Dans ce livre sous-titré "essai en sept parties", Kundera survole le genre romanesque et nous invite à redécouvrir certains de ses grands représentants. Il en profite pour s'interroger - entre autres - sur l'art, le plaisir esthétique, et surtout sur les ruptures ayant marqué l'histoire littéraire.
"Rabelais et Cervantes. Que l'encyclopédiste ne les ait pas nommés n'est nullement scandaleux ; Rabelais se souciait peu d'être romancier ou non et Cervantes pensait écrire un épilogue sarcastique à la littérature fantastique de l'époque précédente ; ne l'un ni l'autre ne se tenaient pour des "fondateurs". Ce n'est qu'à posteriori, progressivement, que la pratique de l'art du roman leur a attribué ce statut." (1ère partie, "Conscience de la continuité", p. 18).
Dans la deuxième partie, "Die weltlitteratur", Kundera amorce une réflexion sur le rapport entre nation et littérature et pose quelques bonnes questions... Par exemple : si Kafka avait été tchèque, le connaîtrions-nous aujourd'hui ? Le question, non seulement mérite d'être posée mais surtout, les tentatives de réponse interrogent...
Dans le chapitre "Le rideau déchiré", l'auteur imagine un "rideau magique, tissé de légendes", suspendu devant le monde. Cervantes se présente comme celui qui aurait, le premier, déchiré ce rideau. "Le monde s'ouvrit devant le chevalier errant dans toute la nudité comique de sa prose. Et c'est "en déchirant le rideau de la préinterprétation que Cervantes a mis en route cet art nouveau ; son geste destructeur se reflète et se prolonge dans chaque roman digne de ce nom ; c'est le signe d'identité de l'art du roman".
Kafka par B. Lacombe |
J'ai particulièrement goûté cette sixième et avant-dernière partie de l'essai qui donne son titre à l'ouvrage. Le chapitre où Kundera nous présente la fée à l'oeuvre dans les livres de Flaubert, à savoir la bêtise, est réjouissant. Homais ou Bouvard et Pécuchet se sont alors rappelés à mon bon souvenir... Un essai stimulant, à lire, à relire, qui invite à se (re)plonger dans quelques "classiques".
Voilà bien longtemps que je n'ai pas lu Kundera, peut-être que je devrais m'y remettre. J'aimais bien ses premiers livres.
RépondreSupprimer@Aifelle : mon préféré reste "L'insoutenable légèreté de l'être", mais je n'en ai pas lu beaucoup. Je vais sans doute me tourner vers ses essais après la lecture de celui-là, fort stimulant.
RépondreSupprimerJ'aime aussi , l'Ignorance , et ce petit bijou instructif sur le Nostos et l'Algos
RépondreSupprimer@Loubis : je n'ai pas lu autre chose de lui finalement depuis ma lecture cet essai, et c'est bien dommage !
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