Voilà bien longtemps que je n'avais pas ouvert un recueil de nouvelles. Merci donc à Blog-O-book et aux éditions Phébus qui m'ont permis de me remettre à la “forme courte”. Et autant le dire tout de suite, le livre de cet auteur mexicain, composé de 14 récits noirs, très noirs, se dévore à grande vitesse. La preuve par l'exemple : j'ai reçu le livre avant-hier, l'ai ouvert, et j'ai bien sûr jeté un œil sur l'incipit de la première nouvelle intitulée Lilly. Aïe ! Malheur ! Impossible de lâcher ce récit, pourtant le plus dur, le plus noir du recueil. Le genre d'histoire qui vous hante ensuite dans la journée, parce qu'elle incarne de manière trop lucide la folie bestiale des hommes et leur côté détestable. Enfin, une fois cette nouvelle terminée, impossible de lâcher le livre. Le lendemain, il était terminé !
L'auteur
Guillermo Arriaga est lui même issu des quartiers populaires de Mexico qu'il décrit si bien dans ses nouvelles. Il a grandi à Unidad Modelo, l'un des endroits les plus violents de la ville où il a perdu l'odorat suite à une bataille de rue. Titulaire d'une licence en Sciences de la communication et d'une maîtrise d'Histoire, il a été professeur à l'Université ibéro-américaine (l'UIA, fondée par les jésuites à Mexico en 1943). Réalisateur depuis 1996, il dispose de trois films à son actif et il a écrit le scénario de 11 films, dont Amours chiennes. Sa première publication comme écrivain remonte à 1991 et son oeuvre littéraire, aujourd'hui, comporte quatre ouvrages, Mexico quartier sud étant le dernier sur la liste.
L'opus
14 nouvelles donc composent cet ouvrage qui met en scène la violence et la difficulté de vivre dans un quartier symbolisé par l'avenue Retorno. Les hommes s'y agitent, copulent ou s'aiment dans un “monde sans Dieu. Ici-bas, les choses, les hommes, les animaux s'agitent tout seuls. C'est ce chaos que nous appelons la vie… une perte de temps.” Les différents textes ne sont pas présentés dans l'ordre chronologique (ils ont été rédigés entre 1984 et 1995) mais se caractérisent tous par une noirceur percutante. Le style, bref, dépouillé, mais d'une extrême efficacité en terme d'évocation, provoque des réactions certaines chez le lecteur. De plus, l'écrivain manie à la perfection le jeu sur les points de vue, et joue avec les nerfs du lecteur en l'embarquant d'un point de vue à l'autre, tout en ménageant le suspens lié à la brièveté de récits dont le destinataire sait que la chute sera dure… De Lilly, histoire dramatique et atroce d'une enfant handicapée à La veuve Diaz, belle histoire d'amour, en passant par les tragiques Dans l'obscurité ou La Nouvelle-Orléans, toutes ces histoires sont d'une noirceur à pleurer tout en étant, pour certaines, d'une vivacité tonique. Un excellent livre, que je recommande vivement à tous ceux qui viennent se promener dans le monde de Margotte !
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