” Les années soixante et soixante-dix. De Bay City, je me rappelle la couleur mauve saumâtre. La couleur des soleils tristes qui se couchent sur les toits des maisons préfabriquées, des maisons de tôle clonées les unes sur les autres et décorées de petits arbres riquiqui, plantés la veille. Je me souviens d'un mauve sale qui s'étire des heures. Un mauve qui agonise bienveillamment sur le destin ronronnant des petites familles. Dès cinq heures du soir, quand les voitures commencent à retrouver leur place dans les entrées de garage, on s'affaire dans les cuisines. Les télés se mettent à hurler et les fours à micro-ondes à jouir. Les barbecues exultent, les skate-boards bandent, dilatent démesurément leurs roues en se cognant vicieusement sur les bicyclettes et les ballons de basket lancés contre un mur répercutent à travers les allées l'ennui de tout un continent.
A Bay City, à peine la journée est-elle finie qu'on accueille le soir frénétiquement en se préparant pour le sommeil sans rêve de la nuit. A Bay City, mes cauchemars sont bleus et ma douleur n'a pas encore de nom.” (p. 9)
Mon avis :
Après une ouverture pareille, que dire ? J'ai décidé de lire ce roman après avoir lu la première page que je vous propose ici. Elle annonce bien le style - et les thèmes - de l'ensemble du roman. Amy, une jeune américaine du Michigan, vit dans une maison de tôle sur Veronica Lane. Sa famille d'origine polonaise et de religion juive, a fuit la Pologne durant la Seconde Guerre mondiale. Mais les fantômes ne se laissent pas oublier si facilement, et les rêves d'Amy sont peuplés d'horribles cauchemars qui viennent jusqu'à hanter ses journées. Le roman détaille la vie de l'adolescente ainsi que le passé familial lorsque tout bascule, en 1979, quand toute la famille périt dans un incendie, dans un étrange retour de l'Histoire.
A partir de là, la romancière nous propose une histoire mosaïque, entre passé et présent. Amy, survivante comme l'était sa famille, tente de se reconstruire et d'en finir avec le passé. Les allers-retours entre passé et présent nous permettent de découvrir peu à peu l'histoire de cette famille tout en interrogeant le rôle du passé dans le présent. Avec une effrayante lucidité, Le Ciel de Bay City interroge notre capacité à oublier l'histoire. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman que je suis ravie d'avoir enfin lu ! J'ai apprécié tout d'abord le style incisif et vif tout en étant enlevé et fortement imagé. L'omniprésence des couleurs renvoie à l'état psychologique des personnages et laisse imaginer à la fois les sentiments tout comme l'ambiance qui règne dans les lieux décrits. Voilà une véritable écriture au service d'une histoire puissante et hantée.
A partir de là, la romancière nous propose une histoire mosaïque, entre passé et présent. Amy, survivante comme l'était sa famille, tente de se reconstruire et d'en finir avec le passé. Les allers-retours entre passé et présent nous permettent de découvrir peu à peu l'histoire de cette famille tout en interrogeant le rôle du passé dans le présent. Avec une effrayante lucidité, Le Ciel de Bay City interroge notre capacité à oublier l'histoire. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman que je suis ravie d'avoir enfin lu ! J'ai apprécié tout d'abord le style incisif et vif tout en étant enlevé et fortement imagé. L'omniprésence des couleurs renvoie à l'état psychologique des personnages et laisse imaginer à la fois les sentiments tout comme l'ambiance qui règne dans les lieux décrits. Voilà une véritable écriture au service d'une histoire puissante et hantée.
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