samedi 30 avril 2011

Sylvie Germain sur France Culture

Hier soir, Sylvie Germain était l'invitée du Rendez-Vous de Laurent Goumarre sur France Culture, à propos de son dernier ouvrage, Un monde sans vous.
Pour ceux qui veulent écouter l'émission, c'est ici... Bon voyage...


Un grand merci à Moustafette pour l'info !

vendredi 29 avril 2011

The Tudors – Saison V


   Que de flamboyance dans cette ultime saison des Tudors. La saga historique se clôt en beauté. Mais je vais faire court afin de ne pas vous dévoiler les ressorts de la fin… Les premiers épisodes se concentrent sur la jeune et nouvelle reine en manque de cervelle, mais non de désir pour la chair, ce qui ne manquera pas de lui causer quelques soucis... Le contraste n’en est que plus saisissant avec la reine qui va suivre, Catherine, une femme mûre fort judicieuse. Membre de l’Eglise réformée, celle-ci va se servir de son statut de reine afin d'essayer de promouvoir ses idées. 


 La fin de la série se déroule dans une ambiance fin de règne de plus en plus prégnante et oppressante. Le roi, vieillissant et malade, use et abuse de la torture afin de débusquer le moindre opposant. Sa fille Marie, toujours célibataire, porte sa hargne contre les hérétiques et se montre prête à tout pour honorer la religion de sa défunte mère Catherine d'Aragon, y compris à faire torturer et brûler des femmes. Les nobles un peu trop envahissants se voient jugés sans aucune preuve d’un quelconque méfait. Et enfin, les complots ourdis de part et d’autre se développent sur la supposition d’une mort prochaine du roi.




Encore une fois, la série m’a tenue en haleine à coup de complots, de traques contre les hérétiques, mais aussi d’histoires fort romanesques et de combats époustouflants. Les derniers épisodes, centrés sur le siège de Boulogne, sont vraiment dignes d’un bon film historique. Les anecdotes concernant le siège, la remise des clés de la ville, tout porte à l’envie d’ouvrir un bon livre d’histoire  ! Et puis, pour mon plus grand plaisir, j'ai assisté à la renaissance du duc de Sofolk, l’un de mes préférés je l’avoue. Pour conclure, juste un regret : c’est terminé… 




 Vu dans le cadre du challenge initié par Maggie et Lou. Qu'elles sachent que j'ai vraiment versé une larme... Il vous reste à regarder la série pour deviner quand ;-)


mercredi 27 avril 2011

Stabat mater de Tiziano Scarpa


"Madame Mère, au coeur de la nuit, je quitte mon lit pour venir, ici, vous écrire. Rien de nouveau, cette nuit encore l'angoisse m'a assaillie. La bête m'est familière maintenant, je sais lui tenir tête. Ma désespérance n'a plus de secret pour moi.". Ainsi s'ouvre Stabat mater. Cecilia, orpheline abandonnée par sa mère vit dans un orphelinat, à Venise, dans l'hospice de la Pietà. Durant ses nuits pleines d'angoisse, elle dialogue avec une mère imaginaire. Cet échange, avec ses promenades nocturnes, lui permettent de lutter contre des moments de terreur qui la portent sur les rives de la folie. "Madame Mère, vous m'apparaissez de plus en plus souvent quand je suis assise à la table du réfectoire, je vous vois ébauchée sur ma soupe, je me lève et cours vomir aux cabinets."


Mais Cecilia joue de la musique. Du violon. Et la recherche des sons accompagne sa quête de la mère. Car, à l'orphelinat, les filles les plus douées  jouent et apprennent à copier la musique alors que les autres se destinent à la couture, à la cuisine ou à d'autres besognes. A 16 ans, la jeune fille forme déjà les plus jeunes à qui elle enseigne à jouer le chant de l'hirondelle. Dans cette vie monacale, deux événements viennent faire saillie, qui font modifier à tout jamais son destin. Un soir, soeur Teresa conduit cinq de ses pensionnaires, masquées et vêtues d'une robe rouge, dans un palais. Les jeunes musiciennes doivent ensuite jouer devant un vieillard moribond et d'autres hommes âgés.  


Ensuite, dans cet univers confiné et peuplé de femmes, arrive un jour un nouveau professeur de musique qui vient remplacer un vieil abbé besogneux. Ce jeune prêtre aux cheveux roux n'est autre que Vivaldi. Il va convier l'héroïne à un étranger voyage au bout d'elle-même, par le biais de la musique. "Parfait, mesdemoiselles. Nous allons faire le tour du monde et du temps. En imagination. Vous deviendrez tout. La douceur et la furie. Vous avez tout en vous. En avez-vous aussi le courage ? Êtes-vous prêtes ?". 



L'auteur, écrivain italien auteur d'essais sur la littérature, est né dans une chambre de cet ancien orphelinat vénitien et a voulut rendre un hommage au musicien ainsi qu'à ses anciennes petites élèves. Quel bel hommage ! Un véritable plaisir de lecture, à la fois délicat et passionné. De ceux qui donnent envie de (re)découvrir Vivaldi et de partir demain en Italie...

Vous pouvez lire aussi l'avis de Dominique.

mardi 26 avril 2011

Solitude de la pitié de Jean Giono




Je referme ce recueil de nouvelles éblouie, ivre de soleil, d’arbres et de collines rousses. Je crois n’avoir jamais lu un ouvrage qui chante à ce point la nature, un ouvrage qui sache à ce point décrire les hommes de la « pleine terre » comme on parle de la pleine mer. Le recueil compte vingt nouvelles de longueurs diverses, certaines de seulement deux ou trois pages, d’autres beaucoup plus longues. Il s’ouvre sur le récit qui donne son nom à l’ouvrage, Solitude la pitié, bel hommage aux hommes de peu comme l'on disait autrefois. Le Prélude de Pan qui suit se révèle fascinant. Sorte de conte aux lisières du fantastique, il retrace l’histoire d’un homme qui parle le langage des bêtes. « Cette voix, dès entendue, on ne pouvait plus bouger ni bras ni jambes. On se disait : « Mais, j’ai déjà entendu ça ? » et on avait la tête pleine d’arbres et d’oiseaux, et de pluie, et de vent, et du tressautement de la terre. » Cet homme étrange, de passage dans un village, en voulant sauver une colombe des mains d’une brute épaisse, va porter les habitants d’un village aux frontières de la folie....

Van Gogh - Oliviers

 La grande barrière, quinzième texte, est l’un des plus beau et l’émotion liée à cette lecture me tient encore. Enfin, le livre se clôt sur un texte intitulé Le chant du monde. L'auteur commencera à rédiger le roman éponyme l’année suivante, en 1934. Je ne connaissais pas Giono avant cette lecture (en dehors des adaptations filmiques de ses œuvres) et je n’ai qu’une envie, lire Le chant du monde

Jean Giono
 Rarement un auteur m’aura à ce point touchée en parlant de la terre, moi qui reste un pur produit urbain… Il sait nous faire percevoir combien nous nous sommes éloignés d’un chant que nous ne découvrons plus qu’atténué, faussé par la notion de paysage, que l’on désire à l’image de nos fantasmes touristiques. Mais si je me suis sentie si proche de ce texte, c’est sans doute parce je connais la pleine mer dont les caprices sont aussi dangereux que ceux de la pleine terre… et que Giono sait peindre ces fureurs du monde naturel qui nous font prendre conscience de notre insignifiance et/ou de notre négligence face à une nature qui aura sans doute le dernier mot… Un magnifique recueil et la découverte émerveillée d'un très grand écrivain.


C'est le deuxième ouvrage lu dans le cadre du challenge organisé par Sabbio.

lundi 25 avril 2011

Il était une fois... de Benjamin Lacombe

Voilà une courte vidéo qui vous présentera le bel album de Benjamin Lacombe mieux que mon billet ne saurait le faire...


C’est lundi, que lisons-nous ? (6)

Lu durant la semaine du 18 au 24 avril
- Solitude de la pitié de Jean Giono


- Il était une fois... de Benjamin Lacombe



Mes lecture en cours
Stabat mater de Tiziano Scarpa

Ce que je vais lire cette semaine…
Tiziano Scarpa et ?...

Et vous, que lisez-vous ????
A partir d'une idée initiale de Malou, suivi maintenant assuré par Galleane. Bonne semaine à tous.

vendredi 22 avril 2011

Tag des dessinateurs

Doucettement, Violette est venue me proposer de participer à ce tag lancé par Za.
"15 dessinateurs / illustrateurs" !
Qu'ils soient illustrateurs, dessinateurs de BD,
vivants ou trépassés,
mettez à l'honneur ceux qui enchantent vos mirettes,
ceux qui vous font rêver,
ceux qui vous font rire,
ceux qui vous plantent un monde en quelques traits,
ceux sans qui vos bibliothèques seraient bancales,
ceux sans qui vos lectures manqueraient de sel !
Et soyez forcément frustré(e)s d'en oublier,
de n'en citer que quinze (vous pouvez en citer plus, on s'en fiche, en fait !). 

Alors… les voilà mes 15 préférés, issus pour la plupart du monde de la BD qui n’apparaît pas beaucoup dans ce blog, mais qui est très présent dans ma bibliothèque !

1.      Le premier, sans hésiter, c’est Yslaire !

2.      Le deuxième, Bilal

3.      Le troisième, Loisel


Après ce trio de tête, je pense à Tardi bien sûr, mais aussi à Guarnido, le dessinateur de Blacksad. 
Blacksad

 












Ensuite, je pense aux fondateurs : Hergé, Uderzo, Manara , Bourgeon ou Comès. 

La fille sous la dunette (affiche ici)

Mais il y a aussi ceux qui décoiffent, Liberatore et Beb Deum par exemple...

A l’inverse, ceux qui illustrent le monde des petits tout en douceur : Pef et Ponti. Et pour finir en beauté, Miyazaki !

 


J'invite Lali, Aifelle, Alain et Moustafette à jouer le jeu s'ils en ont envie !
Bonne soirée à tous...





jeudi 21 avril 2011

ultraviolet de Nancy Huston

29 juillet 1936. L’été est brûlant et les effets de la grande « Dépression » n’en finissent pas de rendre la vie difficile au Canada. Lucy, 13 ans, fille de pasteur, vient d’ouvrir un cahier qui sera son confident. Alors que les émotions se bousculent dans ce corps qui se transforme, un étranger arrive à la maison. Le docteur Beauchemin au passé trouble est hébergé par la famille. Il lit Thaïs d’Anatole France et porte un regard différent de celui des parents de l'adolescente sur le monde. Cela va être pour la petite Lucy l’occasion d’un bouleversement que l'on découvre par le biais de ses écrits.


Je n’ai pas été totalement conquise par ce roman de Nancy Huston. Tout d’abord parce que je n’ai pas retrouvé le travail sur l’écriture qu’elle propose habituellement. Ensuite, je n’ai pas vraiment adhéré à l’histoire de cette adolescente. Certes l'on trouve les émois d'une jeune adolescente en proie aux troubles propres à cet âge, mais je ne suis pas sûre que le roman s'adresse au public visé. Il n’en reste pas moins que cette collection des éditions Thierry Magnier propose un bon choix éditorial que je continue à suivre de près depuis la découverte du dernier Gisèle Pineau.

mardi 19 avril 2011

A la découverte de.... Jean-Bernard Pouy

J'ai eu la chance d'assister à une rencontre avec J.B. Pouy aux Champs-Libres en avril 2010. La rencontre était animée par Alain Le Flohic, animateur du festival Noir sur la ville à Lamballe. Je vous propose donc le compte-rendu de la rencontre qui est resté dans mes archives... Ce nouveau blog est l'occasion de le remettre en circulation ! J'ai essayé de retranscrire le plus fidèlement possible les propos de l'auteur… Je n'ai pas tout noté mais l'essentiel doit y être…
A. Le Flohic - Pourquoi cette passion pour ce type de littérature, le roman noir ?
JB Pouy : “C'est parti pour trois heures là ! Bon, tout d'abord, revenons sur un problème de dénomination. Moi, je déteste le roman policier car il y a des policiers dedans ! Enfin, il existe quatre catégories de “romans policiers” :
- le roman à énigme,
- le roman policier. On le date d'environ 1850. Lisez Une ténébreuse affaire de Balzac, on dirait Chirac à la mairie de Paris.
-  Le thriller, qui baisse un peu en ce moment.
- Le roman noir. On le fait remonter à Sophocle. D'ailleurs, Raynal a publié Œdipe roi. Apparu dans les années 20 aux Etats-Unis, il était écrit au départ par des “progressistes” qui essayaient de parler des choses de leur temps. (…) Le policier, censé défendre l'ordre social, étant corrompu à l'époque, ces écrivains ont apporté le personnage du détective, issu de la vie civile. C'est quelqu'un de beaucoup plus libre, qui peut dire ce qu'il veut. (…) Mais en France, le personnage du détective ne s'est pas imposé. A partir de Manchette, un vision de la société s'impose. Avant lui, Amila et Meckert avaient lancé des pistes. Ensuite, le néo-polar a permis toutes les inventions. Puis, sont apparus Daeninckx et Meurtres pour mémoire. Ce n'est pas un grand roman mais il parle d'un événement majeur : la manifestation du FLN, à Paris, le 17 octobre 1961. Après, la spécificité du roman noir est apportée par Manchette, alors que Daeninckx lui apporte la légitimité. Ensuite, un groupe d'une vingtaine de personnes va faire vivre le genre en France.
De mon côté, je refuse toujours d'écrire des romans policiers car à force de parler de certaines choses, elles finissent par vous arriver. Alors, si vous parlez des flics sans cesse, il y a des chances pour qu'un jour ils débarquent chez vous ! Avant tout, le roman noir s'occupe du réel et essaye de décrire un peu notre monde. C'est un roman qui doit parler de la douleur du monde. (…)
Il faut évoquer aussi le problème de la langue. On m'accuse parfois de grossièreté. Mais il suffit d'aller dans un zinc pour entendre le langage tel qu'il est parlé, pour entendre sa vitalité ! Le roman noir a remplacé l'ancien roman réaliste, genre qui existe encore dans le roman noir. Demain, si des historiens veulent savoir combien coûtait une bière en 2010, il devront lire de la littérature populaire, et pas du Christine Angot ! On décrit notre monde, comme le faisait Balzac. Mais la grande différence entre Balzac et moi, c'est que lui, il était payé à la ligne, alors que moi, je suis pas payé… Le roman noir se doit de continuer ce courant du roman populaire.”

A. Le Flohic - Peux-tu nous parler de tous tes projets éditoriaux en terme de littérature populaire ?
J.B. Pouy : “Des courants hors-Paris se sont levés pour faire des rencontres, des festivals. Ce sont des bénévoles qui travaillent toute l'année et ils organisent un festival où tout le monde se retrouve. (…) Lamballe est peut-être le plus grand festival de polar en France (hors régions viticoles…). Il y a un milieu agissant qui nous fait agir : on bouge ! On a essayé de monter des collections. Le Poulpe, par exemple,  a été inventé alors qu'on était bourrés, dans un café. (…) Il existe donc une édition de littérature noire assez florissante. En province, on rencontre le public et tout cela fait une vie.  (…)”

A. Le Flohic - Tu aimes Queneau et l'Oulipo. Comment utilises-tu la contrainte dans l'écriture ?
J.B. Pouy : “(…) J'ai fait de bonnes études, et j'ai toujours été fasciné par l'Oulipo. En France, il existe une mythologie de l'écrivain qui souffre, qui a un chat et qui écoute du Mozart. Dans le roman noir, nous sommes plus proches des écrivains américains qui doivent avoir exercé de nombreux métiers, être alcooliques, et avoir divorcé plusieurs fois. On se donne une joie d'écrire. Quand je rencontre un écrivain qui me dit qu'il souffre, je lui dis “arrête tout ! Viens boire un coup” ou “fais du macramé !”. (…). En fait, j'ai deux règles. Un : je joue à écrire. Deux : je me mets des contraintes pour écrire. (…) Il faut varier les plaisirs. (…)”.

A. Le Flohic - Tu as une certaine tendresse pour la Bretagne. Tu as une maison à Glomel, et ton dernier roman se passe en Bretagne.
J.B. Pouy : “La Bretagne, j'y allais jeune. Puis, j'ai rencontré une dame qui avait une maison en centre Bretagne. Ils sont très ardoise là ! On s'habitue ! Quand il fait beau sur la côte, il pleut chez nous. (…) Et puis, il y a les Anglais là-bas. Les “sandales-poteries” sont à Tremargat et les situationnistes plus loin. Tout ça fait des histoires…”

A. Le Flohic - Quand on regarde ta bibliographie, on est surpris par le nombre d'éditeurs.
J.B. Pouy : “(…) Moi, j'écris vite. C'est pas toujours un bien ! Je produis beaucoup de textes.”

Public - Pourriez-vous nous parler de Pascal Garnier ? Il est décédé début mars et il a fallu attendre un mois pour en entendre parler.
J.B. Pouy : “Il était un peu annexe au mouvement. Il ne voulait pas être étiqueté roman noir. Mais il a été gagné par notre ambiance, il s'est mêlé à nous. Si Vargas est écrasée par un autobus, on va en entendre parler ! Il y a un ostracisme (…). Dans un de ses livres, il y a un de mes thèmes secrets favoris, celui des Énervés de Jumièges. (…) Le tableau pompier est au musée de Rouen.”
Public - Va-t-il y avoir une suite à La Récup' ? 
J.B. Pouy : “Je ne sais pas. J'ai fait de l'histoire de l'art et travaille en ce moment sur un peintre français qui travaille sur les combats de coqs. J'ai fais de longues études sur un peintre hollandais, Gerard ter Borch.”

Public - Vous êtes passionné de rock n'roll et de contraintes. Vous n'avez jamais essayé d'écrire des chansons ?
J.B. Pouy : “C'est très difficile ! Au festival du Havre, on essaie… et le rock n'roll sauve tout !… C'est vraiment difficile et je crois qu'il faut être musicien. La preuve, quand on essaie, on se cale sur des chansons qu'on aime bien. (…) Mais ce n'est pas notre taf !”

Public - Et le 7e art ? Quel est votre rapport avec le cinéma ?
J.B. Pouy : ” A chaque fois qu'on a besoin de quelqu'un qui prend une balle dans le buffet, on m'appelle ! (…) Mais le cinéma m'a gavé, je peux plus. Il y a une surchauffe ! J'ai plus la pulsion d'y aller mais je reste godardien. (…)”

Public - Les procès qui sont faits aux auteurs de polar suscitent chez vous de l'inquiétude ?
J.B. Pouy : “Non, pas du tout, ça fait vendre et puis, ils vont perdre. Il y a eu deux ou trois procès contre le Poulpe (…). Contre Lalie Walker, ils vont se ramasser. (…)”

Public - Que pensez-vous de l'oeuvre de Jacques Roubaud ?
J.B. Pouy : “A l'Oulipo, il y avait un nid de mathématiciens chiants comme la mort. Queneau était aussi fan de mathématiques, mais il les utilisait comme un jeu. Mais Roubaud, cela me dépasse, c'est un intellectuel. Je ne comprends pas toujours ce qu'il dit. (…) Moi, j'aurais voulu être Perec à la place de Perec ! (…)”

lundi 18 avril 2011

Marina de Carlos Ruiz Zafón

Voilà un livre qui, pour moi, en cette période de neurones fatigués, a été l'occasion d'une relâche certaine. Mais attention, il ne faut pas craindre les passages un peu sanglants… Chacun connaît l’auteur qui, après le succès de L’Ombre du vent puis de sa suite, le Jeu de l’ange (2009), peut se permettre de ressortir un ouvrage de jeunesse. Car ce roman a été publié une première fois, en Espagne, il y a dix ans. Mais venons-en donc à l’intrigue… Oscar, un jeune barcelonais de 15 ans, vit reclus en internat, loin de ses parents avec lesquels il n’a que peu de contacts. Il a pris l’habitude de fuguer de l’austère bâtisse, surtout durant les vacances scolaires. Il est alors l’un des seuls à rester enfermé en compagnie des jésuites qui dirigent l’école. Durant l’une de ses escapades, il fait la connaissance de Marina, une jeune fille belle et étrange.



« Une bicyclette émergeait lentement de la brume. Une fille en robe blanche montait la côte en pédalant dans ma direction. Dans le contre-jour de l’aube, je pouvais deviner les formes de son corps à travers le tissu de coton. De longs cheveux couleur de foin flottaient devant son visage. (…) La bicyclette s’arrêta à quelques mètres. (…) Mon regard remonta le long de cette robe échappée d’un tableau de Sorolla pour s’arrêter aux yeux, d’un gris si profond que l’on pouvait s’y perdre. Ils me fixaient ironiquement. Je souris et lui offris mon plus bel air d’idiot du village. ».


Les deux adolescents vont, bien malgré eux, suite à une visite dans un cimetière, déterrer de bien sombres secrets qu’il eut mieux valu laisser sommeiller… Fantômes, courses poursuites haletantes et monstres sortis tout droit de l’antre de Frankenstein se bousculent ensuite dans ce roman à l’ambiance fort gothique. Je me suis laissée complètement emporter par l’intrigue rondement menée, malgré d’évidentes incohérences dans le scénario. Un point négatif : le côté sanglant qui se développe dans la dernière partie (attention, risque de cauchemars pour les âmes sensibles, j’ai sauté quelques passages, je ne supporte pas le « gore »…). Un point positif : l’ambiance mystérieuse qui plane au début. Les amateurs de fantastique y trouveront leur compte, c'est sûr. Je n'irai ni l'acheter, ni le relire, mais j'ai passé un bon moment de lecture fébrile (un grand merci à la bibliothèque...).

C’est lundi, que lisons-nous ? (5)


Lu durant la semaine du 11 au 17 avril
-         L’inhumain de Nicolas Grimaldi. Un essai de philosophie à lire et à relire.


-         Marina de Carlos Ruiz Zafón. Billet à suivre...

-         Ultraviolet de Nancy Huston. Billet à venir.

-         Un jour mon grand-père m’a donné un ruisseau. Attention, coup de coeur ! 

Mes lecture en cours
-         Le silence des bêtes d’Elisabeth de Fontenay. En pause pour cause de neurones fatigués…


Ce que je vais lire cette semaine…

Aucune idée...

Et vous, que lisez-vous ????
 
A partir d'une idée initiale de Malou, suivi maintenant assuré par Galleane.














































































samedi 16 avril 2011

Un jour mon grand père m'a donné un ruisseau de Gaëlle Perret et Aurélia Fronty


Attention, petite merveille tissée de poésie... Cela commence ainsi :

"Un jour, grand-père m'a donné un ruisseau
    Il tenait dans une main fermée
       A l'oreille, il bruissait doucement
    Léger froissement d'ailes de libellules (...)"

Ce ruisseau, l'enfant le cache sous son lit car il éloigne les songes mauvais. Une nature luxuriante naît autour de ses eaux. L'enfant, les poches pleines de galets, rêve de ricochets dans sa chambre à l'odeur de vase. L'enfant se souvient de ce grand-père qui savait si bien raconter les histoires. Et alors que les souvenirs reviennent, le ruisseau devient rivière.


C'est un livre magnifique sur la douleur liée à la mort d'un être cher. La douleur, mais aussi son dépassement, et c'est tout ce qui fait la beauté de ce livre. Les auteurs arrivent à traduire et à illustrer la lente reconstruction après la perte. Les souvenirs sont bleus, associés à la forêt et à l'eau. Tout est luxuriant, parsemé d'oiseaux enchanteurs aux plumes flamboyantes. Alors que le calme revient dans le coeur de l'enfant, le blanc de la neige traduit le calme de l'âme. Alors que la douleur revient, la couleur reprend un bleu d'orage avant de s'apaiser en sable doré. Le rouge accompagne les larmes qui finissent par venir. Et l'enfant, devenu grand, saura transmettre son monde en couleur. Un très beau livre !

J'ai découvert ce beau livre chez la douce et piquante.

jeudi 14 avril 2011

The Tudors - Saison 3

Quoi de mieux pour commencer ce challenge « Back to the past » qu’une bonne série historique ? Les Tudors par exemple ? Cela tombe bien, je viens de finir de visionner la saison 3…





Le contexte
La série nous raconte les aventures politiques, et surtout galantes... d’Henri VIII d’Angleterre (1491-1547). Ce personnage historique est connu pour avoir eu six femmes. Deux d’entre elles furent mises à mort afin qu’il puisse passer à autre chose… Il est sans doute à l’origine du personnage de conte prénommé « Barbe bleue ». Ces affaires que l'on pourrait croire essentiellement privées auront un retentissement important sur la vie politique de l’Angleterre puisque elles mèneront à la séparation de l’Eglise d’Angleterre de celle de Rome, suite à l’annulation du premier mariage d’Henri VIII avec Catherine d’Aragon (sujet de la première saison de la série qui nous intéresse). Cela aboutira à la création de l’Anglicisme. Alors que sa femme légitime n’arrive pas à lui offrir d’héritier mâle (seule la petite Marie survivra), il tombe follement amoureux de d’Anne Boylen, au centre des épisodes de la saison 2. Il se marie avec elle et réussit à faire invalider son mariage avec Catherine. Toutefois, n’ayant toujours pas d’enfant mâle avec Anne, il se lasse de celle-ci aussi et la fait décapiter à l’épée, privilège de roi afin d’adoucir un supplice prévu initialement à la hache…

La saison 3
Anne Boylen éliminée, Henri VIII, enfin libre, peut convoler vers de nouvelles amours… Jeanne Seymour sera la troisième élue. Mais je ne vais pas vous dévoiler les différents événements au centre des huit épisodes d’une saison riche en rebondissements. Pourquoi vous parler de cette troisième saison ? Pour deux raisons. Tout d’abord parce qu’elle accorde plus de poids à la raison d’Etat et à la politique extérieure, ce qui rend l’ensemble un peu plus consistant. On sent que le budget accordé aux réalisateurs suit. Les scènes d’extérieures sont plus nombreuses et la reconstitution des mouvements armés ou des persécutions religieuses ramènent le contexte historique au premier plan. Ensuite parce que le personnage central, Henri VIII, devient plus consistant aussi. Blessé à la jambe suite à un tournoi, sa blessure va lui causer bien des ennuis et met en évidence les failles du personnage, de plus en plus visibles.

Enfin, je l'avoue, je me suis totalement laissée prendre à l'effet sériel et, comme dans les bons vieux feuilletons à la Dumas, j'attends avec la plus grande impatience la suite... La saison 4 sommeille tranquillement, dans l'attente de temps disponible. A SUIVRE...

Henry VIII d'Angleterre


mercredi 13 avril 2011

mardi 12 avril 2011

L'autre fille d'Annie Ernaux

Saluons l’initiative de la collection « Les affranchis », aux éditions du Nil. Elle propose aux écrivains de rédiger LA lettre qu’ils n’ont jamais écrite, à l’égal d’un Kafka dans sa Lettre au père.
Celle d’Annie Ernaux s’ouvre sur la description d’une photographie sépia montrant un bébé. Ce poupon, c’est elle, la destinataire de la lettre, l’autre, la sœur disparue en 1938. Annie Ernaux ne l’a pas connue puisqu’elle est née deux ans et demi après. Dans cette lettre de 73 pages, l’écrivaine questionne les mots attribués à cette sœur disparue, le secret autour de cette mort d’enfant ainsi que la place qui lui a été léguée face à cette place vide, celle de l’aînée morte à six ans.

« Tu as toujours été morte. Tu es entrée morte dans ma vie l’été de mes dix ans. Née et morte dans un récit, comme Bonny, la petite fille de Scarlett et de Rhett dans Autant en emporte le vent. »

Les années accordaient déjà une place importance à la photographie, c’est encore le cas ici. Le récit est embrayé par une photo, et deux autres illustrent le propos. Un très beau texte, court mais très intense, sur le poids des secrets et le rôle de l’écriture.


L'avis d'Alain

lundi 11 avril 2011

Un monde sans vous de Sylvie Germain

"La terre est muette. Muette du lever au coucher du jour, de la tombée du soir à la fin de la nuit. La terre est muette comme un désir frappé d'exil." Cette terre, c'est la taïga qui défile sous les yeux de la narratrice assise dans le Transsibérien. L'avancée du train qui grignote avec régularité ses 10 000 kilomètres accompagne le souvenir, celui de la mère. Ainsi va ce premier texte intitulé "Variations sibériennes". Au rythme des rails il égrène les souvenirs en même temps que les noms des gares aux consonances extrêmes : Tchernoziom, Novossibirsk, le lac Baïkal, Irkoutsk et Vladivostok bien sûr, qui signifie "le possesseur", "le Souverain de l'Est". Ces mots s'accompagnent d'une levée d'images, souvenirs pour la narratrice, lacs, bouleaux, neige et isbas pour le lecteur.

Le lac Baïkal


Ce texte, trait d'union entre la mort d'un être cher et le deuil, entre l'Est et l'Ouest, est également un magnifique hommage à la "terre qui dort", la Sibérie.
Le deuxième texte "Kaléidoscope ou notules en marge du père" est un hommage au père. Sous forme fragmentaire, il présente un kaléidoscope de souvenirs et d'impressions dans une écriture qui se veut "chambre claire". Celui qui fut un "passeur" (elle lui doit sa passion pour les arts), se manifeste sous forme de songes ou au détour de la contemplation d'un tableau. Dans une prose fortement tintée de poésie et d'émotions, encore une fois, Sylvie Germain nous enchante en plus, ici, de nous faire voyager...


 L'avis de Clara et un article du Nouvel Obs Livres à propos de ce livre, avec une interview de Sylvie Germain.





C'est lundi, que lisons-nous (4)


Lu durant la semaine du 04 mars au 10 avril

-         Animal lecteur. Il sort quand ? (BD de Sergio Salma & Libon). Bof...


-         Le monde sans vous de Sylvie Germain. Aussitôt sorti, aussitôt dévoré... Voir billet ce jour :-)

-         Guernica de Picasso par Annette Robinson. Pour ces chères petites têtes brunes : passionnant et instructif !


Mes lectures en cours

-         Une rose pour Emily et autres nouvelles de Faulkner
-         Le silence des bêtes d’Elisabeth de Fontenay. Et oui... il est loin d'être terminé...
Ce que je vais lire cette semaine…

La semaine va être chargée... et sans doute bousculée... Alors cela sera en fonction du déroulement de la semaine.


Et vous, que lisez-vous ????