dimanche 20 mars 2011

Laver les ombres de Jeanne Benameur

“Quand Lea ne travaille pas dès le lever, juste après le premier café, ça ne lui vaut rien. Il lui faut s'articuler au monde avant que la journée avec les autres ne commence. Seule, dans le jour qui vient, par des exercices répétés, elle tisse ses liens avec l'air. Une grammaire sensible, improbable, à réexpérimener chaque matin.”

Danseuse
Lea, 38 ans, est danseuse et chorégraphe. Un matin, à la fin de l'automne, elle se réveille avec une peur nouvelle qui tout à coup la diffracte à l'intérieur, lui laissant l'impression d'être un véritable “champ de mines”. Malgré une carrière brillante, sa vie privée semble frappée d'une véritable malédiction. Incapable de rester avec un homme, elle paraît condamnée à se “retrouver sans homme, au risque de la désolation”. Mais ce matin là, ayant entendu un avis de tempête, prise d'affolement et d'inquiétude pour sa mère qui vit seule, elle l'appelle. Ce simple coup de téléphone va laisser entrer l'afflux des souvenirs pour l'une, et l'afflux de questions qui doivent trouver leurs réponses pour l'autre.
Danseurs 
Difficile d'en raconter plus sans dévoiler une partie des ressorts de cette histoire. Sachez simplement qu'il s'agit d'une belle variation sur le poids des secrets… qui se tisse autour des enjeux des rapports mère-fille. J'avais beaucoup aimé Les demeurées, un court et très très beau roman, de la même écrivaine. On y trouvait déjà une partie de ces thématiques. Ici, la présence de la danse leur donne  la grâce de la légèreté… Donc, n'hésitez pas, d'autant que le roman vient de sortir en collection de poche (Babel). 

Extrait :
 ”Danser c'est altérer le vide. Laver les ombres de J. Benameur
Pourquoi inscrire un mouvement dans le rien ? Elle voudrait tant pouvoir juste contempler et habiter simplement, sans bouger. Elle envie ceux qui le peuvent. Elle, elle n'y arrive pas.
Elle est un mot étranger jeté dans une langue. Comme un mot tout seul jeté dans le silence. Elle se sent intruse. Depuis toute petite.
Alors elle danse. Il faut qu'elle trace, avec son corps, les lignes qui permettent d'ingégrer l'espace. Seule la beauté du mouvement peut le sauver.
C'est sa façon de trouver place dans la vie.
Lea est chorégraphe par nécessité.”





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