Etrange impression à la fermeture de ce livre… L’impression de sortir d’un songe rempli d’images orientales. Car ce roman, finalement, n’est-il pas construit comme un rêve, mosaïque d’éléments épars qui compose un tout lumineux et précieux ?
Dois-je évoquer l’intrigue ? Elle a déjà été longuement commentée sur la blogosphère… Michel Ange, déçu par le Pape Jules II, décide de répondre favorablement au sultan Bayazid qui le mande dans la belle Constantinople. Celui-ci veut lui faire réaliser les plans d’un pont qui permettrait de relier les deux rives de la Corne d’Or. Michel Ange part, mais sur place, l’inspiration ne vient pas, pas plus que les sommes promises par le sultan. L’inspiration défaillante, c’est dans les tavernes cosmopolites de la ville que l'artiste la trouvera, dans les songes d'un Orient qui toujours lui échappe.
Lettres, rêves et chapitres narratifs s’entrecroisent ici comme les cultures dans l’ancienne Constantinople. Le temps, comme dans les songes, devient décousu. Seules les images orientales restent : celle d’une femme nue aux cinq bracelets qui teintent, celle des poignards ouvragés et recourbés… celles d’un beau mirage oriental. Dois-je vous préciser que j’ai été conquise ?
Michel Ange, détail |
« A voguer ainsi sur les eaux calmes du Bosphore, Michel-Ange se rappelle la traversée qui sépare Mestre de Venise, où il s’est rendu dans sa jeunesse ; il n’est pas étonnant qu’il y ait tant de Vénitiens ici, songe-t-il. Cette ville ressemble à la Sérénissime, mais dans des proportions fabuleuses, où tout serait multiplié par cent. Une Venise envahie par les sept collines et la puissance de Rome. »