcé pour l'histoire).


"Ainsi s'en vient le grogne, l'allure pesante, la fourche ou la faux sur l'épaule, la tête baissée sur cette terre qu'il éventre de son soc et engrosse de sa sueur, et sa peur l'ensuit comme une ombre. Un jour, un hurle errant et de mauvais aloi croise le chemin d'un grogne âgé et frappé par la maladie des os mous." (...)
Ainsi s'ouvre cette BD, sur l'un des "fabliaux de l'Humpur", monde dans lequel évoluent d'étranges animaux qui parlent et portent froc. L'histoire commence dans la communauté de Manac, paisible village où vit Véhir, un paisible grogne encore puceau. Promis à Troïa, il refuse de participer à la grande saillie durant laquelle il doit perdre son pucelage car il ne veut pas partager sa belle grogne. Il s'enfuit donc du village et va rencontrer dans la forêt le vieux Jarit, un grogne paria qui lui propose de partir découvrir le "grand centre", lieu mythique où résiderait les dieux humains... Je n'en dévoilerai pas plus sur l'intrigue que je vous laisse découvrir !


L'exercice de réécriture s'avère parfois risqué, mais ici, il faut avouer que l'aventure a engendré une vraie réussite ! Tout d'abord parce que le scénario (de Bordage, il est vrai...) respecte tout à fait l'oeuvre originale. Ainsi, on retrouve tous les éléments principaux de l'intrigue, et surtout, l'ambiance du roman. Le jeu sur les noms d'animaux ou l'ancien français. Ainsi, les hommes-cochons sont des "grognes", les hommes-loups des "hurles", les hommes-serpents des "siffles"... et ils s'expriment en utilisant des tournures empruntées à la langue de l'Ancien régime : "l'est avec icelle que tu as meurtrié les prévots dans la forêt de Manac !?"
Ensuite, le graphisme, s'il n'est pas forcément très innovant du côté des personnages, a le mérite d'être fort agréable à regarder et de convenir parfaitement à l'intrigue. Les innovations existent pourtant en terme de mise en page. Il existe de nombreuses variations dans la disposition des cases et/ou dans leur forme. De nombreuses pages proposent des jeux de surimpressions entre le fond qui propose une sorte de tableau-paysage et l'histoire qui se décline dans les cases, et vient donc animer le tableau. Tout cela dynamise la lecture, tout en la rendant stimulante.


Enfin, mention spéciale à Cyril Vincent pour son travail sur les couleurs et à Claude Guth pour les couleurs de couverture. En effet, de nombreux volumes de bandes dessinées pèchent par un travail insuffisant sur la couleur. Ici, au contraire, on est tout de suite séduit par la clarté du trait du dessin d'Olivier Roman très bien mis en valeur par les couleurs. Que dire de plus ? Une vraie réussite et un excellent moment de lecture pour moi. Ne reste plus qu'à attendre le deuxième volume...


L'avis enthousiaste de L'enjomineur (fan de Pierre Bordage, vous l'aurez compris). Un avis moins enthousiaste sur planète BD.

mardi 23 avril 2013

Faire l'amour de Jean-Philippe Toussaint


Quand on arrive pas à lire, le programme proposé par ce titre peut toujours être une solution. Enfin, les deux, c'est encore mieux ! Mais je m'égare... C'est un peu par hasard que j'ai pris ce livre à la bibliothèque, hasard encouragé par la lecture récente de L'urgence et la patience que j'avais adoré (mais sur lequel, hélas, je n'avais pas rédigé de billet). Me restait à découvrir enfin l’œuvre romanesque de cet écrivain... et la découverte fut intense tant j'ai été littéralement "happée" par cette voix narrative.
L'histoire peut sembler banale puisqu'il s'agit d'une rupture amoureuse. Toutefois, deux éléments viennent enrichir cette thématique : tout d'abord le lieu, Tokyo, et la sexualité qui, au lieu de s'éteindre, s'embrase avant l'extinction finale. 
Alors que le couple arrive au Japon, il se trouve tout de suite en contact avec l'activité sismique de l'île qui, très vite, vient comme en surimpression des sentiments qui s'agitent dans l'esprit enfiévré de ce couple harassé par le décalage horaire, et par le vide laissé par la fuite du sentiment amoureux. La menace du grand tremblement de terre, celui qui laissera Tokyo anéantie, plane sur le couple qui pose ses valises dans une chambre d'hôtel tout en s'épiant, chacun cherchant chez l'autre quelque chose qu'il se révèle incapable de lui donner.
L'écriture de Jean-Philippe Toussaint, à la fois fluide et clinique, parvient à merveille à décliner les "intermittences du cœur" (et du corps...) sans en avoir l'air, comme dans cette magnifique scène de la piscine :


"L'eau de la piscine était immobile dans la pénombre, seules brillaient dans le noir les rampes argentées recourbées des escaliers d'accès au bassin. (...) Je me déchaussai et me dirigeai entièrement nu vers le bassin, sentant le contact tiède et humide des froncements caoutchouteux du revêtement sous la plante de mes pieds. Je m'assis au bord de l'eau, nu dans la pénombre, et, au bout d'un moment, tout doucement, je me laissai glisser à la verticale dans le bassin - et le tourbillon de tensions et de fatigues que j'avais accumulées depuis mon départ de Paris parut se résoudre à l'instant dans le contact de l'eau tiède sur mon corps." 


Jean-Philippe Toussaint est considéré comme l'un des descendants du nouveau roman tendance Robbe-Grillet. Son œuvre est restée plus ou moins confidentielle jusqu'à la parution de Fuir qui a obtenu le prix Médicis en 2005. Faire l'amour, Fuir et La vérité sur Marie composent une trilogie sur ce duo amoureux : il ne me reste donc plus qu'à lire les deux opus suivants qui, j'en suis certaine, seront à la auteur du premier volume !

 

lundi 22 avril 2013

C'est lundi, que lisons-nous ? (57)


Lu durant la semaine du 15 au 21 avril

Bilan pas brillant... car je suis dans une période de "panne de lecture" :-( Tout livre me tombe des mains... reste à espérer que cela ne va pas durer trop longtemps. En désespoir de cause, je me lance dans l'exploration cinématographique ! Voilà donc ma seule lecture de la semaine (et encore, je l'avais commencé la semaine précédente...) :


Mes lectures en cours

Faire l'amour de Jean-Philippe Toussaint mais j'avance difficilement, alors que ce livre est une merveille !

Ce que je vais lire cette semaine

La situation étant ce qu'elle est (ben oui, encore), je ne sais pas du tout !

Et vous, que lisez-vous ?


samedi 20 avril 2013

Journal 1973-1982 - Joyce Carol Oates

   Le journal de Joyce Carol Oates complet se compose de 4 000 pages (à interligne simple !). La taille du manuscrit, gardé à la bibliothèque de l'université de Syracuse, a obligé l'éditeur à faire un choix. Il s'est donc limité aux années 1973-1982, tout en retranchant les potins universitaires ou certains événements familiaux. Le journal s'ouvre le 1er janvier 1973, alors que l'écrivaine a 34 ans. Elle vient juste d'accéder à la notoriété, la parution de them (Eux), en 1969, lui ayant valu le National Book Award. Elle envisage alors la pratique diariste comme une "prise de conscience" et tente de saisir l'authenticité de la vie quotidienne au travers de son travail d'écriture.
   La taille du livre peut effrayer un peu : 520 pages (larges et hautes) d'un texte dense... mais je suis entrée dans l'univers de la romancière avec délice et n'ai refermé qu'avec regret cet ouvrage ! Je devais lire un ou deux chapitres par jour, et cela se terminait avec une année dévorée jusque tard dans la nuit...
   Alors, pourquoi cette lecture enthousiaste ?

- Pour découvrir un mode d'engagement dans l'écriture, qui doit sans cesse trouver son équilibre face aux autres occupations de la vie quotidienne... et notamment, son travail universitaire. En tant qu'enseignante, je ne pouvais qu'être intéressée par ses nombreuses remarques sur ce que représente la transmission du savoir. Même si les préoccupations d'un universitaire et celles d'un professeur du secondaire sont fort différentes, le rapport au savoir reste en partie identique. Bref, j'ai vraiment aimé lire les nombreuses remarques sur son adaptation à la vie professionnelle en fonction de ses travaux littéraires.
JC Oates et son mari Raymond Smith, en 1972
- Pour la réflexion passionnante sur les pouvoirs de la lecture. Ainsi, elle écrit le 23 décembre 1981 :
"Plaisirs de la révision. (Funland.) Plaisirs de lire un roman d'une grandeur si incontestable qu'on n'y sent jamais une "grandeur" assommante et consciente de soi. (Don Quichotte, traduction de Cohen.) (...) Ce qui m'intéresse beaucoup dans ce roman est évidemment ma façon de le lire, indépendamment des merveilles du roman lui-même. (900 pages à peine ! Et j'en ai lu plus de 200 ! J'ai envie de traîner, de lire aussi lentement que possible, c'est la sensation que j'ai quand je finis d'écrire un roman, quand j'approche de la fin, des mois durant j'ai été obsédée, obnubilée, anxieuse, j'ai tâtonné, ne rêvant que de liberté, et maintenant... et maintenant... vais-je enfin accéder à cette précieuse liberté et la trouver... parfaitement vide ?"

- Pour l'année 1978 durant laquelle elle centre son existence sur la pratique du piano et la composition de son roman gothique Bellefleur. Cette année là, elle revient avec assiduité à la pratique de l'instrument et prend des cours. Elle évoque souvent Chopin, qu'elle écoute presque quotidiennement, et qu'elle joue aussi. On assiste avec fébrilité à l'élaboration d'une sorte de roman dévorant. Sa préparation aura nécessité plus de 1 000 pages de notes, tableaux, cartes... 

"Travaille à Bellefleur, heure après heure, et rien ne me convient mieux ; rien n'est plus généreusement, voluptueusement enrichissant. Viens de finir il y a une minute le chapitre "Paie-de-Sables" et maintenant il est près de 23 heures et à part un après-midi à l'université (...) j'ai travaillé au roman toute la journée. Tant il est absorbant, hypnotisant..."

- Parce qu'elle évoque avec franchise son manque d'intérêt pour la maternité, sa passion unique et envahissante pour l'écrit, son anorexie, son rapport au corps et à la sexualité, son amour-amitié pour son premier mari Raymond Smith... J'avoue avoir été séduite aussi par une détestation que nous avons en commun : les fêtes de fin d'année. Elle préfère, comme moi, les passer un bon livre à la main... Il existe toujours une part de curiosité dans la découverte des écrits intimes des autres, qui renvoient à notre propre vie, à ce que l'on fait, ou pas, de notre vie quotidienne... Le journal de Joyce Carol Oates ne dévoile pas de détails croustillants, et je l'ai aimé pour cela. Il s'inscrit plutôt dans l'exploration de la démarche d'une vie étroitement liée à la création littéraire et ne peut qu'inviter à lire au plus vite les ouvrages de cette grande romancière.

mercredi 17 avril 2013

Lancelot ou le Chevalier de la Charette de Chrétien de Troyes

La dame de Champagne, fille d'Aliénor et du roi de France, trône comme inspiratrice de ce roman, elle qui réunissait en sa cour poètes et écrivains. Marie a donné la matière et l'idée directrice, le poète se contentant de mettre en forme l'histoire du Chevalier de la Charrette qui suit...
... Un jour, lors d'une fête de l'Ascension, alors que la cour festoie, surgit en cette belle et noble assemblée un chevalier armé de pied en cap. Celui-ci lance un défi au roi. En effet, il détient en son royaume de Gorre des gens de la terre d'Arthur. Si le roi veut les revoir, il doit accepter de laisser sa femme se diriger dans un bois, en compagnie d'un chevalier. Un combat aura alors lieu, et celui qui l'emportera pourra rentrer avec la reine et les gens enlevés. Sur ce, le chevalier s'éloigne. Keu à la langue fourchue (dois-je vous rappeler qu'il s'agit du fourbe des légendes arthuriennes ?) menace alors de partir de la cour. Le roi, déjà ébranlé par les paroles du chevalier anonyme, le supplie de rester, mais comme Keu ne veut rien entendre, il envoie la reine Guenièvre pour le faire céder. 
 
Face aux suppliques de la dame, Keu accepte de rester à condition qu'on lui accorde ce qu'il demandera. La reine acquiesce. Keu et Guernièvre vont alors trouver le roi qui accepte de se soumettre à la volonté de son sénéchal qui lance alors le souhait suivant : "Nous irons donc à la recherche du chevalier qui nous attend dans la forêt."... C'est avec effroi que la cour assiste au départ de Keu l'orgueilleux suivi de la reine montée sur son palefroi !
Moult aventures vont ensuite émailler cette histoire : Lancelot, chevalier lancé à la poursuite de sa reine, devra affronter l'épreuve du lit périlleux, traverser le pont immergé, le Pont du l'Epée et le cimetière du Futur... autant dire que l'on ne s'ennuie pas et cela donne vraiment envie de se plonger dans la littérature médiévale !


lundi 15 avril 2013

C'est lundi, que lisons-nous ? (56)


Lu durant la semaine du 8 au 14 avril, entre deux averses...

- Une bonne raison de se tuer de Philippe Besson



- L'homme-joie de Christian Bobin (pour me remettre de la lecture ci-dessus... et ce fut efficace !)


Mes lectures en cours

Un Joyce Carol Oates peu enthousiasmant (Les femelles, des nouvelles) et une bio de Chabrol, nettement plus intéressante !

Ce que je vais lire cette semaine


La situation étant ce qu'elle est (suite), je ne sais pas du tout ! ;-)

Et vous, que lisez-vous ?

dimanche 14 avril 2013

Un dimanche au cinéma (1) - Le Beau Serge de Claude Chabrol


Après avoir visionné ces derniers temps plusieurs films de Chabrol, dont Poulet au vinaigre, j'ai décidé de commencer par le début, et grâce à ma médiathèque préférée, j'ai découvert cette petite perle en noir et blanc de 1959, premier film du réalisateur.
Considéré comme le prélude à la nouvelle vague, ce film nous raconte l'histoire de François, un jeune homme convalescent qui revient après dix ans d'absence dans le village creusois de son enfance. Dès son arrivée, il croise Serge, un ami d'enfance qui a visiblement sombré dans l'alcool après la perte d'un enfant. Ce dernier, mal marié avec Yvonne, tourne autour de Marie, sa belle-soeur, une belle petite garce à la blouse prompte à s'ouvrir. François, qui se refuse à accepter la situation en l'état malgré les avertissements des uns et des autres, va tout faire pour transformer son compagnon d'enfance....

Serge (Gérard Blain) et François (JC Brialy)
Je ne sais pas si on oserait, aujourd'hui, faire un film comme celui-ci ? Peut-être du côté des frères Dardenne ? Car il s'agit d'un vrai film social, qui ose montrer une réalité peu présente au cinéma, ou pas de cette manière là. La confrontation entre deux mondes, entre François, jeune urbain pétri de bonnes intentions mais loin des réalités du monde de son enfance et Serge, âme fêlée plus vivace qu'elle ne paraît, dégage une vraie force de questionnement. Chabrol ne juge pas, il semble simplement contempler les étincelles produites par le frottement de ces deux matières psychiques qui se heurtent mais n'arrivent plus à se comprendre, ou de manière fugace.
J'ai vraiment aimé cette puissance évocatoire finalement beaucoup plus morale qu'elle n'en a l'air. Elle est portée par la lumière dégagée par le noir et blanc. La dernière partie du film qui s'ouvre lorsque la neige tombe, en même temps que la nuit, est d'une beauté formelle réjouissante et ravissent un regard pourtant habitué à la surenchère des films à gros budgets. Comme quoi, l'argent ne remplace pas le talent...

Image qui lance la dernière partie du film
Elle est portée, cette puissance, par le jeu des acteurs, vraiment excellents. Mention spéciale à Bernadette Lafont, extraordinaire en délurée campagnarde armée d'une blouse et de charentaises qui vont en faire sombrer plus d'un. J'ai particulièrement goûté aussi le personnage du boulanger du village, joué d'ailleurs par le vrai boulanger de Sardent, le village creusois où fut tourné le film et ou Claude Chabrol séjourna quatre ans chez sa grand-mère, durant la Seconde Guerre mondiale.
Marie (B. Lafont), au centre
Enfin, la force du film tient sans doute au débat moral qui l'anime et qui est mis en scène, entre autres, au travers des dialogues avec le curé du village. J'ai d'ailleurs été surprise de trouver autant de références à la religion dans un film de Chabrol... mais j'ai appris depuis qu'il fut croyant et l'on sent ici qu'il connaît ses classiques, y compris du côté de l'Eglise. Cela donne au film un poids inattendu qui évoque parfois Bernanos (par ailleurs apprécié par le cinéaste).


Il ne me reste plus qu'une chose à faire... regarder Les cousins, deuxième film du cinéaste, où l'on retrouve le duo Gérard Blain et Jean-Claude Brialy... Peut-être à la semaine prochaine pour la suite alors ? En attendant, vous pouvez toujours aller voir la bande-annonce ICI, bon dimanche !

samedi 13 avril 2013

L'homme joie de Christian Bobin


Certains aiment les romans fleuves, intarissables flots de remous et de vagues immenses, d'autres goûtent les récits plus courts, à la fois denses et concis. J'apprécie plutôt les ouvrages qui se rangent dans la deuxième catégorie, Chrisitian Bobin a donc tout pour me plaire... Et dans ce nouvel opus, il ne déroge pas à ses habitudes : il fait court (180 pages) et fragmentaire, à l'image d'un Quignard, l'Histoire en moins.
La quatrième de couverture nous annonce, d'une écriture bleue manuscrite : "J'ai rêvé d'un livre qu'on ouvrirait comme on pousse la grille d'un jardin abandonné."
Au milieu de ce jardin trône Le carnet bleu, huit pages manuscrites envoyées à la "plus que vive" en 1980 (sa femme, Ghislaine, morte prématurément d'une rupture d'anévrysme à 44 ans...). Autour de ce carnet, comme des herbes folles, seize chapitres au goût de fleurs et de vent : L'homme joie, Le laurier rose, Trésors vivants... Ils disent la vie, la mort, la maladie et la joie d'être vivant, coûte que coûte.
Partout dans ce jardin, des livres, éternels compagnons d'infortune :
"Je n'aime que les livres dont les pages sont imbibées de ciel bleu - de ce bleu qui a fait l'épreuve de la mort. Si mes phrases sourient c'est parce qu'elles sortent du noir. J'ai passé ma vie à lutter contre contre la persuasive mélancolie. Mon sourire me coûte une fortune. Le bleu du ciel, c'est comme si une pièce d'or tombait de votre poche et qu'en l'écrivant je vous la rendais."
Partout dans ce jardin, des livres, éternels camarades des moments de délice :
" Mon idéal de vie c'est un livre et mon idéal de livre c'est une eau glacée comme celle qui sortait de la gueule d'un lion d'une fontaine sur une route du Jura, un été."
Alors bien sûr, j'ai été conquise, et joyeuse, et j'ai lu comme on pioche dans un panier de cerises, les yeux brillants, jupe et cheveux au vent ! 

 

mercredi 10 avril 2013

Une bonne raison de se tuer de Philippe Besson


Attention ! billet plombant ! 
Pffffffffff, rien qu'en écrivant le titre, j'avais déjà une bonne raison d'arrêter d'écrire ce billet............ mais comme je viens de revenir sur la toile, ma motivation est telle que je vais aller au bout de ma mission.
Car cette mission, celle que je viens d'accepter en alimentant à nouveau mon blog vorace en billets fameux, sera aujourd'hui d'écrire quelque chose sur un livre qui nous raconte l'histoire de deux personnages ayant envie de se tuer - quelle surprise après avoir déjà fait l'effort de lire le titre- .
Laura, la quarantaine bien tassée, vient de se faire larguer par son mari et se retrouve obligée de travailler après avoir passé sa vie à s'occuper de sa maison et de ses enfants peu reconnaissants. Elle goûte alors aux joies du travail salarié grâce à un l'un de ces petits boulots aussi harassants que mal payés. Elle en a marre et veut se tuer.
Samuel, le même âge, à croire qu'il y a un moment de la quarantaine maudit, vient de perdre son fils Paul. Ce dernier s'est suicidé et son père veut faire de même. Vous suivez ? J'ose à peine continuer...
Le roman se construit sur l'alternance des deux voix qui jouent des effets de miroir. On attend de pied ferme qu'elles se rencontrent... et on s'ennuie tout autant.
Si j'aime beaucoup Philippe Besson, là, je dois dire que tout m'a agacé. Le style journalistique tout d'abord, qui m'a évoqué du mauvais Marguerite Duras. Ensuite, l'ambiance mortifère qui plane sur le roman, mais sans jamais être vraiment dérangeante. Tout est plombant mais tout a déjà été dit et redit. Enfin, cela se passe aux États-Unis et je n'ai pu m'empêcher de penser aux bonnes séries américaines qui proposent souvent une critique sociale..., sauf qu'ici, le contexte social est absent, ou présent seulement sous la forme d'une vague toile de fond. L'effet Hooper a encore frappé et comme tout effet que l'on utilise de manière récurrente, il finit par lasser. Ce fut le cas pour moi, j'ai terminé ce livre en sautant d'un chapitre à l'autre, ravie d'arriver enfin à la fin. 
Pour celles et ceux qui se lanceront tout de même dans cette lecture, je leur conseille d'attendre que le beau temps revienne enfin, tout en gardant près d'eux une bonne réserve de chocolat garanti en sérotonine. La preuve par l'extrait :

"Mais la mort voulue, la mort consentie d'une femme de quarante-cinq ans, habitant Sweetzer Avenue, Los Angeles, Californie, un jour de l'automne 2008, non, ce n'est pas une catastrophe. Même pas un fait divers. Ça ne fera pas deux lignes dans le journal. Surtout un jour comme aujourd'hui."



lundi 8 avril 2013

C'est lundi, que lisons-nous ? (55)


Lu durant la semaine du 1er au 07 avril 
 - Le Journal de Joyce Carol Oates : un pavé qui se lit au long cours...


- Paul Eluard, L'amour, la révolte, le rêve de Luc Decaunes


Mes lectures en cours

L'avant dernier Philippe Besson : il sera vite terminé...

Ce que je vais lire cette semaine

La situation étant ce qu'elle est, je ne sais pas du tout ! ;-)

Et vous, que lisez-vous ?

samedi 6 avril 2013

La merveille et l'obscur de Christian Bobin


Ce qu'il y a de bien avec Christian Bobin, c'est qu'on est rarement déçu... on trouve toujours à piocher chez lui quelques phrases bienfaisantes, ou une pensée volage qui agit comme un baume enchanteur. Ce très court opus de quatre-vingt-trois pages ne déroge pas à la règle. Le titre, déjà, nous invite à poser nos valises et à regarder autour de nous, ce qui suit aussi.
L'ouvrage nous propose une série d'entretiens de l'auteur avec Charles Juliet, Nelly Bouveret et Judith Brouste. Si vous fréquentez ce blog depuis un moment, vous connaissez mon admiration pour Charles Juliet... autant dire que l'association des deux m'a plus que séduite ! De nombreux sujets sont abordés dans ces échanges mais deux thèmes dominent, l'enfance et l'amour, un beau programme non ?

L'extrait qui suit correspond au début d'un des entretiens avec Charles Juliet (intitulé La chambre d'or des lectures) :
Dans vos livres, vous parlez souvent des livres et de la lecture...
Oui, et j'en parle même un peu trop. J'essaie le plus possible d'éviter cet enfermement d'une écriture dans les livres. L'écriture est comme la pluie d'été. Les livres sont comme des flaques d'eau. Ce qui se dépose dans les livres n'est qu'une faible partie de l'écriture. L'essentiel ne croupit pas dans les livres mais continue de briller sur le coeur, de rafraîchir le regard. Il y a une guerre entre les livres et l'écriture, une guerre jamais gagnée, jamais perdue.



jeudi 4 avril 2013

Un endroit où se cacher de Joyce Carol Oates


Oh comme je suis faible... alors que je devrais être en train de travailler avec acharnement sur un programme de concours, me voilà en train d'écrire un billet pour mon blog ! Vous le lirez avec un certain décalage mais je ne peux m'empêcher de vous parler de ce livre alors que je viens tout juste de le refermer... Encore une autre faiblesse : je viens de dévorer ce roman très attachant au lieu de lire la pile qui m'attend qui se compose de bien autre chose que de littérature jeunesse. Pffffffff.........
Cet excellent opus de Joyce Carol Oates nous raconte la difficile reconstruction d'une adolescente, Jenna Abbott. Avant, elle était une fille "normale". Puis, il y a eu l'accident où elle a perdu sa mère. Alors qu'elles traversaient un pont de cinq kilomètres, la conductrice a soudain perdu le contrôle du véhicule, puis percuté la rambarde du pont où elle s'est encastrée. Seule Jenna en sort vivante. Après une longue période de convalescence où elle évolue "dans le bleu" à cause des antalgiques, elle sort affronter le deuil de sa mère et la vie quotidienne, hébergée par sa tante. De bien nombreuses étapes vont jalonner son parcours pour se raccrocher à la vie.
Une fois la première page lue (il est des livres qu'il ne faut pas ouvrir...), je suis restée rivée sur ce roman comme le bernique sur son rocher breton. Elle est comme ça Joyce ! Mais pourquoi donc ? Parce ce qu'elle sait camper des personnages comme personne, parce ce que son intrigue est rondement menée, parfois à la limite du polar (on se demande longtemps comment s'est passé l'accident et s'il n'a pas été provoqué par quelqu'un), parce qu'elle évoque à merveille la valse hésitation de l'adolescence. Lisez ce livre ou offrez-le, ou les deux !