Après une période woolfienne, voilà une participation au mois anglais plus noire... Fini les jardins et le thé dans une ambiance cosy ! Avec ce premier roman, nous partons en Dordogne avec un couple d'anglais venu s'installer dans la région connue pour ses charmes touristiques.
Mark et Jenny ont en effet décidé de migrer en France. Ils ont acheté une vieille bâtisse "à rafraîchir" afin d'ouvrir des chambres d'hôtes. Leur fils Jimmy les accompagne. Alors qu'ils sont enthousiastes et prêts pour toutes les rencontres amicales, ils vont se retrouver face à des locaux plus ou moins hostiles. La bâtisse à rénover s'avère en piteux état et dans les bois alentours, mouches et animaux crevés ne créent pas vraiment une gentille ambiance. De plus, les voisins sont des taiseux qui semblent prendre un malin plaisir à faire fonctionner leurs machines agricoles à des heures indues.
Vous vous en doutez, le roman va nous conter la déconfiture du couple qui, pensant fuir la vie urbaine anglaise, se retrouve dans une sorte de guerre des tranchées à la sauce périgourdine. J'ai souvent pensé, pendant la lecture, au roman de Fabienne Juhel La Nuit du renard qui conte parfaitement le choc des cultures qui peut parfois naître entre urbains et ruraux.
Voilà un polar qui nous propose bien mieux que les éternels meurtres en série. C'est surtout un roman noir, qui propose une véritable ambiance. Il se dévore sans retenue et j'ai déjà envie de lire d'autres ouvrages de cet auteur. Le rapport avec le mois anglais est double : tout d'abord, Louis Sanders a fait ses études en Angleterre. Il vit aujourd'hui en Dordogne mais son expérience d'expatrié nourrit ses romans. Ensuite, l'Angleterre, par son absence, est finalement omniprésente dans le roman (mais je ne peux vous en dire plus au risque de dévoiler une partie de l'intrigue). Enfin, un bon roman noir qui m'a laissé un souvenir persistant.
Extrait (prologue)
"Elle était allongée au bord de la rivière, dans ses vêtements trempés.
Ils s'étaient rués à l'extérieur et cherchaient d'où venaient les cris. Martin apparut au coin de la grange. Il gueulait : "Regardez, regardez, elle s'est noyée dans la rivière !"
Et c'est seulement à ce moment-là qu'ils la virent. Elle gisait, inerte.
C'était en octobre. Il faisait beau, un peu frais. Le mur de la grange reflétait le soleil. La lumière prit une autre qualité, comme dans un mauvais rêve. Il n'osait plus s'avancer vers le corps. Avec la mort, cette femme leur devenait étrangère."