mercredi 10 avril 2013

Une bonne raison de se tuer de Philippe Besson


Attention ! billet plombant ! 
Pffffffffff, rien qu'en écrivant le titre, j'avais déjà une bonne raison d'arrêter d'écrire ce billet............ mais comme je viens de revenir sur la toile, ma motivation est telle que je vais aller au bout de ma mission.
Car cette mission, celle que je viens d'accepter en alimentant à nouveau mon blog vorace en billets fameux, sera aujourd'hui d'écrire quelque chose sur un livre qui nous raconte l'histoire de deux personnages ayant envie de se tuer - quelle surprise après avoir déjà fait l'effort de lire le titre- .
Laura, la quarantaine bien tassée, vient de se faire larguer par son mari et se retrouve obligée de travailler après avoir passé sa vie à s'occuper de sa maison et de ses enfants peu reconnaissants. Elle goûte alors aux joies du travail salarié grâce à un l'un de ces petits boulots aussi harassants que mal payés. Elle en a marre et veut se tuer.
Samuel, le même âge, à croire qu'il y a un moment de la quarantaine maudit, vient de perdre son fils Paul. Ce dernier s'est suicidé et son père veut faire de même. Vous suivez ? J'ose à peine continuer...
Le roman se construit sur l'alternance des deux voix qui jouent des effets de miroir. On attend de pied ferme qu'elles se rencontrent... et on s'ennuie tout autant.
Si j'aime beaucoup Philippe Besson, là, je dois dire que tout m'a agacé. Le style journalistique tout d'abord, qui m'a évoqué du mauvais Marguerite Duras. Ensuite, l'ambiance mortifère qui plane sur le roman, mais sans jamais être vraiment dérangeante. Tout est plombant mais tout a déjà été dit et redit. Enfin, cela se passe aux États-Unis et je n'ai pu m'empêcher de penser aux bonnes séries américaines qui proposent souvent une critique sociale..., sauf qu'ici, le contexte social est absent, ou présent seulement sous la forme d'une vague toile de fond. L'effet Hooper a encore frappé et comme tout effet que l'on utilise de manière récurrente, il finit par lasser. Ce fut le cas pour moi, j'ai terminé ce livre en sautant d'un chapitre à l'autre, ravie d'arriver enfin à la fin. 
Pour celles et ceux qui se lanceront tout de même dans cette lecture, je leur conseille d'attendre que le beau temps revienne enfin, tout en gardant près d'eux une bonne réserve de chocolat garanti en sérotonine. La preuve par l'extrait :

"Mais la mort voulue, la mort consentie d'une femme de quarante-cinq ans, habitant Sweetzer Avenue, Los Angeles, Californie, un jour de l'automne 2008, non, ce n'est pas une catastrophe. Même pas un fait divers. Ça ne fera pas deux lignes dans le journal. Surtout un jour comme aujourd'hui."



28 commentaires:

  1. Bon, je vais chercher une cargaison de chocolat, installer la lampe à ultra violets, caresser le chat, avant de défaillir.
    Comme quoi une lecture ratée donne un billet marrant (désolée pour toi, mais au moins je me suis marrée en te lisant, alors que ce ne fut pas ton cas avec ce livre)
    Bon retour, et meilleures pioches!
    Dis donc, c'est quoi l'effet Hooper?

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    1. @Keisha : je vois que tu as de quoi t'équiper parfaitement pour cette lecture... ;-)
      Ce que j'appelle l'effet Hooper, c'est le fait de décrire un univers mental (ici celui des deux personnages) dans un contexte qui semble absent, comme sur les toiles de Hooper. Dans ses tableaux, les personnages sont le plus souvent seuls et semblent évoluer dans un univers an-historique, vide. Besson est un grand fan de ce peintre, il a d'ailleurs rédigé un roman à partir d'un de ses tableaux (principe que j'adore). Sauf qu'ici, je trouve le procédé poussé à l'extrême (c'est le cas de le dire...).
      Si tu rédiges un billet à propos de ce livre, je vais le lire avec intérêt :-)

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  2. si en plus ce n'est que pour avoir deux lignes dans le journal ;-)

    (non blague à part, ce matin justement je parlais avec une ancienne élève dont la maman s'est suicidée il y a cinq ans et aujourd'hui encore elle lui en veut parce qu'elle ne comprend pas pourquoi elle a pu "leur faire ça", à son frère et à elle, qui étaient adolescents)

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    1. @Adrienne : en ce moment, avec l'affaire Cahuzac, cela se limiterait même à une seule ligne... :-(
      Je n'ose imaginer les difficultés liées à l'événement dont tu parles... cette question lancinante qui doit tarauder les enfants... et les adultes qu'ils deviennent...

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  3. Curieusement, Philippe Besson ne me fait plus envie (enfin, ses livres, bien sûr) (quoique le monsieur me semble un rien prétentieux, non ??) J'avais beaucoup aimé "Son frère", et l'un ou l'autre titre, mais c'était... il y a longtemps !

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    1. @Anne : je ne sais pas comment est le monsieur, je ne vois même pas à quoi il ressemble... En revanche, j'ai lu une bonne partie de ses livres. Mais là, je crois que comme toi, un phénomène de lassitude, voire d'agacement, me gagne : une pause s'impose ;-)

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  4. Moi je t'applaudis des deux mains d'avoir ouvert le livre après avoir digéré le titre ! La couverture évoque un certain humour ... Publicité mensongère je présume . En tous cas, ton billet a le mérite d'être drôle ! Un tour de force dans le contexte actuel !

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    1. @Galéa : pas du tout d'humour là-dedans... le message de la couverture est donc à oublier. Mais je suis contente d'avoir fait rire avec ce billet que j'ai pris grand plaisir à rédiger ;-) Bonne journée à toi !

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  5. Pfff, en effet, rien de très joyeux par ici. Je n'ai jamais lu Besson, et je ne pense pas commencer avec celui-ci. Non mais quel titre aussi...

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    1. @Zarline : en effet, ce n'est sans doute pas ce titre qui va inviter à lire Philippe Besson !

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  6. Belle critique bien construite. Cependant toute la difficulté pour un auteur, c'est de réussir tous les ouvrages publiés. Le premier est souvent médiocre, le second ayant corrigé les défauts du premier est bien meilleur. Alors vient le 3e et là réside toute la difficulté...

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    1. @Jeanmi : il est sans doute impossible même de réussir l'ensemble des ouvrages publiés... ou l'ensemble de ce que l'on propose à l'écrit... La preuve sur ce blog : tous les billets ne sont pas réussis ! L'écriture dépend de tellement de facteurs, il en va de même de la lecture d'ailleurs. L'état d'esprit dans lequel on approche un livre joue beaucoup sur la perception que l'on en a.
      Tu es arrivé à ton 3e livre ?
      Et merci pour le compliment ;-)

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  7. Ouhhh bon je vais attendre alors ! Et encore pas sûr que je le lise..

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    1. @Clara : il est sorti en poche alors que l'on trouve sur les étals le dernier grand format si tu veux te lancer quand même...

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  8. Vu mon moral actuel je vais faire un grand détour

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    1. @Dominique : oh, pas de regrets à avoir... il vaut mieux alors lire C. Bobin ;-)

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  9. A éviter pour moi : le tout est qu'un de mes collègues ne tombent pas sur ce livre et me dise qu'il est "pour moi", puisqu'il parle "de suicide". Tu l'auras compris, mes collègues m'énervent un peu avec leurs idées toutes faites.

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    1. @Sharon : et bien, sympas les collègues ! tu peux toujours leur répondre qu'en ce moment, tu lis Martine à la plage, cela devrait les calmer un peu ;-)

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  10. c'est le Philippe Besson que j'ai adoré avec Un garçon d'Italie? roh, zuuut!

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    1. @Violette : oui, celui-là même ! Désolée de te décevoir ;-)

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  11. J'ai jamais eu envie de lire cet auteur, je ne saurais même pas dire pourquoi...

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    1. @Nadaël : et bien pour ce livre-là, il n'y a même pas à chercher pourquoi ;-)

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  12. Je n'ai lu qu'un livre de Philippe Besson, il était tellement mauvais que je me suis promis de ne pas recommencer...

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    1. @Yspadden : et bien voilà un bon moyen de ne pas y retourner... de mon côté, je vais attendre un peu avant de m'y frotter à nouveau, si toutefois je tente à nouveau l'expérience !

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  13. Le seul Besson que j'ai tenté (Arrière saison) ne m'a convaincue du tout !!! ... et après ce billet, je ne lirai pas celui-ci de sitôt !!

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    1. @Malika : j'étais plus une adepte avant celui-ci qui m'a refroidie pour un moment...

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