dimanche 20 mars 2011

Contes du jour et de la nuit de Maupassant

Voilà bien longtemps que je n'avais lu un ouvrage de Guy de Maupassant, et j'avais oublié quel talent il peut déployer pour nous brosser la cruauté humaine. Cet ouvrage présente vingt et un textes, pour la plupart très courts. Le lien entre ces différentes histoires est difficile à établir après une première lecture, mais la très bonne préface de l'édition Garnier-Flammarion est venue éclairer ma lanterne : le thème de la parenté apparaît dans chacun de ces contes. La nouvelle qui ouvre le recueil s'intitule d'ailleurs « Le crime du père Boniface ». Récit le plus drôle du recueil, il présente une chute pour le moins inattendue…  « La confession » nous conte l'histoire de deux sœurs. A la mort de l'une d'entre elles, sa confession va nous apprendre que les rapports entre les deux femmes n'étaient pas aussi innocents qu'ils le semblaient… 

Extrait
“C'était l'heure du thé, avant l'entrée des lampes. La villa dominait la mer ; le soleil disparu avait laissé le ciel tout rose de son passage, frotté de poudre d'or ; et la Méditerranée, sans une ride, sans un frisson, lisse, luisante encore sous le jour mourant, semblait une plaque de métal polie et démesurée.
Au loin, sur la droite, les montagnes dentelées dessinaient leur profil noir sur la pourpre pâlie du couchant.
On parlait de l'amour, on discutait ce vieux sujet, on redisait des choses qu'on avait dites, déjà, bien souvent. La mélancolie douce du crépuscule alentissait les paroles, faisait flotter un attendrissement dans les âmes, et ce mot ; “amour”, qui revenait sans cesse, tantôt prononcé par une forte voix d'homme, tantôt dit par une voix de femme au timbre léger, paraissait emplir le petit salon, y voltiger comme un oiseau, y planer comme un esprit.”
Incipit du conte intitulé Le bonheur.
Tous ces textes se caractérisent par une chute surprenante, voire terrible, laissant parfois le lecteur désemparé devant tant de cruauté (je pense à la nouvelle intitulée « Coco »). Maupassant n'a pas son pareil pour créer une tension impalpable, même dans des textes qui ne sont ni de type « policier » ni dans le registre fantastique. Enfin, c'est de la belle ouvrage ! Et l'on en redemande…
Guy de Maupassant (1850-1893)

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