samedi 19 mars 2011

Des gifles au vinaigre de Tony Cartano

Tony Cartano a attendu des années et la publication d'une dizaine de romans avant de se décider à écrire ce récit Des gifles au vinaigre de Tony Cartano dont l'objet est « le père ». « Faire d'un père l'objet d'une fiction n'est pas sacrilège, surtout si l'on considère qu'il fut un être d'illusion, entièrement façonné par l'utopie ».
Extrait :
« (…) à Bayonne (…), en 1916, il faisait bon vivre, même pour des immigrés espagnols. Tous les Hernandez, y compris ma mère, furent vite naturalisés français, dès la fin de la Grande Guerre. On avait besoin de bras neufs, musclés et qui ne rechignaient pas  se retrousser les manches. L'identité nationale n'avait probablement pas les relents nauséabonds d'aujourd'hui (…) ».
L'auteur nous emmène donc sur les traces de sa famille installée en France, le père ayant obtenu le statut de réfugié. Le roman se construit sur une alternance temporelle entre les souvenirs d'enfance et les épisodes de la guerre vécue par le père, entre la France et l'Espagne, entre épisodes d'enfance et épisodes guerriers, de 1936 à nos jours. Le père, appelé A. dans le récit, tourneur et militant de la CNT, fut combattant durant la guerre d'Espagne. En 1936, il se bat du côté des Républicains. En 1938, il est commissaire d'artillerie, engagé dans la bataille contre Franco et il dirige des hommes. Il participe à la bataille de Teruel. Mais fut-il un héros ? Alors que Tony a quatre ans, il est victime d'un accident qui nécessite des soins spécialisés. Lors des discussions des parents au sujet de la conduite à tenir, l'enfant saisit des informations concernant le passé familial, et notamment celui du père. Chuchotis et allusions sont de mise dès que l'Espagne est évoquée, ce pays où le père a « trop de comptes à régler ». Et c'est de cette manière, par bribes, que le lecteur découvre les épisodes composites de ce passé familial. 
Républicain espagnol
Mon avis :
J'ai lu avec enthousiasme la première moitié du roman. L'alternance passé du père/épisodes d'enfance rythme bien le récit. Toutefois, la deuxième partie m'a semblé plus confuse. J'avais plus de mal à me repérer dans ce passé familial complexe. L'enchevêtrement des épisodes relatés reflète sans doute la confusion réelle de l'enfant en quête d'informations sur ce père au passé de héros, mais il s'ensuit un certain brouillage pour le lecteur. Je pense qu'il faut lire l'ouvrage d'une traite afin de rester immergé dans le récit (et cela n'a pas été le cas pour cette lecture…). J'ai toutefois repris une cadence de lecture “vorace” à la fin du récit, lorsque l'auteur aborde le douloureux sujet de la “mémoire historique qui ne cesse d'agiter l'opinion de l'Espagne démocratique d'aujourd'hui”. La question que pose l'écrivain reste d'actualité : Faut-il exhumer le passé ?“.
Affiche de la CNT FAI
J'ai lu ce récit dans le cadre d'une opération de partenariat entre Blog-O-Book et les Éditions Albin Michel : merci à eux !







Affiche de la CNT/FAI lors de la Révolution espagnole de 1936

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