Les dimanches en photo sont également chez MyaRosa, Lounima, Tiphanie, Hilde, Cacahuete, Lisalor, Choupynette, Elora, Melisende, Fleur, Une maman, Liliba, 100choses, Anjelica, Myrtille, Sandrine, Hérisson, Ankya, Grazyel, Choco, Dounzz, Minifourmi, Azilice, Estellecalim. Organisé par Liyha. Bon dimanche !
dimanche 31 juillet 2011
samedi 30 juillet 2011
Flânerie proustienne (1) - Le clocher de Combray
Clocher d'Illiers-Combray (juillet 2011) |
" Combray, de loin, à dix lieues à la ronde, vu du chemin de fer quand nous y arrivions la dernière semaine avant Pâques, ce n'était qu'une église résumant la ville, la représentant, parlant d'elle et pour elle aux lointains, et, quand on approchait, tenant serrés autour de sa haute mante sombre, en plein champ, contre le vent, comme une pastoure ses brebis, les dos laineux et gris des maisons rassemblées qu'un reste de remparts du Moyen Âge cernait ça et là d'un trait aussi parfaitement circulaire qu'une petite ville dans un tableau de primitif."
vendredi 29 juillet 2011
Votre drogue favorite ?
Où l'on apprend quelle était la drogue favorite de Françoise Sagan, et de bien d'autres... Réponse de Margotte : mon blog ;-) Et vous ?
jeudi 28 juillet 2011
Egon Schiele en prison d'Arthur Roessler, illustré par Egon Schiele
Alors qu'il était âgé de 18 ans, Egon Schiele a été incarcéré durant vingt-quatre longs jours, suite à ce que l'on nommera ensuite "l'affaire de Neulengbach" (je ne vous révèle pas de quoi il s'agit, la postface du livre dévoilant les dessous de toute l'histoire...). Dix ans plus tard, il mourrait à l'apogée de sa gloire de la grippe espagnole. Ses tableaux et dessins, reconnaissables entre tous se caractérisent par une angoisse à fleur de peau, palpable sur les corps et les visages. Il avait sans doute déjà pressenti l'odeur nauséabonde qui allait bientôt recouvrir l'Europe, sur fond de bruit de bottes et de massacres de masse.
Ce livre, publié en 2000 par l'excellente maison d'édition "La fosse aux ours", nous propose un journal écrit non par Egon Schiele mais par Arthur Roessler, le premier critique d'art à avoir reconnu le travail de l'artiste et à l'avoir véritablement soutenu. Sous forme de journal, il nous relate les impressions et sentiments de l'artiste enfermé, privé de tout et livré à toutes les plus folles suppositions durant les premiers jours.
" Enfin ! - Enfin ! - Enfin ! - voici qui soulagera un peu mes souffrances ! Enfin du papier, des crayons, des pinceaux, des couleurs pour écrire, pour dessiner. Quels tourments que ces heures grises-grises, monotones, confuses et vides, que je fus obligé de passer nu, dépouillé de tout, comme un animal, entre ces murs froids et nus !"
Die eine Orange war das einzige Licht (1912) |
En une cinquantaine de pages, Arthur Roessler nous convie à partager le sort du peintre. Non seulement on adhère à ce je, mais l'on croit vraiment que ces pages ont été écrites par le peintre. Il est vrai que la présence de ses dessins qui collent au texte renforcent l'impression de véracité de l'ensemble. Les réflexions sur l'art, sur l'enfermement, sur le rôle de la beauté dans le quotidien sont intemporelles... et dépassent le cadre de l'affaire évoquée plus haut. Pour conclure, voilà un petit livre fort recommandable, que vous aimiez ou non la peinture !
" Que serais-je en train de faire à présent, si je n'avais pas l'art ? - Comme ces heures non comprises furent terribles - arraché brutalement de songes infinis dans lesquels il n'existe rien de laid, seulement des choses étonnantes, et se sentir entraîné avec violence dans une primitivité brute absurde à laquelle manque tout ce qui peut l'embellir, car elle peut être énergie et force."
mercredi 27 juillet 2011
mardi 26 juillet 2011
La Maison de Claudine de Colette
Le prénom de Claudine s'associe tout naturellement au nom d'écrivain de Colette, tant ce personnage a fini par se confondre avec celui de la romancière. Elle affirme pourtant dans Les vrilles de la vigne que ces "visages, jumeaux, ont joué à cache-cache assez longtemps" et La Maison de Claudine ne s'apparente que de loin à la série voulue par Willy. Car c'est une femme mûre qui, en 1922, vingt-six ans après le début de la rédaction de Claudine à l'école, utilise à nouveau cette figure dans un ouvrage qui se compose de trente-cinq textes pouvant s'apparenter à des nouvelles. Si l'ensemble peut sembler disparate, il relève pourtant d'une organisation chronologique, et surtout thématique. Il s'ouvre sur le très beau Où sont les enfants ?, phrase fétiche de Sido, et se ferme sur La noisette creuse, où Bel-Gazou occupe le rôle principal. De la mère à la fille... et entre temps, une vie vagabonde. Une vie où auront comptés la mère, omniprésente dans ce recueil, les bêtes, mais aussi les joies liées à la sensualité.
La mère de Colette, surnommée Sido |
Colette a quarante-neuf ans lorsque l'ouvrage paraît chez Ferenczi. Sa mère est morte et elle a eu un enfant, Colette de Jouvenel. Alors qu'elle rédige ces textes, son aventure avec son beau-fils, Bertrand de Jouvenel, dure depuis deux ans et son deuxième divorce ne vas pas tarder (1923). Son talent, dans ce recueil, s'épanouit pleinement et il s'agit pour moi de l'un de ses plus beaux livres, ainsi que l'un des plus émouvants (mais je n'ai pas encore tout lu...). On retrouve ici tous les thèmes qui lui sont chers. Sa mère tout d'abord, dont le surnom apparaît ici pour la première fois dans le récit intitulé Le Sauvage. Mais on trouve aussi La soeur aux longs cheveux et les bêtes, nombreuses : les chats, Bâ-Tou l'once féline et les nombreux chiens. En ce qui concerne le monde animal, La Toutouque, nouvelle joyeuse, emporte ma préférence. Pour les autres, l'émouvante Ma mère et le fruit défendu reste ma préférée. Je suis encore sous le charme de l'ensemble ! Non seulement je suis conquise, mais je pense qu'il s'agit d'un ouvrage charnière de l'ensemble de l'oeuvre, non seulement eu égard à sa beauté formelle, mais aussi parce qu'il éclaire le reste de la production littéraire de l'auteure. Enfin, il m'a ici semblé véritablement entendre une voix d'une sensibilité et d'une rare franchise, comme si, lors de cette ultime apparition de Claudine, Colette nous dévoilait enfin son vrai visage. Une merveille vraiment, que j'ai déjà envie de le relire...
Extrait du texte Ma mère et les livres
"Il y eut un temps où, avant de savoir lire, je me logeais en boule entre deux tomes du Larousse comme un chien dans sa niche. Labiche et Daudet se sont insinués, tôt, dans mon enfance heureuse, maîtres condescendants qui jouent avec un élève familier. Mérimée vint en même temps, séduisant et dur, et qui éblouit parfois mes huit ans d'une lumière inintelligible. Les Misérables aussi, oui, Les Misérables, malgré Gavroche ; mais je parle là d'une passion raisonneuse qui connut des froideurs et de longs détachements. (...)"
lundi 25 juillet 2011
silence, on irradie de Christophe Léon
Louées soient les bibliothèques ! On ne vantera jamais assez les mérites de ces lieux où l'on découvre de vraies perles simplement en se fiant à la sagacité du personnel qui sème un peu partout les nouveautés mais aussi ses coups de coeur, où des découvertes qui valent le coup d'être partagées... Ainsi, l'autre jour, alors que je flânais du côté "littérature jeunesse" que je fréquente pourtant assez peu, je regarde les ouvrages proposés sur une table aux yeux des lecteurs, et je tombe sur la couverture ci-dessus. Reconnaissez qu'une centrale nucléaire sur un livre des éditions Thierry Magnier, cela éveille la curiosité déjà. J'ai donc déposé soigneusement l'objet du délit entre la correspondance de Colette avec Missy, une adaptation de Gigi par Jacqueline Audry et bien d'autres choses dont vous allez sans doute bientôt profiter ici...
Voici donc un récit qui m'a tenue en haleine jusqu'à la fin, un récit qui arrive à surprendre, à questionner, tout en étant adapté au public visé. Sans jamais tomber dans la démagogie ou le sensationnel, il évoque avec pudeur mais aussi avec une grande lucidité les risques du nucléaire. Le livre, sorti en 2009, prend hélas une tonalité très actuelle après Fukushima... Sven, un adolescent de quatorze ans, vit dans un village logé non loin de la "Centrale" qui fait vivre les habitants de ce gros bourg. Il a l'habitude d'aller se baigner dans un lac étrangement réchauffé par les tuyaux de l'usine, jusqu'au jour où il se met à perdre ses cheveux. Si le symptôme inquiète fort le médecin qui va l'examiner, il paraît bénin face à la catastrophe qui s'annonce, l'explosion d'une partie de la Centrale. Alors que de bizarres hommes en blanc emmènent les survivants, Sven et sa petite soeur Siloé, accompagnés par Grégoras, débile léger, vont tenter de rester en zone contaminée...
"Sven embrassait l'étendue de son village d'un seul regard. Aucun obstacle physique ne l'arrêtait. C'était une ville fantôme qu'il avait sous les yeux. Une sorte de maquette d'architecte en deux dimensions, sur laquelle les habitations étaient délimitées par leurs fondations et les rues par les restes cariés des trottoirs. Le silence quasi palpable, qui nappait le village d'une chape de plomb, le troubla au-delà de tout ce qu'il avait éprouvé jusqu'à maintenant. Pas un son. Pas une voix. Pas un bruit n'altérait l'étrange paix qui régnait. Des fumerolles s'élevaient à intervalles irréguliers. Fantômes torturés, elles seules hantaient les lieux. Le village semblait avoir été placé sous une cloche. (...) Sven mit plusieurs minutes avant de réaliser qu'il n'y avait pas une âme qui vive dans les rues. Pas une chien. Pas un chat."
Les avis de Clarabel et de Somaja, ainsi qu'une rencontre très intéressante avec Christophe Léon, ici (attention révélations... pour ceux qui veulent lire l'ouvrage, l'auteur dévoile la fin dans la vidéo...) :
dimanche 24 juillet 2011
Dimanches en photos (14) - Quand il fait beau...
Début juillet, sur une plage du Morbihan... |
Les dimanches en photo sont également chez MyaRosa, Lounima, Tiphanie, Hilde, Cacahuete, Lisalor, Choupynette, Elora, Melisende, Fleur, Une maman, Liliba, 100choses, Anjelica, Myrtille, Sandrine, Hérisson, Mohamed SemeUnActe, Ankya, Grazyel, Tinusia, Katell, Choco, Latite, Sofynet, Art Souilleurs, Dounzz, SeriaLecteur, Minifourmi, Azilice, Scor13, Stieg, Estellecalim. Organisé par Liya. Bon dimanche !
vendredi 22 juillet 2011
Colette - Une dame, trois rois et quelques cavaliers de Paul Argonne
C'est par les noces de Colette, alors âgée de 20 ans, que s'ouvre cette biographie. Exit l'enfance de la romancière. Le 15 mai 1893, Gabrielle Colette épouse sans dot Henry Gauthier-Villars, à Chatillon-Coligny. Celui-ci, issu de la bourgeoisie bancaire, journaliste et fils d'un libraire-éditeur, emmène à Paris une jeune mariée amoureuse de la campagne... Henry, surnommé Willy (prononcer V-illy), aime les jeunes filles, comme va l'apprendre à ses dépends celle qui deviendra bientôt Colette. Les frasques de son mari l'amènent en effet à faire une dépression qu'elle soigne à Belle-Île d'où elle revient transformée. De retour à Paris, elle reprend son rôle d'épouse, tout en s'intégrant à la vie mondaine. C'est à l'occasion d'un de ces chics dîners parisiens qu'elle rencontre Proust. Je vous propose un extrait qui évoque leur rencontre :
"Son attitude était trop onctueuse pour plaire à celle qui commençait à se composer le personnage de Claudine. Il l'agaçait avec sa trop grande politesse, avec l'attention marquée qu'il prêtait à ses interlocutrices, une attention qui accentuait la différence d'âge, car il paraissait "Plus jeune que toutes les femmes". (...) Quand Proust publiera les premiers volumes de son oeuvre, Colette ne lui prêtera pas tout de suite attention, sous l'influence encore de ces rencontres dans les salons, quinze à vingt ans auparavant. Ce n'est que sur la recommandation d'amis qu'elle le lira, et l'image qu'elle avait du petit Marcel se transformera alors ; elle ne verra plus en lui que le grand écrivain qu'il fut, qu'il est."
Willy, en plus de son activité de journaliste et de critique musical se met à écrire des contes comiques. Il est alors qualifié "d'artiste gai". C'est dans le contexte de ses ateliers de production littéraire qu'il propose à Colette d'écrire ses souvenirs d'écolières... Une carrière est née ! Claudine à l'école paraît en mars 1900, signé Willy. Le succès de la série qui va suivre permet au couple de renouveler un cercle d'amis dispersé suite à l'affaire Dreyfus (Willy sera ouvertement anti-dreyfusard), et ils passent de la fréquentation des salons à celle des cercles littéraires, puis des théâtres. Colette débute alors une carrière de mime/comédienne. Sa représentation de Rêve d'Egypte, avec Missy, va déclencher un tel tohu-bohu que Willy perd son activité lucrative liée à L'Ouvreuse.
Colette et Missy |
L'épisode mérite d'être évoqué puisque les difficultés financières du couple amènent Willy à vendre les droits des Claudine en 1907, ce que la romancière ne lui pardonnera jamais. Le chapitre cinq de l'ouvrage annonce donc une "bombe" qui vient d'être lâchée et qui ne va pas tarder à exploser : s'en suivra la séparation du couple...
Si vous voulez savoir qui occupera la place du deuxième roi dans la vie de Colette, parcourez cette biographie fort agréable à lire. Publiée dans une collection chez belfond intitulée "La vie amoureuse", elle s'attarde surtout sur cet aspect de la vie de la romancière. On peut donc lui reprocher de passer sur l'enfance, des approximations sur certains faits précis ou, plus gênant, la quasi absence de Bel-Gazou, évoquée trois fois très rapidement... Mais cela reste un ouvrage très agréable à lire, et qui propose une bonne introduction à qui s'intéresse à la vie de cette romancière. Une fois commencé, je ne l'ai pas lâché avant d'en avoir terminé...
J'en profite ici pour vous donner les références de ces deux excellentes biographies de l'écrivaine :
- Colette, une certaine France de Michel del Castillo
mercredi 20 juillet 2011
Entre les morts de Jeff Abbott
Cinquième roman de Jeff Abbott, publié après Faux-Semblants, il s'agit de la deuxième enquête de Whit Mosley, juge texan. Ce thriller s'ouvre sur deux événements concomitants qui ne vont pas tarder à montrer leurs liens... Patch, oncle chéri de la compagne de notre juge enquêteur passe une excellente soirée en compagnie de Thy, sa nouvelle copine. Au même moment, une bande de malfrats cherche à entrer sur sa propriété, tout cela pour enterrer ce qui ressemble au butin d'un casse. Alors qu'ils reviennent finir leur soirée au domicile de Patch, le couple va donc se retrouver avec une compagnie pas vraiment choisie... et quelques jours plus tard, ils sont retrouvés assassinés. Jusque là, rien que de bien classique, sauf que sous les deux cadavres se trouve une fosse dans laquelle gisent d'autres squelettes... Vous n'en saurez pas plus bien sûr, à moins de vous procurer de toute urgence ce livre qui se révèle être un honnête thriller. On y retrouve tous les ingrédients d'un bon suspense, à savoir : l'alternance des chapitres qui suivent différentes histoires qui ne vont pas tarder à être en lien les unes avec les autres, une affaire de famille mélangée à de sombres histoires d'argent, des personnages bien campés auxquels on s'attache assez vite. Tout à fait adapté à la lecture sur la plage, si toutefois vous n'avez pas de pluie...
Livre lu à l'occasion d'un partenariat avec Bibliofolie et Le Livre de Poche : merci à eux !
mardi 19 juillet 2011
Ô Marcel....
Quelle surprise ! Ce matin, il fait beau ! 13°, du vent, mais il fait beau. Je sais, je me répète mais un coin de ciel bleu et du SOLEIL cela mérite bien un interlude météo sur ce blog non ? Enfin, pour vous rappeler que ce lieu est entièrement dédié à la déesse littérature, regardez ce que je vous ai déniché ce matin :
Alors que L'Express nous trouve 4 bonnes raisons humoristiques de ne pas lire Proust cet été (merci Adrienne pour le lien vers cet article !), lisons-le, dévorons-le, et lorsque l'on aura envie de lire autre chose, on pourra toujours sortir notre exemplaire de La Princesse de Clèves ;-)
lundi 18 juillet 2011
Granny Webster de Caroline Blackwood
Voilà un roman à la fois cinglant et pessimiste comme on en fait peu. En quatre chapitres et à peine cent quarante pages, Caroline Blackwood nous conte les tragiques aventures d'une riche famille d'Irlande du Nord. Le récit, à la première personne, s'ouvre alors que la narratrice, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, est envoyée chez son arrière grand-mère afin de pouvoir profiter de l'air de la mer. Âgée de quatorze ans, l'adolescente déchante vite lorsqu'elle découvre "l'arrière grand-mère Webster" vivant recluse dans une demeure humide et grise. Car l'ancêtre "détestait la couleur. Elle ne possédait pratiquement rien qui ne fût noir ou brun foncé". Coincée entre son aïeule et sa domestique, Richards, aussi revêche que sa maîtresse, la jeune fille se met à faire des cauchemars dans lesquels sa grand-mère Dunmartin apparaît. Alors qu'elle quitte enfin son affreuse arrière-grand-mère, elle est confrontée au suicide de sa tante Lavinia, hystérique et croqueuse d'hommes patentée. La vieille douairière, bloc tenace et énigmatique, semble avoir engendré un condensé de folie potentielle... la suite du récit déroule donc de manière implacable les méandres de l'aliénation familiale. En parallèle, l'auteur compose avec brio un portrait de vieille femme difficile à oublier...
Toutefois, je n'ai pas été totalement conquise. Est-ce la pluie et la grisaille en plein mois de juillet qui ont rendu cette lecture pesante ? Ou tout simplement la diabolique ambiance qui m'a parfois donné envie de refermer un livre pourtant bien écrit et d'une redoutable noirceur...
Frans Hals, La Malle Babbe, 1634 |
"Comme ses meubles sombres, elle semblait faite pour durer. Elle ne laissait aucunement paraître qu'elle avait jamais pensé qu'il y eût quelques raison de mettre en question ce qu'elle était - ou ce qu'elle représentait. En dépit des humiliations du grand âge, l'idée qu'elle se faisait de sa valeur s'étayait du fait qu'elle était devenue inséparable de la stabilité consacrée de son invariable train-train de vie quotidien. (...) N'ayant jamais souhaité recevoir ni donner beaucoup de plaisir, elle obligeait autrui à admettre qu'il y avait quelque chose d'admirablement robuste dans sa manière d'être totalement dépourvue de tout désir de plaire servile et exagérément moderne."
L'avis de Cécile et l'article de La cause littéraire
dimanche 17 juillet 2011
samedi 16 juillet 2011
Challenge musical : Des notes et des mots
Vous avez peut-être remarqué le nouveau logo qui se trouve sur la bande de gauche de ce blog :
Anne nous propose un challenge musical, ouvert depuis la fête de la musique de cette année. Il se déroule sur deux ans, ce qui permet de lire tranquillement, au rythme de chacun, jusqu'à la fête de la musique 2013... Vous avez le choix entre trois niveaux :
- Musicien amateur : au moins un livre et un film ou un CD
- Mélomane averti : au moins 3 livres et un film ou un CD
- Soliste international : au moins 5 livres et deux films et/ou CD.
Je n'ai pu résister... et me voilà "Soliste internationale"... Si cela vous tente, vous pouvez trouver toutes les informations nécessaires (et d'autres logos) sur le blog d'Anne, Des mots et des notes. Une excellente idée qui promet de très bons moments de lecture !
vendredi 15 juillet 2011
Un piano dans l’herbe de Françoise Sagan
J’aime acheter des livres… un peu… beaucoup en vacances… à la folie lorsqu’il s’agit d’un auteur dont je suis en train d’explorer l’œuvre… Surtout si je tombe sur une couverture aussi « kitch années 60 » que ça :
J’espère que vous avez noté la subtile correspondance entre la coiffure de Françoise Sagan et celle de la jeune femme sur la couverture… Deux euros sur un marché, alors que je n’avais pas du tout prévu de lire les pièces de théâtre de l’écrivaine durant cette semaine ! J’ai sauté dessus bien sûr… Soyons folles…
Mais de quoi s’agit-il ? D’une comédie en deux actes de trois scènes chacun. Un groupe de vieux amis se retrouve, sous la houlette de Maud, 44 ans, femme riche affublée d’une servante délurée, Sylviane. Autour d’elle, Edouard, un sorbonnard blasé, Louis, un alcoolique et Henri, un homme à femme de 44 ans aussi, « portant beau ». Maud leur propose un jeu à la fois étrange et risqué : retrouver, durant un mois le temps de leur adolescence, celui où ils partaient pique-niquer en forêt, celui où l’on flirtait en dansant des slows, celui où l’on roulait le piano dans l’herbe…
« C’est mon journal de l’époque. Tout y est consigné, jour par jour, entre le 1er et le 31 juillet 50. Tout. Mes enfants chéris, je vous invite à ravoir vingt ans. Ici, pendant tout un mois. Nous suivrons ce journal pas à pas et nous serons heureux, comme nous l’étions. »
Jeu risqué car il manque un personnage, Jean-Loup, ex-grand amour de Maud et luron de la bande. Son arrivée inopinée va bousculer les pions du jeu et révéler que la jeunesse, « c’est aussi dangereux à réveiller qu’un tigre ! ».
J’ai pris plaisir à lire cette pièce même si il manquait évidemment le jeu des acteurs. On retrouve ici la lucidité de la romancière, sa nostalgie des années définitivement perdues, et ses éternels mondains pris entre ennui et divertissements qui n’arrivent pas à masquer la futilité de leur vie. Sous des dehors de simplicité affichée, une forme de gravité tinte toujours l’ensemble d’une sourde menace qui ne demande qu’à être mise à exécution…
Challenge à l'initiative de Delphine et George |
jeudi 14 juillet 2011
Une semaine entre terre et mer (2) - Algues vertes...
J'aime tant ces paysages maritimes... que j'aimerais bien voir disparaître ça :
Et oui ! Il ne suffit pas d'interdire les affiches qui militent pour la suppression de ces algues toxiques, cela ne les fait pas disparaître des plages (pas plus que le ramassage, pis-aller qui ne change rien au problème de fond...).
mercredi 13 juillet 2011
Meurtre chez Tante Léonie d’Estelle Monbrun
Un matin de novembre, Emilienne Robichoux, solide « technicienne de surface » de la maison de feu Mlle Amiot (surnommée « Tante Léonie » par Proust…), découvre le cadavre de la présidente de la Proust Association. La société d’outre-Atlantique vient juste de réunir en France un groupe d’Américains devant assister à une série de conférence sur le romancier. Voilà qui s’annonce mal puisque les réjouissances proustiennes devaient avoir lieu dans la maison de la tante à la madeleine qui vient juste de devenir le lieu d’un crime. Et voilà qui s’annonce encore plus mal car le cadavre n’est autre que Mme Bertrand-Verdon, amie de la femme d’un ministre ! Cela ne va pas manquer de compliquer une enquête qui s’avère d’autant plus scabreuse que la présence des Américains pourrait bien devenir une épine dans un pied diplomatique. Le commissaire Jean-Pierre Foucheroux qui se trouvait dans le train en direction de la maison du culte proustien se voit donc assigné à résidence et prié de résoudre au plus vite, et avec tact, cette affaire. Il se trouve dépêché en renfort de la police locale qui n’a pas l’habitude de ce genre d’affaire, et encore moins celle de travailler avec des Parisiens.
C’est le deuxième opus d’Estelle Monbrun que je lis. J’avais particulièrement apprécié celui qui tourne autour de la maison de Colette, j’ai encore plus goûté celui-ci, premier de sa série sur les maisons d’écrivains. Trois raisons à cela. La première : les deux personnages récurrents, à savoir Jean-Pierre Foucheroux et Leïla Djemani apparaissent ici pour la première fois et l’on découvre les en partie l’origine des « failles » de ces deux personnages qui font leur intérêt. Ensuite, la romancière, spécialiste de Proust, est particulièrement à l’aise ici. Le roman est truffé de citations du grand romancier et l’on retrouve à la fois l’ambiance de la maison de Léonie tout autant que celle du premier tome de la Recherche. Enfin, je lisais en même temps le chapitre « Combray », je pouvais donc saisir les différentes allusions au roman ou au monde de proustien. J’ai également goûté la caricature du monde universitaire ainsi que de celui des chercheurs, toujours pleine d’humour sans jamais être complètement caustique. Un excellent roman, à savourer en buvant un thé agrémenté d’une petite madeleine…
mardi 12 juillet 2011
Une semaine entre terre et mer (1) - Glaz e ar mor
Alors que vous découvrez cette photo prise durant ma première semaine de vacances, je suis sur la route en direction de... Combray ! Oui, vous avez bien lu, Combray, comme dans la Recherche du temps perdu. Je m'absente à nouveau pour une semaine environ, sans programme vraiment établi d'avance, et avec seulement deux livres dans ma valise. Oui oui, vous avez bien lu, deux livres seulement : un Proust bien sûr et La maison de Claudine de Colette. Bon, j'ai aussi une revue L'Histoire et un vieux numéro (1987 !) du Magazine littéraire (veuillez ne pas rire, merci...).
Mais cette fois-ci, des billets sont programmés pour la semaine et pour vous faire patienter et ne pas laisser ce pauvre blog à l'abandon, je vous propose une ballade entre terre et mer, avec une série de photos de la semaine dernière. Très bonne semaine à tous et toutes et à bientôt !
lundi 11 juillet 2011
C’est lundi, que lisons-nous ? (8)
Rendez-vous initié par Mallou et repris par Galleane |
Lu durant la semaine du 4 au 10 juillet
Françoise Sagan :
- Des yeux de soie (nouvelles)
- Un piano dans l’herbe (théâtre)
Meurtre chez Tante Léonie d’Estelle Monbrun
J’ai bien avancé Du côté de chez Swann de Proust, commencé aussi la Petite écologie des études littéraires dont il faudra que je vous parle !
Mes lecture en cours
- Proust, Du côté de chez Swann
- Colette, La maison de Claudine
Ce que je vais lire cette semaine…
Ce que j’ai commencé… déjà un beau programme non ?
Et vous, que lisez-vous ????
dimanche 10 juillet 2011
samedi 9 juillet 2011
Des yeux de soie de Françoise Sagan
Après avoir goûté aux romans, puis aux textes journalistiques de Françoise Sagan, j’ai choisi, pour continuer mon exploration de son œuvre, un recueil de nouvelles : Des yeux de soie. Un autre, plus récent, intitulé Musiques de scène, a été publié en 1981. Françoise Sagan a quarante ans lorsqu’elle publie ce recueil et l’on sent que la maturité a teinté la « petite musique » de gravité. L’observation fine et sans concession du milieu dans lequel elle évolue lui donne matière à brosser des portraits parfois à la limite du cynisme, mais fort lucides.
Le recueil se compose de dix-neuf nouvelles dont la première donne son titre à l’ensemble. Un thème commun les regroupe : celui de la séparation, assorti de la thématique de l’amour et de sa disparition. Courtes et souvent cinglantes, elles nous proposent aussi la description du milieu mondain et artistique de l'époque. La figure du gigolo apparaît plusieurs fois, et la nouvelle qui porte ce titre est l’une des plus réussies. Au cœur de toutes ces ruptures se profile la difficulté d’aimer et, surtout, cette part d’inéluctable qui entraîne toutes les vraies tragédies. Ainsi, un simple regard mal interprété peut entraîner une mécanique fatale qui engendre la rupture sur laquelle on ne peut revenir.
J’ai lu avec grand plaisir ce recueil où la légèreté teintée de gravité fait des merveilles. Certaines nouvelles sont vraiment très réussies et l’on est toujours tendu vers une chute qui apporte parfois une vraie surprise. « La rupture romaine », ma préférée, est un petit bijou d’espoir où l’on sent toute la vivacité de l’écrivaine. Luigi, « héros des fêtes » et « coureur d’automobiles » (et de femmes...), a décidé de rompre avec la belle et blonde Inge. Mais comme il veut faire cela en grand, il a décidé de l’humilier en public, lors d’un cocktail où seront présents tous ses amis…
Challenge à l'initiative de Delphine et George |
« A la vérité, il ne savait pas très bien pourquoi c’était ce soir-là qu’il voulait rompre, ni non plus pourquoi il fallait que tout le monde le sût. C’était un de ces côtés de fatalité bizarre, de fausse moralité, dont Rome regorgeait encore dix siècles après Néron. En fait, au volant de sa belle décapotable, ayant noblement refusé le port de la ceinture de sécurité, Luigi allait délibérément larguer sa chrétienne aux bêtes fauves. Bref, il allait abandonner sa maîtresse et s’arranger pour que cela fût assez bruyant pour être irrémédiable. »
Challenge à l'initiative de Sabbio |
dimanche 3 juillet 2011
Les dimanches en photo (11) - Pour les vacances...
A l'heure où vous lisez ce billet, je suis partie pour une semaine... Et voilà ce qui se trouve dans ma valise. Oui oui, je sais, pour une semaine, c'est beaucoup... mais vous imaginez si je tombe en panne ?... Comme toute lectrice à tendances compulsives affirmées, la peur de la "rupture de pages" domine en cas de départ vers un lieu inconnu. Certes, il existe bien des librairies, sur la route ou sur place, mais quand même, que se passe-t-il un dimanche si je viens de terminer ma dernière page et que je n'ai PLUS RIEN A LIRE ? Et puis, cela vous donne une idée des billets en préparation, car je n'aurai pas accès à internet mais stylos et papier attendent déjà, soigneusement rangés pour le voyage ! Je vous souhaite un bon dimanche et vous dis à bientôt :-)
samedi 2 juillet 2011
La Petite Robe noire et autres textes de Françoise Sagan
En période de grande surchauffe neuronale, j'apprécie particulièrement les ouvrages se composant de textes courts, nouvelles ou autres. Cela me permet de picorer au gré de mes envies et de ma disponibilité (fort réduite ces derniers temps). Un livre parfait donc, pour cette fin d'année scolaire. Il se compose de nombreux textes regroupés sur quatre thématiques : "La petite robe noire", "Au cinéma", "De très bons livres" et "Lettre de Suisse". Dois-je vous dire tout de suite quel chapitre a su obtenir mes faveurs ?... Mais commençons par la première partie, très "people", qui m'a franchement agacée. J'en retiens quand même deux textes : celui sur Isabelle Adjani que j'admire résolument, et celui sur Peggy Roche.
"Adjani s'habille... où elle veut (c'est-à-dire en 86, chez Peggy Roche). Adjani ne fait que ce qu'elle veut, et de cela beaucoup lui en veulent. Elle a parmi les proches et les lointains, la réputation d'une jeune personne un peu difficile vis-à-vis de la presse, cela veut dire avoir une vie privée qui reste "privée", et vis-à-vis de ses relations, cela veut dire n'être pas influençable ni ivre de vanité. Or Adjani pourrait l'être." (ici, j'aime !).
La série intitulée "De très bons livres" recèle quelques perles. On y trouve des textes non seulement d'une grande qualité littéraire, mais qui nous révèlent aussi quelques événements fondateurs dans la vie de l'écrivaine. Le plus important, à mon sens, est celui qui s'intitule "Le clochard de mon enfance". Il raconte une semaine dans un Paris estival déserté, semaine durant laquelle Françoise Sagan va rencontrer et converser avec un clochard qui lui parlera aussi bien du temps qu'il fait que de Flaubert, mais aussi et surtout du "métier de vivre". Encore adolescente, elle va prendre conscience du temps grâce à lui, du temps et de la vanité (dans le sens étymologique) de bien des comportements humains.
Mais l'on trouve aussi une excellente préface à une édition de la correspondance Sand-Musset, ainsi qu'un beau texte sur Jean-Paul Sartre. Ses conseils au jeune écrivain qui a réussi sont aussi à lire. Dans l'ensemble, ce fut donc une lecture plaisante et adaptée à la période, pour moi. L'ouvrage éclaire par petites touches bien des éléments de la biographie de la romancière et permet de dépasser le simple trio whisky-chevaux-voitures. Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es, l'adage se vérifie ici..."Pourquoi les gens qui aiment lire, dont je suis, sont-ils tous si désarmés, si mal à l'aise quand on les prive de leur drogue quotidienne ? Je sais bien : la lecture aux yeux de ceux qui n'en ont pas besoin est une sorte de manie tranquille, d'habitude au coin du feu. Mais voilà : elle est pour ses sujets une passion des plus violentes et des plus périlleuses. J'ouvre un livre et un être humain me parle, aussi précisément, aussi sensiblement qu'il le peut, de tout ce qui me touche à coeur. De la vie, de la mort, de la solitude, de l'amour, de la peur, du courage. (...)" L'immense famille des lecteurs, p.171.
vendredi 1 juillet 2011
Le chien bleu de Nadja
Un jour, alors que la petite Charlotte, assise sur les marches de l'entrée de sa maison, joue avec sa poupée, un grand chien bleu aux yeux verts s'approche d'elle. Comme il semble abandonné, la fillette partage son goûter avec lui. Le chien revient régulièrement la voir et ils deviennent amis. Mais la mère de Charlotte ne veut pas de chien à la maison et lui interdit tout contact avec l'animal. La petite fille en devient si triste que ses parents, pour la distraire, décident de l'emmener faire un pique-nique dans la forêt. Alors qu'elle ramasse des fraises des bois, elle s'éloigne tellement qu'elle se perd... et devinez qui va alors surgir des arbres sombres ? Je ne vous dévoile rien de plus bien sûr...
C'est un véritable coup de coeur ! Que voilà une belle histoire pour consoler et/ou émouvoir les enfants ! Si les traits peuvent sembler moins "léchés" que dans certains albums plus récents (celui-ci date de 1989 et on le trouve en édition de poche), les illustrations sont pourtant très évocatrices. L'utilisation de la peinture donne beaucoup de douceur et renforce le renvoi au monde de l'enfance. On prend plaisir à feuilleter une deuxième fois l'album et l'on s'arrête en rêvassant sur certaines images nimbées d'une vive lumière jaune. Et puis, ce grand chien bleu aux yeux verts, j'ai vraiment eu envie de l'adopter... Pour conclure, je conseille vivement cet album mais avec la réserve suivante : toute famille où l'achat d'un chien est en pourparler risque de se retrouver avec un compagnon canin plus vite que prévu !!!
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