Que peut-elle bien lire la belle lectrice de Jacques-Emile Blanche ? Et s'il s'agissait de ce texte là :
“Elle banda ses cheveux d'un foulard blanc noué sur la nuque et ressembla à une blessée.
- Viens jusqu'au Nez, au moins, c'est sec sous le rocher.
Elle le suivit sans mot dire, dans le sentier de la douane en corniche à flanc de falaise. Ils foulaient l'origan poivré et les derniers parfums du mélilot. Au-dessous d'eux, la mer claquait en drapeaux déchirés et léchait onctueusement les rocs. Sa force repoussait vers le haut de la falaise des bouffées tièdes, qui portaient l'odeur de la moule et l'arôme terrestre des petites brèches où le vent et l'oiseau sèment, en volant, des graines.
Ils parvinrent à leur retraite, sèche, bien abritée sous une proue de rochers, aire sans rebords d'où l'on semblait voguer vers la haute mer. Philippe s'assit à côté de Vinca, qui appuya sa tête à son épaule. Elle paraissait épuisée et ferma aussitôt les yeux. Ses joues brunes, roses et rondes, sablées de grains roux, veloutées d'un duvet ras d'une suavité végétale, avaient pâli depuis le matin, de même que sa bouche fraîche, toujours un peu fendillée comme un fruit mordu par l'ardeur du jour.”
Colette, Le blé en herbe
- Viens jusqu'au Nez, au moins, c'est sec sous le rocher.
Elle le suivit sans mot dire, dans le sentier de la douane en corniche à flanc de falaise. Ils foulaient l'origan poivré et les derniers parfums du mélilot. Au-dessous d'eux, la mer claquait en drapeaux déchirés et léchait onctueusement les rocs. Sa force repoussait vers le haut de la falaise des bouffées tièdes, qui portaient l'odeur de la moule et l'arôme terrestre des petites brèches où le vent et l'oiseau sèment, en volant, des graines.
Ils parvinrent à leur retraite, sèche, bien abritée sous une proue de rochers, aire sans rebords d'où l'on semblait voguer vers la haute mer. Philippe s'assit à côté de Vinca, qui appuya sa tête à son épaule. Elle paraissait épuisée et ferma aussitôt les yeux. Ses joues brunes, roses et rondes, sablées de grains roux, veloutées d'un duvet ras d'une suavité végétale, avaient pâli depuis le matin, de même que sa bouche fraîche, toujours un peu fendillée comme un fruit mordu par l'ardeur du jour.”
Colette, Le blé en herbe
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