“Et les bois de hêtres, bocages aérés, bosquets de pins, haies profondes, taillis clairs qui couronnent les collines de Grandcour. Mais le mal rôde. Un lourd poison s'insinue. O Allemagne, Reich de l'infâme Hitler. O Niebelungen, Wotan, Walkyries, Siegfried étincelant et buté, je me demande quelle fureur instille ces fantômes vindicatifs de la Forêt-Noire dans la douce sylve de Payerne.” p. 12
En ces temps de bruits de bottes et de furie vociférante, les rancœurs, la solitude, les faillites et frustrations personnelles de tous ordres ont enfin trouvées des responsables potentiels : les juifs. Le roman nous fait assister à la mise à mort d'un marchand de bestiaux, Arthur Bloch, sacrifié sur l'autel de la bêtise crasse et du mal universel. C'est d'une plume sèche et lapidaire que Jacques Chessex, en une centaine pages, nous fait assister, parfois médusés… au massacre. Originaire du gros bourg vaudois, l'auteur avait 8 ans au moments des faits, il a été à l'école avec les responsables du crime. Hanté par l'événement et ce qu'il révèle de noirceur, l'écrivain lève les dessous chocolatés de la calme suisse bancarisée. Il nous livre ici avec brio un exemple de la folie humaine portée à son paroxysme. Effrayant, mais à méditer.
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