lundi 25 juillet 2011

silence, on irradie de Christophe Léon


Louées soient les bibliothèques ! On ne vantera jamais assez les mérites de ces lieux où l'on découvre de vraies perles simplement en se fiant à la sagacité du personnel qui sème un peu partout les nouveautés mais aussi ses coups de coeur, où des découvertes qui valent le coup d'être partagées... Ainsi, l'autre jour, alors que je flânais du côté "littérature jeunesse" que je fréquente pourtant assez peu, je regarde les ouvrages proposés sur une table aux yeux des lecteurs, et je tombe sur la couverture ci-dessus. Reconnaissez qu'une centrale nucléaire sur un livre des éditions Thierry Magnier, cela éveille la curiosité déjà. J'ai donc déposé soigneusement l'objet du délit entre la correspondance de Colette avec Missy, une adaptation de Gigi par Jacqueline Audry et bien d'autres choses dont vous allez sans doute bientôt profiter ici...
Voici donc un récit qui m'a tenue en haleine jusqu'à la fin, un récit qui arrive à surprendre, à questionner, tout en étant adapté au public visé. Sans jamais tomber dans la démagogie ou le sensationnel, il évoque avec pudeur mais aussi avec une grande lucidité les risques du nucléaire. Le livre, sorti en 2009, prend hélas une tonalité très actuelle après Fukushima... Sven, un adolescent de quatorze ans, vit dans un village logé non loin de la "Centrale" qui fait vivre les habitants de ce gros bourg. Il a l'habitude d'aller se baigner dans un lac étrangement réchauffé par les tuyaux de l'usine, jusqu'au jour où il se met à perdre ses cheveux. Si le symptôme inquiète fort le médecin qui va l'examiner, il paraît bénin face à la catastrophe qui s'annonce, l'explosion d'une partie de la Centrale. Alors que de bizarres hommes en blanc emmènent les survivants, Sven et sa petite soeur Siloé, accompagnés par Grégoras, débile léger, vont tenter de rester en zone contaminée...


"Sven embrassait l'étendue de son village d'un seul regard. Aucun obstacle physique ne l'arrêtait. C'était une ville fantôme qu'il avait sous les yeux. Une sorte de maquette d'architecte en deux dimensions, sur laquelle les habitations étaient délimitées par leurs fondations et les rues par les restes cariés des trottoirs. Le silence quasi palpable, qui nappait le village d'une chape de plomb, le troubla au-delà de tout ce qu'il avait éprouvé jusqu'à maintenant. Pas un son. Pas une voix. Pas un bruit n'altérait l'étrange paix qui régnait. Des fumerolles s'élevaient à intervalles irréguliers. Fantômes torturés, elles seules hantaient les lieux. Le village semblait avoir été placé sous une cloche. (...) Sven mit plusieurs minutes avant de réaliser qu'il n'y avait pas une âme qui vive dans les rues. Pas une chien. Pas un chat."

Les avis de Clarabel et de Somaja, ainsi qu'une rencontre très intéressante avec Christophe Léon, ici (attention révélations... pour ceux qui veulent lire l'ouvrage, l'auteur dévoile la fin dans la vidéo...) :


6 commentaires:

  1. mais... c'est sûr qu'il y a d'excellents "livres de jeunesse"! j'en lis régulièrement (vu mon boulot, je suis toujours à la recherche de livres accessibles à un public non francophone)

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  2. @Adrienne : je connais assez mal le secteur... En revanche, j'aime beaucoup les éditions Thierry Magnier, je n'ai jamais été déçue par leurs choix pour le moment.

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  3. Tiens une lecture fort à propos, je vais vers Brennilis cet après-midi....
    Ton décor aurait-il suffit des retombées ?! bien jolies au demeurant....

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  4. @Moustafette : ne touche surtout pas aux mousses aquatiques dans le secteur... elles sont contaminées par du césium 137, du cobalt 60 et de l'actinium 227 très radiotoxique... :-((

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  5. Quand j'ai lu ce magnifique roman, la catastrophe japonaise n'avait pas encore eu lieu. Depuis, le récit de Ch. Léon prend une dimension encore plus importante. Un livre intelligent et sensible sur le sujet, à recommander effectivement.

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  6. @Somaja : tu traduis bien ce que j'en pense aussi ;-) L'auteur explique bien dans la vidéo comme il a été marqué par la catastrophe de Tchernobyl... On peut aujourd'hui hélas ajouter Fukushima :-(

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