La découverte d'un livre, parfois, s'entoure de hasard, voire de mystère. Pour Bénédict de Cécile Ladjali, il y eut tout d'abord l'écoute d'une émission de France Culture, ICI. Sa lecture d'un extrait de son roman où il est question de la manière d'enseigner m'a décidée à l'acheter. Car Bénédict, personnage éponyme du roman, est professeur de littérature comparée. Il travaille en France mais également en Iran. Alors bien sûr, lorsqu'on connaît un peu Cécile Ladjali, on pense à sa propre histoire puisque, enfant adoptée en Iran, elle enseigne elle-même à l'université et retourne régulièrement dans le pays qui l'a vue venir au monde.
Mais plus qu'un professeur, Bénédict est également un mentor. Adulé par ses édudiant(e)s, la manière dont il se donne corps et âme à son métier fascine les jeunes et gêne les rigoristes à Téhéran. Car Maître Laudes, tout en faisant partager son goût pour la littérature, refuse de laisser le monde se réduire à ce qui semble aller de soi. Son enseignement singulier s'inspire tout autant de la pensée soufie que des souffles puissants de l'Apocalypse. Il peut scander de la poésie occidentale comme des vers perses. Son amour des mots dépasse les frontières, les religions et même les frontières liées au genre.
Et de genre il sera bien question puisque Bénédict joue sur son aspect androgyne, refusant une identité qui l'assigne à résidence, refusant le sort des femmes qui est imposé par le régime des mollahs en Iran.
Je ne veux pas en dire plus afin de ne surtout pas dévoiler ce qui fait tout le charme de ce roman, et son mystère. Car mystère il y a. C'est un livre qui invite à se défaire des pensées toutes faites. On plonge dedans comme on pourrait aller s'enivrer de silence dans un cloître. Tout y résonne. Le début s'ouvre d'ailleurs sur un "chemin de croix qui relie la chapelle des Vernettes à l'oratoire pour boire à la source miraculeuse".
Composé d'une suite de chapitres, courts, il peut se lire en faisant des pauses. Elles sont bienvenues dans la partie qui se déroule en Iran où le sort fait aux femmes étouffe rien qu'à la lecture... J'avais besoin d'air pour continuer à arpenter les rues de Téhéran aux côtés du personnage principal... Enfin, pour conclure, c'est un vrai coup de cœur ! Le genre de livre que l'on oublie pas. Qui prend sa place tout seul, auquel on repense car il est riche, dense, tissé de références sans être lourd. Quel régal ! A rédiger ce billet, j'ai déjà envie de le relire...
Un coup de coeur pour un roman qui explore l'Iran, qui parle littérature, et une fin mystérieuse. Me voilà tentée ! Merci pour cette découverte.
RépondreSupprimer@A_girl : oh oui, un vrai coup de cœur ! et un livre qui a des choses à dire, tout en étant très très bien écrit, c'est toujours un tel plaisir :-)
SupprimerUne belle découverte alors :), je ne connais pas du tout.
RépondreSupprimer@Emma : oui, merci France Culture. Enfin, j'avais déjà lu cette romancière mais ici, l'achat a été induit par l'écoute de l'émission... Bonne journée à toi et à A-Girl !
SupprimerSuite aux nombreux éloges lus ici et là sur cet auteur, j'ai lu "Illettré"... que j'ai détesté (pas moins !). Malgré tout, ce que tu dis de ce nouveau roman est très tentant.
RépondreSupprimer@Autist Reading : j'ai également connu des déconvenues avec cette écrivaines (je n'avais pas aimé "Ordalie"), mais j'y suis revenue avec ses essais et j'ai replongé dans un roman avec "Bénédict"... Comme quoi, parfois, il ne faut pas s'arrêter à un seul ouvrage d'un auteur ;-)
SupprimerTu confortes mon envie de ne pas en rester là avec C. Ladjali. Merci !
Supprimer@Autist Reading : j'en suis ravis :-) Bonne soirée à toi !
SupprimerUne auteure que je n'ai pas encore eu l'occasion de découvrir ; je note ce titre.
RépondreSupprimer@Aifelle : je pense qu'il pourrait te plaire !
SupprimerSi tu me parles d'iran, je suis cuite (la couverture est un peu difficile je trouve)
RépondreSupprimer@Keisha : si tu t'intéresses à l'Iran, ce livre est pour toi !
SupprimerJ'avais noté plein de roman de cette romancière mais je ne me rappelle pas avoir lu quelque chose. Je note celui-là
RépondreSupprimer@Maggie : celui-ci a bien des atouts pour te plaire... Si tu veux, je peux le faire voyager (idem pour Keisha...). Bonne soirée !
SupprimerJ'avais beaucoup aimé Aral, une belle écriture. Un sujet original en ce qui concerne celui-ci.
RépondreSupprimer@Moustafette : c'est justement l'écriture que j'ai aimé dans ce roman... à la fois travaillée et fluide, intelligente et entraînante. J'ai encore dans ma PAL "Louis et la jeune fille" de cette romancière, et ensuite, "Aral" fait partie de mes priorités...
SupprimerJ'ai déjà Illettré à découvrirdans la PAL et voilà une belle tentation...
RépondreSupprimer@Anne : "Illettré" ne semble pas faire l'unanimité mais avec ce type de roman (et d'écriture) les réactions sont souvent en "tout ou rien". Comme j'ai bien fait de ne pas m'arrêter à la déception d'Ordalie !
SupprimerEt tu nous rédigeras peut-être bien un billet sur "Illettré" alors ?...
Bonne journée à toi :-)
Me voilà tentée par ce coup de coeur.
RépondreSupprimer@Alex : tu as bien raison ;-)
SupprimerEt bien voilà un avis enthousiaste qui rejoint les quelques-uns que j'ai croisé au sujet de cette auteure. Elle a fait un essai ("Le maître et l'élève") avec Georges Steiner que j'apprécie beaucoup. Et une belle façon de voyager.
RépondreSupprimer@Christw : je n'ai pas encore lu cet essai, mais je sais déjà qu'il va me plaire car j'en ai pas mal entendu parler au cours de mes écoutes concernant cette écrivaine... Bonne soirée !
Supprimerje n'ai pas encore lu celui-ci, mais j'ai vraiment apprécié tout ce que j'ai lu de Cécile Ladjali. As-tu lu " Illétré " ? (ce roman a partagé )
RépondreSupprimer@Marilyne : non, je n'ai pas lu "Illettré" mais j'ai vu qu'il est sorti en poche... Cela sera donc sans doute pour bientôt. Et il est vrai qu'il a partagé, j'ai lu du négatif le concernant...
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